Des dangers de l’art

( Notre brillantissime ex-Président Hollande déclare : « J’aurais nommé un premier ministre qui correspondait au front républicain » . Ah bon… on passera sur l’inélégance du « …qui correspondait » ; « qui correspondît au » ou « correspondant au » sont corrects et sonnent mieux : c’est juste un énarque, pas un prof de lettres. Mais précisément, ce « front républicain » , cache-sexe d’un front anti-RN, qui a permis à une bande subversive et braillarde de revendiquer la victoire, c’était du fous-y-tout, du carpe-lapin-bicyclette mal ficelé : on a vu un Gabriel Attal adouber les LFI comme tout à fait fréquentables, quand Edouard Philippe n’en voulait pas plus que du RN… Bref : qui ? il se garde bien de nommer ses premiers ministrables, monsieur Hollande ; il n’en dit pas assez, ou plutôt, trop : il perd une superbe occasion de se taire. Les journaleux n’ont-ils rien de mieux à faire que d’aller le solliciter ? )

Et puis cette histoire navrante d’un graffeur, un « artiste » , nous dit le Monde. Ce type est allé, en compagnie de deux autres écervelés immatures, taguer des rames de métro en Azerbaïdjan. Résultat « artistique » à l’appréciation de chacun ; monsieur Lang, Djack, trouve ça beau… rappelons-le, le graffiti est illégal chez nous (tu parles ! quasiment jamais puni), moche, envahissant, angoissant : un saccage des espaces urbains et du paysage. Il se trouve que c’est également illégal en Azerbaïdjan, et qu’ils appliquent la loi, là-bas, contrairement à nous (*). Conclusion, le pauvre gars est en taule à Bakou. Il l’a cherché ? il l’a cherché.

Cerise sur le loukoum, nos relations diplomatiques avec ce beau pays sont exécrables en ce moment. On se souvient de la main azerbaïdjanaise dans les émeutes récentes en Nouvelle-Calédonie ; on a de plus un superbe contentieux à propos de l’Arménie. Bref : ça craint ! Il se trouve que les deux comparses, anglophones, de notre illustre graffeur ont eu droit à de simples amendes, eux : c’est pas juste ! clame son avocat. Peut-être, mais c’est comme ça, dura lex sed lex. Rayons donc l’Azerbaïdjan de nos projets déraisonnables de voyages ; si toutefois nous persistons bêtement à y aller, rasons-y les murs, au lieu d’entreprendre connement de les peindre, prétendument pour faire jouli.

Tibert

(*) à Singapour aussi, on applique la loi, et sans faiblesse (« il a eu une enfance malheureuse » , « bof » , « pas que ça à foutre » …) ; pire, il peut même y avoir des coups de canne en prime. Singapour n’est pratiquement pas affligé de graffiti.

Sauf interdiction expresse

( Cette histoire qui soulève la colère unanime des bonnes âmes : une enseignante de maternelle frappe une gamine de trois ans, un p’tit bout d’chou, laquelle se met évidemment à hurler : la France est en émoi ! affaire d’état, l’ex-ministre compétente va suspendre la fautive… on n’a que ça à traiter, comme gros sujet ? la coupable a sans doute pété une durite, vu le comportement de la gamine. Bon….des fois on est à cran, ça part avant d’avoir pu y réfléchir ; on se maîtrise, que diable ! après, on s’excuse, on rétropédale ce qu’il faut – d’ailleurs on regrette ! mais que ça aille sur le bureau de la ministre, tout de même, on a perdu tout bon sens, ça devient indécent. Il fut un temps (que les moins de vingt ans, etc etc…) où une baffe du maître, une oreille tirée, un coup de règle sur les doigts valaient mesure éducative ; je me souviens y avoir eu droit, ça ne m’a pas « trop matisé » . En général, on sait pourquoi ! )

Mais la colère, justement ! Très tendance, la colère. On est « en colère » , contre Macronious, contre les institutions, contre son chef, contre… C’est bien connu, c’est une mauvaise conseillère, la colère, et puis c’est mauvais pour la tension, stress, gestes irréfléchis… mais ça légitime tous les débordements, qu’on casse, qu’on saccage : forcément, quoi… on est en colère ! Le type qui, à l’aube et à Grenoble, au volant d’une grosse cylindrée sous-louée à un sous-loueur de loueur de bagnoles immatriculées en Pologne (ça évite les prunes automatiques, et c’est moins cher), emboutit la caisse du type qui stationne devant : ça le met en colère ! comprenez-le : ce n’était pas prévu, c’est énervant. De plus, voilà qu’un quidam extérieur à l’affaire s’en mêle ! on lui loge deux pruneaux dans le buffet. Non mais… c’est vrai, quoi… pfff… après, on se calme, évidemment.

Il se trouvait en fait que c’était un type peu recommandable : multi-récidiviste, violences, gnagnagna… et il avait un flingue ! pas normal, ça : on lui avait justement INTERDIT de détenir un flingue jusqu’en 2028. Je cite Sud-Ouest : « Jugé en août 2023 pour ces violences, il avait écopé d’une peine de quatre mois de prison assortie d’une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans » . C’est un truc que j’ai du mal à comprendre, là : je pensais que, par défaut, aucun citoyen n’était autorisé à détenir une arme ! sauf {liste limitative des personnes autorisées : chasseurs, tireurs sportifs, agents de sécurité, flics…}. Alors, si on ne me l’a pas interdit… je peux aller m’acheter mon flingue ?

Tibert

Il a vendu du beurre aux Allemands

( L’immense Olivier Faure, le Chef-PS que le monde nous envie – un poil moins charismatique que Benoît Hamon, mais la barre était haute 😉 – déclarait il y a deux jours, s’agissant des efforts de casting de monsieur Barnier : « aucune personnalité du PS n’entrera dans son gouvernement » . On prend bonne note, et… à vérifier, sous peu !)

Ceci étant, hier monsieur Mélenchon, remonté comme un coucou – dame, on n’arrête pas de le contrarier ! – a clairement annoncé que ça va canarder dru, donc des motions de censure en rafales, ce qui n’étonnera personne. Mais je reviens sur une de ses piques, adressée au nouveau premier ministre… je cite Le point : … (…) puis il a évoqué le vote, en 1981, de Michel Barnier contre la dépénalisation de l’homosexualité. « On vous a imposé un homme qui a refusé la première des formes de l’égalité : celle de l’amour. Car l’orientation sexuelle n’est pas un choix tandis que l’amour est une aptitude. ». C’est beau, non ? l’amour est une aptitude ! quel tribun ! Donc, monsieur Barnier, il y a 43 ans – il avait 31 ans – avait en effet voté contre « la dépénalisation de l’homosexualité entre adolescents consentants » (le lien cité ici vous décortiquera la chose ; messieurs Chirac et Fillon avaient voté de même, et jamais personne n’a remonté cette vieille querelle à leur encontre). Bien… et donc ? et donc, supposez, vous vous souvenez, ou l’on vous fait souvenir d’avoir dit ou fait une connerie, il y a de ça 43 ans : vous êtes foutu ! bon à jeter, perdu pour l’humanité.

Si je reprends par exemple les déclarations ou positions mélenchonesques de jadis, y trouverai-je la même cohérence, la même continuité de pensée, au fil des lustres, qu’il impute à monsieur Barnier ? voyons voir… le très laïcard Mélenchon, en 2010, à propos du voile islamique : « Je considère que c’est un traitement dégradant, et je considère que c’est une provocation d’un certain nombre de milieux intégristes contre la République. Et par conséquent, la République a gagné, et elle va gagner encore une fois : ça sera interdit ». mais très récemment, critiquant l’interdiction du port de l’abaya à l’école : « Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin ».

Ah ? il aurait évolué, lui ? eh oui, il a évolué. C’est bien normal, il avait des convictions qu’il n’a plus, ou bien il a d’autres visées, électoralistes par exemple ; ou bien il a vieilli, perdu ses repères, revu sa position sur l’islam, il va se convertir… il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis, c’est bien connu (et je n’en démordrai pas !).

Tibert

Rien faire ou mal faire

C’est assez simple, je peux vous causer de ce que je veux, rien n’y fait. UN SEUL sujet vous occupe ! trouver l’introuvable premier ministre, qui ne serait pas flingué sur le champ par une combinaison quelconque d’au moins deux groupes parlementaires… ça ne se présente pas si mal, pourtant : au jeu de massacre de la censure, aucun bloc parlementaire ne peut jouer tout seul. Tenez, ajoutez la carpe LFI et le lapin RN ? ça ne suffira pas à faire tomber Paul Dugenou, le nouveau premier ministre tout frais. Il faut 289 censeurs, 289 élus coalisés à bloquer le pays, na ! butés, fâchés, vexés… puisque Dugenou n’est pas de leur bande !

Bref on en est là : trouver un type incolore et inodore, qui n’aurait jamais insulté personne. Bon courage, les gars. Monsieur Hollande énonçait hier : « Parfois, il vaut mieux mal décider que ne pas décider » ; son expertise est d’ailleurs connue dans ces deux disciplines.

Mais la vie continue, ailleurs. Madame Hidalgo veut garder des dépouilles des J.O. pour faire jouli, pour égayer le paysage… idée sotte et grenue, laisser à demeure les anneaux olympiques multicolores sur la Tour Eiffel, à défaut d’y arborer une version méga-mahousse de la très moche phrygette. C’est malvenu : la Tour, ce treillis métallique brun, épuré, se suffit à elle-même ; inutile de surcharger. Et si madame la Maire veut absolument conserver ses anneaux olympiques pour se souvenir, qu’elle se les fasse tatouer : c’est très tendance, le tatouage. Sur le mollet, l’épaule, la hanche… où ça lui chante ! Le mauvais goût, c’est une affaire très personnelle.

Tibert

Oui mais non

Le Télérama du jour recèle un article au titre pertinent : « Nos politiques refusent le compromis, alors que les citoyens, eux, en font tout le temps” . Eh oui, on le constate, certains partis-clés sont arc-boutés sur des positions maximalistes, sans aucun réalisme, au vu des menaces de censure quasi systématiques, donc d’ingouvernabilité. Dans cette veine, voyez la photo du Parigot, où madame Panot, la pasionaria furieuse des LFI, arbore ses pendentifs d’oreilles fétiches. « Futur Premier ministre : LFI censurera Cazeneuve comme Bertrand » , titre le canard. Ce qui ne veut pas dire que ces menaces de censure aboutiraient, le cas échéant, vu que LFI ne serait pas forcément suivi par ses affidés et partenaires, notamment contre monsieur Cazeneuve, au costard impeccable, orné d’une élégante pochette blanche, et qui a gardé quelques amis ici et là. Mais c’est clair : madame Panot persiste dans l’antienne caduque « Castets, sinon rien » , situation qui n’aurait rigoureusement aucune chance de durer trois semaines, à supposer – hypothèse farfelue – que Macronibus soit assez fou pour céder aux exigences aberrantes des Insoumis : censure garantie, aucun suspense, même pas la peine d’y aller.

Alors ? alors à quoi joue-t-on, là ? à quoi bon ces postures ? à jouer finement les Présidentielles dans deux ans et demi. Voyez monsieur Wauquiez, monsieur Mélenchon : les yeux braqués sur 2027. Leur stratégie : surtout ne pas s’user, d’ici cette échéance, dans des rôles où il faudra s’exposer, mettre les mains dans le cambouis. Ne pas prendre des coups… L’intérêt national ? bof. Leur intérêt personnel, oui.

Finalement c’est aussi bien comme ça : on saura s’en souvenir.

Tibert

Par la porte ou par la fenêtre

( Reçu ce jour un avis de mon Trésor (Public) : ô joie, je puis découvrir la taxe foncière de l’année. L’ayant téléchargée, je constate un sympathique + 10,2 % par rapport à l’an passé. L’inflation, pas vrai ? ou les services publics ? ou… bref, il y a forcément une bonne raison. Nous sommes le pays le plus prélevé d’Europe, mais ce n’est pas assez, semble-t-il. )

Par ailleurs, vous avez pu lire hier dans le Fig’ragots – ça a disparu – un commentaire de monsieur Olivier Faure, le big-chief du PS à la remorque des LFI, sur le drame de Mougins : un multi-récidiviste, de la route entre autres, a tué un gendarme en prenant la fuite lors d’un contrôle routier. Bien évidemment on se demande par quelle aberration le fautif était encore en possession de son permis ! La veuve du militaire ayant mis explicitement en cause les autorités du pays dans la mort de son mari (laxisme, jemenfoutisme, bienveillance inexplicable), notre Faure y va de son bémol : « mettre les gens en prison n’est pas non plus une réponse satisfaisante » , selon lui. Mais si mais si ! satisfaisante, fichtrement, car un type derrière les barreaux ne peut pas conduire une bagnole et tuer un gendarme. C’est même d’abord pour ça que la prison existe, on l’oublie trop : rééduquer oui, la rédemption, gnagnagna… mais d’abord, protéger les citoyens et la société !

Enfin, coucou la revoilou, madame Royal, 71 printemps, s’y verrait bien, au poste laissé vacant par monsieur Attal. Je me disais aussi… quand est-ce qu’elle se manifesterait ? ça m’étonnait, qu’on ne citât pas son nom… on a vu monsieur Hollande, son ex, refaire surface dans un emploi de raccroc, bien que retraité, pour faire bouillir la marmite : eh bien comme ça on aurait droit à la petite famille…

Mais, des nouvelles du front… madame Castets s’accroche ! vexée, butée et mal conseillée, elle a donné sa démission à la mairie de Paris (*), pour mieux se consacrer à sauver le pays, version Vénézuela mais sans pétrole. Il semble cependant que monsieur Cazeneuve tienne la corde, accroché par madame Rolland la nantaise, madame Delga de Toulouse, monsieur… et maintenant madame Royal !! quel final haletant !

Une catilinaire pertinemment détournée pour finir, que j’emprunte hardiment à Ciceron… (« Alors, ce premier ministre, ça vient ? » ) : Quousque tandem, Macronibus, abutere patientia nostra ?

Tibert

(*) Ils vont la regretter. C’était une fonctionnaire effacée, discrète, ô combien, mais d’une efficacité redoutable. L’état des finances de la ville étant ce qu’il est 😉 elle y est forcément pour un petit quelque chose, non ?

Cocher les mauvaises cases

( Au restaurant, on ne fait pas n’importe quoi ! Vous laissez votre commensal (*) prendre seul un dessert, mais vous demandez une assiette vide pour picorer sa portion ? un bistrotier autrichien vous facturera ça 8 euros ! il est bien plus économique d’attaquer le tiramisu ou l’île flottante d’en face, direct dans son assiette, c’est gratuit, ça ! la petite cuillère de rab n’est pas encore facturable. Huit euros pour fournir une assiette vide, la récupérer, la laver ? autant commander un dessert, c’est le même prix, si ça se trouve… ou bien, vous apportez VOTRE assiette ; après tout, ce n’est peut-être pas interdit explicitement ? une assiette et des couverts pour partager, un couteau sérieux pour suppléer aux machins inefficaces qu’on vous procure, une boîte hermétique pour le reste de navarin, un sac et un bouchon pour emporter le beaujolais inachevé qu’on finira de licher le lendemain… ça devient de plus en plus l’expédition, la soirée au restaurant. )

Et puis cette histoire me révolte : le trompettiste, chanteur, musicien… Ibrahim Maalouf, d’abord pressenti pour être du jury du « Festival du cinéma américain » (**), a été rayé de la liste : c’est la loi des réseaux-poubelles, qui dictent le bien et le mal. Le mal ? cet homme a été accusé d’abus sexuels, une affaire remontant à 2013 ; d’abord condamné en première instance en 2018, puis relaxé en appel deux ans plus tard. Relaxé : les faits reprochés initialement sont non constitués. Maalouf n’est donc pas un prédateur sexuel, c’est bien ce que ça signifie… mais pas pour le jury de ce festival ! qui juge mieux que la justice, vous pensez bien (c’est le cas de le dire !). Y a pas de justice.

Tibert

(*) Partenaire de table. Cum (avec), mensa (table). On se cultive, chez Tibert-le-chat.

(**) états-unien, en fait. Très peu de choses des cinémas proprement chilien, canadien, argentin, brésilien… les USA ont préempté leur continent, ce qui est pour le moins abusif.

Symétries, anti-déplacements…

On sait à peu près comment les Gougueule-trafic, Houèze et similaires déterminent, justement, la densité du trafic sur une route : en comptant les téléphones allumés sur le parcours. Eh bien, ça fonctionne aussi chez les peuplades de l’Est ! voyez, en Ukraine on se sert du même outil pour se renseigner sur les concentrations de troupes russes dans les parages. Le top c’était, lors d’une St-Sylvestre orthodoxe, l’envoi massif de textos « Bonne année ! » , précédant un tir d’obus précis – merci la triangulation – efficace et mortifère. On le sait, mais on ne le dira jamais assez : cet outil palmaire que tant de nos concitoyens bidouillent et lorgnent à longueur de journée au creux de leur main est une menace sérieuse pour notre mode de vie, voire notre survie. Une suggestion : chaque fois qu’on « ouvre » l’appareil, ou en boucle toutes les 40 secondes après 2 minutes, un bandeau défilerait sur l’écran : « nuit gravement à la santé – à consommer avec modération » . Avec des images de victimes, comme au dos des paquets de clopes : ados hirsutes et hagards, zombies privés de sommeil, promeneurs ayant embrassé un pilône par inattention… ça inciterait peut-être à regarder autour de soi, à rendre à l’engin sa juste place : dans la poche, au cas où on en aurait vraiment besoin.

Mais l’actualité nous presse ! Je lisais hier un bandeau défilant au bas de ma télé… madame Castets (*) aurait énoncé, traitant des dernières Législatives : « pour la première fois j’ai eu peur : on risquait d’avoir un gouvernement du RN » . Je vais vous faire un aveu symétrique : moi aussi j’ai peur, peur d’un éventuel gouvernement Castets. Nos peurs se valent, madame, les mines patibulaires de certains ténors « insoumis » et mal rasés, les masques grimaçants d’invectives de certaines pasionarias du même bord… fichent la frousse : c’est la haine, avec un grand H, qui s’affiche là, et la haine en politique, très peu pour moi.

Autre citation juteuse… rendant compte d’une rencontre formelle, hier, avec Macronibus : « Emmanuel Macron « a semblé prendre acte du fait que les Français avaient demandé un changement de cap politique » et c’est « un immense progrès », positivait Lucie Castets. Bon, il a « semblé prendre acte » , c’est du solide ! 😉 mais quel changement de cap ? pour quel cap ? il s’est bien gardé de le préciser. A mes yeux, le cap du « front républicain » , composite et divers – carrément hétéroclite, en fait – s’impose de lui-même, puisque c’est lui qui a permis de conjurer l’épouvantail, le repoussoir RN, et engendré cette Chambre issue de magouilles, triangulaire 36-30-34, indémerdable. On a vu des désistements choquants, des accointances improbables, des alliances contre nature, tout ça pour « faire barrage » . Eh bien, poursuivez votre effort ! faites barrage avec persévérance, au détestable sectarisme qui nous tue, au jusqu’auboutisme, aux credo extrémistes, aux chimères vénézuéliennes, à la haine, aux promesses de changements … vos changements, qu’on ne vous a pas demandés.

Tibert

(*) Dans le Sud-Ouest, on prononce « Cas’têtseu » : le « ts » terminal a toute sa place, comme dans « Fouquet’s » , mais à Paris on déforme, on rabote, et ça donne « casse-tê » .

Allons de l’un…

… à l’autre : tous la même soupe ! Trois jours que la quasi totalité des canards-sur-toile tartinent à l’envi – c’est de la copie toute trouvée, ça meuble – sur le petit gars né en 36, et que sa mère était ouvreuse au cinéma de Bourg-la-Reine, et qu’il y a passé son CAP de charcutier, que, gnagnagna…  » … la ville voisine de Bourg-la-Reine, où il y a vécu (*) les premières années de sa vie jusqu’à l’adolescence » , nous chante Le Parigot, dans une envolée grammaticalement boîteuse. Pensez, « Il aurait pu devenir le charcutier de la commune ! Cette charcuterie, elle, existe encore » , énonce le maire des Réginaburgiens – les citoyens de, justement, Bourg-la-Reine, qui auront loupé le bonheur orgueilleux de se fournir en rillauds, aspics de jambon et pâtés en croûte chez Alain Delon (**). Manque de pot, il a fait du cinéma ! Nous déplorons tous cette immense perte pour la charcuterie française.

Mais, trêve de panégyrique : Le Monde nous régale de deux articles voisins et connexes à propos du président Macronious (E.M. , en bref) : a) – : « E.M doit cesser de jouer la montre » ; b) – « Pourquoi E.M n’en finit pas de prendre son temps » . Eh oui, vous l’aurez sûrement remarqué, il y en a qui s’impatientent, ici et là… et donc… « mais qu’est-ce qu’il fout ? » … « alors, ce premier ministre ? ah c’est long ! » . Toujours est-il que Le Monde donne ici d’un seul coup les clés pour comprendre (pourquoi E.M.), et la marche à suivre (E.M doit cesser...). Y a plus qu’à, en somme… ce n’est pas, ce coup-ci, la « chambre introuvable » façon 1815, ce serait plutôt l’opposé : c’est donc le premier ministre qui est introuvable. Enfin, introuvable… aussi longtemps, du moins, que les raideurs doctrinales de part et d’autre – tout à fait illégitimes au vu du triangle de forces en présence – et les ambitions irraisonnées de tel ou telle n’auront pas été mises à la benne.

Tibert

PS – On peut citer ce sage et pertinent adage, que devraient mettre en pratique nos trois blocs politiques, connement coincés dans leurs postures : « Se non puoi sconfiggere il tuo nemico, fattelo amico » . Ton ennemi est trop fort pour le vaincre ? fais-toi donc ami avec.

(*) : … « où il a vécu » suffit largement. L’ y y est de trop – ce qu’on peut dire aussi d’ailleurs de l’y n° 2 : « l’y est de trop » , et basta . C’est du même tonneau, mais nettement plus moche, que la mignonne faute de français de Françoise Hardy dans « c’est à l’amour auquel je pense » . Elle n’a jamais corrigé le tir, et puis c’est trop tard.

(**) D’où le titre. Allons de l’un… ?? non ? allez, un effort.

Ce plat contient du…

… ce plat contient du porc !
( Un boulanger de Vénissieux, banlieue lyonnaise bien connue pour ses riantes tours des Minguettes, a décidé de ne plus proposer de produits contenant du porc… quiches, brioches aux grattons, ce genre de trucs… des clients musulmans ont en effet provoqué un esclandre après en avoir acheté sans en être informés. Ce qui m’inspire un soupir désabusé : le porc doit décidément être mis sur la liste des allergènes, au même titre que les cacahouètes et les poils de chat. Il y a d’ailleurs des lustres que certaines entreprises timorées ou militantes ne servent plus de porc : la dernière apparition de ce sympathique mammifère sur les lignes aériennes françaises doit dater de 1986-87, quand Air-Inter offrait ses derniers amuse-gueules (*) genre mini-saucissons avec le verre de jus de tomate ou la mignonnette de pastis. L’auto-censure – furtive, honteuse – sévit ainsi un peu partout, cependant que les apôtres du non-porc occupent le terrain et vocifèrent à loisir. C’est triste à dire, mais la convergence du fast-food (**), des interdits religieux et des prescriptions environnementales viendra à bout de l’andouillette, du pied pané et du pâté de campagne. La fin d’une civilisation… j’espère ne pas y assister de mon vivant. )

Et puis Macronibus va, nolens volens, devoir mettre fin à la parenthèse enchantée. Devra se trouver rapidement un introuvable premier ministre, susceptible de ne pas sauter au bout de trois semaines. Des noms circulent ; vous comme moi pouvons contempler tous les jours à la télé, publi-reportage, le sourire carnassier, rehaussé de rouge vif, de la prétendante LFI-PS-PC-Verts, madame Lucie « alors ce poste, ça vient ? j’attends » Castets. Mais aussi du réchauffé, Cazeneuve, Pécresse, Bertrand… on verra. Une certitude : ce sera un siège éjectable. La faute à un système qui a montré sa noirceur, j’ai nommé le scrutin uninominal à deux tours. Système qui a permis et permet toutes les magouilles, rebaptisées par exemple « front républicain » ; système qui étouffe l’expression, tord le réel et donne aujourd’hui un foutoir : trois clans incapables de fonctionner ensemble, mais qui devront y parvenir. Ce qui constitue un défi, connaissant les postures, les raideurs, les suffisances, les certitudes affichées.

Mesdames-messieurs, à vos compromis !

Tibert

(*) L’avion à options, dit « low cost » , n’avait pas encore été inventé. C’est le progrès : on s’apprête, paraît-il, à faire payer le pipi aérien. En attendant des surtaxes pour les doudounes trop épaisses et les chaussures à semelles compensées.
(**) J’aime assez le concept (italien au départ, l’intitulé ne le laisse pas deviner) de « slow food » : pourquoi, en effet, bâcler hâtivement une bonne bouffe ? avaler en se dépêchant un excellent maquereau à la moutarde, une belle pissaladière ? les repas expédiés vite fait, c’est de la bouffe de raccroc… c’est triste.