Charcutages et scrogneugneus

Dernier clap de fin sur les élections départementales… on plie les gaules, ici on débouche le champagne et là on se console au rosé. Sourires, grimaces… comme d’hab’, donc, ici la droite a battu la gauche et la prochaine fois on inversera, etc. On a réduit les cantons à 2000 et quelques, on les a soigneusement redécoupés, comme ils savent faire au ministère de l’Intérieur… on voulait supprimer les départements mais oui mais non en fait les élus locaux y tiennent trop, vous pensez bien, alors on les garde. Et la démocratie du vote donne ces chiffres réjouissants : le FN, 24 % des voix exprimées et donc 2,2 % des cantons (environ 44 sur un peu plus de 2.000). A la proportionnelle ça aurait donné 500 et plus. Un grand merci donc aux redécoupeurs de circonscriptions, manifestement d’ardents républicains, héritiers d’un longue tradition droite-gauche de bricolage démocratique aux ciseaux et à la colle, et qui ont su concocter brillamment cette nouvelle carte cantonale afin de barrer en toute légalité républicaine la route des maroquins locaux à l’extrême-droite. je ne vote pas personnellement Marine, je trouve son programme foireux et son anti-européanisme me rebute, tant pis pour elle, mais avouez, y a comme un truc.

Autre chose : on sait que l’église catho a longtemps couvert d’un voile coupable les écarts de comportement d’ecclésiastiques trop attirés charnellement par les jeunes enfants ; regrettable, mais que voulez-vous, le célibat, la chair est faible etc. Ces temps sont révolus, acceptons-en du moins l’augure. Et puis profitons-en pour suggérer au papam de revoir deux dogmes qui, au temps où même les homos se marient, font daté, voire contre-productif : interdire la prêtrise aux femmes et aux prêtres de vivre maritalement. Allez, François, quoi…

Mais bon… je vous cause, là, de cette histoire d’un directeur d’école de l’Isère qui se trouve accusé d’actes pédophiles. Il avait déjà eu des problèmes du même tonneau… il a payé, il a le droit de repartir du bon pied dans sa vie, mais la prudence aurait voulu que la Justice lui interdise de côtoyer les bambins dans son travail, qu’on le nomme à un poste non exposé, c’est évident, tout comme on épargne à un alcoolique repenti et sevré l’épreuve d’une soirée apéro, pastis-whisky-porto-cahuètes.

Que nibe ! on le laisse avec les gosses, et bon, il faute derechef. Et lourdement. Alors monsieur Valls a beau tempêter comme il sait si bien le faire, indigné et rouge et tout et tout, « c’est intolérable, inadmissible, ça ne se reproduira pas », etc, il y a quand même un truc qui ne tourne pas rond là-dedans : la Justice, ou l’Education Nationale, ou les deux, ont fait une grosse boulette. Je précise : un ou plusieurs individus ont failli à leurs obligations professionnelles et morales. Il fallait signaler les antécédents du bonhomme, et dès lors prendre des décisions évidentes, qui n’ont pas été prises. Comme de juste nos deux délicieux ministères se renvoient la balle – classique, c’est pas moi, c’est lui, et vice-versa, on connaît ces lâchetés.

Ici il est assez simple de mettre la vérité à jour, la traçabilité des décisions le permet : qui n’a pas fait son boulot ? allez, monsieur Valls, sans nous donner en pâture le ou les noms des négligents, des faibles, des je-m’en-foutistes ou des saboteurs, faites en sorte qu’on détermine précisément les responsabilités, qu’on sanctionne justement et sévèrement les fautifs, parce que c’est grave, qu’on en tire les leçons pour l’avenir et pour que ce genre de loupé ne se reproduise pas. Nous avons une Administration que le Monde nous envie.

Tibert

 

Le coup du 22

On sait que les Grandes-Oreilles états-uniennes et leurs disciples britanniques sont captivées par ce qui se dit en Europe occidentale – et ailleurs, d’ailleurs ; que nos cellulaires sont écoutés, etc.  Au point que c’est le New-York-Times, là-bas aux USA sur la côte Est, qui a ses entrées chez ces indiscrets et nous raconte l’histoire du pilote parti pisser dans la cabine passagers (*) mais qui trouve, à son retour au poste de pilotage, porte close et verrouillée, et il peut gueuler, supplier, taper sur la porte avec sa godasse, manipuler le pied de biche de détresse, rien à faire, ça descend, allez savoir pourquoi. Les enquêteurs européens – Français probablement – vont pouvoir maintenant résoudre, outre l’énigme principale, la question subsidiaire : qui a cafté ? parce que ça entretient l’idée saugrenue, chez nous les petits, les sans-grades, qu’on « nous cach’ tout on nous dit rien ». A partir de là, évidemment, on peut se poser plein de questions, le mal est fait. Tels Fernand Reynaud l’Auvergnat, nous allons devoir orienter nos paraboles-satellite vers New-York pour avoir des nouvelles d’Asnières.

Tibert

(*) Moi qui croyais qu’ils avaient chacun une bouteille de soda « low-carb » 2 litres à large goulot et à portée de main pour se soulager sans quitter des yeux les cadrans… avec les femmes pilotes, que voulez-vous, c’est pas possible, ces bonnes pratiques se perdent.

Halte à la gérontophobie

Une petite tempête agite les médias (media pour les puristes du latin) : le Fig’à rôts nous reproduit une annonce de recherche pour la  distribution d’un film (un casting, en latin), annonce qui met le feu au Landerneau du Politiquement-Correct, toujours à l’affût d’un mot qui dépasse, et prêt à flinguer. Extrait :

« Le personnage de Rachid, un homme de 18-25 ans, très vif et un fin voleur, (…) avec un accent arabe, de type maghrébin« . Le reste à l’avenant, les « caucasiens », les « bourgeois blancs », etc. On n’échappe pas non plus à Mamadou, qui n’est pas caucasien, c’est dire.

C’est terrible, paraît-il. Affreux. On aura vite oublié les blagues horriblement malvenues ethniquement d’un Coluche, d’un Robert Castel, d’un Popeck, d’un Guy Bedos ; maintenant c’est du sérieux, interdit de rigoler.  Il en est qui évoquent, pour remédier désormais à cette gangrène raciste intolérable, d’établir des quotas dans les distributions. Question genre : hommes / femmes, kif-kif, comme aux Départementales ; origines ethniques : 70 % Blancs caucasiens pur sucre, 12 % Arabes, 6 % Noirs, 12 % ad libitum, suivant le sujet, quelques Asiatiques si on tourne Avenue de Choisy à Paris, des Arabes en rab’ pour un scénario dans le 9-3… un peu de souplesse, quand même.

Voilà qui va grandement faciliter la création cinématographique, et les scénaristes vont apprécier. Vous imaginez la distribution d’un film type « Un taxi pour Tobrouk » ? moitié femmes, voyons voir où ça… dans le coffre ? ah non c’est une jeep. Dans la palmeraie, au fond, on entendra des cris de femmes, ça devrait le faire. Et le petit Arménien, là… Aznavour, il est pas dans les quotas, non ? si ? ah les 12 % de mou… ouais, ça devrait passer.

Et là je me fâche : et les vieux ? c’est terrible le racisme anti-vieux. Vous avez remarqué ? dans l’annonce citée au début : PAS UN VIEUX !(pardon, un sénior). Il faut impérativement des quotas de séniors dans les scénarios, débrouillez-vous – tenez, vous filmez une maison de retraite, en arrière-plan ; ça devrait le faire.

Tibert

Injures à un concept vide

Un intéressant paradoxe découvert au coin d’une lecture du « Parigot-en-France » m’a semblé mériter que j’en traite ici : l’article dont je vous entretiens rend compte d’un jugement de la 17 ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Lisez donc Le Parigot ainsi cité, vous y découvrirez que « Nique la France » avec une élégante illustration de doigt dit « d’honneur » est le titre conjoint d’un livre et d’un CD de rap, que ce titre chapeaute un texte (en vers, le rap c’est en vers et contre tout), des vers ici en « iste », colonialiste capitaliste paternaliste impérialiste etc, vous voyez le truc… assez virulent ; texte qui a incité une association, l’AGRIF, à porter plainte pour injure publique à caractère racial, je cite : «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes», en l’occurrence des «Français dits de souche». Le tribunal sus-cité, attendu que, attendu que… a débouté le plaignant. Pourquoi ?

Le Français blanc dit « de souche » ne constitue pas un groupe de personnes ; on ne peut donc insulter avec « Nique la France » et un doigt « d’honneur » un groupe de personnes puisque groupe de personnes il n’y a pas. D’ailleurs le rappeur relaxé dans cette affaire se fend de vers pour rien, insulte du vent, éreinte dans le vide, tel Don Quichotte pourfendant les moulins de la Mancha : « petit Gaulois de souche, arrête ton arrogance, arrête d’ouvrir ta bouche » : mon gars, ça n’existe pas, le petit Gaulois de souche. Et toc.

Tibert

Clichés de campagne

Sur notre beau paysage politique, moderne, démocratique, constructif, deux aperçus furtifs, à l’occasion des élections « départementales » :

– Madame Chirac, née en 1933, ça va lui faire 82 ans, est candidate suppléante pour l’UMP dans un canton redécoupé dénommé Brive-2 (19, la Corrèze pour les récalcitrants aux chiffres). «  Elle s’assoit aux tables des cafés et dit bonjour aux gens », note un adversaire politique… comme tout le monde, quoi. C’est la relève, la jeunesse dynamique qui veut bouger la France. Notez, elle supplée, pas plus.

– A Suresnes (92) , monsieur Jean-Paul Huchon, 69 ans et ponte francilien du PS, écharpe rouge-Mitterand au cou, est venu apporter son soutien aux deux (un homme, une femme, évidemment) candidats socialistes du coin qui « tractent » sur le marché dominical. Déclaration dudit : « Faire basculer un jour le 92, c’est le rêve de tout socialiste« . C’est donc ça qui fait rêver les socialistes, et c’est grandiose.

Voilà, ce sont juste des instantanés, des aperçus soulevés du coin du voile. Ça promet.

Tibert

Heureusement il y aura les femmes

Les « départementales » : une réforme pour simplifier. D’abord on nous déclare, à la poubelle les départements, c’est ringard – ça l’est, effectivement ; ensuite ah non finalement les départements, c’est essentiel les départements ! bon… moi qui croyais… et puis les communes, les communautés de communes, les cantons, les sous-préfectures, les… le millefeuille ça va continuer ? et les élus ? non non vous allez voir on va faire des économies : simplifier, rationaliser, tout ça.

Voyons voir : 4.055 cantons avant 2015, soit 4.055 conseillers généraux. Après la réforme, des binômes bisexués (un homme, une femme, chabadabada) , pour seulement 2.064 cantons remodelés, soit 2.064 x 2 = 4.128 élus départementaux. Différence ? + 73 conseillers ! Soixante-treize ou septante-trois conseillers de plus. On simplifie, vous voyez bien, on va faire des économies.

Reste à espérer, en désespoir de cause, en la représentation féminine maintenant obligatoire pour les faire, ces économies : et si elles, elles étaient conscientes que l’argent des départements vient du portefeuille des contribuables ? et si elles, elles n’en avaient rien à faire, de « se la péter » avec des dépenses de luxe et de paraître – à nos frais, évidemment ?

Mesdames, prenez donc le pouvoir dans les départements, c’est tout ce qu’il nous reste d’espoir.

Tibert

Ne l'aimerions-nous plus ?

Les élections départementales nouvelles s’annoncent, et voilà : panique à bord du poste de pilotage et ses dorures. Les sondages sont épouvantables – ou excellents, ça dépend de quel côté on se place. Le FN, l’abominable Yéti-Ogre-Homme des neiges-Barbe Bleue se profile menaçant à l’horizon. Et notre Premier Valls de nous semer le tocsin… on va se fracasser ! sauve qui peut, tous aux postes de combat républicain !

Moi je trouve ça limite pitoyable. D’accord le FN n’a aucune expérience du pouvoir, sauf quelques municipalités. D’accord son programme économique est rustique, pour rester poli. D’accord il y a des militants FN peu fréquentables. D’accord le FN ne fait pas dans l’universalisme et la grande fraternité humaniste, « ouvrons grand nos bras et nos frontières, la France des Droits de l’Homme gnagnagna« . Mais qui sont-ce, ceux qui depuis des lustres ont organisé grâce au scrutin uninominal à deux tours et à de savants découpages l’exclusion de ce parti du jeu républicain ? qui sont-ce, ceux qui ne cessent de crier ouh les vilains pas beaux les affreux, histoire de détourner notre regard de leurs propres manques (*) ?

Qui s’est planté et se plante encore tous les jours dans la lutte contre le chômage, la désindustrialisation, la rénovation de notre cacochyme – mais juteux – système parlementaire, dans la tâche de garantir notre sécurité,  dans la remise à plat des codes du travail – un pour les fonctionnaires, un pour les autres ? qui se cramponne à ses credo doctrinaires et sectaires, monte 51 % des Français contre les 49 % restants ?  qui abreuve nos sillons de taxes et d’impôts nouveaux, sans remettre en cause ses propres et mauvaises habitudes de gestion laxiste et dispendieuse ?

Qui vient ensuite pleurer qu’on va dans le mur ? et ne l’aimerions-nous plus ?

Puis-je suggérer qu’on tourne le volant ?

Tibert

(*) (*) On peut associer, dans ce « qui-sont-ce » anaphoresque, quasiment TOUS les partis qui se relaient au pouvoir, pas le seul PS, loin de là

La récursivité par les drones

Vous le savez sûrement, chers lecteurs (et chères lectrices, donc !!) « l’itération est humaine mais la récursion est divine« . Tenez, le divin nous arrive tout illustré là, dans la corps de ce billet, et monsieur Göddel vous ferait avec ça une nouvelle démonstration mathématico-logique de l’existence de Dieu, s’il était encore là. Le drone, cet objet volant entre autres au dessus de Paris – et rageant car non identifié  – sera le vecteur de cette démarche.

Remarque à l’usage des Ministères de l’Intérieur et de l’Aviation : Il faut évidemment structurer et civiliser le marché des drones, si l’on veut éviter d’en prendre un sur le crâne, paf, au coin d’une rue, ou si nous voulons préserver notre vie privée menacée par ces indiscrets et bourdonnants photographes aériens. Il faut les immatriculer, les tatouer, et puis les équiper obligatoirement d’un moyen de brouillage et d’un canal  de pilotage radio « de secours », deux outils réservés aux autorités et aux urgences, genre la voie d’accès des pompiers. Bien évidemment les drones délictueux enfreindront ces dispositions, mais nos tribunaux incorruptibles, fermes et rapides 😉 séviront contre les fautifs, s’ils se font prendre.

Voilà : le drone, ce bourdon énervant qui nargue nos policiers impuissants, le drone s’auto-génère récursivement ! On a gaulé des journalistes d’Al Jazeera dans le Bois de Boulogne avec un drone il y a quelques jours ; hier on en a pris quatre autres en flagrante possession d’un drone : des Allemands, à la porte de la Villette. Ils ont expliqué aux pandores qu’ils voulaient avec leur drone faire des clichés illustrant un article – article en allemand, évidemment – à propos des drones qui survolent Paris.

Pour ce faire, il faut que le drone photographe prenne des clichés montrant un ou plusieurs drones survolant la capitale ; on lance donc une poignée de drones ; ensuite un drone positionné en altitude plus élevée va photographier ceux du dessous avec les rues de Paris en arrière-plan, vous voyez le topo. Multipliez ça par le nombre d’agences de presse, et voilà qui nous mène tout droit à la saturation de notre espace aérien.

Suggestions : 1) que les agences de presse se mettent ensemble pour faire une bonne fois pour toutes les quatre-cinq photos qui vont bien, et les exploitent en commun ;

2) que les Ministères concernés fassent comme les militaires du CIRFA : ils ont une base de données de photos et documents illustrant leurs équipements en situation, les VAB, le FAMAS, les roquettes, les missiles sol-sol, sol-mer, sol-…, bref vous voulez des images de drones survolant Paris ? pas de problème ! de quelle couleur ?

3) enfin, bien plus simple : qu’on demande à un bricoleur de photoshopper (*) des images de drones survolant Paris, c’est économique et facile – même moi je saurais faire. Il me faut 1) des vues aériennes de Paris ; 2) des photos de drones vues de 3/4 par dessus. Et ça n’est ni récursif, ni délictueux.

Tibert

(*) désolé, c’est comme le Frigidaire, le Delco et la Fermeture-Eclair. Mais vous avez, gratuit et libre d’accès, pour photoshopper sans Adobe-Photoshop : GIMP, le logiciel Linux qui fait pareil pour pas un rond.

Lobotomies bouchères

 

Les bouchers français (« Mon boucher, quel talent ! ») ont le blues, et madame Boutin, la passionnaria de la droite catholique, les soutient avec véhémence : « utiliser le terme de boucher est tout à fait déplacé car ici [au salon de l’agriculture, NDLR] il y a des bouchers magnifiques ». Magnifiques bouchers, donc… madame Boutin inclut-elle dans son éloge certains magnifiques bouchers hallal, l’article cité ne le précise pas. Bon, et alors ? Et alors, tout ça parce que monsieur Valls a parlé de monsieur Bachar El Assad, le Chef en Chef dynastique de la Syrie ou de ce qu’il en reste, comme d’un « boucher ». C’était, à sa mimique sur ces mots, visiblement péjoratif – il n’a d’ailleurs pas employé l’adjectif « magnifique », ni aucun adjectif d’ailleurs. Un boucher, point.

Notez bien, on n’a pas vu monsieur Bachar El Assad au salon de l’agriculture, ni pour y faire démonstration de ses talents, ni même pour y flatter le cul de quelques bovins. Flatter le cul de quelques bovins, on le sait, fait partie du circuit incontournable des hommes-et-femmes politiques, y compris madame Royal qui a fait semblant, elle, de flatter le museau d’une vache, c’est moins salissant.

Le cul d’un bovin, justement… est-ce du rumsteak, du faux-filet, de l’araignée ? Dépêchez-vous de le découvrir, ça va disparaître, voyez cette tribune dans Libé, tribune dont je vous recommande la lecture. S’il y a une pétition, je la signe, et des deux mains. Car c’est tout simplement la suppression des informations sur la nature de la viande que l’on nous annonce là. Le merlan, la poire, la bavette, l’onglet, l’araignée, la hampe, le gîte-gîte, le paleron, le jarret, l’entrecôte, le faux-filet, la tranche, le… terminé ! Les grandes surfaces vous informent : Une, deux, trois étoiles, « à griller », « à mijoter », « à bouillir » et basta, vous n’en saurez pas plus. Il vous reste cependant, pour quelque temps encore, la possibilité de demander un morceau qui porte un nom, un morceau non indifférencié en allant chez votre magnifique boucher ; ils résistent, les bouchers, et ils ont bien raison.

On pourrait simplifier encore, remarquez, remplacer les 3-4 termes qualificatifs de la viande par des pictogrammes façon notice de montage Ikea. Pour les primates sommaires que nous deviendrons, ça pourrait donner par exemple, « à braiser » : une cocotte avec un sablier en sautoir, le tout sur quelques flammes stylisées. Clair, non ? Savoir si c’est de la macreuse, du paleron, de la basse-côte, je vous en pose, des questions, moi ? Et comme pictogramme pour signifier le « minerai » éventuellement chevalin qu’on trouve dans les raviolis, un colombin fumant.

Notez, je m’alarme, mais pour le poisson c’est déjà comme ça. « Poisson sauce hollandaise », qu’ils vous annoncent ; est-ce du cabillaud, du lieu jaune, de l’églefin, du colin ? Vous ne le saurez pas. Idem pour le vin. C’est trop compliqué, le pinard, surtout le pinard français, ça empêche de vendre, on vous simplifie donc la compréhension, il n’y a plus grand-chose à comprendre, découvrir, mémoriser. Les terroirs, les millésimes, c’est touffu, c’est ringard, et les agro-bureaucrates-simplificateurs-niveleurs de la planète nous fabriquent et nous fourguent donc par exemple du « Cabernet », c’est bien plus clair que « Saumur-Champigny », « Bourgueil », « Chinon » etc, au moins on sait ce qu’on achète, on n’est pas déçu ! « Coca light », « Cabernet », même combat.

Un « steak » 3 étoiles de chez Carrouf’ avec une boîte de haricots fins « Vert-potager » et une noix de beurre hollandais décongelé, le tout arrosé d’un « Merlot » avec sa capsule alu… ça fait rêver, non ?

Tibert