Quidam est mort

( La temporalité n’est pas la même, on le constate ! à Nantes, riante cité bretonne – sauf pour l’administration – les commerçants des halles de Talensac, vieille institution de la bonne bouffe (bonne chère, dans tous les sens du terme) râlent ferme, car les lieux sont en déshérence. Des travaux, lourds, sont « urgents » … depuis la dernière grosse intervention, il y a 22 ans. Madame la maire, socialiste, ex-groupie de monsieur Ayrault et madame Hidalgo (des références ! ), envoie un second couteau au contact des rouspéteurs, qui leur sort ça, je cite : « Maintenant, nous arrivons sur une période électorale où tout le monde devient fébrile, y compris du côté de l’opposition qui utilise ce sujet. Evidemment qu’il y a des travaux à faire, mais vu le sujet dont on parle, cela demande de l’anticipation et de la planification » . Ah ! les besoins sont évidents… dont acte. Et puis on entre dans une période électorale : ça doit être pour ça que les commerçants rouspètent, forcément ; sans doute manipulés par l’opposition, non ? Et surtout : ça demande de l’anticipation : depuis 2003, vous pensez bien, ils n’ont pas eu le temps d’anticiper. On tente de les prendre au dépourvu, là… c’est pas du jeu. )

Je voulais enfin, ici, entonner un chant funèbre à Quidam. Je ne suis pas Bossuet, mais je vais essayer. Il est mort, Quidam, et sérieusement. Tué par 1) la cupidité, 2) l’administration, 3) les réseaux sociaux. L’administration, vous l’avez tous constaté, maintenant tout est « en ligne », ou presque. On est pistés, et gravement. Et les réseaux sociaux, en plus, c’est de votre faute ! quel besoin de bavasser à longueur de journées sur votre quotidien ? ça intéresse quelqu’un ?

Il fut un temps – pas si vieux – où l’on achetait un trajet, en car, en train, en métro… on s’appelait madame (monsieur…) Anonyme, et c’était très bien comme ça. Le contrôleur contrôlait que le billet était valide, ou pas, et basta ! Avec la carte de réduc’ qui allait avec, ou pas. Maintenant on scrute des billets nominatifs, comme si le Paris-Trouville « plein tarif » de monsieur Dugenou était d’essence différente du Paris-Trouville « plein pot » de madame Schmoldu. La SNCF sait quand vous voyagez sur ses lignes, peut vous sortir l’historique de vos trajets, se permet de vous abreuver de pubs pour des hôtels, des bagnoles de location, des machins à-côté. Idem en avion, à la RATP… partout !

Vous me direz : oui, mais… en cas de problème, on peut vous joindre, vous envoyer un texto, un mail… certes ! mais si MOI je décide que je m’en passe, des mails de retard prévu ? je prends le risque, et je préserve mon anonymat. La vie privée, zut quoi. Je me demande ce que fiche le Conseil Constitutionnel : existe-t-il, quelque part, un droit à la vie privée ? si oui, on doit le surnommer « peau de chagrin » .

Tibert

Stades déserts et hameaux moches

Je constate, selon le Monde, que les habitants des villes « touristiques » en ont ras la casquette d’être assiégés par les touristes. Ils protestent ! j’avais d’ailleurs, il y a de cela 4-5 ans, pu côtoyer une manif’ des autochtones à Séville, Andalousie : ils en avaient déjà marre, à l’époque, des valises à roulettes, des boîtes à clés, des immeubles squattés par des vagues de malotrus bruyants et intrusifs parlant des langues exotiques. Disons-le : je n’étais pas fier ; c’était moi l’envahisseur, coupable de respirer l’air des Sévillans, de bouffer leurs victuailles, de faire mes besoins chez eux, d’occuper leur espace, massivement. C’est clair, il nous faut désormais, en ces temps de loisirs massifs et grégaires, habiter des bleds mornes, des courées grisâtres, des villes-dortoirs sans aucun charme, des Trifouillis-les-Riens désespérants d’ennui : on ne viendra pas, avant quelques décennies, nous pomper notre air. Les cars « troisième âge » ne feront que passer, nul mentor ne précédera dans nos rues, parapluie en l’air, des troupeaux de visiteurs bovins, occupés à tuer leur demi-journée (*). Habitons moche, le salut est là.

Et puis j’ai pu apprécier les progrès du foot dans notre beau pays : un match d’équipes « U10 » (donc sous les 10 ans) a tourné au pugilat. C’était une équipe de Tournefeuille, dans le 3-1, contre une supposée équipe de Frontignan, dans le 3-4. En fait pas du tout ! après enquête, l’équipe dite « de Frontignan » n’avait aucune existence légitime, c’étaient des usurpateurs… bref, ça a mal tourné : un blessé grave atteint aux cervicales, bagarre générale, l’éducateur responsable des bambins de Tournefeuille écope de 10 jours d’incapacité. C’était une rencontre de gosses, de gamins… chères petites têtes blondes ! accompagnés de leurs familles, bien entendu, persuadées que ce sont tous, absolument tous, de futurs Mbappé, des Ronaldo en devenir, forcément. Familles prêtes à faire la peau à quiconque semblera mettre en doute la classe immense de leurs rejetons. Voilà où nous en sommes. Mais que cela n’occulte pas le côté ludique du foot, et puis la grande fraternité du sport 😉

Tibert

(*) Tous munis de l’indispensable « smartphone » , pour faire des souvenirs ; et quelques selfies, si possible.

Mondobouffe

( On apprend qu’à Marseille se tient une « Slow Fashion Week » : la « semaine de la mode lente » , ou la « lente semaine de la mode » , comme vous voulez. Je préfèrerais, mais c’est syntaxiquement erroné, la « mode de la semaine lente » : en voilà une idée qu’elle serait bonne, une semaine un peu plus lente. Qu’on aurait le temps de voir passer, du lundi matin au dimanche soir. Mais savoir qu’il faut que ça se dise en anglais, au pays de Pagnol, Mistral et Giono, ça me rend tout chose. Notre langue fout le camp à grande vitesse, même Macronibus lui donne des coups bas genre brainwash. On va vers une sorte de langage gloubi-boulga planétaire. Huit-cents mots, pas plus.

A propos de gloubi-boulga « world-food » (beurk), j’ai pu en apprécier un échantillon hier, flânant sur une place centrale de la métropole clermontoise ; il y faisait une chaleur de bête, on rasait les murs et les devantures du côté ombreux. C’est un alignement ininterrompu, sur une soixantaine de mètres – en face je ne sais pas – de, dans le désordre : paninis (panini, singulier panino, en italien), bowls (des bols, donc, mais avec un « w » ça devient un menu), burgers (cheese, double, hot, etc), nuggets, tacos, shawarma, falafels, kebabs, pizzas (*), et je dois en oublier. Et puis des frites, avec, pour charger en lubrifiant. Un Caco-Lalo pour faire glisser tout ça ? ça fait roter. C’est notre avenir, là, et c’est tout de suite.

Tibert

(*) On voit fleurir dans nos campagnes les automates à pizzas… rondelles de pâte industrielle surgelée, peintes au brumisateur de sauce tomate, on y dépose en rond diverses bricoles, bouts de chorizo, bouts d’olives, bouts de jambon, bouts de… etc, lamelles de gruyère de la Mayenne, un coup de micro-ondes, un coup de chalumeau, et hop ! régalez-vous. Juxtaposé au dit distributeur, vous avez l’automate à sodas : elle est pas belle, la vie ?

Flexibilité d’une riposte très graduée

( Une journaleuse de France-Info se fait rudoyer, virer et traiter de « facho » par un militant-manifestant (visiblement de sensibilité LFI) lors d’une manif : il y avait bien évidemment méprise, car France-Info, question orientation politique… donc, les instances de ladite boîte ont protesté énergiquement : «après des mois où on a accusé l’audiovisuel public d’être un repère de militants gauchisants, c’est bien la première fois qu’on nous traite de facho» (on est toujours le « facho » de quelqu’un) : il fallait lire, et d’abord écrire repaire, bien entendu. Notez, repère, repaire… les deux peuvent fonctionner.

Et puis je lis ailleurs : « de plus en plus de jeunes choisissent le travail indépendant pour gagner en liberté et en flexibilité » . Ceci vous paraîtra anodin, mais vous le constaterez si vous y prêtez attention, le terme SOUPLESSE a quasiment disparu (*), au profit exclusif de la « flexibility » – oups, la flexibilité, en français. C’est en quelque sorte le terme anglais qui a gagné. Pourtant, souple, c’est bref, harmonieux… ça le fait mieux que flexible, non ?

Tout ça pour en venir à cet article de Ouest-France, où madame VDL, Von der Leyen envisage une dix-huitième bordée de sanctions contre la Russie de Poutine, au cas où elle n’arrêterait pas son agression contre l’Ukraine. Si ce n’est pas de la flexibilité, ça… hein ? 18 trains de mesures punitives ! je pose donc, innocemment, cette question : si l’on avait empilé dès le début les 18 paquets de sanctions anti-Poutine, ça n’aurait-il pas été plus convainquant ? plus efficace ? on dirait un sketch du genre : Aaattentioon ! mémé VDL va se fâcher très fort ! je compte jusqu’à 3 : 1… 2… 2 1/3… 2 1/2…, 2 3/5… je vais me fâcher… fais bien attention…

Tibert

(*) De même que « difficile » ; « difficile » a disparu, on ignore pourquoi. Maintenant, tout est compliqué.

Brain quoi ?

( On sait, ou pas, que les grosses plate-formes gratuites de contenus porno sur internet ont fermé boutique en France, pour protester contre les chicanes qu’on veut leur imposer : il s’agit en effet de s’assurer que les « visiteurs » sont bien majeurs… par des moyens carrément intrusifs, d’ailleurs (*). Outre que cette décision suscite des réactions alarmées de la part des acteurs porno (on dit « créateurs de contenu » , ça fait plus noble) qui vivent de leurs « productions » sur ces plate-formes – comment vont-ils gagner leur croûte, maintenant ? en travaillant ? – on a constaté que les vendeurs de solutions techniques pour contourner le blocage se font, eux, des testicules en vermeil : c’est simple, le VPN, pour « réseau privé virtuel » permet de paraître habiter au Zimbabwe, au Guatemala… quand on surfe depuis La Garenne-Bezons. Citation : « Dans les 24h qui ont suivi ce prétendu « blocage » , Trucmuche-VPN a vu ses inscriptions augmenter de 1000% en France » (eh oui, ce n’est pas gratuit) . Décidément, quand on est motivé, on y arrive toujours. )

Mais autre chose : Macronibus a, comme tout le monde, constaté hier qu’il y a juste un an, il dissolvait conn… par erreur l’Assemblée Nationale : il peut donc désormais recommencer ! sauf que ce ne serait pas forcément plus pertinent. Il est gêné, ça se voit, il n’a pas vraiment les manettes en mains, pas les coudées franches, et se retrouve un peu « en marge » , regardant le gouvernement gouverner. Alors il tente d’exister, il vitupère… prétend qu’on fait fausse route, qu’on sacrifie à tort l’écologie, que l’on nous manipule avec des (faux) problèmes d’immigration incontrôlée et d’insécurité. Comme s’il avait son petit VPN personnel, qui lui montrerait une autre planète : pas de délinquance débridée, pas de trafics de drogue en plein boum, pas d’immigration « buffet gratuit » , ou si peu… et il nous le dit comment ? qu’on fait oublier le combat pour le climat en préférant « brainwasher sur l’invasion du pays et les derniers faits divers ». Vous connaissez le « lavage de cerveau » ? lui, non. Mais les peaux de saucisson devant les yeux, en revanche…

Tibert

(*) On demande, par exemple, au « visiteur » de montrer sa trombine à la caméra de son téléphone : c’est évidemment assez pifométrique, il y a des « vieux » qui font jeune, et inversement ; et surtout, comment garantir que ce ne sera pas stocké pour utilisation ultérieure ? une utilisation malveillante, par exemple ?

J’en ai mare, mare à boue…

… bout d’ficelle, etc. Vous connaissez. Mais avant les mares, cet entrefilet saignant : trois footeux professionnels ont été sanctionnés par la Fédération (de foot, évidemment) car ils avaient signifié, plus ou moins discrètement, leur refus de participer activement à la « journée anti-homophobie » organisée par ladite fédération. Il s’agissait d’arborer un badge sur son maillot… Notez que ces footeux n’ont à aucun moment crié « à mort !  » ou autres gracieusetés : deux des trois se sont contentés de masquer le badge sur leur maillot, signifiant silencieusement que telle n’était pas leur opinion : c’est clairement un délit d’opinion, chose fort incongrue en Droit.

Un lecteur du Monde pointe par ailleurs une superbe hypocrisie, derrière cette campagne de façade : « Que les responsables politiques qui veulent se faire une virginité homophile sur le dos des joueurs de football professionnels commencent à contester le financement du PSG par le Quatar » . Eh oui : au Qatar l’homosexualité est punie de mort, et voilà qu’on fait le grand écart à prôner chez nous, dans des clubs abreuvés du fric du Golfe Persique, très répressif, non la seule neutralité – entre adultes consentants la liberté de choix est une évidence – mais la très haute bienveillance. Ce commentaire sur la « virginité homophile » en dit long sur la chose : c’est nous imposer la logique « ne pas être homophobe = être homophile » . Mais pas du tout ! Je n’ai rien contre les colombophiles, mais franchement je m’en fous, de leurs pigeons. Qu’ils ne me demandent pas d’adhérer !

Et puis je vous signale ce long article du Monde, illustré abondamment : une ode aux mares. Une mare, apprend-on, ça commence à 1,50 mètre de diamètre : une baignoire ferait l’affaire ! Je vous laisse apprécier ce retour aux sources naturalistes, qui hélas ne peut concerner que les possesseurs d’un terrain, apte à héberger ce genre de dispositif. On y apprend entre autres que la création d’une mare, précieux apport à la bio-diversité, etc etc… nécessite une autorisation en mairie. Et je vois là pointer notre travers chéri : il va falloir légiférer ! tout comme les piscines, les puits, les fosses septiques…. C’est dangereux, une mare, c’est « accidentogène », et vont fleurir les interdits, les bâches obligatoires, les hauteurs minimales (maximales), les catégories, les clôtures, les contrôles, les… et les impôts ! j’oubliais les impôts.

Tibert

Breloques et mocheté

( L’Assemblée Nationale a voté la nomination d’Alfred Dreyfus (1859-1935), jusqu’à présent Chef d’Escadron, au grade de Général de Brigade ; à titre posthume, soit 90 ans après son décès. Mais… c’est le parlement qui nomme les généraux, maintenant ? ah bon. Il n’a rien d’autre à s’occuper, le parlement ? Enfin, au vu de ses états de service – hors l’accusation ignoble qui a gravement perturbé sa carrière – il l’aurait mérité de son vivant, et voilà donc une injustice réparée. Comme dit l’autre, maintenant, ça lui fait une belle jambe ! )

Et puis l’on apprend que la Justice veut entendre monsieur Mohamed Amra « en présentiel » . Admettons que ce soit nécessaire. On s’apprêterait donc à l’extraire de sa prison de haute sécurité – de haute sécurité, et pour cause ! – pour l’amener, 250 kilomètres plus loin, devant madame la juge, à Paris (forcément ! à Paris). Ce qui suscite quelque émoi, et on peut le comprendre… elle est vissée à son bureau, madame la juge ? il n’ y a pas de voiture de service disponible ? un greffier suffisamment mobile pour l’accompagner dans ce qu’on nomme couramment – c’est donc que ça se pratique – un « transport de justice  » ? deux-trois voitures banalisées devraient suffire, contre, dans l’autre hypothèse, une armada de véhicules de police, le GIGN, deux hélicoptères plus des tireurs d’élite sur les toits le long du parcours ? pas deux sous de bon sens, dans cette histoire.

Cependant, on juge, on punit, éventuellement (travaux d’intérêt généraux, stages de citoyenneté, rappels à la loi, sursis, c’est pas bien du tout, et ne recommencez pas, gnagnagna…), les salopards qui ont profité de la fête du foot pour faire leur marché, casser, brûler, saccager, agresser, détruire. Monsieur Retailleau les traite de « barbares » ? c’est pire que ça ; ce n’est plus seulement « eux » et « nous » : ça nous touche, c’est notre pays, qui se voit moche, sali : détestable.

Tibert

Emiettage, mode d’emploi itou

( Très joli match, hier soir, match à sens unique, d’ailleurs. Et 5-0, comme on dit, « y a pas photo ! » . Ceci étant, la bornitude, le fanatisme idiot, la violence, le pillage, le saccage… bref tous les côtés très moches de l’Homme (*) se sont déchaînés, tout ça soi-disant pour 22 gars qui se disputent un ballon, pour jouer. Si si, c’est un jeu, au départ, mais hier soir on en était très loin. Tenez, j’ai entendu, avant le match, des « supporters » marseillais professer leur voeu le plus cher pour que le club parisien perde : c’est, paraît-il, au nom d’une espèce de haine ancestrale gravée dans les gènes, genre les Capulet et les Montaigut : tout ça pour des mercenaires très-très bien payés, qui sont « du pays » comme moi je suis Guatémaltèque, et qui, si ça se trouve, joueront l’an prochain pour de tout autres équipes. Bref c’était du beau foot, et un moche éclairage de l’humain. )

Et puis je lisais dans Le Monde, hier, ce titre : L’Egypte condamne la création de nouvelles colonies juives en Cisjordanie, y voyant « un obstacle majeur à la réalisation d’une solution à deux Etats ». Ils ont raison, les Egyptiens, et d’ailleurs tout le monde sait que toute nouvelle création de colonies juives en Cisjordanie occupée est un obstacle de plus à la possibilité de constituer deux états voisins et pacifiques. C’est du « mitage » de la Cisjordanie, c’est évident (ajoutez-y l’arasement de la bande de Gaza, vous avez le scénario : le Grand Israël). Car si les Egyptiens voient là « un obstacle majeur à la réalisation d’une solution à deux Etats » , ils ne sont pas les seuls : le gouvernement israélien aussi. C’est fait exprès ! c’est la raison de ces implantations, qu’il encourage et suscite : pour que toute solution « de deux états » devienne concrètement irréalisable. C’est le but de la manoeuvre.

Alors ? alors, ils peuvent flûter, les Egyptiens ! et les autres aussi. Cause toujours ! tant qu’aucune coercition efficace ne se manifestera, tant qu’on « condamnera » , qu’on « protestera » , qu’on « réprouvera » … chante, beau merle.

Tibert

(*) Beaucoup moins chez les femmes, c’est tout à leur crédit ; le foot, en général, ça ne les rend pas hystériques.

Rétropédalage, mode d’emploi

Il existe très peu d’engins à rétropédalage : le vélo, surtout pas, sauf au cirque ; on se casserait la figure. Il faut évidemment un engin stable à l’arrêt. Les voitures-jouets de mon enfance le permettaient… j’en ai encore une rouge, en tôle, avec des roues noires, qui rouille au grenier. Et puis c’est à peu près tout. C’est en fait une technique rare, quasiment exotique, alors qu’on en parle comme d’un truc courant… Pas si simple ! ne rétropédale pas qui veut ; il faut pouvoir ! Tenez, deux superbes rétropédalages, qui en fait arrivent trop tard. Le bon rétropédalage, c’est très tôt, après c’est fichu.

Prenez d’abord l’autoroute A69 Castres-Toulouse : trop avancée pour faire machine arrière, ce serait un gigantesque gâchis. On la stoppe, mais elle va repartir. Les opposants pensaient-ils pouvoir la faire rétropédaler ? remettre les prairies en place, les haies, les arbres, les étangs, les hameaux, les petits oiseaux ? c’est trop tard. Passé un certain cran, ça devient pire que de terminer l’ouvrage ; et puis on ne peut pas laisser tout ça en plan….

C’est d’ailleurs un projet stupide, au départ. Les bouchons, c’est à l’entrée de Toulouse qu’ils se forment, pas sur le parcours. On privatise encore un peu plus nos routes, pour engraisser des boîtes privées. On néglige les contournements de villages, largement souhaitables, qui auraient accompagné la mise à 2×2 voies de la Nationale existante. Bref c’est une mauvaise décision, l’A69, prise dans une logique « de fric » , d’affaires, pas une logique d’utilité. Mais c’est trop tard pour rétropédaler. Le pire, c’est que cette histoire foireuse ne servira même pas pour les projets futurs : on n’apprend rien.

Et puis les députés ne veulent finalement plus des ZFE, ces zones ségrégationnistes qui interdisent aux citoyens de rouler dans certaines zones des villes, sauf à être riches, posséder une voiture récente, écolo-compatible. « Salauds de pauvres » , disait Gabin : c’est exactement ça, les ZFE. Le fin du fin de la voiture « verte », nous dit-on, ce serait au moins 2 tonnes de batteries électriques sur roues, avec du lithium bien rare, bien cher, bien polluant à extraire ; quand une bagnole des années 90 faisait 1.100 kilos toute mouillée. On s’est donc enfin aperçu du caractère scandaleux des ZFE, superbe ânerie de l’écologie punitive et doctrinaire. Alors on va rétropédaler ? en principe on devrait.

Entretemps on a consciencieusement saccagé l’industrie auto européenne. Nos moteurs thermiques sont aujourd’hui très performants, légers, sophistiqués ; c’est une technique aboutie, convertible aux carburants « verts », bio-gaz, éthanol agricole ; mais on s’est gargarisé de dogmes bornés, pourtant manifestement erronés, si l’on prend dans sa globalité le bilan écologique des véhicules électriques. Les Chinois, évidemment, ont raflé la mise, sur les décombres de notre industrie.

Bref quand on rétropédale, c’est d’abord qu’on s’est trompé ! et puis c’est casse-gueule, et ça laisse toujours des séquelles. Sauf avec les voitures à pédales (*).

Tibert

(*) Au fait… excellente idée ! les voitures à pédales. Zéro émission de CO2, bio, mobilités douces… que du bon. Je vous fiche mon billet que les écolos vont bientôt nous la proposer – que dis-je, nous l’imposer, au nom de la Planète.

Dix petits … ooups !

( Dimanche ce fut la Fête des Mères : colliers de nouilles peintes sur fil de coton tressé, boîte à camembert peinte itou pour y ranger les colliers de nouilles, etc. Cet entrefilet du Parigot, bien garni de fôtes d’ortografe (*) et de charabia, nous narre qu’une mère, trop confiante, ou myope, ou assoiffée, ou les trois, est morte d’une surdose de GHB – la drogue du viol – que son fiston gardait en quantités significatives à la maison (dans des bouteilles de Pérriet !). Il n’avait pas d’étiquettes sous la main, hélas, pour éviter toute confusion. C’était vraisemblablement un petit négoce ignoble et non déclaré, préparation et vente subreptice, en liquide, sur les réseaux, de doses individuelles : « combien t’en veux ? c’est pour en violer combien ? « . Cela aura été fatal à sa maman. )

Et puis une antienne bien Bonne-Pensée dans Le Monde : « C’est dégueulasse mais on va le garder, pour l’Histoire » . Le titre annonce d’ailleurs la couleur, si j’ose dire : « Edulcorer un texte aboutit à un mensonge historique. Il faut pouvoir nommer l’ennemi » : il y a donc un ennemi. Multiforme, par exemple le titre d’un des plus célèbres Agatha Christie « Dix petits nègres » , devenu, pour des raisons évidentes, « Ils étaient dix » . De quelle couleur ? veuillez ne pas poser de questions grossières, je vous prie. Aux dernières nouvelles, Simenon a jusqu’ici échappé à la récriture (et non la réécriture, subtil distinguo, développé dans l’article), récriture « correcte » de certaines de ses oeuvres, « Le nègre » , « Quartier nègre » … serait-il moins digne d’être récrit que madame Christie ?

On passe en revue dans cet article, évidemment, le célébrissime « Tintin au Congo » de Hergé (1931) : pour déplorer que, nonobstant une abondance textuelle de mise en perspective, une préface « attention contenu toxique » , etc, on n’ait pas été assez loin dans les bémols, les warnings. En somme, s’agissant d’oeuvres indiscutables mais condamnées par la Bonne-Pensée, on ne peut, hélas, les brûler, ça rappellerait des précédents fâcheux ; plutôt que de caviarder les oeuvres « malsaines » , les maquiller, leur limer les dents, l’article cité ici prône de les encapsuler sérieusement ; il s’agit de les rendre inoffensives, pour (je cite) protéger les lecteurs ! On nous prend vraiment pour des neu-neus.

Tibert

(*) « (elle) …s’est versée sans le savoir une rasade de ce mélange toxique » . Eh non ce n’est pas elle qui s’est versée, donc on écrit versé, car le complément, le COD (la rasade) vient ensuite.

Plus loin, ce galimatias sauce journaleux trop pressé : « Une forte somme en liquide, plusieurs milliers d’euros ont également été saisis. [un espace de pub]. Considérant son état de choc, les UMPL (unités mobiles de psychiatrie légale) ont estimé qu’elle n’était pas compatible avec le régime de la garde à vue » . Donc, la forte somme était en état de choc… ! Vite une cellule psychologique !