Coquille vide

En aussi gros titres que la prochaine interdiction de cloper dans les bistrots et restos – pourtant bien bien plus importante – un grand canard du matin sur la Toile nous annonce que Shell (la saint-jacques rouge sur fond jaune) compte faire des économies, soit environ 340 millions d’euros. Non que la hausse du pétrole lui fasse du souci : miam-miam pour le moment, ça baigne, pourvou qué ça doure. Non qu’ils prévoient de se convertir au bois, aux éoliennes, aux énergies douces, renouvelables, propres, toutes foutaises dont il n’ont que faire ; non, tout simplement, au lieu de nourrir une armée d’informaticiens plutôt blonds aux yeux bleus, ils vont nourrir une autre armée d’informaticiens physiquement quelque peu différents, situés nettement plus à l’Est et au Sud, au teint plus foncé, aux cheveux lisses et noirs, aux yeux foncés, tout aussi compétents, et qui crêchent beaucoup beaucoup plus loin que Pontaut-Combault.

Eh oui, grâce à la Toile justement, l’Indien bronzé qui, les pieds sur son bureau à Bombay ou Bengalore, sous les flux des climatiseurs, sirotant une tasse de thé, corrige ou teste des codes de pages Web avec application, ou dépouille un compte-rendu de sauvegarde, fait exactement le même boulot, et aussi vite que le blond en costard-cravate dans la banlieue de Rotterdam. La seule différence est liée à son contrat de travail, nous le savons tous : trois fois moins cher, et une ambiance bien plus « studieuse ».

Que restera-t-il donc de nos belles cathédrales informatiques, de nos superbes salles blanches, des rangées de serveurs ronronnants et clignotants, de nos magnifiques blockhaus bourrés d’ordinateurs sophistiqués ? des coquilles vides, où le faux-plafond pendouillera bientôt lamentablement sur des espaces déserts. On va pouvoir y faire du ping-pong, de la pelote basque, du roller, de la gym.

En revanche, on n’a toujours pas trouvé le moyen de délocaliser les garçons de café, les coiffeuses, les contractuels, les taxis, les épiciers, les jardiniers, les prostituées, les zonards. Il y a donc de belles opportunités – comme ils disent outre-Manche – de carrière chez nous, rassurons-nous. L’avenir reste radieux, il suffit de s’en persuader bien fort.

Où l'on enfonce des portes ouvertes

Tout en changeant les cylindres des serrures de deux portes d’entrée d’un domicile (opération d’une simplicité enfantine, si les mécanismes sont suffisamment en bon état), je m’étonnais de la pauvreté de notre langue quant à la description de l’état d’un huis, quel qu’il soit : porte, fenêtre, volet, trappe, vasistas…

Car, chers amis topologues, vous êtes certainement de mon avis, la forme de l’huis, on s’en bat l’oeil ! ce qui le caractérise pour nous, ce sont ses états ! Pas ses états de saleté ou de propreté ; peut nous chaut que l’huis luise ! En fait, les états de l’huis, on en dénombre trois, et je prends l’exemple d’une porte pour concrétiser mon propos :

– la porte est ouverte, c’est-à dire qu’elle bée. Si c’était une baie, on dirait que la baie bée. Si cette baie appartenait à un abbé (quel qu’il soit, appelons-le « B » ; vous préféreriez l’abbé C ? certes, c’est aussi un joli nom,  mais quelqu’un a déjà déposé le copyright) on pourrait énoncer que la baie de l’abbé B bée. Mais poursuivons.

– la porte est fermée, c’est à dire qu’elle ne bée pas, sans pour autant être verrouillée. Il est donc loisible à quiconque d’actionner sa poignée, puis de pousser sur ladite porte pour l’amener à l’état béant. Par exemple, si la porte est verte, on peut ainsi voir ce qu’il y a « derrière la porte verte ».
– la porte est verrouillée, c’est-à dire qu’il est impossible de l’ouvrir par simple action sur la poignée. Il faut une clé. Ou un pied-de-biche. Soyons clairs : verrouillée, une porte est ipso facto fermée. Car, pinailleur que vous êtes, vous allez m’objecter que oui mais, on peut verrouiller la porte si elle est ouverte… certes on peut actionner la clé, porte béante. Mais elle béera de plus belle. Elle béera verrouillée, oui, mais béera. A quoi bon le verrou dans ce cas-là, hein ?

Donc, précisons : verrouillée = fermée à clé. Pas ouverte à clé.
Eh bien, mes amis, combien de fois entendons-nous demander « as-tu fermé la porte ? » ou « la porte est-elle ouverte ? » ; et chacune de ces questions en amène immédiatement une autre : que veut-on dire par là ? En fait, ces questions sont obscures car mal formulées. Et donc, nécessitent reformulation.

Si la première question peut aisément être clarifiée – il faut préciser « elle est fermée à clé », ce qui finalement est à peine plus long, et aussi clair que « verrouillée », il n’en va pas de même de la deuxième. Car « la porte est-elle ouverte ? » nécessite des développements pénibles, du fait qu’y sont sous-entendues deux possibilités : soit la porte est béante, soit elle ne bée pas mais est susceptible de devenir béante sans clé ni effraction. D’où des dialogues de sourds, surtout si la porte bée sur le vacarme de la rue.
Je sens que votre intérêt faiblit, je m’empresse donc d’achever mon billet : là où les Rosbifs n’ont aucune difficulté à décrire l’état d’un huis – opened, closed, locked – nous nous gâchons l’existence avec des termes approximatifs. Donc, de même que je milite pour le « mobile » (ou « cellulaire ») pour éviter qu’on confonde le téléphone cellulaire avec un ordinateur portable, je fais campagne pour « ouvert (= béant), fermé (= non-ouvert, non-verrouillé), verrouillé« . Ainsi soit-il.

Tiens, pour vous récompenser d’être allés au bout du billet, une porte béante ouverte à grands coups de pied par un article du Monde : « Une bonne connaissance du français est indispensable à l’apprentissage des autres disciplines : c’est ce que confirment deux études sur les acquis des élèves en histoire, géographie et éducation civique rendues publiques, mercredi 26 décembre, par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’éducation. » Ca alors, quel choc ! Je n’en reviens pas, j’en suis tout esbaudi.

Transféritude

Les membres de l’équipe de l’Arche de Zoé ayant été jugés et condamnés au Tchad, et en vertu d’un accord franco-tchadien en vigueur, vont très probablement être transférés en France pour y purger leur peine, après traduction / adaptation : 8 ans de travaux forcés, en prenant ça au pied de la lettre, ça voudrait dire rouvrir Cayenne ou Biribi, trouver des cailloux à casser, des boulets à river aux pieds, ou bien construire une galère, acheter une grosse caisse pour donner le rythme, trouver des fouets, embaucher des garde-chiourme… allez hop, trop compliqué, ce sera de la prison, comme tout le monde.

Là où c’est mignon, c’est d’ouïr le journaleux en mission nous annoncer le transfèrement des condamnés ; et de s’excuser « ben ouais, c’est le terme juridique, j’y suis pour rien, nous on dirait transfert… »
Ah quel beau pays que le notre, où les textes de lois sont des millefeuilles de ratures Flaubertiennes (*), où le vocabulaire juridique jargonne joyeusement pour tromper le clampin moyen ! Et le brave citoyen, muni de son bac’ « 80% d’une classe d’âge » à deux sous, qu’il se démerde avec ça, qu’il n’y comprenne que pouic ou pas grand’chose, tant pis pour lui, « Nul n’est censé ignorer la Loi« , nananè-re.

Ségo la Melloise à la Justice – faudrait que Rachida boug’de là – dans le cadre de l’ouverture sarkozienne, ça procurerait un peu d’air frais dans la terminologie absconse, rance et racornie de la Justice : elle nous trouverait de jolis néologismes, à défaut de termes clairs et appropriés.

(*) qui sait ? dans trente ans peut-être, un éminent légiste découvrira le « couper-coller » en bidouillant son traitement de texte ?

Scoop à retardement

Je tiens un scoop du feu de Dieu, mais hélas ça s’est passé il y a une dizaine de jours ! Bon, je vous le donne quand même, c’est trop gros, il faut que la France sache ça :

C’est l’histoire de l’iceberg : on croit qu’il est gros comme ça, mais il est encore bien bien plus gros que ça !! Donc, les voyages en avion privé offerts par M. Bolloré, hommes d’affaires de son état, à M. Sarkozy et sa copine, c’est juste la partie visible de l’iceberg.

Vous n’allez pas le croire, c’est dingue ! tenez-vous bien : les billets que le Petit Nicolas et sa girlfriend Carla ont utilisés pour aller voir la parade Mickey et acheter des barbapapas à Morne L’Avalée : eh bien, ils leur avaient aussi été offerts par Vincent Bolloré. Si, si. Et, cerise sur le gâteau, il avait aussi acheté des billets pour les gardes du corps. Vous vous rendez compte !
Quand je lis dans le Monde que M. Montebourg, célèbre jeune tribun socialiste, se pose des questions quant aux renvois (d’ascenseur, pas de chorizo) que ledit Bolloré est en droit d’attendre d’un Président de la république qui lui est redevable de son voyage chez Mickey, je ne puis qu’approuver, opiner du bonnet, acquiescer, abonder dans son sens ! Quel scandale. Et si ça se trouve, il leur a même financé les barbapapas. Horresco referens (c’est du latin, c’est un blog bilingue).
C’est une manoeuvre corruptrice caractérisée, typique de la collusion du Grand capital avec la Droite la plus détestable ; à l’inverse, JAMAIS Ricard n’a financé la fête de l’Huma, ni bien entendu obtenu une quelconque contrepartie, JAMAIS M. Doumeng, le « Milliardaire rouge », n’a trempé dans le financement de partis de gauche ; quant aux amitiés des Présidents passés avec des hommes d’affaires, alors là vous pouvez toujours chercher : les liens de Mitterand avec Roger-Patrice Pelat, c’est pas un iceberg, tout juste un glaçon.

Requiem pour une enquête d'Utilité Publique

« Le Monde » en son édition Web datée du 24 décembre nous parle du projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes, au Nord de Nantes, au Sud de Rennes, etc. Et voilà qu’on nous le présente comme si c’était fait !! De mon humble expérience personnelle, en tant qu’usager forcé des lignes z’aériennes françaises pendant de nombreuses années, j’ai pratiqué moult fois l’aéroport actuel de Nantes-Bouguenais ; et, Nantais de 30 ans, j’ai pu observer, en approche fort bruyante au dessus de ma tête, des tas et des tas d’avions dont on pouvait souvent lire distinctement l’immatriculation, si ce n’est la marque des pneus du train d’atterrissage. C’est une nuisance, c’est vrai. Bien moins pénible toutefois que les cyclomoteurs à pots trafiqués qui sillonnent nos rues en réveillant les morts, mais ceux-là, personne ne leur dit rien.
Ceci étant, tous les « locaux » savent que les avions ne passent pas systématiquement au dessus de la ville : en gros la moitié du temps ; les autres fois l’approche dérange seulement les canards les sarcelles les poules d’eau et les ragondins du lac de Grandlieu, au Sud-Ouest de Nantes. De nombreux passagers ont ainsi pu admirer l’île de Ré, venant de Lyon ou de Marseille. En bref, si les vents dominants sont Sud-Ouest, ils tournent, eh oui, et souvent, au Nord-Est.

Nantes-Bouguenais fonctionne bien ; on pourrait facilement lui ajouter une autre piste, ne plus survoler la ville… il est bien desservi – il y a même une ligne de bus, la 98, qui part du terminus de tramway à Pirmil et vous dépose à 300 mètres des halls pour le prix d’un billet standard !! (*).

Mais mais mais voilà, les Rennais soucieux de se déplacer sont jaloux, car Rennes, ce n’est pas vraiment un aéroport international de gros calibre, voyez ce que je veux dire – 500.000 passagers en 2007, cinq fois moins que Nantes. Donc on nous fait le forcing pour l’aéroport « du Grand Ouest », au mépris de tout équilibre. Le Grenelle de l’Environnement peut flûter : rien à cirer, faut que cet aéroport se fasse, disent-ils, par la porte ou par la fenêtre, et tant pis pour les gens qui sont là (et tant mieux pour les bétonneurs).
Cet aéroport n’est pas encore construit, et n’a pas d’utilité. Et si les Rennais veulent prendre l’avion, qu’ils fassent améliorer leurs pistes et leur desserte. Ca leur fera moins loin à aller ; pour grossir, qu’ils invitent Izidjette, Riannère, toutes les compagnies Lô-Koste qu’ils veulent… de toutes façons, il n’y aura bientôt plus de kérosène

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(*) Desserte d’aéroport nettement mieux foutue en tous cas qu’à Clermont-Ferrand, où la ligne 10 vous dépose comme une m… au bord de la route, sans abribus, sans fléchage, au pied d’un poteau, à un petit kilomètre en rase campagne des halls de l’aéroport, avec un passage à niveau et une rocade à traverser ! Quant à la supposée « navette », ses horaires débiles découragent le client d’y faire appel ! D’aucuns – médisants, sûrement – évoquent une probable collusion entre la CCI de Clermont-Ferrand, gestionnaire de l’aéroport, et les compagnies de taxis locales, qui sont finalement les seules à pouvoir véhiculer correctement les usagers de l’aéroport… quand on peut se payer l’avion, on ne mégote pas sur le prix d’un taxi, pas vrai ?

Humain (comme la corruption), Légal (pas toujours), Moral ???

On me dit qu’il faut gloser toutes affaires cessantes sur les « histoires de caniveau » : formule Chevènementesque que j’ai déjà rencontrée, l’ayant lue de la plume d’une belle-soeur (fonctionnaire et juriste, d’ailleurs) assez caractérielle, et par là dessus aveugle et sourde, soucieuse de se débarrasser d’interrogations dérangeantes.

M. Chevènement loge dans des HLM, M. Bolufer logeait dans un HLM, etc. Ils en ont / avaient le DROIT (heu… pas de sous-louer, en principe, et concernant M. Bolufer, l’histoire ne dit pas combien il sous-louait son petit 190 m2 : aurait-il été assez honnête pour le faire au prix que lui-même payait ?? zattiz ze couechtionn’ !).

Et HLM veut bien dire ce que ça veut dire : loyers pas chers du tout du tout ! En effet.
Des chiffres d’abord : il y avait 171.500 « logements sociaux » à Paris en 2006. On peut facilement y accéder, en principe, car les plafonds de ressources sont assez larges ; qu’on en juge : un « jeune ménage » (55 balais maxi à eux deux) peut monter jusqu’à 59.000 euros imposables par an, soit 82.000 euros net par an. Ceci ne donne pas droit aux loyers les plus avantageux, d’accord, mais l’essentiel, c’est d’avoir droit à un appart’, pas vrai ? Il y a environ 90.000 parisiens en attente de logement « social » à Paris.
Et, vu que les tarifs du marché ouvert sont assez méchants, en tous cas largement au dessus de ceux des « logements sociaux », les heureux détenteurs de tels logements à Paris ne se dépêchent surtout pas d’en bouger ! Deux fois moins à Paris qu’ailleurs, d’ailleurs, soit à peine 5% l’an.

La question est donc : sur quels critères de priorité sont attribués les « logements sociaux » (et surtout les BONS logements sociaux), vu que le montant des ressources ne filtre pas grand’chose ? Par exemple, comment se fait-il que le Chef de Cabinet du Ministre du Logement ne se voit pas vu attribuer en son temps un 90 m2 rue de Buzenval, mais un 190 m2 dans le quartier du Val de Grâce ?? hein ? à votre avis ?

1) – Il a eu du pot

2) – Son médecin lui a fait un certificat précisant que l’air du Boulevard de Port-Royal lui était bénéfique

3) – Une bienveillante fée a exaucé son voeu

4) – Il était bon chrétien
5) – Il connaissait le demi-frère du cousin du concierge du chef du service qui attribuait les logements.

Eh oui ! la 5, bonne réponse ! Vieille technique bien huilée sinon morale, et qui perdure gaillardement dans notre République quelque peu bananière : l’entregent est essentiel, messieurs-dames. Et vous, qui vous êtes vu attribuer avec vos 3 gosses ce superbe 72 m2 à Pontaut-Combault en face de la déchetterie, dites-vous bien que vous manquez probablement d’entregent.

Députés d'astreinte, un boulot d'avenir

Désolé, mais c’est le Fig’ à rôts qui m’inspire le plus ces temps-ci, allez savoir pourquoi ? Les autres n’ont pas cette façon délicieuse de présenter les réactions des lecteurs, à la fois nunuches et convenues, parfois déroutantes de grossièreté, comme si le Modérateur était parti à la pêche au lieu de faire son boulot.

Bref, saluons d’abord avec joie l’annonce qu’Alitalia va peut-être finir par succomber aux avances d’Air-France-KLM : gageons que les bataves n’y sont pour rien, le charme latin et la galanterie française jouent là une partie où les Saxons ne font que tenir la chandelle. Et pour mettre tout de suite leurs collègues à l’aise et dans l’ambiance, les personnels d’Air France sont en grève !

Mais revenons au sujet que, au sujet qui, j’ai nommé l’absentéisme des députés (pour les sénateurs, on ne dispose pas de statistiques suffisamment fournies). Et ça continue, et ils se foutent de nous et de la tâche qui leur a été confiée, et qu’eux-mêmes ont sollicitée avec insistance, d’ailleurs : « votez pour moi », disaient-ils. Personne ne les a obligés à faire ce boulot, non ? alors puisqu’ils l’ont voulu, qu’ils le fassent correctement.

Le moyen qu’ils ont trouvé pour y être sans y être, à leur boulot, c’est les SMS. On a un parc de députés d’astreinte, ils sont chez eux peinards à visionner la Chaîne Parlementaire tout en sirotant un Cognac Napoléon, et hop, driiiiiing, message « fissa Georges, il nous manque 30 voix ». Et de se ruer sur ses grolles (des mocassins, ou des Baskets pas ficelées, ça va plus vite), un pardessus, « taxi, au Palais Bourbon, et qu’ça saute ! ». Et ça permet de voter efficacement, ils n’en ont d’ailleurs rien à cirer de la teneur des textes, du moment que ça va dans le sens voulu par les copains.

Si c’est ça la réforme des institutions, eh bien les amis, gardez-vous la. La prochaine fois, et comme d’hab’, je voterai blanc, écrivant sur mon bulletin une grosse injure à l’attention de ces pratiques infectes et malhonnêtes.

Tiens donc !

Le Figarôt de ce matin (et lui ne sent pas l’encre fraîche) m’apprend, oh stupeur, que des gens haut placés bénéficient de logements loués pas cher du tout ; et pas des galetas sous les toits, non madame : du côté du Val de Grâce (pour les Parigots-tet’devo ça veut dire quèque chose) ; muni de ma calculette j’ai su que M Bolufer paye environ, sauf erreur, 1200 euros par mois pour 190 m2 dans le beau 5ème – pour comparaison un loyer de 600 euros pour 30 m2 dans le 10ème (quartier pas recherché du tout) est considéré comme très raisonnable. Monsieur Bolufer paye en gros le quart du prix du marché. Et pourtant il est peu probable que ce haut fonctionnaire soit payé au tarif des techniciennes de surface originaires des DOM-TOM.

Il y en a plein d’autres, et des qui logent indûment dans les immeubles de la place de Séoul par exemple. Avec toute la petite famille, pour faire bonne mesure.

Ceci dit (… le lecteur complètera le jeu de mots, c’est pour voir si vous suivez) ce qui est confondant, ici, c’est que je croyais la municipalité parisienne virée de bord depuis 5 ans et des poussières : Je la supposais à gauche ? Delanoé versus Chirac ? Et alors, et alors, on n’a pas fait le ménage, donc ? le comblanchien qui dallait le HLM de M. Tibéri fils dallerait-il toujours le même appartement du même locataire ? C’iel, quelle désillusion. M. Delanoé, vous me déçutes. Panafieu ne fera pas pire.

Songs don't need to be translated

Ce souér au JT de la 2 (il m’arrive de finir mon verre de Juliénas devant les nouvelles de la 2ème à 20 heures, j’ai cette faiblesse) ils causaient du chanteur que, du chanteur qui… bref, le dénommé James Blunt qui nous gratifiait, muni de sa gratte sèche, d’une chansonnette. En rosbif, évidemment. Bon. Il y était vaguement question (faut suivre !!) de déclaration, d’humeur (????) allez savoir… il articulait comme ça pouvait, pas trop, quoi, et pas de sous-titres, ni de traduction à la volée, démerdez vous.

Huit minutes plus tôt le présentateur du JT, soi-maïïme, interviouvait Condolizza Rice elle-même, et, bizarre, dès qu’elle l’ouvrait (en articulant merveilleusement, celle-là sait parler, et on avait toutes ses chances de la comprendre sans béquilles) un gus en voix-off nous traduisait sa prose. De sorte que Condy Rice pouvait s’époumoner, on ne risquait pas de l’entendre.

Moralité : dès que ça chante, il est communément admis que ce qu’énonce le gus (ou la nénette, rayez la mention qui est en trop), on n’en a rien à cirer, il (elle) peut glapir, on se fout de ce qu’il (elle) dit ou chante : tout le monde s’en tape.

Pareil au cinoche : on parle, c’est doublé (ou sous-titré) ; on chante ? démerdez-vous. De quoi apporter de l’eau (le pôvre, il n’en usait guère) au moulin de feu Gainsbarre, lequel professait – avec lucidité et modestie – que la chanson était « un art mineur » (et une rasade de 51, et une taffe). Tellement mineur que, dès lors que vous chantez en Rosbif, ce que vous dites n’a rigoureusement aucune importance. Ce serait du yaourt, ce serait pareil.

Ki C ? C l'plombier !

Un excellent t’article du ‘Monde‘ (comme souvent, allez, un coup de brosse à reluire) nous apprend ce que nous pressentions de longue date, et ceci au vu notamment des blogs, forums, textes échangés ici et là et un peu partout : le niveau scolaire en France est plus mauvais qu’avant. Avant quoi ? avant.

Mon propos n’est pas de vitupérer les classes de français où l’on fait l’exégèse des immortels textes de NTM ou similaires ; d’autres que moi font ça mieux et avec plus d’arguments. Personnellement, je ne suis qu’un pauvre scientifique, j’ai pas mal bourlingué, oh hisse eho, et je puis dire ceci, ouvrez le ban :

Il y a de moins en moins de nos compatriotes capables de s’exprimer de manière claire. Remplacent ces analyses, des formules fourre-tout, des qualificatifs vagues, des exclamations du style « trop cool », « super », « la gerbe », « les boules », « fait chier » etc.

Ceci, c’est l’oral, mais c’est nettement plus grave avec l’expression écrite, car il y manque la gestuelle, qui aide, tout de même. Qu’un ingénieur (de niveau Bac + 5, pas moins) ne soit pas foutu de rassembler de manière cohérente ses idées, les structurer et les exposer avec clarté et précision (et concision, c’est encore mieux), ça fait problème. Certes, il développe en séries de Fourier comme un dieu, il diagonalise une matrice pas diagonale du tout en deux coups les grosses, mais le FAIRE SAVOIR, alors là…

Bref, nous communiquons mal ; l’école a la rude tâche de nous fournir tous les outils pour le faire correctement, mais visiblement ça foire sec.

Un de mes amis a pu enseigner quelque temps ; il s’agissait de maths… eh bien il fallait qu’il passe un temps fou à faire comprendre ce qu’il énonçait, non pas parce que c’était fortiche, trapu, trop elliptique, au dessus du niveau, mais parce que les phrases de français qu’il utilisait n’étaient pas correctement interprétées. Le connaissant, je parie un paquet de cahuètes que ça ne venait pas de lui.