De l'intérêt de faire court

Le mariage « pour tous » (j’adore cette expression, d’une hypocrisie magnifique, digne de politiciens chevronnés) fait problème, on le sait – c’est la remise en cause de la structure familiale, rien que ça – et nonobstant les protestations véhémentes de moult associations, mouvements, groupes de citoyens, le gouvernement, le nez dans le guidon, « ne veut pas le savoir » : la loi passera, par la porte ou par la fenêtre, c’est une promesse de campagne de Normal-Moi, donc y a qu’à faut qu’on, et pas de discussion. Ayraultport à Notre-Dame-des-Landes, mariage pour tous, exécution.

On aurait pu faire un référendum, sortir le référendum de la naphtaline, mais je t’en fiche, le résultat était couru d’avance, donc courageusement, sur ce sujet de société assez majeur tout de même, nos Chefs en chef ont préféré la voix parlementaire, ça ça roule tout seul.

Mais ça ne passe pas comme ça, ça fait tout de même des vagues. On a vu les manif’s la fin de semaine dernière… et je veux vous entretenir ici, estimés lecteurs, de la manif  « proche de l’Extrême-Droite » (affreux, forcément affreux  !) initiée par Civitas,  et de l’irruption des meufs du mouvement Femen. Cette manif’ a vu intervenir, avec force fumigènes blancs baptisés « saint sperme », c’est amusant, des nanas dépoitraillées, en culottes noires, avec ou sans porte-jarretelles, coiffées de cornettes de nonnes, etc. Intervention évidemment non planifiée, qui provoqua pas mal de désordre, et l’on vit partir des baffes, des marrons, et il y eut des bleus aux fesses, des contusions, tout ça.

Figurez-vous, cette intervention était drôle, mais les manifestants n’avaient pas d’humour. La journaleuse Caroline Fourest, sur les lieux pour couvrir l’évènement, et qui a pris au passage quelques gnons, parlait justement, à propos des Femen, de slogans humoristiques. Tenez, un échantillon de slogan humoristique : « Fuck God« , peint sur l’estomac d’une contre-manifestante. Je traduis : « Dieu, va te faire foutre« . D’une concision remarquable : en français ça ne tenait pas sur l’estomac, ou alors il aurait fallu écrire plus petit, moins lisible, ou il aurait fallu une Femen plus large, plus enveloppée : donc en anglais, allez hop, d’ailleurs tous les Français comprennent l’anglais, bien évidemment, et se foutent de leur langue.

« Fuck God » : avouez, c’est hilarant. Tellement marrant que dans certains pays ça vaudrait la peine de mort par décapitation, ou la lapidation, ce genre de traitement… mais en France, ce n’est pas la décapitation, ce sont juste des gnons. En effet, rappelons-le, le délit de blasphème des religions n’existe pas chez nous. C’est très bien comme ça, la liberté de critique est essentielle à la démocratie. On a parfaitement le droit de s’écrire sur le ventre « Fuck God« , bien que ça n’ait aucun intérêt si on ne le montre pas à quelqu’un (j’ignore en revanche si on a le droit de se promener les seins à l’air dans les rues). Mais qu’on ne vienne pas, ensuite, la bouche enfarinée, 1° prétendre que c’était « humoristique », 2° s’étonner que ça mette en rogne les gens d’en face. On est supposé(es) avoir un peu de jugeotte, tout de même.

Tibert