La ménagerie du cirque

M. l’ex-ministre de l’Educ’Nat’, ex-futur dégraisseur de mammouth (si seulement il avait pu le faire !) Claude Allègre nous présentait hier sa vision fort pessimiste de l’avenir du PS. C’est la savane afwouicaine, pwésentement, et en vraie grandeur, et les éléphants n’y seront plus seuls à errer dans ce décor en ruines. Une lionne, des hyènes, des chacals… et un drôle de mammifère, le « guymollet », mollet le bien nommé, comme l’oeuf du même métal, tremblotant et manquant de fermeté, et qui s’écroule dès qu’on le pique : l’image s’applique cruellement à monsieur Hollande soi-même, qui décidément en prend plein la gueule.

N’allons pas hurler avec les allègres loups : Premier Secrétaire, avec les z’éléphants qui barrissaient en désordre, avec une présidentiable qui n’en faisait qu’à sa tête – sans parler des problèmes privés – , avec une indiscipline tuante (voir le référendum sur la constitution européenne), et pour tout arranger des ennemis méchants, pugnaces et pas stupides, c’était un boulot infaisable.

Monsieur Hollande pourra partir la tête haute de son poste, il a fait ce qu’il a pu, mais franchement c’était mission impossible, et je ne vois pas ce qu’il y foutrait désormais. Il y a clairement deux bords, les Capulet et les Montaigut, le rouge sang et le rose pâle : ça peut faire deux partis, le premier façon Laguiller-Buffet-Besancenot-ATAC-Bové & tutti quanti, le deuxième façon Bayrou & similaires. Il n’y a qu’à ficeler tout ça, et ce sera très bien comme ça.

Sénateurs donc asexués

Les USA sont décidément incohérents et terriblement mal à l’aise sur le plan des moeurs : de la schizophrénie. Ils nous sortent des vidéos pornos en veux tu en voilà, mais (voyez cet entrefilet) pas de cul, surtout pas de cul. Qu’un sénateur ait des pulsions homo, et que de plus il ait trouvé chaussure à son pied, si l’on peut dire, en la personne d’un flic, c’est l’horreur. Pourtant c’est sa vie privée, non ? comprenne qui pourra.

Nous autres, malgré nos lois anti-tabac, avons bien aimé les épisodes Clintoniens à base de cigares et de pipes ; voilà un Président qui avait de la fantaisie et du flair ! Ce qui nous choquait, c’est qu’on ait pu sortir cette affaire au grand jour. C’est une évidence pour nous, latins, que tout homme politique est d’abord un homme, eh oui. Que nos sénateurs se payent donc du bon temps à titre privé ! qu’ils se fassent de beaux souvenirs de fesse pour leurs vieux jours (ça urge, d’ailleurs, ils y sont déjà, dans leurs vieux jours, voyez la moyenne d’âge !) ; ça ne nous défrise pas un poil. Tout ce qu’on peut leur reprocher – c’est beaucoup, et d’une autre envergure !! – c’est de ne servir à rien, et de nous coûter fort cher. Mais ça ne semble pas gêner nos gouvernants : sénateur, c’est une bonne gâche pour leurs vieux jours.

A genoux, bizut !

Le Monde donne la parole à une ex-bizutée qui n’a pas apprécié. Evidemment, les pratiques de bizutage, officiellement sous le coup de la Loi, et ce depuis qu’une certaine ministresse nommée Ségolène Royal était intervenue et avait obtenu fort justement leur interdiction, continuent sous le manteau, sont maquillées en cérémonies, bref rien n’est réglé, du moins pour certaines écoles.

Pour avoir moi aussi subi ces séances débiles de papier cul et de « à poil bizut », nigleries minables, infantiles et dégradantes, je dirai ici que la loi sur le bizutage, comme moult lois en France, n’est pas appliquée, et ce avec la complicité active des directeurs d’établissements – de même que la loi Evin, interdisant la tabagie dans les lieux publics et clos, était consciencieusement violée dans les universités et grandes Ecoles ; les directeurs s’en lavaient les mains.

Bizutés, mes frères, foutez sur la gueule des bizuteurs : vous êtes en droit de le faire, et ça leur fera du bien !

Rouge ravalé

Olivier le postier aux bonnes joues, le brillant tribun de la LCR veut que son parti s’efface (sans disparaître ? va savoir…) pour créer un « nouveau parti radical et populaire » : on se gratte la tête, car enfin, soit les trotzkystes admettent enfin que le Matin du Grand Soir est bon à foutre aux orties, bref que les démocraties sont vivables et pas nécessairement vouées à faire place à un bon vieux totalitarisme bien répressif et sanglant ; soit ils changent une fois de plus de faux-nez pour tenter, comme d’hab’ de se faire passer pour de braves rouscailleurs, alors qu’ils sont « de base » axés sur l’avènement de ce totalitarisme : allons-y, on sait pas où ça va mais on y va.

On a une petite idée de la bonne réponse : un des pontes de la LCR, Mister Grond, dit que… « Nous voulons casser notre image d’organisation élitiste et avant-gardiste » ; en d’autres termes, si ce n’est que l’image… ça ne mange pas de pain ! la toile de fond reste. Et j’échangerais « élitiste » pour « sectaire« , « avant-gardiste » pour « dogmatique » ; on obtient ainsi « Nous voulons cacher aux Français que nous sommes une organisation sectaire et dogmatique ». Challenge assez pointu, on l’admettra !! Mais ça se comprend mieux ainsi.

Ouais, on a mieux à gloser que sur la LCR, ce gros groupuscule. Je voudrais en outre, et rapidos…

1- tirer un coup de chapeau à M. ROUX (Guy), récent ex-entraîneur du RC Lens, qui a, lucidement, admis qu’il n’avait plus la pêche, la gniacque, la rage, bref que le feu sacré n’y étant plus, il était plus sage de passer la main. Disons le tout simplement : c’est là un grand bonhomme qui quitte les feux de la rampe. D’ailleurs, nous avons des points de rapprochement, notamment notre affection pour le Chablis.


2- Dire un mot de Mme ARDANT (Fanny) qui a été assez forte pour demander pardon aux Italiens pour avoir qualifié de « héros » un ex-dirigeant des Brigades Rouges italiennes, version transalpine d’Action Directe ou de la bande à Baader… elle avait dit là une connerie, c’est clair : justifier les assassinats politiques des Brigate Rosse, c’est mettre Aldo Moro et Adolf Hitler sur le même pied – une imposture, sinon du délire. Mais ses excuses sont courageuses ! et j’avoue avoir un faible pour Fanny Ardant, l’actrice.

Moi aussi

Dimanche matin, une dépêche du Figarôt (burp) tombe sur son site Web, dans un grand « plouf » ; il semble que Mère Teresa (on doit la canoniser, c’est quasi in the pocket, le Paradis dans un fauteuil) doutait de l’existence de Dieu. On peut d’ailleurs rejoindre sa dubitativité (dubitativitude, dirait Ségo la Melloise) car une autre dépêche, aussi ahurissante, aussi forte, aussi incroyable, annonce au lecteur du Web figaresque que « Guy Roux jette l’éponge en tant qu’entraîneur du RC Lens » (pour les profanes, il s’agit de football). Ladite dépêche footbalistique figure d’ailleurs en incruste en haut de la dépêche relative à Mère Teresa, vous pouvez vérifier.

Moi aussi je doute, Mère Teresa ; vous n’étiez pas seule à douter. Que Guy Roux n’ait pu épargner la défaite au RC Lens est un indice supplémentaire de cette carence divine ; on avait déjà des doutes, d’ailleurs, depuis que Gregory de la Star’Ac numéro 4 nous avait quittés, lui sur qui les bonnes fées de TF1 et de la chansonnette en tube avaient misé pour dissuader les ménagères de moins de 50 ans de zapper entre les espaces de pub’ à la téloche.

Eh bien, décidément, je le dis tout cru, si l’on persiste à canoniser Mère Teresa connaissant son état d’esprit dubitatif, c’est à douter du pape et de Dieu. Tant qu’à canoniser, qu’on canonise plutôt Gregory (tenez, voyez plutôt ce site hagiographique, c’est édifiant), d’ailleurs le public de la Star’Ac n’a aucun doute, lui, et les appels au standard téléphonique de TF1 (0,34 ct d’Euro la minute) le prouvent.

Mi-mai en loup

Drôles d’histoires dans les familles ! On se souvient, j’espère, de ce très chouette film de Louis Malle, « Milou en Mai », inhabituel dans sa verve, avec un Michel Piccoli jubilatoire, et une Miou-Miou délicieuse de petitesse prout-prout, escamotant promptement l’émeraude de grand-mère qui vient de « passer » : « elle me l’avait donnée » ! Les règlements de comptes entre frères et soeurs, les rancoeurs enfouies, les jalousies d’enfance se font souvent jour de manière explosive au moment où l’infortuné (ou fortuné) « conjoint survivant » se retrouve seul(e) face et avec les petits n’enfants qui ont droit à la moitié du gâteau, eh oui.

Bref, histoire de statuettes données à deux fillettes de 7 et 8 ans par une vieille dame… statuettes de bronze ma foi assez mignonnes, signées sinon Rodin, Maillol ou Carpeaux, mais d’un nom bien connu, et que les parents, rassurants et en toute clarté, gardent pendant 53 ans au chaud pour leurs filles, qui ne vont pas – erreur fatale – récupérer leur bien lors de leur prise d’indépendance : ces statuettes font tellement bien sur les deux angles du manteau de cheminée ! Elles attendront tranquillement l’heure de l’héritage…
Oui mais, la cadette, qui n’a rien eu – en tout cas pas ce genre de cadeau – va entendre pendant des années la chanson des petites statuettes de ses grandes soeurs, et c’est rageant, et c’est pas supportable, et dès que l’occasion se présentera, soit 53 ans plus tard – excusez du peu – lorsque le cher papa va casser sa pipe en Mai (l’Ascension, « un beau jour pour mourir », aurait dit Geronimo), fera parler le mort et endosser à titre posthume audit papa la décision de « donner » les petites statuettes à la famille de la cadette. Et de joindre le geste à la parole, et hop ! Escamotées les statuettes, plus rien sur le manteau de la cheminée, baisées le grandes soeurs ! On ne contredit pas les volontés d’un mort, fût-ce un indû cadeau.

Evidemment, pensez-vous, ça ne peut pas en rester là : représailles à prévoir, règlement de compte à OK Corral. Les Atrides en comparaison, c’est du sucre d’orge.
Moralité : indû cadeau posthume en Mai, Septembre noir, gnons à prévoir !

L'aprèm' au stade

Une de mes vieilles lunes fera l’objet de ce billet, vieille lune titillée par cet entrefilet dans Le Monde à propos des heures d’enseignement, que not’président, qui couvre décidément tout le spectre de l’action politique, du Nord au Sud et d’Est en Ouest sans laisser de trou, envisage de raboter (pédagos mes amis, pas de coquille ici, ce n’est pas « rabioter » et le « i » ne fait pas défaut).

Eh oui, simple mais efficace ! comment supprimer – le mot est dur – des fonctionnaires de l’Educ’Nat’ sans que le décor ne fasse pas trop pauvre ? certes il va quand même en rester plus d’un million, excusez du peu, mais bref… on ne peut pas rogner sur les élèves, ça vient comme ça vient ! on ne peut pas faire des classes à deux étages comme les TGV de dernière mouture, l’architecture des CES Pailleron ne le supporterait pas ; alors ? alors ? bon sang mais c’est bien sûr, diminuons les heures d’enseignement !! génial, Président !

Bon, le mécanisme de base de la pédagogie (la répétition) va un peu en souffrir, mais il me souvient avoir avalé Pythagore (« Le carré de l’hypoténuse bla bla bla ») des dizaines de fois dans mon cursus scolaire, alors que 3 ou 4 fois, hein, et c’est plié. Mais c’est là que se lève ma vieille lune, on va enfin, peut-être, en profiter pour moins bourrer le crâne de nos chères petites têtes blondes.

Nos voisins allemands, anglais et j’en passe, voient leurs gosses étudier le matin, et faire du sport (vous avez bien lu : du sport) l’aprèm’ !! oui, après le déjeuner on ne leur en remet pas encore une couche, à ces chers petits oiseaux, endormis, saturés, énervés, la tête ailleurs. Et de citer opportunément le proverbe teuton : « Morgen Stund’ hat Gold im Mound » (*), qui ne fait pas recette chez nous, où la grasse matinée est une institution.

Et, surprise, ces méthodes teutonnes ou rosbiffes fonctionnent ! leurs gosses ne sont pas plus ignares que les nôtres !! Ils ont au moins autant de prix Nobel. Vous le croyez, vous ?

Donc, courage, Président, poursuivez, rabotez, rabotez les heures d’enseignement, surtout l’après-midi. Avec un petit bémol tout de même : il faudra faire une exception pour les profs de gym’, ces malheureux profs de gym’ dont tout le monde se fout dans notre beau pays de forts en thème.

(*) « L’activité matinale a de l’or dans la bouche » – notre proverbe  » L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » en est un équivalent passable.

Faute de goût

Un article assez comique dans le Monde, à propos des gros requins blancs en costard-cravate-éventuelle qui sont censés faire des affaires (souvent sur notre dos, d’ailleurs) à London. Car quoi, l’ignorerions-nous? ploucs que nous sommes, la finance se fait et se défait à London. Donc ces messieurs prennent le « CityJet » le matin à 7 heures comme nous prendrions le bus !! oui mâame Michu !! vous le croyez, vous ? Dallas, ton n’univers impitoyaaa-able, c’est du pipi de chat à côté de ces golden rapaces, ces killers, ces…

Bref les mots manquent à lire cet article racoleur, convenu, bourré de clichés, et qui de plus fait une grosse erreur : je cite « Les boutons de manchette affichent un discret « Please return to Tiffany », les chaussures John Lobb ou Weston complètent l’uniforme. » Eh oui, journaliste de mon coeur, le voilà l’os dans le pâté : les chaussures Weston – belles grolles, d’ailleurs – sont bien françaises, et malgré toutes les tractations confidentielles et feutrées des bidouilleurs bancaires en costard, Mittal n’a pas encore acheté la marque (encore moins racheté). Donc, messieurs les zomdaffères chaussés de Weston, vous vous croyiez au top, vous voilà ringards de chez Ringard, chaussés de croquenots français !! autant dire des charentaises. Chocking, quelle faute de goût, vous allez vous faire virer du salon VIP.

L'accent perdu de la delivrance

Anglicisme (rosbif-isme) chéri des z’informaticiens, au même titre que « adresser » (il faut adresser ce problème de toute urgence) et « pluguer » – prononcez « pleuguer » – (y a qu’à se pleuguer sur la DLL machinchose), délivrer étend ses ravages. On délivre à tours de bras.
Même les journalistes généralistes délivrent,et il ne s’agit pas d’Ingrid Betancourt, hélas, mais « d’une cuisine étonnamment contemporaine » : voir le Figaro du jour, tout frais.

Journaleux, délivrez-vous des anglicismes stupides !! y a les mêmes mots chez nous, mais hélas ils n’ont pas le même sens… alors, un poil d’imagination ? hein ? ou un soupçon de rigueur lexicale ?

– PS : Pluguer ? enficher est pile-poil le bon mot, brancher sera plus vague, ou alors connecter…

Adresser ? ah ah !! traiter me paraît jouable, mais on peut utiliser résoudre, considérer, ou, horreur, utiliser des postpositions ! s’occuper de, par exemple, qui traduit parfaitement « address » avec 2 d, eh oui.

Délivrer, enfin ? « to deliver » chez les Rosbifs = fournir ! Eh oui, donc sur notre exemple, le chef cuisinier « fournit une cuisine… » ouais, pourquoi pas ? mais « élabore », « produit », « crée » … il y a du choix !

Allez, la délivrance est proche !! 

Le CD en fête, et mon porte-monnaie en berne

Le CD a 25 ans, eh oui ça ne nous rajeunit pas. Fêtons donc dignement cette petite galette, taxée indûment chez nous (achetez vos CD vierges à l’étranger si vous pouvez, c’est à des prix plus raisonnables pour des bouts de plastique métallisé) ; mais poussons encore un vigoureux coup de gueule contre l’arnaque qui consiste à vendre des 18, 20, 23 euros un truc qui a déjà été vendu en vinyle, re-mastérisé, amorti depuis des lustres, bref un truc qui devrait se vendre, auteurs et interprètes une fois payés, au grand maxi 7 à 8 euros, et je suis généreux.

Il est donc bien évident que le plus honnête de nos citoyens rechigne à raquer, parfaitement conscient qu’on l’arnaque. Donc, messieurs-dames de l’édition phonographique, ne vous en prenez qu’à vous-mêmes si moult copies illicites circulent : c’est humain, et c’est quelque part un juste retour des choses : le coup de l’arroseur arrosé, en quelque sorte.