Flagornerie, cirage de pompes…

Fin de l’interlude : 2 pannes cumulées, messieurs-dames, m’empêchaient d’accéder aux délices de la Toile. Pannes réparées, ou du moins contournée, pour l’une d’elles.

Mais basta : dernier commentaire (en anglais, je ne sais quel aveuglement guide les lecteurs anglophones de blogs vers mon site) sur mon dernier billet ‘Interlude » :

(je traduis) : « Ce blog, et spécialement cette page, méritent vraiment d’être mis en marque-page : des tas d’informations pertinentes et intéressantes« .

C’est peut-être de l’humour ? du second degré ?

Allez, poubelle, poubelle ! mais pour la suite, vroooom, vrooom, c’est reparti. Pourvou qué ça douré !

Tibert

Interlude

Je sais, je sais, je me fais rare. Pause « technique » ! mon accès internet – en zone rurale, donc dégroupée, donc c’est « lOpérateur Historique » qui administre les lignes, et j’ai eu l’idée saugrenue de prendre un fournisseur d’accès qui n’est pas l’Opérateur Historique. Donc, panne intermittente, puis sévère et générale depuis 6 jours. On vivote, on recourt à des expédients, aux voisins, au MacDo’ du bled d’à côté. Mais avouons-le : c’est la galère.

Donc, contraint et forcé, forcément, plus de nouveau billet sur mon blog. Je le regrette autant que vous. Celui-là, ce billet, c’est une bouteille à la mer : si vous connaissez un chef dans mon coin dans les équipes techniques de l’Opérateur Historique, plaidez donc ma cause auprès de lui – je vais bientôt déprimer. Merci, et à bientôt peut-être.

Tibert

(suite…) : rien… mardi 13 septembre… rien… ah c’est sûr on est à l’ère du tout numérique ! je vous dis que ça ! c’est l’Amérique, quoi. Bientôt les 2 boîtes de conserve avec une ficelle tendue : ça, ça fonctionne.

Indicible pentagramme

On sait que « Dieu » ne se dit pas – ne se représente pas, ne s’invective pas etc… –  dans certaines religions, notamment la religion juive, sauf à doses homéopathiques. On ne prononce pas Son nom, le tétragramme YHWH, c’est interdit. Bon, si ça leur va comme ça… moi, YHWH, je peux vivre sans.

Il y a un autre nom qui est imprononçable, c’est le pentagramme L-O-B-B-Y. Vous avez dit « lobby » ? le lobby de l’hôtel Meurice ? pas de problème. Le lobby des limonadiers ? des marchands de canons ? des cigarettiers ? des labos pharmaceutiques ? des taxis ? des céréaliers ? les lobbies qui hantent les couloirs de l’Europe à Bruxelles,  les lobbies des lobbyistes ? bien entendu. Lobby, oui oui. SAUF lobby juif, ah non, pas çui-là.

C’est un truc qui n’est pas. Qui ne se peut pas. Impossible, aberrant, scandaleux. Mais l’AIPAC aux Etats-Unis, qu’est-ce ? euh… un « groupe de pression visant à soutenir Israël… » (voir la page wikipedia en anglais consacrée à cet organisme : « The American Israel Public Affairs Committee is a lobbying group that advocates pro-Israel policies... ». Eh oui, « groupe de pression » en anglais, c’est lobby.

Mais en France le terme « lobby », flanqué de l’adjectif « juif », « lobby juif » ou « groupe de pression juif », on ne peut pas le dire. Pourquoi ? euh… les juifs sont sans doute les seuls à ne pas avoir le droit d’animer des groupes de pression. Tenez, le CSA cherche des noises à Sud-Radio parce que lors d’un débat, un auditeur a émis l’hypothèse que monsieur DSK aurait pu bénéficier de l’aide des Juifs, bref, d’un lobby juif.

Certes, le CSA argumente non seulement sur la terminologie employée, mais aussi sur la façon insistante dont cette question a été abordée. Certes, il y a différentes façons de dire une même chose. Mais constatons-le, on est désespérément accro’ à 39-45 par chez nous ; on ne loupe pas la moindre occasion de seriner le jingle-épouvantail : « les heures les plus sombres de notre histoire » ; de même qu’un tram affrêté pour transporter un groupe de Roms provoque aussi sec des cris d’horreur et des références à la rafle du Vel’ d’Hiv’ ou à « Nuit et Brouillard » – excusez du peu, ne manquent plus que les pyjamas rayés, « Arbeit Macht Frei » et les fumées des crématoires – de même « lobby juif » déclenche des clameur d’indignation : c’est Céline, Vichv, Gringoire et les Croix de Feu tout à la fois.

Il serait peut-être temps de constater que la guerre 39-45 est terminée, qu’Hitler est mort depuis deux tiers de siècle, et que le contexte a changé. Allumez donc la T.S.F sans crainte, les patrouilles vert-de-gris bottées de noir ne passent plus dans la rue ;  il n’y a plus de brouillage ; « Ici Londres… », « les carottes sont cuites » : c’est fini tout ça.

Tibert

Genres

Ca devient très compliqué. Quand j’étais minot, on n’avait pas d’éducation sexuelle à l’école. Il fallait investiguer, supputer, lorgner, poser des hypothèses. Mais une chose était claire : il y avait les filles et les garçons. D’ailleurs, « école de filles » et « école de garçons », il y avait deux écoles primaires. On n’avait pas encore mis tout le monde ensemble, et les portes des cabinets dans la cour de récré ne comportaient pas de trou pour mater, vu que ça ne nous aurait rien appris d’intéressant.

Plus tard j’ai pu théoriser tout ça ; gonades, paires de chromosomes gnagnagna, XX et XY, caractères sexuels primaires et secondaires, etc. Découvrir qu’il peut y avoir des anomalies des organes sexuels, mais marginales, rares ; bref, aux anomalies près, le modèle masculin-féminin tenait la route. Coccinelle changeait de sexe, certes, mais c’était en quitter un pour adopter l’autre.

Mais pas du tout, nous dit-on maintenant : un nouveau manuel scolaire de SVT  – Sciences et … bref, les Sciences Nat’ de ma jeunesse – de classe de Première veut définir le sexe, non comme caractère biologique, mais comme  un tout biologico-sociologique. Je cite : « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et le contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l’autre« .

En somme, donc, si l’on suit les messieurs-dames qui ont conçu ce nouveau manuel scolaire, il n’existe plus deux modèles sexuels, mais des tas. Ce qui veut dire, soyons clairs, une infinité de combinaisons. On voit tout de suite de quelle diversité il peut s’agir ! citons, heu… les homos, les hétéros à  tendance bi (les hétéros tout court ça n’intéresse personne), les trans (les trans MtF et les FtM, voire d’autres),  les lesbiens, les travestis hormonés ou pas, les zoophiles, les fétichistes du pied, du genou, du chapeau, les amateurs d’aisselles pas rasées, les accros au pipi, les fanatiques du piercing des têtons, et j’en passe, parce que ça devient moche.

En somme, les certitudes physiologiques ne seront bientôt plus rien face au contexte socio-culturel, c’est à dire le n’importe quoi (on peut dire socio-cul’, ça le fait très bien) . Restent – merci au nouveau manuel scolaire – le « mâle et femelle », comme disent les anglo-américains : nous sommes toujours des mammifères, ça rassure. Quant à la définition de notre genre, peut-être qu’aux portes de la mort, à l’issue d’une «  interaction constante entre le biologique et le contexte socio-culturel« , nous en aurons une vague idée, qui sait ?

Tibert

Raie aux mûres, sébaste aux pommes…

(C’est au menu d’un resto spécialisé dans les poissons et les plats salé-sucré, dans le 3ème arrondissement, à Paris)

Bon, un peu de sérieux, c’est vrai, quoi, enfin…

On peut supposer que ça caille dans les grands hôtels new-yorkais. Soit que la clim’ soit déréglée – encore un gaspillage d’énergie éhonté, mais là-bas ils s’en foutent, le kilowatt-heure ne coûte pas cher – soit que le mois de Mai sur la côte Est des States soit très frais, ou les deux. Tiens, ça me rappelle, il y a quelques lustres, une visite au siège du Crédit Agricole d’un département du Sud-Est de la France, en septembre : bâtiment somptueux, entièrement climatisé, évidemment – ils ont les moyens, au Crédit Agricole ; et à l’accueil, la dame de l’accueil avec son petit radiateur soufflant à proximité de son poste, pour se réchauffer les gambettes frigorifiées !

Mais bon, je ne sais pas si vous étiez au courant, moi je viens de l’apprendre en lisant le rapport du procureur Cyrus Vance, Jr – en français pour vous faciliter la tâche – sur la recommandation d’abandon des poursuites contre monsieur DSK, eh bien c’est assez incroyable ; figurez-vous que la plaignante déboutée, madame Diallo, portait, le jour fatal du drame, et pour faire son boulot de femme de ménage au Sofitel de Manhattan, deux paires de collants par dessus sa culotte ! ça laisse rêveur et sur le cul. Normalement, quand on fait le ménage avec un peu d’énergie, passer l’aspirateur, faire le lit, astiquer les meubles et les miroirs, nettoyer les sanitaires, faire les vitres (ah non, pas les vitres, au 28ème étage c’est risqué)… on a vite chaud ! peut-être pas aussi chaud que dans les contrées d’où est originaire madame Diallo, mais quand même.

Donc, me dis-je, pourquoi DEUX paires de collants ? hein ? c’est bizarre, non ?  ah, vous aussi vous trouvez ça bizarre ? moi ça me rappelle irrésistiblement cette histoire de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse, où les enquêteurs avaient trouvé une ou des victimes, je ne sais plus, vêtue(s) avec plusieurs slips superposés, comme un (des) artichaut(s). A l’époque on avait évoqué des histoires de rituels musulmans, mais rien de bien clair. Sale affaire… deux collants… ou deux « paires » de collants ? ah ah… ça serait une explication, ça… deux paires de collants ça fait quatre. Allez savoir, avec des gens qui vous racontent n’importe quoi : la suite 2806 du Sofitel, elle n’est pas au 28ème étage, mais au 26ème ! premio, ils comptent le rez-de-chaussée « 1 », aux USA. Donc un de moins ! et deuxièmo, il n’y a pas d’étage numéro 13 (le douzième, chez nous*). Et de deux, ça en fait deux de moins.

J’en déduis que monsieur DSK occupait en réalité la suite 2606 ! nettement moins haut, donc, que ce qu’on croyait, et ça change tout, et c’est peut-être une erreur d’étiquetage des suites qui a été à l’origine du drame. Un rendez-vous manqué, avec deux paires de collants – ou deux collants, c’est selon.

Bon, c’est pas tout ça, mais mon thé refroidit, moi.

Tibert

(*) d’ailleurs, je refuse systématiquement toute suite de Sofitel ou autre palace « 5 étoiles » états-unien située au « quatorzième » étage : mon oeil, le quatorzième ! c’est le treizième, on me la fait pas, moi.

Tout baigne

On l’a appris hier soir tard, dans l’affaire DSK contre madame Diallo Nafissatou, le procureur a décidé d’abandonner les poursuites. En fait, il reste persuadé, et on est prêts à le croire, que monsieur DSK a bel et bien sauté sur la femme de ménage en question pour lui présenter ses hommages sexuels, MAIS il constate que, vu les salades, les mensonges et les embrouilles dans lesquelles madame Diallo est impliquée, il n’a pas la moindre chance de convaincre 12 jurés de voter unanimement la culpabilité. C’est comme ça aux USA, et ma foi ça fonctionne – mieux que chez nous, où il faut des lustres pour traiter une affaire, à l’exception, bien entendu, du vol du scooter du fils de monsieur Sarkozy, qui fut traité énergiquement et avec promptitude.

Ce qui restera de cette histoire, c’est quand même assez lourd : un homme de tout premier plan est aussi, d’abord, un mâle en proie à ses pulsions – testostérone, turgescence etc – et l’on a pu découvrir au fil de l’enquête quelques-unes de ses conquêtes fugaces et passées, qui toutes ont confirmé son appétit et sa vigueur. Bon, c’est sa vie privée, certes oui bien sûr vous avez raison mais quelque part c’est signe de fragilité, vous ne trouvez pas ? il est vulnérable, cet homme, il a une faille, un talon d’Achille, il peut péter un câble sans crier gare devant un exemplaire représentatif du sexe féminin. Monsieur Giscard fantasmait sur les jambes de madame Saunier-Seïté pendant qu’elle discourait à la tribune, monsieur Mitterand entretenait deux fers au feu au minimum – monsieur Chirac s’en tenait au cul des vaches, lui – mais tout ça en douce, discrètement, entre gens policés. Tandis que là, vous avouerez, ça fait désordre.

Eh bien, nonobstant (*) cette histoire catastrophique, ce bide total, cette affaire dévastatrice, et dans la plus belle unanimité, les pontes du PS se réjouissent bruyamment de cette nouvelle. Cher Dominique ! cher ami ! comme je suis heureux(se) et soulagé(e) ! quelle joie ! Harlem (si si, Harlem, pas le Bronx, je suis sûr), Bertrand, François, Martine, tous affichent la plus grande satisfaction, le plus immense soulagement. Innocent, Dominique ? heu, ils s’en foutent. L’important, c’est qu’il revienne pousser en mêlée pour 2012, mais désormais inoffensif et désarmé : il ne pourra plus leur faire de l’ombre. Que du bon ! Tiens, si on le voyait débarquer impromptu à l’université d’été du PS, hein ? bronzé, en chemise manches courtes, col ouvert ? la standing ovation, le top, quoi.

Tibert

(*) J’aime  bien nonobstant, je l’avoue. C’est daté, ça fait rapport de gendarmerie, mais c’est tellement plus mignon que malgré, en dépit de…  l’expression latine est quasi évidente – non obstat, ça ne fait pas obstacle – et puis surtout on entend « nonos » dans nonobstant, ça fait irrésistiblement frétiller de la queue.

Concours d'horreurs

Une brève du Figues-à-rôts intitulée « Hymne nazi aux championnats de canoë » m’a interpellé, et ma foi je suis allé voir ça : en effet, ça laissait imaginer une cohorte de mecs forcément virils, des torses nus, des shorts, de la blondeur coiffée en brosse – ou façon crâne d’oeuf – et des bras droits tendus vers le ciel dans la gestuelle « y en a haut comme ça ».

Mais pas du tout, c’était une regrettable erreur du disk-jockey des championnats de canoë, qui passait les vinyls des hymnes sur sa platine. Tenez, voici la teneur de cette information, après correction des fôtes d’ortografe et des coquilles :

« La première strophe du vieil hymne allemand « Deutschland über alles » (L’Allemagne au-dessus de tout), qui n’est plus chantée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a retenti par erreur après la victoire du duo allemand Knorr-Niche lors des Championnats du monde de canoë-kayak en Hongrie.

L’entraîneur fédéral (…) s’est déclaré « horrifié » par la confusion entre l’hymne que chantait le pouvoir nazi et l’hymne actuel de la République fédéral allemande. En 1952, la nouvelle république a en effet décidé de garder la musique de l’hymne, mais de bannir définitivement les deux premières strophes, très controversées. »

D’abord, la musique de l’hymne, c’est un mouvement adagio d’un quatuor de Joseph Haydn, excusez du peu. Je suis bien d’accord, ça vaut le coup de garder la musique, qui est superbe, tout simplement.

Mais que disent-ils donc, ces vers honnis des deux premières strophes aujourd’hui supprimées de l’hymne allemand ?

L’Allemagne, l’Allemagne avant tout,
Par-dessus tout au monde,
quand constamment pour sa protection et sa défense,
fraternellement elle est unie.
De la Meuse jusqu’au Niémen,
de l’Adige jusqu’au Détroit,
L’Allemagne, l’Allemagne avant tout,
Par-dessus tout au monde !

……

Femmes allemandes, foi allemande,
Vin allemand et chant allemand
doivent continuer dans le monde
de résonner avec leur ancienne beauté,
de nous porter à agir avec noblesse,
tout au long de notre vie.
Femmes allemandes, foi allemande,
Vin allemand et chant allemand !

C’est clair, les limites territoriales sont largement excessives et expansionnistes. Et puis « femmes allemandes » – ach, schöne gretschen… – , c’est sexiste et con ; quant au vin allemand, pas mal, pas mal, il y a de très bonnes choses, des Auslese délicieux, mais je préfère les nôtres – à consommer avec modération, bien évidemment.

Enfin, le troisième couplet, le seul qu’on chante de nos jours, le voici :

Unité, justice et liberté
pour la patrie allemande !
Cela, recherchons-le,
en frères, du cœur et de la main !
Unité, justice et liberté
sont du bonheur les fondations ;
Fleuris, dans l’éclat de ce bonheur,
Fleuris, patrie allemande !

On pourra utilement rapprocher ces textes gentillets de notre « qu’un sang impur abreuve nos sillons« , des « féroces soldats » qui mugissent, des fils et des compagnes qu’on égorge, et du souhait « que tes ennemis expirant voient ton triomphe et notre gloire« .

Au finish et dans le sanglant, y a pas photo, comme on dit : on gagne haut la main.

Tibert

Le Prest à terre

Mauvais jeu de mots, jeu de mots laid, je sais.

Leprest Allain, mort pour la clope – et peut-être la picole, ce qui n’arrange rien sur le plan sanitaire, on le sait, fumer tue, boire itou, vivre tue, d’ailleurs, et moi-même je ne me sens pas très bien. Mort probablement volontaire, allez hop d’un seul coup d’un seul, et non plus à la petite fumette qui délabre tes alvéoles et met ta stase.

On le regrettera, il va nous manquer. Si vous ne le connaissiez pas – du moins ses chansons, lui c’est un peu tard – découvrez-les, il nous les a laissées, c’est ce qui compte et qui reste. Et tous les opus-cules des Johnny H. et des  anglaises Vinothèques, tous les raps haineux et monocordes peuvent bien partir à la poubelle.

Tiens, « Donne-moi de mes nouvelles ».

Sans t’avouer que je me manque
Donne-moi de mes nouvelles
Dis-moi dans quel port se planque
La barque de ma cervelle

…..

On s’est promis tant de plages
Au bord des panoramas
Es-tu encore du voyage
Avant mon prochain coma ?

Vis-tu toujours avec moi ?
Viens-tu toujours avec moi ?

Leprest Allain, avec deux ll.

La Bourse racontée aux petits n'enfants

Supposez : je suis un amateur de bonnes affaires. C’est juste une supposition.

J’ai appris – ou je suppute, je subodore, je pressens – que le kilo de bananes va dégringoler sur les étiquettes de prix – surproduction, désintérêt, que sais-je ?  la banane moins chère, c’est du sûr !!  Je me fous des bananes comme de l’an quarante, mais tiens, je vais voir le meilleur grossiste en bananes du MIN local (Rungis, si vous voulez), nous devisons gaiement, et je lui emprunte 2 tonnes de bananes, sous condition, bien évidemment, de les lui rendre sous peu, disons avant la fin du mois, ses bananes. En gros, c’est le cas de le dire, ça vaut dans les 2.700 euros, et c’est ce que ça me coûte pas, puisque c’est un emprunt.

Je m’en vais donc monter mon éventaire à bananes à la sauvette du côté du KFC de la place d’It’ (bande de blaireaux, c’est la Place d’Italie à Paris, tous les gens évolués causent comme ça) et je revends mes bananes au chaland, au passant qui passe, au badaud, au bananophile. Disons 2,60 le kilo. Il y a du déchet, la banane, c’est fragile, je me fais 5.000 euros, pas plus.

Une semaine, 2 semaines passent… mon bon ami Dugros me relance, « Oh Machin, mes 2 tonnes de bananes, tu me les rends oui ou zut ?  y me les faut ».

Il se trouve que la banane a baissé ! et pas mal, 12 % de baisse, les 2 tonnes se négocient à 2.380 euros. J’achète donc pour 2 tonnes de bananes, que je rends avec un grand sourire à Dugland – pardon, Dugros.

Moralité, je me suis fait 5.000 – 2.380 = 2.620 euros à vendre des bananes. Eh oh, je me suis décarcassé à les vendre, mes bananes, non mais.

Oui mais à supposer que je travaille plutôt dans la ferraille – y a pas de déchet, ç’en est déjà !  et ça ne se vend pas à la sauvette par demi-kilos – le principe est le même : 6 tonnes de cuivre empruntées et revendues aussi sec, et que je rachète 15 jours plus tard, moins cher, pour les rendre à mon prêteur.

Et à supposer que, fatigué de trimballer des tonnes de cuivre dans mon Berlingo Citroën je travaille sur des titres boursiers, c’est encore plus peinard, c’est juste des clics de mulot devant mon écran d’ordinateur.

Donc, je vends des trucs que je n’ai pas, ou qui ne m’appartiennent pas – mais je les aurai, si si. C’est absurde, mais c’est juteux – si les prix évoluent comme je le prévois ; et puis si contre tout bon sens on accepte ces pratiques, qu’avez-vous à y redire (*) ? En revanche c’est casse-gueule, si les cours montent, je bois le bouillon.

C’est de la vente à découvert. Evidemment on ne dit pas comme ça chez les traders, on s’exprime en jargon rosbifiant, on « shorte », on « fait un short » (à défaut de tailler un short). Il y en a même qui ont perdu le sens commun le plus élémentaire, et qui trouvent ça tout à fait normal. Et puis la Bourse de Londres est du même avis, alors !

Il y en a même qui, pour aider à la baisse espérée des valeurs  qu’ils ont empruntées et qu’ils devront acheter pour les rendre, vont raconter Urbi et Orbi (sur la Toile, en clair) que ces valeurs c’est de la grosse daube et qu’il vaut mieux s’en débarrasser massivement et au plus vite. Les chenapans !

Tibert

(*) ça me rappelle la boutade (juive, russe…) : « A quoi bon tuer l’ours si on n’en a pas vendu la peau ?  « 

Bruits de chiottes

C’est comme ça qu’on s’excuse, en  Rosbif, quand on a propagé des rumeurs pourries qui ont fait très mal : « we unreservedly apologise to Société Générale for any embarrassment caused » : « Nos excuses sans réserves à la SocGen pour tous les torts causés ». Le Daily Mail, ce torchon populiste et francophobe, ce qui est banal outre-Manche, ayant annoncé dans une dépêche que la SocGen – la Société Générale – était sub-claquante et moribonde, cette banque est descendue hier aux enfers boursiers, son titre a bu le bouillon. Mais non, c’était une blaaaague ! ah bon…  alors, c’était pour de rire, l’humour britannique, n’est-il pas, mais il aura fallu que le PDG se démène, qu’on démente, qu’on argumente, et puis le mal est fait. Comme dans l’affaire DSK, qui est peut-être innocent, mais que le monde entier aura vu sombre, pas rasé, menotté dans le dos, et encadré façon « tableau de chasse » par des flics goguenards.

Et ce qui est encore plus rigolo, si l’on peut dire, c’est que les spéculateurs, les investisseurs, ceux qui traquent le quart de poil de cul sur les variations des titres boursiers pour s’enrichir sans trop transpirer sur le dos de ceux qui produisent, bref tous les adeptes de savantes courbes de tendance et de graphiques abscons, s’engouffrent comme des gogos derrière les salades fumeuses de ce sous-canard, ne vérifient rien, et va-y petit, il y a du fric à se faire, le Daily Mail le dit.

Bon, espérons très fort – la SocGen n’est pas ma banque favorite, loin de là, et je n’y ai pas de placements – que tous ces cons boiront le bouillon dans cette manoeuvre sordide. Tiens, moi aussi je m’en vais vous propager une information façon rumeur que  je vous dis pas : le Daily Mail, c’est entièrement recyclable ! les pages, vous les découpez en carrés et vous les accrochez à un clou sur le mur des houatères.

Tibert