Les yeux faits sous un niqab

Peut-on avoir les yeux fardés sous un niqab ? peut-on avoir des seins volumineux, des fesses opulentes modestement cachées sous une burqa ?  la question est d’importance, car ces non-vêtements (ces bâches, car il s’agit d’occulter à la vue, non de vêtir, et à vrai dire si l’homme invisible existait, les musulmans jusqu’auboutistes n’auraient de cesse que ce système soit assigné aux femmes) sont prétendûment conçus pour que les mâles ne soient pas atteints de pensées concupiscentes quand passe la personne ainsi camouflée.

Or, chacun sait que ce qui est érotique, excitant, bandant, ce n’est pas l’évidence, mais la suggestion, l’idée, le possible. Quoi donc de plus érotique qu’un niqab ? on peut citer ces jeux adultes fort courants basés sur l’objectisation des corps, la dépersonnalisation, le ou la partenaire se comportant comme un paquet, une chose – une boîte noire, diraient les physiciens. Boîte noire, certes, mais sexuée, surtout sexuée. Et, disons-le, un niqab, ça ressemble furieusement à une boîte noire, non ? mais avec de seins, des fesses, et des yeux faits.

Loin donc de « planquer » leur légitime, les adeptes de la femme bâchée alimentent en fait la machine à fantasme. Mais peut-être, derrière le discours manifeste de modestie et de réserve, est-ce finalement le but de la manoeuvre ?

Pourquoi, m’objecterez-vous, pourquoi ce topo laborieux sur les ressorts de l’érotisme ? j’ai eu cette inspiration à la vue d’une photo illustrant l’annonce d’une relaxe dans une affaire de contravention pour port de niqab au volant… le tribunal de Police de Nantes, en l’occurrence, a probablement estimé que la liberté individuelle primait sur la nécessité de pouvoir manoeuvrer son véhicule en toute sécurité (*). Beau principe, la liberté individuelle ! Si monsieur le juge avait poussé la conscience professionnelle jusqu’à vérifier par lui-même si le port d’un niqab gênait ou pas la vue du conducteur et sa capacité à manoeuvrer son véhicule, je serais prêt à parier qu’il aurait confirmé la contravention. Mais c’est un verdict de Droit, non de bon sens. Le Droit et le bon sens…

Tibert

(*) argument de l’avocat de la dame ici relaxée : « tout ce qui n’est pas interdit est autorisé« . Certes !  il n’est pas interdit de jouer du banjo ou de cirer ses chaussures au volant de son véhicule ; ça mérite néanmoins et bien évidemment une prune ! parce que c’est super dangereux. Mais ça, ça n’est pas politique…

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