Les consommables de la canne à selfies

Merveille de la technique, la canne à selfie, compatible bloutousse et munie d’une rotule télé-activable, permet de se prendre en photo avec son smart-fône à 39 pouces de distance, soit environ un mètre, ce qui permet, vous en saisissez tout de suite l’intérêt, de ne pas faire le focus sur vos poils de nez ou sur l’exzéma de votre copine. Elle est proposée à seulement 19,99 euros, vous pourrez donc jeter le centime restant de votre billet de 20 euros dans une tirelire, pour le cas-z-où.

Maintenant, savoir si les pièces de rechange de ladite canne seront disponibles durant sa courte durée de vie utile, ça, tout le monde s’en fout, on la jette et on en achète une autre, ça va de soi : ce n’est qu’une merde fabriquée quelque part à l’extrême-Est, bref de la daube(*).

Je vous dis ça, mais il y a pire. Hier je suis allé acheter des cassettes de fil pour mon coupe-bordures ; c’est un engin électrique, un truc un peu puissant que j’ai quand même payé assez cher autour de 150 euros, acheté il y a 3 ans environ, et qui se recharge en fil-nylon très simplement ; on vire la cassette vide (20 grammes de plastique à la poubelle), on en met une pleine, et c’est reparti. Pratique et rapide, et de toutes façons il est à peu près impossible de regarnir ladite cassette une fois vide avec du fil-nylon acheté en vrac bien moins cher, ce n’est pas goupillé pour, c’est compliqué exprès pour vous obliger à acheter ces cassettes. J’ai essayé, vous pensez bien…

Mais chez Levoy-Berlin, mon fournisseur de bricolos, bernique, les cassettes de fil pour le modèle Sterbouins-800 y en a pas, et d’ailleurs le Sterbouins-800 non plus y en a pas. Y en a plus… je vais sur les forums, sur le site du vendeur : que pouic ! « Cet article (le coupe-bordures) n’est plus fabriqué ». Mais les cassettes ? mon engin n’a servi qu’environ 25 fois en tout, 8 à 10 fois par saison, il est en pleine forme !

Eh bien, chers auditeurs, comme l’exprime le forum référencé ici, on l’a dans le baigneur ! Si le fabricant retire le produit de la vente, il vous condamne à mettre votre appareil à la benne, parce que, les consommables, et les pièces détachées encore moins, il peut les faire disparaître, clac quand ça lui plaît.

Il me reste à boycotter Levoy-Berlin, son sans-gêne, ses pratiques répréhensibles et sa marque « maison » lamentable,  et à vous encourager à faire de même. Tenez, je, nous ne sommes pas seuls : lisez les avis des acheteurs de ce produit, c’est éloquent. Le seul problème, c’est qu’il faut lire les avis AVANT d’acheter la daube en question. Dont acte !

Tibert, fâché.

(*) injuste anathème envers la daube : ça peut être délicieux, la daube, provençale ou à la bière, avec de la macreuse bien née, des oignons fondus et des carottes lentement mijotées.

 

Comment aller à Jacta-Est

Grâce à notre ministre de l’Educ’Nat’ Najat-Vallaud-Belkacem (ci-après désignée sous le sigle NVB, ne pas confondre avec NKM, encore moins avec mon ami GAQ), la 576 ème réforme des programmes de l’enseignement est en route. Notez, si le précédent ministre-météore Benoît Hamon avait eu le temps de carrer ses fesses dans le fauteuil du même ministère, ça donnerait la 577 ème, mais il est parti précipitamment juste avant la rentrée.

Donc pour ne pas déroger à la tradition, ça réforme encore et  encore, preuve que ça merdoie quelque part : on est constamment en train de bidouiller le potentiomètre, ce n’est pas stable, ça turbule tout le temps, on change les réglages tous les trois mois. Et ce coup-ci on veut alléger la carlingue, alors le latin et le grec, langues mortes comme chacun sait, allez hop à la trappe. Langues élitistes, inutiles, ghettos de luxe… l’école de la République se doit donc de s’adapter au ras des pâquerettes, foin des velléités de péter plus haut que son cul, de retrouver l’essentiel des racines de notre langue chez Virgile et l’essentiel de nos mots savants chez Euripide, misogynie et thanatophobie. Stop à l’effort aride et au progrès, Dominus Dominum Domini Domino c’est trop dur, c’est d’espace ludique qu’il s’agit derrière les murs des bahuts.

Adieu à l’ablatif absolu – ce sujet traité, passons à autre chose.

Bye-bye le gérondif, chemin faisant.

Adios  Τὰ ζῷα τρέχει « ta zoa trekeï », la gent animale court dans la cour.

Le genre humain scolaire français court, lui, derrière la cancritude (merci madame Ségo), l’alignement morne sur l’objectif de l’électro-encéphalogramme plat. Mais les doigts voltigent, agiles, ça ça fonctionne, sur les touches virtuelles du clavier virtuel du smartphone (du grec φωνή, phoné, la voix) :

– Ou T ? kestu fai ?

Tibertus-felis

 

Et on coupera tout ce qui dépasse

Ma grand-mère paternelle, femme fort pacifique et respectueuse de la Loi au demeurant, avait cette réaction habituelle lorsqu’à la radio – la télé était pour les riches – on évoquait le procès ou les méfaits d’un agresseur sexuel – un homme comme on le constate le plus souvent… « ah si c’était que de moi je leur couperais tout ce qui dépasse, ça leur enlèverait l’envie de recommencer ! » Il est clair que ma grand-mère exprimait là un jugement péjoratif, et on la comprend, sur la gent masculine prise globalement. On pourrait d’ailleurs pousser sa logique sans aller toutefois, soyons humains, jusqu’à des mutilations embêtantes : au lieu de bâcher les femmes pour ne pas exciter les mâles, on administrerait aux hommes des « calmants » – la légende du Service Militaire veut que le bromure mélangé discrètement à l’eau des repas avait cette vertu d’endormir les pulsions.

Mais bon… je vous cause de ma grand-mère et de ses ciseaux car je me heurte régulièrement aux « modérateurs » des débats du Monde-sur-Toile, modérateurs qui ont quelque peu ces tendances castratrices. Notez bien que je ne suis pas seul à me voir fréquemment passé à la trappe, ça rouspète derrière les claviers. Récemment un intervenant écrivait « … demain, beau temps mais nuageux, températures en baisse ; ça ira, j’ai bon, là ? on ne va pas me censurer ? » J’ai d’ailleurs ma petite idée sur ce qu’il faut soigneusement éviter si l’on veut passer indemne sous les fourches caudines  des censeurs – je dis fourches caudines, c’est tout à fait ça. Bien évidemment, pour cause de contravention à la Loi, toute expression raciste, anti-juive en particulier, tout appel à la haine est banni, ça va de soi, et on le comprend.

Mais pas que ! Vous éviterez soigneusement tout amalgame (padamalgam, surtout pas d’amalgame !) ; vous ne critiquerez jamais la loi voulue et bénie par Normal-Moi, dite du « Mariage Pour Tous », c’est sacrilège : à la trappe. Vous n’utiliserez aucune formule tendant à laisser penser que vous pourriez n’avoir point de bienveillance  pour l’homosexualité : sympathie obligatoire envers les « gays« , tous formidables. Et puis vous ne pourrez pas mettre en doute l’efficacité de la politique de madame Taubira dans la répression de la délinquance. En particulier, j’ai plusieurs fois émis l’opinion que l’une des fonctions premières de la prison, et qu’on oublie à tort au profit de la bienveillance rédemptrice – ou la rédemption bienveillante – envers le délinquant, c’est que tant qu’il est derrière les barreaux, il ne peut pas nuire à nos concitoyens… jamais ça n’est passé. Clac, censuré. C’est faux, peut-être ?

Ah oui : ajoutez-y la nécessité de marcher sur des oeufs lorsque vous interviendrez sur le conflit israélo-arabe, ça craint un max.

Voilà… mais vous pouvez débattre de tout, pas de problème. Si je devais tracer un portrait du « modérateur » du Monde, je dirais que c’est un homme (une femme, rayez la mention inutile) très prudent, de culture judéo-chrétienne largement imbibée de culpabilité post-coloniale, et qui est tombé tout petit dans une marmite de potion Télérama.

Tibert

 

Si ma tante…

… en avait deux, ce serait mon oncle, dit le proverbe. Où le conditionnel se révèle farpaitement adapté : supposons que… qu’arriverait-il ? suppositions gratuites…

Pas si gratuites que ça. Tenez, cet entrefilet du « Parigot-en-France », ce matin :

« Un décret, qui vient de paraître, fait quasiment doubler les amendes liées aux incivilités « propreté » dans les grandes villes. Par exemple à Paris, les fumeurs qui jettent leurs mégots dans la rue où les personnes qui laissent leur chien se soulager sans ramasser les déjections, pourraient se voir infliger un P.V de 68 euros contre 35 jusque là« .

Pourraient ! attention ! si les « incivilités » (doux mot lisse, dormez braves gens) étaient effectivement sanctionnées, la ville de Paris serait plus propre. Mais vous pouvez toujours rêvasser, faites gaffe au colombin, là devant vous.

Si les godasses carrément appuyées sur le rebord du siège d’en face étaient punies d’amende, on pourrait s’asseoir dans le bus. Si les graffitis au diamant de vitrier sur les vitres des rames de métro étaient suivis d’amendes et / ou de TIG – travaux d’intérêt général – on pourrait voir à travers les vitres et trouver l’ambiance moins lourde. Si les Vélibs n’étaient pas vandalisés, on pourrait en trouver plus facilement et le coût d’abonnement serait moindre…

Vous imaginez, si ? si les amendes étaient appliquées ? hein ? vous n’arrivez pas à imaginer ?

Tibert

 

Salaud de coucou

Je le savais, pourtant. C’est l’époque de l’année, y a pas, faut s’y attendre : avoir des sous dans ses poches pour le cas-z-où.

Et ce matin, vlan j’ouvre les volets au saut du pieu, les yeux encore embrumés, et… « coucou, coucou, coucou… » : vachement proche, ce salaud de premier coucou du printemps m’a salué, ironique et tout et tout. Cinq sur cinq, fort et clair, je pouvais pas faire celui qu’avait rien entendu. Et j’étais en pyjama, alors des ronds dans les poches du pyjama, j’en ai jamais, à quoi ça servirait je vous le demande, pour payer le marchand de sable ? … c’est foutu, cette année encore je suis marron pour devenir vraiment riche, gagner au Loto, la classe Affaires, les bouffes « Chez Laurent », c’est cuit pour 2015. L’an prochain, peut-être ? faut que je pense à faire coudre des vingt centimes dans les revers de mes vestes de pyjama.

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Autre chose : j’ai reçu la facture EDF d’avril… copieuse, la facture. Il est vrai, il a fait froid, tout ça. Mais vous avez reçu la vôtre ? vous l’avez lue ? comprise ? parce que, en page 2, ils nous font un rappel depuis, je vous mens pas, depuis Juillet 2012 !! du rétroactif de haute voltige, avec des lignes partout, plein de moins et de plus mais des plus plus épais que les moins, et des lignes de taxes pour finir. J’ai commencé de dépouiller ça… je vous promets rien, hein, mais je vais essayer.

A cette occasion j’ai découvert deux choses : ce n’est pas que de la facture : l’abonnement EDF, on le paye d’avance !! oui madame. Et les trois taxes du bas de la page, TCFE, CSPE (*), CTA, elle sont soumises à la TVA : le législateur, dans sa sagesse, a jugé que ces taxes comportaient une valeur ajoutée, qu’il convenait donc de taxer, donc allez hop, une TVA sur les taxes. Vous voyez le topo ?

Et la TVA, pourquoi ne pas lui imputer une TVA, tant que vous y êtes ? je vous le disais, l’itération est humaine, mais la récursion est divine.

Tibert

(*) la CTA est bénigne, avec sa petite TVA à 5,5 ; les deux autres ont des TVA plein pot, 20 % faut pas se gêner. La TCFE est déjà dure à avaler, mais alors la CSPE ! deux fois plus chère. C’est paraît-il pour payer les opérateurs producteurs d’énergies renouvelables, les éoliennes moches qu’on voit de très très loin et les panneaux solaires un peu partout et n’importe où. Tenez, si vous voulez vous documenter et vous trouver moins ignorant ce soir, lisez la page Wiki sur la CSPE, bonne migraine ! Et merci qui ? merci les écolos.

 

Et Ducros de s'époumoner

J’ai une fois de plus bondi sur ma chaise, et pour la même raison que d’habitude, en lisant dans « Le Monde » un compte-rendu des récentes « Rencontres de l’UOIF », entendez l’Union des Institutions Islamiques de France . Compte-rendu intéressant, la problématique « l’Islam est-il compatible avec la République » y est abordée clairement (bémol, on y évoque des « droits » mais surtout pas des « devoirs » ; or le b-a-ba d’une vie en société c’est le binôme droits-devoirs, comme Jules-et-Jim ou Réaumur-Sébastopol, sinon c’est bancal) ; clairement… mais avec une grosse entourloupe. Entourloupe que je rencontre très très souvent, notamment chez nos chers « politiques », jamais avares d’une ânerie, et je pense bon – vox clamantis in deserto, hélas – de recadrer ce truc.

Je cite l’article : « L’interdiction demandée par certains élus du voile à l’université (…) maintient à vif la blessure de la loi de 2004 interdisant le port du voile à l’école pour les jeunes filles musulmanes. » La blessure, rien que ça ? Il est curieux que ne se sentent blessés que les seuls Musulmans –  les Musulmanes, en fait, les mâles n’ayant aucune gêne vestimentaire, même en été – car ce qui est dit là sur la loi de 2004 est faux. On désinforme à tour de bras sur cette loi poil-à-gratter : eh oui, la loi de 2004 interdit tous les signes religieux « ostentatoires », et donc les croix trop visibles, les kippas, les voiles, les turbans sikhs… sont aussi interdits. Les Juifs laissent leur kippa dans la poche à l’école publique : se sentent-ils blessés ? Ils n’en expriment pas le sentiment, en tout cas. Le but clairement annoncé, et c’est très bien, c’est de ne pas empiéter sur les croyances des autres.

Ce n’est quand même pas la faute de la République française si le principal signe religieux des femmes musulmanes est un voile sur les cheveux : imaginez si les catholiques devaient sur instruction divine trimballer une croix en bois de 80 cm de long ! si les Juifs pieux sortaient leur attirail à prier, phylactères, papillotes, ruban sur l’avant-bras, cube sur le front… rien n’interdit de se coller un chapelet dans la poche, une discrète médaille autour du cou, etc.

Donc si « blessure de la loi de 2004 » il y a, c’est que la loi de 2004 est mal lue. La loi de 2004 elle est juste, comme dirait élégamment Normal-Moi ; elle s’applique à tout le monde, y compris aux athées et agnostiques – gros plus pour ces derniers, ils n’ont rien à ajouter ni enlever, les veinards !

Tibert

Yes we are ouverts

Sur l’avenue de X. à Paris il était un commerce membre d’une enseigne à succursales dont j’eus l’idée de pousser la porte afin d’y faire une emplette. Cette enseigne – célèbre – se trouve en de nombreux autres emplacements de la capitale. Commerce visiblement ouvert, il y avait de la lumière, et puis sur la porte un écriteau proclamait « Yes we are open ! » ah… des anglophones… je pousse la porte, j’entre (je ne rentre pas, je n’en étais pas sorti récemment) et m’enquiers visuellement de l’envers de l’écriteau, qui porte le texte « Sorry, we are closed !« . Tiens… le tenancier se présente, jeune homme avenant, je lui dis aimablement ma surprise de ce panonceau en anglais exclusif dans une voie parisienne et sur la porte d’un commerce évidemment français, ne vendant ni kilts, ni souvenirs de l’armée des Indes, ni tissus liberty.

Ah me répond-il, souriant, c’est qu’il y a beaucoup de touristes.

Certes lui réponds-je, souriant de même, mais il y a encore plus de Parisiens, je pense.

Oui mais c’est juste que…

Et puis nous sommes en France, pourquoi ne pas s’exprimer dans notre langue ? avec une traduction en anglais si vous y tenez… non ?

Ecoutez, si ça vous pose problème, hein (moue dédaigneuse).

Ben oui, ça me pose problème (je fais un pas vers la sortie).

On ne vous retient pas ! (Vlan, bruit de porte).

@@@@@@@@@@@ fin de la scène.

… et me voilà dehors, assez fâché.

Eh bien, j’ai poursuivi mon chemin sur l’avenue X la bien nommée, et j’ai trouvé 400 mètres plus loin (15 748,03 pouces états-uniens fabriqués en Chine *) un magasin qui vendait des articles de la même eau, si je puis me permettre ce trait d’humour. Le vendeur était une vendeuse, aimable et compétente, savait parler Syrah, cuvaisons et tanins, la boutique donnait ses heures d’ouverture dans notre langue – aucun effort de traduction – et j’ai trouvé à prix convenable ce que je cherchais.

Comme quoi il ne faut pas subir.

Tibert

(*) Lu récemment sur une notice de téléphone mobile : « écran de 5,36 pouces« . Vous voyez tout de suite les 0,36 pouces ? non ? moi non plus. En fait ça donne 136 mm. C’est-y pas mieux comme ça ?

PS – Ce matin je passe devant un restaurant de plats vietnamiens du côté de la rue de M. ; sur la devanture clignote le panonceau lumineux « Open« . Soupir… on n’est pas tirés d’affaires.