Jeunes et niveaulogie

L’an dernier – qui demain ne sera plus l’an dernier, c’est le principe du cliquet, « clic » à la roue dentée jusqu’à ce qu’elle refuse de cliquer plus avant – je n’avais pu prendre la plume, cloué au fond de mon plume par la maladie. Mais je tiens ma revanche, et vais donc sous vos yeux rédiger le billet de la St Sylvestre 2010, qui fera date, n’en doutons point. Ou alors à quoi bon, hein ?

De quoi pourrais-je bien vous entretenir ? du niveau ? de l’envahissant niveau ? au niveau de… au niveau du niveau… rien n’y vaut le veau in vivo, pas vos pavots ni vos caveaux ni vos beaux vaux… ouais… à la rigueur…

Mais, je le sens, l’inspiration vient… ne lis-je pas (eh oui,  je le lis ! ) dans une dépêche du Fig’ machin, que vous retrouverez texto chez LeMonde, Libé, Le Parisien etc… car c’est de l’AFP pur beurre, je cite : « une femme de 83 ans a été victime d’un vol à l’arraché à la station Mairie de Clichy, sur la ligne 13.  (…) Son agresseur, un jeune de 14 ans, a été arrêté... »

Avancée significative de la sociologie moderne : à 14 ans, désormais, et c’est dûment précisé dans ce texte, on est jeune ! vous le saviez, vous ? notez d’ailleurs la nuance : « jeune », pas « junior. A contrario, à 83 ans on est « senior », pas « vieille », ça tout le monde le sait.

Ce qui reste inexpliqué, c’est que cette pauvre senior femme ait pu être en possession d’un Iphone 4 ! à 83 ans, un vrai senior n’a normalement jamais d’Iphone 4 dans son sac à mains, c’est évident. Ce bel et irrésistible Iphone 4 qui est « responsable » de plus de la moitié des vols avec violence dans le métro…

Vieux, n’achetez pas d’Iphone 4 : les jeunes de 14 ans pourraient tenter de les arracher de vos faibles bras ; pratiquez plutôt les signaux de fumée. C’est la faute 1) à la société, 2) aux trop beaux objets.

Tibert

Où l'inconscient rejoint l'inconscience

On lit ça, et la vie paraît moins pesante, le sourire vient aux lèvres : Charlot lui-même n’aurait pas trouvé meilleur gag. Deux braqueurs armés, cagoulés, gantés, bref des « pros », font irruption dans un commerce du 9-3, menacent et cognent les gérants, se barrent avec le fric… à pied. Sage précaution, se sont-ils dit : avec toute cette neige, et ne disposant pas de véhicule 4 x 4 correctement équipé, toute fuite en bagnole – pire, en moto, eût été risquée.

Restait ensuite aux flics à suivre, le croirez-vous, leurs traces – dans la neige, donc, jusqu’à leur base de repli, peinard pavillon de banlieue.

Freudien comportement, puissance de l’inconscient ! ces « jeunes » avaient déjà à leur palmarès 7 et 23 faits délictueux. On peut fortement conjecturer qu’ils cherchaient là la punition jamais venue, le juste courroux du Père, l’autorité, La Loi, enfin. La Loi, hélas inaudible.

Tibert

Noël aux avions, pas qu'aux gueuletons

Il neige en décembre… surprise !!… et la toiture plate de chez plate du terminal 2 E de l’aéroport CDG – un des plus mal classés, en tout cas un des plus stressants, je puis en témoigner – est, le croiriez-vous, couverte d’une épaisse couche de neige. On se perd d’ailleurs en conjectures, à la direction des aéroports de Paris, sur l’identité de l’architecte farfelu qui a réutilisé au Nord de Paris un dessin de toiture élaboré pour un gymnase de Malaga.

Mais bon… on a donc fait évacuer le terminal 2E, par précaution, ça aurait pu s’écrouler, et bis repetita ça fait désordre.  Et puis on a constaté que faute de glycol pour dégivrer les avions, on ne pouvait pas les faire décoller. Ah zut, du glycol il y en avait bien à Orly, mais ce n’est pas le même produit, pas les mêmes machines, on ne pouvait pas l’utiliser, et puis déshabiller Pierre pour habiller Paul, ce n’est pas franchement astucieux.

Donc, joyeux Noël à toutes celles et tous ceux (je cause comme les politiciens) qui ont réveillonné d’un jambon-beurre-cornichon à 5 euros (prix de revient 0,85 euro) et d’une bière à 3,50 euros (prix de revient 0,40 euro) à Roissy-CDG ! Joyeux Noël et bonne nuit par terre sous une couverture de survie, dans le brouhaha des annonces.

Le Petit Jésus dans son étable de Bethléem, réchauffé à gauche par le boeuf, à droite par l’âne gris, bercé par Marie sous le regard attendri de Joseph,  était-il plus mal loti que les passagers hypothétiques du Paris-Istanbul coincés faute de glycol ? l’histoire retiendra en tout cas que la toiture de l’étable Bethléemienne était à 2 pentes : comme ça la neige ne pouvait pas s’accumuler. Les architectes de l’époque n’avaient pas encore, il est vrai, entendu parler du réchauffement climatique.

Tibert

Catholique ? tapez 2

On le voit tous les jours si l’on n’a pas l’oeil rivé sur l’écran de son SuperBigo (*), bref en français, son smartphone : les adeptes du Superbigo sombrent de jour en jour un peu plus dans la Superbigolâtrie, ne savent plus s’il fait beau, oublient les heures des repas.  Ils sont à bidouiller leur Superbigo, le caresser, en effleurer l’écran tellement noir, tellement brillant, tellement tactile. Ils téléchargent des milliers d’applications toutes plus indispensables les unes que les autres, de la météo instantanée au tchat (**) oiseux sur Fesse-Bouc embarqué. Ce faisant ils téléchargent et entretiennent aussi, bien entendu, ces délicieuses petites bêtes qu’on appelle affectueusement des cookies, ces petits parasites qui savent rapidement tout sur les goûts du possesseur du Superbigo, et savent le transmettre à qui de droit.

Mais non, je paranoïe, là… le Superbigo est une avancée significative dans notre belle civilisation occidentale. Tenez, on nous annonce l’application la plus pieuse, la plus sainte qui soit : la prière sur Superbigo !! Quelle prière ? eh bien, celle que vous voulez : suffira de paramétrer l’application (tapotez Menu-Outils-Préférences-Religion, etc…) pour pouvoir enfin lancer via Superbigo une ardente prière au Dieu de son choix. On pourra même faire brûler des bougies virtuelles si l’on a perdu un truc et qu’on croit à St Antoine de Padoue-qui-trouve-tout.

Evidemment, le gros problème, c’est l’ordre d’apparition des religions dans le paramétrage de la moulinette à prier ; à qui écherra le numéro 1. 1 – Vichnou ? 2 – Allah ? 3 – Yaveh ? ou 1 – Dieu ? 2 – Ron Hubbard etc… ? délicate question. L’idéal serait de paramétrer l’ordre d’apparition des choix. Qui voulez-vous voir apparaître en premier dans la liste des choix… 1 – Allah ; 2 – Dieu…   vous le pressentez, la mise en abyme n’est pas loin !

Moins débiles que nous, les Tibétains boudhistes ont depuis longtemps inventé le Super-Prieur automatique sans cookie, et pas besoin de Superbigo et de connexion 3G+, encore moins d’abonnement illimité à 60 euros chez Tartempion. Le moulin à prières est certes paramétré de manière figée, mais rien n’empêche d’en faire des versions catho, musulmanes, adventistes du 7ème jour, baptistes, que sais-je ?  à défaut d’autre chose, et en y adaptant des ailettes, ça fera toujours du vent.

Tibert

(*) un smartphone, of course, avec un display de 4,7 pouces !! sachant que le pouce se découpe traditionnellement en 6èmes (de pouces), calculez la diagonale de l’écran en centimètres, dont nos marchands de soupe auront bientôt oublié l’existence.

(**) tchat et non chat (prononcez « tchatte »). Le chat, c’est miaou-miaou, c’est invariable et éternel. Quant à LA chatte, c’est évidemment féminin, de toute éternité également.

De tous poils, mais lesquels ?

Je fais ici une lecture d’un blog – entre blogueurs, on se lit… – ma foi fort intéressant, intitulé « La mort de l’Euro, un fantasme« . Trois remarques à ce « papier » sur écran TFT :

– « de tous poils » n’est pas correct ; on aurait dû écrire « de tout poil« . Car tous les poils du monde n’y suffiront pas, il s’agit là de « toute espèce de poil« , au singulier. Je sais, je pinaille, je coupe les poils en quatre, mais c’était à dire. Bien, c’est dit !

– à aucun moment il n’est fait mention, dans ce texte, de l’identité des euro-sceptiques !  Qui sont-ce ? des noms ! car on les accuse, fort justement, de jouer avec les spéculateurs contre l’Euro, donc contre « leur » camp, ou le camp qu’ils sont supposés défendre. C’est donc suffisamment grave pour qu’on nous dise QUI ! On les enduira de goudron avant de les rouler dans les plumes, et de les promener autour de la ville juchés sur un bastaing.

– la nécessité de resserrer l’Europe autour de ses fondamentaux est évidente, urgente  (on croit entendre les ronchonnades d’un entraîneur de rugby à la fin d’un match piteux : » faut qu’on revienne aux fondamentaux gnagnagna… » – note de la claviste). Y en a marre d’élargir ; je propose de virer le Commissaire à l’Elargissement à grands coups de pompes dans le cul, et d’embaucher dare-dare à Bruxelles, une fois, un Commissaire au Resserrement. L’Europe, ça se mérite.

Tibert

Les yeux faits sous un niqab

Peut-on avoir les yeux fardés sous un niqab ? peut-on avoir des seins volumineux, des fesses opulentes modestement cachées sous une burqa ?  la question est d’importance, car ces non-vêtements (ces bâches, car il s’agit d’occulter à la vue, non de vêtir, et à vrai dire si l’homme invisible existait, les musulmans jusqu’auboutistes n’auraient de cesse que ce système soit assigné aux femmes) sont prétendûment conçus pour que les mâles ne soient pas atteints de pensées concupiscentes quand passe la personne ainsi camouflée.

Or, chacun sait que ce qui est érotique, excitant, bandant, ce n’est pas l’évidence, mais la suggestion, l’idée, le possible. Quoi donc de plus érotique qu’un niqab ? on peut citer ces jeux adultes fort courants basés sur l’objectisation des corps, la dépersonnalisation, le ou la partenaire se comportant comme un paquet, une chose – une boîte noire, diraient les physiciens. Boîte noire, certes, mais sexuée, surtout sexuée. Et, disons-le, un niqab, ça ressemble furieusement à une boîte noire, non ? mais avec de seins, des fesses, et des yeux faits.

Loin donc de « planquer » leur légitime, les adeptes de la femme bâchée alimentent en fait la machine à fantasme. Mais peut-être, derrière le discours manifeste de modestie et de réserve, est-ce finalement le but de la manoeuvre ?

Pourquoi, m’objecterez-vous, pourquoi ce topo laborieux sur les ressorts de l’érotisme ? j’ai eu cette inspiration à la vue d’une photo illustrant l’annonce d’une relaxe dans une affaire de contravention pour port de niqab au volant… le tribunal de Police de Nantes, en l’occurrence, a probablement estimé que la liberté individuelle primait sur la nécessité de pouvoir manoeuvrer son véhicule en toute sécurité (*). Beau principe, la liberté individuelle ! Si monsieur le juge avait poussé la conscience professionnelle jusqu’à vérifier par lui-même si le port d’un niqab gênait ou pas la vue du conducteur et sa capacité à manoeuvrer son véhicule, je serais prêt à parier qu’il aurait confirmé la contravention. Mais c’est un verdict de Droit, non de bon sens. Le Droit et le bon sens…

Tibert

(*) argument de l’avocat de la dame ici relaxée : « tout ce qui n’est pas interdit est autorisé« . Certes !  il n’est pas interdit de jouer du banjo ou de cirer ses chaussures au volant de son véhicule ; ça mérite néanmoins et bien évidemment une prune ! parce que c’est super dangereux. Mais ça, ça n’est pas politique…

Niort, ton univers impitoya-a-bleuuuu…

J’apprends, de source autorisée, que les services de répression du grand banditisme pharmacien ont mis au jour une fraude aux déclarations fiscales dans une pharmacie de Remoulins (Gard, code 30 pour les fanas des chiffres)… fraude permise par un logiciel « permissif », justement ! Ce superbe logiciel est en service dans environ 4.000 pharmacies françaises. Il semblerait que moyennant l’introduction d’un code confidentiel dans la bécane( la babasse, la bouzine, l’ordinateur, le computer, quoi !) le miraculeux logiciel à gommer la cellulite fiscale donne des résultats intéressants, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros par an discrètement mis à l’ombre. Cinquante-mille euros planqués, c’est pas la fortune, mais c’est un bon début.

Or, le croirez-vous, ce logiciel providentiel pour les pharmacies a été goupillé par une société informatique de Poitou-Charentes (« charenteu-poi-tou, charenteu-poi-tou », pour les amateurs de jingles) !! on en reste sur le cul. Du bon beurre, des fromages de chèvre, de la Ségolène royale, bon, OK, ça c’est Charentes-Poitou, mais c’est pas tout, mais c’est pas tout – mais aussi de subtils et discrets logiciels d’assistance aux bidouilles comptables dans les pharmacies. Là,  c’est trop cool !

Si l’on a deux sous d’intelligence – l’intelligence, c’est la capacité à établir des connexions – on se dit aussi sec : bon sang, mais c’est bien sûr !! ça doit venir de Niort ! Niort, la capitale mondiale de l’angélique et des mutuelles françaises… mutuelle –> sécu –> remboursements –> pharmacies !! c’est clair. Voyons voir, voyons voir…

Hop, un p’tit coup de moteur de recherche (mouline, mouline…) : bingo ! tenez, la « Nouvelle République du Centre-Ouest » sort le scoop de l’année, le prix Pulitzer de l’infomation régionale deux-sèvrienne ; on a les noms, les lieux, tout : « discrète entreprise aux murs blancs basée à Bessines…« . Ne vous y trompez pas : derrière ce fumeux rideau de fumée – à nous on ne la fait pas – Bessines c’est une banlieue de Niort. Niort : la plaque tournante, la mystérieuse mégapole, le centre névralgique, le Chicago de l’Ouest.

Tibert

Adieu, variétés états-uniennes de m…

Musique d’ambiance, musique de fond, musique d’animation…

C’est – ce serait, conditionnel – une nouvelle à fêter avec une bonne bouteille de mousseux « méthode traditionnelle » en provenance de la Marne : le Figues-à-rôts – qui, soit dit en passant, a renoncé à nous faire payer la lecture des recopies des dépêches de l’AFP – nous annonce que la « musique » (avec plein de guillemets), c’est-à-dire les glapissements rythmés en yaourt britannico-amerloque que les magasins, centres commerciaux, boutiques… nous infligent dès la porte d’accès franchie, serait peut-être supprimée, parce que, bien entendu, ça coûterait des sous, et ça, c’est dissuasif !

Réjouissons-nous, gaudeamus, alléluïa, et toutes ces sortes de choses : enfin pourra-t-on peut-être faire nos achats EN SILENCE, donc sans devoir mettre des tampons d’oreille, sans l’urgente envie de fuir.

C’est pas gagné, mais ça va dans le bon sens !

Tibert

Privacité ?

Je lisais récemment un commentaire sur la récente décision d’un tribunal de prud’hommes, à propos d’un licenciement motivé par le fait que des salariés avaient projeté des actions malveillantes à l’égard de leur patron ; pas de passage à l’acte, mais ces projets  étaient détaillés sur le célèbre réseau social (social mon cul !) « Fesse-bouc »  ; eh bien, chers auditeurs, ledit tribunal avait validé le licenciement… eh oui, car Fesse-bouc n’est pas réputé de l’ordre du privé, donc il s’agissait de menaces publiques ! et toc.

Et dans les commentaires des lecteurs, je lus (passé simple, ça date de quelques semaines) à peu près ceci, à côté d’un conditionnel mal foutu, genre « si je serais… », mais passons : « … si on va sur Fesse-Bouc c’est sur Internet et sur Internet il n’y a pas de privacité. »

Ciel !… privacité… du rosbif pur jus à la sauce gauloise, la « privacy » britannique  francisée vite fait à la serpe. Rayez-moi ça, c’est nul, privacité.

Bon, certes, c’est nul, mais que faut-il dire, ou écrire ?

Privacy, c’est à la fois la sphère privée et l’intimité, voire la confidentialité. On tire les rideaux le soir pour préserver son intimité. Les conversations téléphoniques sont du domaine de la sphère privée (de l’intimité).

En fait, c’est bien de sphère privée qu’il s’agit. Pourquoi une sphère, d’ailleurs ? un cube, un parallélépidède, une pyramide, une ove, un cylindre… privé, ça marcherait aussi. On rejoint ainsi la topologie chère aux matheux : c’est une enveloppe, un domaine privé, voilà tout. Avec Fesse-bouc, point de domaine privé !

Mais les Rosbifs le disent en UN mot !! pourquoi pas nous ?  eh bien, tenez, si vous voulez absolument UN mot, eh  bien je ne sais pas faire. Confidentialité, non, et sûrement pas intimité ! – évidemment on a le « domaine privé« , impeccable, mais je vous propose le « quant-à-soi » : c’est lyonnais, comme la cervelle de canut et les godiveaux, et ça fait TROIS mots. « Sur Internet, il n’y a pas de quant-à-soi« . Trois mots, et alors ?  je vais vous dire, ou plutôt vous l’écrire : les cossards et les saboteurs de langue qui cherchent à tout exprimer en UN mot, j’en ai justement un, cambronnien, à leur disposition.

Tibert