et Gould alors ?

Un horrible couac dans un univers d’admiration béate et d’harmonie : feue la pianiste anglaise Joyce Hatto, morte il y a un an, était bidon… pourtant on la portait aux nues : « Joyce Hatto est certainement la plus grande pianiste vivante dont personne n’ait entendu parler. Aujourd’hui âgée de 76 ans [la citation est de 2005], elle n’a pas joué en public depuis 25 ans en raison d’une lutte contre le cancer. »

Et voilà : la Roche Tarpéienne étant fort près du Capitole, le veuf de Mrs Hatto avoue qu’il copiait-collait des enregistrements d’autres pianistes ! Tout bidon. Tenez, si on y va comme ça, même moi je pourrais produire mes petits chefs-d’oeuvres persos (ah ! le Clavier Bien Tempéré, amoureusement brodé à partir de Rosalyn Turek, Glenn Gould, Sviatoslav Richter et Edwin Fisher : ouné bijou !).

Ouais, ben ça laisse rêveur. Vous n’êtes pas sans savoir (en clair : vous savez, mais ça fait mieux, « pas sans savoir ») que le père Gould, avec sa casquette, ses rouflaquettes, son air de chien battu et son éternel pardessus (on pense irrésistiblement à Marcel Dassault, qui souffrait d’hypothermie), a cessé très tôt de jouer en public pour se consacrer exclusivement à l’enregistrement « en chambre » ? allez savoir si ses Variations Goldberg, son N’art de la Fugue, ses Suites françaises etc… ne sont pas « bidon », eux aussi ? Bon, d’accord, on a pu le voir jouer – très bien, d’ailleurs – auparavant, mais qui sait s’il n’y avait pas un autre pianiste, planqué sous sa chaise truquée ? si ça se trouve, c’était que du Play-Bach !

Une, deux, une, deux

Gauche, gauche, gauche ! « dans la troupe, y a pas d’jambes de bois ; y a des nouilles mais ça n’se voit pas ».

Eh oui y a des nouilles.

Mâame Royal avance que Mister Baïrrou (ortograf fonétik) serait fort dangereux : illusions que ce prétendu centre, miroir aux allouettes ; c’est « droite contre gauche, faut pas s’leurrer ! »

C’est justement la soupe qu’on nous sert depuis 60 ans, et on en a vraiment ras le béret, vu les résultats. Il serait temps que nous rejoignions les pays un poil modernes, ceux qui ont constaté que la démocratie s’acccomode à merveille des idées qui se respectent tout en s’affrontant : bref tout sauf le droite-gauche cher aux nostalgiques de la Guerre Froide.

Divers du lundi

Une femme, interviewée (interrogée, en français) à la radio : « …. notre avocat l’avait demandé, si vous voulez« . Mais le journaleux n’avait rien demandé, il ne voulait rien de spécial !

Et les « si tu veux » à la pelle de certains ! qu’est-ce qui se cache derrière « si tu veux » ? il y a là comme un appel à la clémence. On pourrait poursuivre l’expression ainsi : « si tu veux bien m’excuser / me comprendre / passer là dessus / être indulgent » : on vient d’exposer un fait qui prête à restriction, à critique… et on demande de la compréhension.

Si vous voulez…

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Marre du PSG. Le club de foot de Paris-St Germain me les gonfle. Pas une journée de championnat où la radio / la télé ne nous rebattent les oreilles des exploits / déboires de ce club. Il y a une vingtaine de clubs de Ligue 1, dont certains nettement plus intéressants : pourquoi toujours le PSG ?

Parce que c’est PARIS, bien sûr : Paris, tu seras toujours Paaariiii ! Ach Parisss, schön !

Eh bien Paris me gonfle. Il y a autre chose sur terre, même en se limitant à la France.
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Allez donc voir « La vie des autres« , film allemand superbe. A confronter avec « Bye bye Lenin » – excellent film également – issu lui aussi, non de l’immigration, mais de l’histoire de feue la RDA. Des points de vue très différents, noir pour le premier, plus nostalgique pour le second. Mais le Kommunismus / Sozialistisches Realismus de MM. Honecker et consorts a décidément une sale gueule.

Pourtant il y en a qui nous en remettraient bien une louche : grand bien leur fasse, sur une autre planète si possible. On passe notre tour.
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« Issu de l’immigration » : wouala encore un superbe tic de langage.

Il sue de l’immigration … quelle est l’issue de l’immigration ? quelle issue à l’immigration ?

Vaste sujet.

Tiens à propos d’immigration, cet article dans Le Figaro (eh oui le matin je consulte Le Figaro, sans exclusive, et Le Monde le soir) : « Les ressortissants des dix pays nouvellement entrés dans l’Union investissent le marché du travail. Légalement ou illégalement.«  Donc je puis espérer qu’un jour proche un maçon / plombier / couvreur / plâtrier, polonais / roumain / hongrois / lituanien… s’intéressera à mon chantier de baraque ? parce que les autochtones, pas la peine !

Freud et les Ayatollahs

Voir cet excellent article, vif et enlevé, sur

http://www.lefigaro.fr/election-presidentielle-2007/20070224.

Extrait… de Sylvain Bourmeau, des Inrockuptibles : « Dans un contexte de crise de l’autorité politique, Royal incarne la mère alors que Sarkozy n’incarne pas le père ».

Les Inrocks‘, comme on dit quand on est branchouille, c’est le canard qui – avec Le Monde, plus distant et Télérama, catho de Gauche à en pleurer – prétend dire la qualité culturelle chez nous. Les Ayatollahs de la critique, les adorateurs de navets, contempteurs du succès.

Eh ouais, Sarko n’est pas assez vieux pour incarner fantasmatiquement le papa de M. Bourmeau ! Et eût-il été vieux, il fallait tout de même un n’argument pour justifier ce que chacun sait : que les journaleux des Inrocks sont de gauche, forcément de gauche, pour paraphraser feue Marguerite D.

(D’ailleurs, savez-vous pourquoi la balance penche à gauche ? c’est à cause du poids des éléphants, ah ah ah !)

Mais formulons deux remarques :

1) Qu’est ce qui justifie ce diagnostic de « Crise de l’autorité politique » ? Est-ce à dire que le gouvernement n’est pas assez ferme, rude, autoritaire, répressif ? ahhh quel regret de messieurs Raymond Marcellin, Roger Frey, les cars de CRS … c’était le bon temps !

(Je diagnostiquerais plutôt une démocratie qui respire mal dans un cadre bipolaire et ossifié, empêtrée dans des schémas politico-archaïques datant des années 50)
2) Pour incarner la figure du Père qui manque tant à M. Bourmeau, y a un type parfait, même qu’il pourrait jouer le cap’tain long John Silver avec un bandeau sur l’oeil ; il est vieux et autoritaire comme on aime, alors les Inrocks, la figure du père, ouvrez les yeux, elle est au FN !!

(PS : et la figure de la grand-mère ? Arlette ? )

Godillots, suite

Encore une couche sur les godillots… une idée fixe, sans doute.
Les députés viennent d’adopter le projet de loi (et une loi de plus, une) de Mister Borloo sur le « droit opposable au logement » : droit réclamé à grands coups médiatiques et coups de gueule par la Gauche, toutes options (trotsko / communo / socialo / verdo / don Quichotto…) confondues. Et comme c’est un sujet Politiquement Correct, nolens volens, la Droite s’y est collée.

Résultat : UMP et UDF ont voté le texte ; PC, PS et Verts se sont abstenus.

Voyez comme c’est beau : ils se sont abstenus.

PC, PS, Verts : bande de faux culs ! ça vous écorcherait l’ego de voter pour un texte que vous avez réclamé, quand vos z’adversaires y souscrivent !! Tous en rang, on ne veut voir qu’une tête ! Ce serait déchoir que d’approuver cette loi AVEC la Droite.

Voilà une démocratie qu’elle est belle !

Très clair

Un tic assez transversal, qui affecte tous nos politiques de droite à gauche et inversement :

Question d’un quidam, la plupart du temps un journaleux : « Et concernant la déclaration de M. X ? » – « Que pensez-vous des propositions de M. Y ? » – « Quel est votre point de vue sur la position de M. Z ? » (messieurs / mesdames X, Y, Z faisant partie des « amis politiques », en d’autres termes ils sont du même bord) …
Réponse : « M. X a été très clair : blahblahblah paraphrase baveuse des termes de M. X … » ; « la position de M. Y est très claire blahblahblah redite sur le même topo… » ; « C’est un point de vue très clair reblahblahblah et je t’en remets une couche … ».

Donc c’est très clair ? (« clair » ne suffit pas, il faut du « très clair », ne mégotons pas) … peut-être, mais pourquoi ce besoin de le dire ? la question serait-elle stupide ? le journaleux est-il débile, aurait-il pu faire l’effort de comprendre par lui-même au lieu de réclamer une paraphrase ? (pauvre pomme, pense le politique, comment peux-tu ne pas comprendre cette lumineuse pensée ?) ; ou serait-ce que la suspicion de non-clarté serait justifiée ?

Clair ou pas, tout le monde s’en fout : il s’agit en général d’une question inutile, prévisible et du style « je te sers la soupe » ; question qui déclenche le fameux « très clair » : un tic verbal. Nos politiques sont des « pros » de la communication, et en connaissent toutes les ficelles usées ; il s’agit de cogiter pendant 2 à 3 secondes, le temps de trouver une formule potable, tout en meublant le vide du discours. On tient là une bonne alternative à « heuuuu », « hmmmm », « ehhh biennn … », « grmgrmblbl … ».

Avouez que « M. X a été très clair », c’est plus classe que « grmgrmblbl … » ; reste à savoir si la paraphrase qui suit est aussi claire que l’original ! Mais alors fallait pas poser la question.

Cul-mule

Encore une diatribe contre les cumuls des mandats électifs ? eh oui encore une.

Il me souvient que j’ai souventes fois voté contre not’ maire, « député-maire » comme il se doit (il y a aussi le sénateur-maire, comme il y a le Picon-grenadine, le Suze-cassis (*)…), en exprimant ma colère par un bulletin – évidemment nul, mais tant pis – où je barrais le nom et écrivais en gros caractères rouges « NON AU CUMUL DES MANDATS ». Inutile, car mon maire est toujours député, et ça ne le gêne toujours pas. Donc je continuerai, jusqu’à ce que la vie politique française ait banni cette pratique dégueulasse.

Ces messieurs-dames arguent que « maire, c’est être au plus près des préoccupations des citoyens, c’est un antidote au travail parisien de député » (ou sénateur, conseiller régional, général, député européen, rayer la mention inutile). Ouais, moi aussi je rêve de pouvoir faire de l’oenologie en prenant sur mon temps de travail, d’écrire un bouquin … le problème, c’est que mon employeur ne l’entend pas de cette oreille. Et je peux le comprendre : il me paye pour un certain boulot, donc je dois m’y tenir.
Eh bien, nous sommes les employeurs de ces cumulards : maire d’une ville, de 10.000, 50.000, 300.000 âmes c’est assez de boulot ! On les paye pour ça, et basta. Mon maire se fout de ma gueule en bossant aussi comme député (d’une petite partie de la ville dont il est maire, admirez la pirouette !) ; pire, c’est de l’escroquerie.

NON NON et RE-NON AU CUMUL DES MANDATS !!! Quel politicien / cienne s’engagera à faire respecter cette règle de bon sens et de morale ?

(*) en revanche, Fernet-Branca n’est pas un cumulard, contrairement aux apparences.

Adoption or not adoption

La cour d’appel d’Amiens dit qu’un couple homo (deux femmes) peut adopter un gamin : « mercredi 14 février, les magistrats d’Amiens ont prononcé l’adoption simple d’un petit garçon de deux ans et demi par la compagne de sa mère biologique. »

Suite du feuilleton : la cour de cassation (au dessus y a plus rien, terminé ! ) casse ce jugement, comme son boulot le lui permet : « … jugeant cette adoption contraire à « l’intérêt supérieur » de l’enfant car elle ferait perdre l’autorité parentale à sa mère en la transférant au seul adoptant« .

Bon, derrière tout ça c’est l’adoption par les couples homo qui est en cause, bien évidemment. Ceux qui sont pour : of course, les couples homos qui veulent adopter, tous les homos par affinité, et un bon bout de la Gauche, qui voit là une « avancée » – un verrou de plus qui saute … quant au reste de la Gauche, il n’ose pas moufter, car ça fait ringard et « réactionnaire » au vrai sens du terme, de s’opposer à ce supposé progrès : on se ferait montrer du doigt, ouh le vilain réac.

Bon, d’abord, toute « avancée » n’est pas nécessairement souhaitable : vous connaissez la blague « Nous sommes au bord du gouffre, eh bien nous allons faire un grand pas en avant ! ». Et puis, est-ce une avancée ? un pas de plus vers la déliquescence de la famille, ça c’est sûr. Familles monoparentales, parents divorcés, gosses livrés à eux-mêmes, ça déliquesce à tout va. Il serait plus avisé de serrer les boulons avec les familles hétéros « normales », que de lâcher encore du mou.

Biologiquement parlant, il y a un point dur, que nulle « avancée » sociétale ne fera péter :  comme le chantaient Anouk Aimée et Trintignant dans leur grosse bagnole américaine : « un homme, une femme chabada bada » – pour faire un gosse, un gosse qu’on veut, faut tout ça, sinon ça ne marche pas.
Symboliquement, papa-la-loi et maman-la-tendresse, c’est aussi un schéma qui a fait ses preuves, et on a le droit d’y tenir. Ce serait réac’ ? si l’affirmation de principes humains solides et intemporels est réac’, alors soyons réac’s.

Note de vie scolaire

Un phare dans la nuit, digne du Grand Ceaucescu, le Génial Génie des Carpathes, mais là c’est de l’Auvergne qu’il s’agit : le recteur d’académie de Clermont-Ferrand éclaire de sa pensée lumineuse (sinon ça n’éclairerait pas) un des problèmes qui taraudent nos faibles intellects : à propos de la nouvelle « note de vie scolaire » introduite par not’ ministre de l’Educ’Nat’, voici ce qu’il nous livre, et qui fait grandement avancer le débat : « La note de vie scolaire mise en place doit respirer dans le contexte éthique qui doit être le sien : celui de l’apprentissage de l’autonomie dans le cadre d’une intersubjectivité et non celui de la sanction pavlovienne des comportements. L’appropriation des exigences d’une régulation critérisée du vivre ensemble est à ce prix. »

Et toc !

Nous en retiendrons donc que la note de vie scolaire respire encore, et que – parlons clair – elle doit être discutée assez informellement à plusieurs (« intersubjectivité ») … mais pour apprendre l’autonomie, ce serait parfait que ce soit l’élève lui-même qui se donne sa note ! Car si ce sont les profs qui donnent la note, c’est « de la sanction pavlovienne du comportement ». Pauvre élève, à qui on a osé coller une note, ravalé au rang de clébard de laboratoire, et salivant (de rage) pavloviennement. Non jamais ça, c’est trop affreux.
Quant au comportement correct des élèves dans l’établissement, c’est le résultat de  » l’appropriation des exigences d’une régulation critérisée du vivre ensemble« . Quand nous nous comportons mal, c’est donc un manque de régulation critérisée du vivre ensemble. Mal régulé-critérisé, mon pote.
(En d’autres termes, moins ampoulés, moins enflés, plus efficaces : ne surtout pas choquer ces pauvres petits, ne rien leur imposer, pas de vagues, surtout pas de vagues !)

500 sinon rien

On dit (mais que ne dit-on pas) qu’Arlette (« tu rotes Charlotte, tu … Arlette ») aurait ses 700 signatures haut la main. Longue vie à Arlette, qui par un miracle que je ne m’explique pas, parvient à convaincre 700 élu(e)s qu’elle va enfin dire quelque chose de pertinent, positif, et qu’elle a ses chances pour l’Elysée.

En revanche (il ne faut pas dire « par contre », très incorrect, « par contre ») Jean-Marie le Borgne aurait du mal à rassembler le quota nécessaire pour se présenter. Voilà une nouvelle moche, moche pour la démocratie – 17 % de voix c’est représentatif) , moche pour la liberté – car ça veut dire qu’on fait pression pour empêcher qu’il ait ses signatures – et moche pour le débat, car ça enlève de l’intérêt à la campagne.

Comme disait l’autre ; « je suis contre ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ».

Ceci dit (Bel-Abbès), on dira que les 500 signatures c’était pour que les farfelus ne puissent pas se présenter : eh ben c’est loupé, et dans les deux sens.