Pour Noël, serez-vous quatre geais raidis ?

Les vitrines se poudrent de farine, les guirlandes fleurissent et clignotent, les files d’attente s’allongent au long des files d’attente aux caisses chez Barty, à la Fnaque, aux Galeries Lafillette… c’est bientôt Noël !  au cas où vous l’ignoreriez… en principe c’est censé célébrer la naissance, par insémination artificielle du Saint-Esprit, du sauveur des Chrétiens. Pauvre de chez Pauvre, se les pelant comme ça peut peler la nuit en Cisjordanie, coincé entre un boeuf et un âne, avec les odeurs d’étable, la vierge Marie qui était lessivée et sur le flanc, Joseph qui se demandait comment ils allaient pouvoir trouver des langes et de l’eau bouillie… rien de marrant, du stress, de la débine et de l’improvisation. Et on fête ça…

On fête ça, et comment ! vous avez 400 à 600 euros à foutre en l’air pour fêter le Petit Jésus ? un des 4 z’opérateurs de téléphonie mobile de l’Hexagone vous le claironne : « Et vous, pour Noël, serez-vous 4G-Ready ?  » avec une joulie photo d’un smartfone rutilant et assurément 4G-Ready, et tout plein d’icônes, sauf celle de la Vierge.

Meuh non, on sera pas « 4G ready« , anglomanes à la noix, pas « prêts pour la 4G« , en français… je vais vous l’avouer, on est même pas 2G raidis, là où je crêche, 1 virgule 5 au grand maximum ; pour téléphoner avec son mobile il faut monter au grenier sur un escabeau, ça peut passer à la rigueur… ou bien enquiller le sentier qui grimpe vers la droite sur le flanc de la maison au dessus du lavoir : là ça passe nickel au bout de 100-150 mètres de chemin. Alors la 4G, pffft, de la science-fiction ! Et quand il pleut et que ça caille et qu’il fait nuit, c’est un grand moment, le sentier au dessus du lavoir. Privilégiez les bottes de caoutchouc… oubliez pas la lampe de poche non plus.

Et quand bien même serions-nous en mesure de la capter, votre super 4G, cher opérateur de téléphonie mobile, vous êtes en l’occurrence un marchand de soupe parmi de trop nombreux autres. Ce n’est pas de gadgets rutilants dont nous avons besoin, c’est qu’on nous fiche la paix pour qu’on puisse fêter Noël comme ça se doit d’être  : une fête familiale, intime, même si on est que des mécréants. Zéro virgule deux G, ça suffira largement : ce soir-là j’éteindrai mon mobile – mon cellulaire si vous préférez.

Tibert

Couacs et coin-coin

Une perle ce matin, juste éclose de la nuit. Monsieur Bertrand, Xavier, fin politique et connaisseur du monde du football, nous régale, à propos de la crise inénarrable qui secoue le cocotier de l’UMP – la guerre des chefs, non c’est moi, non c’est moi – d’un titre repris texto semble-t-il par le Figues-machinchose, machine à produire des anglicismes inutiles : « Personne ne doit être mis dans un corner« . Je traduis : personne ne doit être mis au coin. C’est si difficile, de prononcer « coin » ? répétez après moi : « coin, coin, coin… ».

Au reste, puisqu’on est dans le football jusqu’au cou en politique, que ça met dans un corner, que ça tacle, remettons les choses au point : obtenir un corner au foot, faute de pouvoir percer les défenses adverses en cavalant, c’est hautement apprécié. Je puis vous assurer que le corner, c’est très bien vu, car la plupart des buts sont marqués lors des tirs dits « coups de pied arrêtés » (*) ; coups-francs et corners. Donc, le corner, comment que c’est valorisant ! tandis que la mise dans un coin, au placard, au coin, au piquet, là en revanche c’est très moche. Certes non, nous ne souhaitons ni à monsieur Fillon ni à monsieur Copé de se retrouver dans un coin, sauf évidemment un petit coin peinard. Quant à se retrouver dans un corner, qu’ils mettent donc leurs protège-tibias et leurs shorts, shorts dont je vous ai déjà fait remarquer qu’ils ressemblent de plus en  plus à des jupes-culottes, pudeur oblige.

La guerre des ego, des chefs, des « moi je » met cruellement en lumière les moeurs des femmes-et-hommes politiques qui sont censés nous guider, nous administrer, et puis nous bichonner tous les 5, 6 ans. Le PS nous a déjà régalés de ce genre de psychodrame, mais reconnaissons que l’UMP nous joue là une partition autrement plus saignante. Allez, du balai, carton rouge à tous les deux, au coin les ego, trouvez-nous un troisième larron, une troisième larronne, moins imbu(e) de sa personne et plus soucieux(se) des intérêts de la France et des Français.

Tibert

(*) Tiens, la preuve : en 1998, lors de la finale historique France-Brésil, 3-0, comment Zizou a-t-il marqué les deux premiers buts ? sur deux corners !

la génération Normal et les batailles de l'égalité

Je butine, la nuit. Faute de pouvoir faire du pain, retaper une chaise branlante, fabriquer un cadre, toutes activités fort utiles mais hélas bruyantes, donc proscrites « à certaines heures pâles de la nuit », comme le chantait Léo. Me reste le rectangle de l’écran presque tout blanc de mon ordi, face à des nouvelles, de moins nouvelles, des vertes et des pas piquées des vers : l’information, mon gars, l’information, ça ça peut se pratiquer la nuit, en silence – ou presque, le clic du mulot, le clic-clic des touches du clavier.

« Des nouvelles à la gland, des nouvelles du monde« , autre citation du vieux Léo : eh oui, plein de nouvelles, en vrac, et dans tous les sens, au bout du mulot. Et puis par ci, par là, tilt, ah tiens, celle-là elle est bien bonne ! voyons voir, voyons voir…

Tenez, pour une fois, un site qu’il est pas suspect de partialité – non je plaisante, là – « Mediapart » : « les batailles de l’égalité« . Engagés pour l’égalité des droits, qu’elles-et-ils sont, les 100 députés PS ardents défenseurs de la cause du mariage pour tous. Pas quatre-vingt-dix-neuf virgule quatre-vingt-quinze comme chez Mammouth, non : un chiffre farpait, et qui frappe, qui est fait pour frapper : cent ! d’ailleurs ils ont refusé de prendre la signature des suivants, ça faisait moins bien, cent-trois.

Cent députés, donc. C’est comme ça qu’ils ont signé. Et, signant, ont adroitement oublié d’ajouter leurs autres titres électifs, puisqu’ils sont souvent, pas tous mais souvent, députés-ET-autre chose, n’est-ce-pas monsieur (au hasard…) Dominique Lefebvre, également maire de Cergy, Philippe D… ah non tiens, pour l’ égalité des sexes, une femme : Françoise Descamps-Crosnier, également maire de Rosny-sur-Seine et Conseillère Régionale, et je m’arrête là, il y en a plein d’autres. Cent dont X cumulards, qui piquent sans vergogne, tandis que nous connaissons un record de chômage, un ou des boulots à d’autres, et se moquent de leurs électeurs par la même occasion.

Sur la partie gauche de la page internet dont je vous entretiens  figure un encadré « Les batailles de l’égalité« . On peut y lire ceci : « On peut le dire au pluriel: égalité des droits, égalité devant la loi, égalité des origines, égalité des territoires, égalité des sexes, égalité à l’école, égalité au travail, à l’hôpital, devant la justice…« . C’est beau, hein ? sauf que c’est un salmigondis pâteux et faux-cul.

– Faux-cul : l’égalité au travail, on en recausera quand le statut des fonctionnaires sera aligné sur celui des salariés du privé, ou inversement, je ne suis pas raciste. Mais évidemment ça… si on parlait d’autre chose ? c’est mineur, ça ne concerne que quelques dizaines de millions de citoyennes-et-citoyens, bien moins important que le droit à la procréation assistée pour « toutes les femmes » (et l’égalité des sexes, alors ?)

– Salmigondis pâteux : « égalité des sexes » ne veut rien dire. Deux sexes ne sont pas égaux comme ça en l’air ; on peut traiter de leur égalité au regard de… (du salaire, de la force physique, de la longueur, de la capacité à s’orienter, de…), ça oui, mais pas « égaux » comme ça, sans rien derrière. Et puis qu’est-ce que l’ égalité des territoires, ou l’égalité des origines ? les territoires de la République… mon territoire est plus égal que le tien… quelle soupe !

Bref, dans la plus grande confusion mentale et des concepts, ils sont pour l’égalité devant le mariage, ces cent. C’est leur droit le plus strict, je le reconnais bien volontiers, ce dont ils se foutent. Je ferai juste remarquer que le mariage chez les hétéros est en pleine déconfiture – même Normal 1er n’est pas marié, alors… – mais tant pis, il faut y aller, et attendez, c’est pas le plus beau. Le plus beau, c’est la suite, attendez voir. Allez, on va à la ligne pour marquer le coup, je vous le mets sur un nouvel alinéa. Musique !

« Peu de lois marquent autant que celle-là une étape dans la marche du progrès. Nous savons combien cette réforme laissera l’empreinte de l’égalité sur le mandat de François Hollande et sur la génération qui portera son nom.  »

La marche du progrès ! (*) la génération Hollande ! je crains qu’au PS on ait quelque peu perdu de lucidité, de capacité à l’auto-dérision. Ou bien c’est humoristique ? c’est exprès, non ? c’est un pastiche ?

Tibert

(*) chaque fois qu’on me sort la délicieuse  « marche du progrès », je pense irrésistiblement à cette boutade, ce supposé discours ampoulé d’un politicien ronflant : « nous étions au bord de l’abîme, mais nous avons fait un grand pas en avant« .

Obsolète avant que de naître

Nous Français avons une spécialité que le monde nous envie : les usines à gaz, les paquebots, les cathédrales. Je suis d’accord, ça fait des spécialités, pas une ; c’est une image, ami lecteur, pour évoquer des créations pharaoniques, énormes et complexes. Exemples le Concorde, le viaduc de Millau, l’aéroport de Roissy, le système de réservation de billets SNCF… parfois ça aboutit, parce qu’on s’est obstiné et que le paysage n’a pas changé au long du projet ; souvent ça capote, ou ça part en eau de boudin, parce que 1° c’est trop complexe et très long à réaliser,  2° pendant qu’on travaillait le paysage a changé… et quand c’est fini et qu’on lève enfin le nez, on se retrouve comme l’inventeur de la machine à repasser les faux-cols : ah zut, on ne met plus de faux-cols.

J’ai vu s’élaborer il fut un temps, une « usine à gaz » informatique : 4 ans de travaux, une ambition européenne, ça faisait tout automatiquement, tout était prévu… sauf que 1° pendant ce temps-là Internet avait bouleversé la façon de programmer, 2° les législations avaient évolué, 3° les programmes étaient trop lourds et répondaient trop lentement, donc inexploitables. Et que fit-on ? eh bien on mit à la poubelle le superbe, grandiose et magnifique projet. Fort heureusement pour le pays, c’était un projet privé, et le contribuable n’en a pas souffert.

Mais concernant le projet de l’Ayraultport de NDDL, comme on dit maintenant, comment que le contribuable il est concerné ! comment que la terre agricole à quelques milliers d’euros l’hectare va se transformer en aires de parkings, parkings chichement mesurés en largeur(*) mais royalement tarifés 4 euros de l’heure entre deux traits de peinture blanche ! eh bien cet aéroport, on le sait parce qu’enfin la presse s’est avisée qu’il y avait de la copie à tartiner, a été conçu, envisagé il y a des lustres ! 1965… 47 ans ! et rien n’a changé aux alentours ? les crises pétrolières, le réchauffement climatique, Internet, la téléphonie mobile, l’Europe, les trains à grande vitesse, la crise de la dette, ça n’a rien modifié du contexte de ce projet ? allons, messieurs…

Il y a plein d’aéroports dans le Grand Ouest (dans le Petit, je ne sais pas), Nantes Angers St-Nazaire et Rennes ; les trois derniers roupillent doucement… Celui de Nantes est mono-piste ? pas assez gros pour l’immense prestige de cette magnifique ville ? mais largement assez gros pour accueillir encore plein de passagers, vu que Genève, monopiste aussi, a accueilli l’an dernier 13 millions de passagers, contre moins de 4 à Nantes. Alors où il est le problème, comme on dit dans les talc-chauds ? les Français n’ont pas très envie – c’est une litote, là, je vous ai fait une litote – de raquer et raquer encore, pour engraisser les actionnaires de Vinci ou similaires, pour le béton-pour-le-béton, les rocades, les rond-points, les radars, les ralentisseurs, les péages, les dessertes cadencées, les… j’en oublie sûrement, pour enlaidir inutilement le Nord de Nantes. Messieurs les décideurs, revoyez votre copie, errare humanum est, perseverare etc etc.

Tibert

(*) J’en reparlerai, on a vachement intérêt en France à développer les bagnoles à portes coulissantes, vu que les emplacements de parkings façon Effia, Vinci etc… sont ridiculement étroits. Tenez, celui de « la Comédie » à Montpellier : coups de portières garantis, tant les places sont étroites. Evitez les grosses limousines…  que dis-je, les limousines ! évitez les bagnoles de taille normale, ça craint.

De l'intérêt de faire court

Le mariage « pour tous » (j’adore cette expression, d’une hypocrisie magnifique, digne de politiciens chevronnés) fait problème, on le sait – c’est la remise en cause de la structure familiale, rien que ça – et nonobstant les protestations véhémentes de moult associations, mouvements, groupes de citoyens, le gouvernement, le nez dans le guidon, « ne veut pas le savoir » : la loi passera, par la porte ou par la fenêtre, c’est une promesse de campagne de Normal-Moi, donc y a qu’à faut qu’on, et pas de discussion. Ayraultport à Notre-Dame-des-Landes, mariage pour tous, exécution.

On aurait pu faire un référendum, sortir le référendum de la naphtaline, mais je t’en fiche, le résultat était couru d’avance, donc courageusement, sur ce sujet de société assez majeur tout de même, nos Chefs en chef ont préféré la voix parlementaire, ça ça roule tout seul.

Mais ça ne passe pas comme ça, ça fait tout de même des vagues. On a vu les manif’s la fin de semaine dernière… et je veux vous entretenir ici, estimés lecteurs, de la manif  « proche de l’Extrême-Droite » (affreux, forcément affreux  !) initiée par Civitas,  et de l’irruption des meufs du mouvement Femen. Cette manif’ a vu intervenir, avec force fumigènes blancs baptisés « saint sperme », c’est amusant, des nanas dépoitraillées, en culottes noires, avec ou sans porte-jarretelles, coiffées de cornettes de nonnes, etc. Intervention évidemment non planifiée, qui provoqua pas mal de désordre, et l’on vit partir des baffes, des marrons, et il y eut des bleus aux fesses, des contusions, tout ça.

Figurez-vous, cette intervention était drôle, mais les manifestants n’avaient pas d’humour. La journaleuse Caroline Fourest, sur les lieux pour couvrir l’évènement, et qui a pris au passage quelques gnons, parlait justement, à propos des Femen, de slogans humoristiques. Tenez, un échantillon de slogan humoristique : « Fuck God« , peint sur l’estomac d’une contre-manifestante. Je traduis : « Dieu, va te faire foutre« . D’une concision remarquable : en français ça ne tenait pas sur l’estomac, ou alors il aurait fallu écrire plus petit, moins lisible, ou il aurait fallu une Femen plus large, plus enveloppée : donc en anglais, allez hop, d’ailleurs tous les Français comprennent l’anglais, bien évidemment, et se foutent de leur langue.

« Fuck God » : avouez, c’est hilarant. Tellement marrant que dans certains pays ça vaudrait la peine de mort par décapitation, ou la lapidation, ce genre de traitement… mais en France, ce n’est pas la décapitation, ce sont juste des gnons. En effet, rappelons-le, le délit de blasphème des religions n’existe pas chez nous. C’est très bien comme ça, la liberté de critique est essentielle à la démocratie. On a parfaitement le droit de s’écrire sur le ventre « Fuck God« , bien que ça n’ait aucun intérêt si on ne le montre pas à quelqu’un (j’ignore en revanche si on a le droit de se promener les seins à l’air dans les rues). Mais qu’on ne vienne pas, ensuite, la bouche enfarinée, 1° prétendre que c’était « humoristique », 2° s’étonner que ça mette en rogne les gens d’en face. On est supposé(es) avoir un peu de jugeotte, tout de même.

Tibert

Autre planète sur camaïeu

A l’occasion de ce billet, nous allons procéder aux funérailles de « rapporter », qui décidément est quasiment foutu, tant « ramener » la ramène et lui bouffe son oxygène. Un mot au lieu de deux, c’est, vous pensez bien, d’un intérêt certain, plus simple, plus rustique, et l’horizon des 800 mots grand maximum est en vue : courage, amis journaleux !

Tiens, à propos de richesse du langage – il y a peu, j’achetais deux baguettes de pain à la boulangerie Z. dans la bonne ville de X… la première, bien cuite ; mais devant son aspect décidément très foncé, j’en réclame une un peu moins cuite… la vendeuse, jeune et souriante, commente : « ça vous fera un camaïeu de bruns« . Certes, le camaïeu s’applique en principe à la peinture, mais bon, le camaïeu était tout à fait en situation. Et, je vous l’affirme, il n’est pas dans la liste des 800 mots. Mes compliments et mon meilleur souvenir à la jeune vendeuse de chez Z.

Mais venons-en au sujet, chers amis… je traite de cet article, cet entrefilet du Fig’machin, qui nous conte une histoire à dormir debout : un chauffeur de taxi de Singapour a trouvé une enveloppe oubliée sur sa banquette par les passagers d’un précédent trajet. L’enveloppe contient l’équivalent de 700.000 euros en liquide et en monnaie locale ! bref, vous lirez ou pas l’article en question, mais…

– on se pince pour vérifier qu’on ne rêve pas. Par chez nous ça tiendrait de la fable : le chauffeur a rapporté l’enveloppe de fric au siège de sa compagnie ! chez nous on l’aurait traité de con, de blaireau, de…

– re-je me pince : la compagnie de taxis a transmis le fric aux flics, lesquels en ont retrouvé les propriétaires. Mais l’histoire ne dit pas si la cellule Tracfin, la brigade de répression du banditisme financier, le GIGN local etc… les ont, ou non, longuement cuisinés façon « allez, tu vas cracher le morceau, oui ? d’où y vient ce fric ?  » (bruit de baffes).

– l’histoire ne dit pas non plus si le chauffeur de taxi a ramené (rapporté, en français) les 1,1 millions de dollars en leur donnant la main… de même, «  le butin [ a été] ramené (rapporté, en français) au service des objets perdus » dixit le Figaro. Terme impropre, derechef… on persiste dans l’erreur… mais, me dira-t-on au Figaro, c’est pas not’ faute, c’est une dépêche de l’AFP. Ah bon, alors pas de problème.

Tibert

Environ deux mille trois cents

Il ne t’a pas échappé, lecteur estimé (les lectrices y sont aussi, qu’elles se rassurent, c’est le genre humain des lecteurs) qu’un de mes récents billets, intitulé « Du (Jos)pain sur la planche », avait eu droit à un commentaire fort pertinent concernant l’imminente diminution des effectifs d’élus, du fait de la mise en place des Conseillers Territoriaux, remplaçants des obsolètes Conseillers Généraux (départements) et Conseillers Régionaux (régions, oeuf corse !). Et alors ? et alors, c’est faux depuis hier.

Car, mesdames-messieurs, sur proposition des sénateurs, l’Assemblée Nationale va s’empresser d’abroger cette réforme voulue par le Petit Nicolas à partir de 2014. Et toc, que je te détricote ce que t’a tricoté. Donc, on va rester jusqu’à nouvel ordre avec nos ineffables conseillers généraux et régionaux, nos communes, communautés de communes, cantons, départements, régions. Je vous l’avais écrit, avec les élus nationaux, ça donne 1 élu pour 108 habitants, record du monde des effectifs, et de ce que ça nous coûte, évidemment.

Monsieur Valls a humoristiquement commenté la chose : « on avait voulu faire de fausses économies sur la démocratie locale. » Il s’agissait donc de fausses économies ? (*) voyons voir, voyons voir…

Ayant bien évidemment la flemme de compter un par un les élus départementaux et régionaux, je me suis rabattu sur l’excellent article de Wikipedia dont je vous donne le lien par la même occasion. Il en ressort que les effectifs actuels des conseillers généraux et régionaux sont au total de 5.829, quand le projet sarkozien devait nous infliger 3.517 conseillers territoriaux.

Eh bien, avec ou sans calculette, ça donnait à peu près 2.300 élus de moins. Deux-mille-trois-cents qui ne seraient pas allés en voyage « de travail » aux Galapagos pour y étudier l’acclimatation des tortues marines au bocage limousin. De fausses économies, nous dit-on, car la vraie bonne gestion, persuadons-nous-en,  c’est de payer plus cher, certes, mais pour un bien meilleur résultat ! et, avouons-le, les résultats sont excellents, et nous y tenons bigrement, nous souhaitons ardemment conserver ces deux structures, dont nous percevons avec acuité l’absolue nécessité, nos chers Conseillers Généraux, nos indispensables (mais chers, aussi !)  Conseillers Régionaux.

Tibert

(*) fausse économie : par exemple, s’acheter des godasses de m… et qui dureront 3 mois à 49 euros virgule 99, au lieu de vraies bonnes grolles solides, confortables, ressemelables à 149 euros virgule 95. D’ailleurs, les Conseillers Territoriaux n’ont même pas duré 3 mois, vu qu’on les a mis à la poubelle sans même les avoir déballés.

On a peut-être du pétrole, aurons-nous des idées ?

C’est du domaine de la foi : on croit dur comme fer aux gaz de schistes en France, ou l’on ne veut pas en entendre parler – l’eldorado ou le caca.

Monsieur Rocard, qui fut Premier Ministre et, comme fils d’un grand savant, a gardé des rudiments de démarche scientifique, nous a utilement rappelé en quoi ça consiste, une démarche scientifique, et, en l’occurrence, pragmatique, raisonnable, pas du domaine de l’acte de foi. Il propose, lui, de poursuivre les études en vue de les récupérer, ces gaz de schistes.

On est bien d’accord : les schistes bitumineux du Canada, extraits à la hussarde et salement, on n’en veut pas.

Nous sommes bien conscients que la fracturation hydraulique des schistes riches en hydrocarbures est une méthode dangereuse pour les nappes phréatiques(*), que la Nature n’a pas besoin qu’on la salope encore plus, déjà que des tas de malfaisants jettent leurs mégots de cigarettes bout-filtre n’importe où, que les emballages polystyrène des MacDo et consorts jonchent les trottoirs, etc.

Bon, nous sommes bien d’accord, en l’état actuel de nos connaissances, l’extraction des gaz de schistes en France est à proscrire, et d’ailleurs ça n’en vaut pas le coup, au prix où nous achetons le pétrole.

Mais, figurez-vous, la science peut progresser ! au 19ème siècle, les éleveurs de chevaux disaient pis que pendre du train. Au lieu d’interdire les élevages industriels de porcs en Bretagne (une supposition toute théorique, c’est de l’ordre de la fable…) car le lisier ça pue et ça pollue, on sait maintenant transformer efficacement le caca porcin en méthane ! on peut donc éviter de balancer le lisier dans la nature, on maîtrise ce problème (enfin, on peut le maîtriser).

De même, chers écolos de mon coeur, si de nouvelles techniques (technologies, pour faire plus journaleux, plus ronflant, plus anglo-machin) permettent d’ici quelque temps d’extraire PROPREMENT les gaz de schistes, seriez-vous prêts à réviser vos positions ? car ne soyons pas idiots, on peut isoler les bâtiments plus efficacement, récupérer l’énergie des hamsters dans leurs cages rotatives, installer des éoliennes sur les porte-bagages de nos vélos pour revendre à EDF le courant produit dans les descentes, mais si l’énergie est là sous nos pieds et qu’on peut la récupérer proprement, au nom de quel credo stupide faudrait-il s’en priver ?

Or, pour mettre en place de nouveaux et meilleurs procédés, il faut chercher, expérimenter, donc continuer à s’intéresser aux techniques d’extraction des gaz de schistes, au lieu de connement tout rejeter en bloc. Normal 1er a certes besoin de ménager ses alliés écolos, et jusqu’ici son discours se calquait sur ces Verts Ayatollahs, abrupts et dogmatiques :  « non non et non », mais hier, divine surprise, il l’a infléchi, ce discours : « la recherche continue. On ne peut pas empêcher la recherche sur d’autres techniques. Aujourd’hui, elle n’a pas abouti. Mais elle n’est pas interdite. Je laisse les chercheurs travailler. »

Bon, finalement le cas n’est pas désespéré, on en fera peut-être quelque chose, de ce gars-là. Juste une remarque : au lieu de « laisser les chercheurs travailler« , si on les encourageait ? car ça me semble valoir le coup, au vu des enjeux énergétiques.

Tibert

(*) monsieur Rocard le rappelait, à Lacq on a utilisé cette technique, sans dommages pour l’environnement. Comme quoi, en faisant attention…

Les hydroponiques du mandat

On s’en doutait : comment faire voter par les intéressés eux-mêmes la fin du cumul de leurs fonctions électives, délectable-détestable dérive parlementaire, qui voit des « professionnels » multi-cartes de la politique s’enkyster, s’encroûter, se cramponner à leurs multiples hochets  ? autant demander à un retraité de la SNCF de renoncer au train gratos, à un salarié d’EDF de payer son électricité comme tout le monde. On le devinait, ça ne va pas être de la tarte de réformer ces moeurs lamentables.

Et voilà, on nous ressort, chez les résistants, les acharnés de la multi-casquette, le coup de l’élu « hors-sol » ! imaginez, le pauvre député privé de son « enracinement » dans une mairie, un conseil général, que sais-je ? député hors-sol, tel une vulgaire tomate hollandaise sans couleur ni odeur ni saveur, juste la forme pour justifier ce que ça coûte. Le député, le sénateur hydroponique, juste nourri – à quel prix – par les largesses de la République, et là, ce n’est pas du goutte-à-goutte.

Mais, chers députés-et-autre-chose, sénateurs-à-temps-partiel, vous devriez, vous DEVEZ vous rendre assidûment, régulièrement, ça fait partie du boulot, dans votre circonscription, pour y tâter le terrain, le pouls de vos administrés, y entendre la vox populi, la faire remonter dans vos monuments historiques et sous vos plafonds à caissons, là-haut, à Paris, évidemment à Paris.

Outre que, député, sénateur, vous fûtes il y a quelques lustres quasiment tous conseillers municipaux, maires, que vous fîtes vos armes dans cette glèbe féconde, antithèse de l’hydroponique, que vous apprîtes (putain le passé simple, je vous dis pas) les B-A-BA de la démocratie et de la gestion administrative, vous avez maintenant, là, tout de suite, du boulot SUR LE TERRAIN. Vous semblez l’oublier.

Alors, hors-sol ? hors la démocratie, surtout, et hors votre mission, que vous nous avez pourtant ardemment suppliés de vous confier.

Tibert

Du (Jos) pain sur la planche

Le Rapport Nouveau est arrivé, quelques jours avant le Beaujolais du même métal (le Beaujolais, c’est le jeudi 15 à venir, préparez vos papilles, arômes de banane etc) . Le Rapport ? le rapport Jospin. Ils avaient dit qu’ils feraient vite, ils ont fait vite.

Que du bon dans ce rapport. Et,  enfin un qui avoue, le cumul des mandats, ah oui, c’est ma foi vrai, c’est lamentable, c’est une ignominie. Bon, on va peut-être un jour, enfin, voir la fin de « cette exception bien française », comme ils disent pudiquement.

On saluera la dose de proportionnelle, pas con.

On ne saluera pas, en revanche, l’oubli étourdissant de la révision du NOMBRE des élus. Chez nous, c’est l’armée mexicaine. Comptez : 601.000 élus environ, soit le record du monde, haut la main. Un élu pour 108 habitants !

Si l’on se restreint au parlement, députés-sénateurs, on en est à 920 (577 et 343). Pour une population de 5 fois la nôtre, les USA ont 535 élus en tout. En Allemagne (80 millions d’habitants contre 65 chez nous), 800. En Espagne, 614.

Or ces gens-là nous coûtent un max ((je traite des parlementaires, mais à l’échelle des communes il faudrait aussi regarder le poids des élus dans les copieuses taxes locales). Il leur faut des monuments historiques pour siéger – ou pas, l’absentéisme est fréquent -, des enveloppes de frais très larges, des… mais vous connaissez ça aussi bien que moi.

Clairement, nous avons un problème de surpoids du cheptel d’élus, et ça nous coûte les yeux de la tête ; cela en pure perte, connaissant le système dominant des partis, qui verrouille toute initiative personnelle. Le rapport Jospin n’en dit mot : eh bien, disons-le, ils me déçoivent, à la commission Jospin.

Tibert