Immersions en vraie grandeur

( Je réagis à l’annonce selon laquelle l’Educ-Nat’ lance dans les lycées et collèges, avec SOS Homophobie, je cite, « une nouvelle campagne de sensibilisation contre l’homophobie et la transphobie dans les collèges et lycées, sur fond de recrudescence d’actes homophobes en milieu scolaire« . On va où, là ? c’est ça qu’on apprend à l’école ? « ça suffit », c’est le titre de ladite campagne. On ne peut trouver meilleur titre : oui ça suffit, il y a d’autres priorités plus essentielles. Par exemple stopper cette course effrénée à la médiocrité comme standard – bof, on va remonter les notes -, à la dérision du savoir, au dénigrement de l’effort. Certes, les homos, trans etc etc… ont des problèmes à l’école, la connerie macho se porte bien, mais à mettre ça en perspective dans le paysage ambiant c’est archi-secondaire. Quand il y a le feu ce n’est pas le moment de faire les cuivres. )

Mais au fait : Télérama bramait, mercredi dernier sur sa Une, son admiration pour DAU (prononcer Daô, bien entendu  😉  ), cette superbe création artistique attendue à Paris place du Châtelet et autour, sorte de happening « années 50 » supposé nous immerger dans la Russie et ses soviets de la bonne époque. Divins moments… le lancement a eu lieu hier soir, gros succès ! Je vous cite France-TV-Info, j’ai apprécié cet humour : « A DAU, l’immersion en URSS est totale : on fait la queue pendant des heures pour se rendre compte qu’il n’y a rien ». Le Figaro raconte le même bide ; Le Monde est encore muet… mais il sort l’après-midi, il a une excuse !

L’idée est pourtant très chouette et mérite un repêchage. Reste aussi à en inventer des homologues, une novatrice et inventive re-création grandeur nature des camps de rééducation de la Révolution Culturelle, ou des centres d’interrogatoires de la dictature Pinochet… bref les sujets sont nombreux et prometteurs.

DAU, c’est momentanément le bide, donc. Mais ça va se roder, vous verrez, on finira par trouver quelques bocaux de malossols et de chou aigre sur les étagères.

Tibert

On vide le congèle

(  Jetez un cil au titre du Monde de ce matin : « A Paris, des « foulards rouges » bien sages défilent… ». Ah c’est moins fun que les saccages des Actes des GJ, pas même un petit pillage à se mettre sous la dent. Pfft… 10.500 manifestants sans débordements. Quel ennui ! ).

Mais bon… vous avez cuisiné un frichti savoureux et y avez fait honneur, mais il en reste assez pour une autre fois ? au frigo pour demain, ou au congèle, pour dans trois mois. Congèle dont vous tenez habituellement la liste des denrées, on biffe ou on ajoute une ligne, « 3 merguez 10/02/2019 » (c’est de l’anticipation), « 400 g. myrtilles 2018« , etc. En principe on sait quoi y trouver ou pas… mais bon, des fois on oublie de noter en se servant, on ajoute un truc vite fait et sans plus y penser, et au bout de 6-7 mois, en plus qu’il faut le dégivrer vu qu’il s’encroûte, on ne sait plus où l’on en est… courageusement, on sort tout, on refait la liste propre, on nettoie et l’on repart sur un bon état des lieux et une situation claire : il y a trop de myrtilles, on va faire plein de clafoutis et de tartes (veinards), etc.

Eh bien avec les agences de l’Etat c’est exactement pareil ! on met au frais dans un sachet neuf un énarque – donc un type présentement inutile mais indéboulonnable – désoeuvré et qui s’ennuie, ou similaire, on lui trouve des bureaux, une ligne internet, quelques gratte-papiers « QSP » (Quantité Suffisante Pour… faire sérieux) ; il y faut un intitulé, évidemment, comme l’étiquette des merguez…  disons « Agence pour le développement des retenues d’eaux pluviales« , ça sonne bien, non ? ; et roule ma poule. Il y faut aussi un budget, mais ça on sait faire, via le ministère de tutelle et le Grand Argentier. Et, comme le congèle, au bout d’un tas de ratures (pas souvent), ajouts et bidouilles, on ne sait plus où l’on en est.

Alors donc, voilà, la question du jour : si l’on établissait, une fois, et publiait la liste exhaustive des agences et assimilés de l’Etat ? avec leurs intitulés, de brèves descriptions de leurs missions (*), les effectifs, les noms des chefs et les budgets ? hein ? ça permettrait de voir s’il y a des doublons, des sachets à regrouper ou à jeter, des trucs éventés, avariés etc. Je sais, c’est un boulot de fou, mais la faute à qui ? on sait, nous, ou plutôt on subodore combien ça nous coûte au total : la peau des fesses. Alors qu’on fasse l’effort de nous expliquer à quoi ça sert. Et puis je suis sûr qu’on trouverait plein de trucs oubliés et inutiles dans les recoins.

Tibert

PS – La Cour des Comptes doit bien avoir une liste de ce style, non ? non ?

(*) Cent mots pas plus : quand une mission est claire on doit pouvoir l’exprimer sans tartiner.

Renvoi d’ascenseur ( burp…)

Vous avez peut-être su que madame Jouanno, Chantal, énarque et ex-ministre des sports, ex-sénatrice, etc… et actuelle présidente du CNDP (Commission Nationale du Débat Public, si si ça existe, on l’ignorait avant les GJ, tiens justement on y est en plein dedans, elle va pouvoir s’occuper…) avait été naturellement pressentie pour présider le Grand Déballage ; son salaire moëlleux ayant été commenté en termes sévères, elle a renoncé à cette mission de pilote sur ce difficile dossier. Démissionnerait-elle dans la foulée de son poste au CNDP ?  ben non, elle y reste, y a pas de raison, ce n’est pas le même débat 😉  ; et de là, telle la Coquette ou la Noiraude, elle regarde donc passer le train du Grand Débat.

Oui mais… il y a des plats qui se mangent froids. Et voilà, madame Jouanno nous sort benoîtement que « le grand débat est faussé » ! comprenez : avec elle aux manivelles, rien de tel ne serait arrivé. Elle avait vu plus grand, plus libre, et, je cite : « Aujourd’hui le grand débat se limite (…) à la possibilité de ne débattre que des quatre thèmes et de ne répondre qu’aux questions qui sont posées par le gouvernement, ce n’est pas ça un grand débat« .

C’est donc, comprenons-le, nous susurre-t-elle, un petit débat, pipé, aux réponses pré-mâchées et qui bride l’expression. Et je me, je vous pose la question : qu’est-ce qui m’empêchera, dans le cadre d’un déballage public, et hors des fameux quatre thèmes imposés, de poser une question dans le micro et sur la conn…, euh la stupidité de nous obliger à rouler à 80 km/h maxi sur des ex-nationales bien droites, en bon état, sèches et peu fréquentées ? ou sur le nombre pharaonique d’agences et de commissions, ruineuses pour le contribuable, aux missions obscures, peu lisibles, voire absconses ?

Bref, les propos de madame Jouanno, c’est le coup de pied de l’âne, là… ou de la mule du pape. En sport, on parlerait de manque de fair-play. Il y a quelqu’un là-haut qui a dû lui savonner la planche, ou déféqué dans ses boots. D’où la réaction… pas d’une élégance folle. Ceci dit, on réalise qu’on a été indûment privés du pilotage éclairé de madame Jouanno ; ah, quel dommage. Si seulement on ne s’était pas arrêtés à de viles et subalternes considérations sur ses émoluments, quel superbe débat ç’eût été ! on en est meurtris.

Tibert

Etonnant, non ?

( Grand Déballage : le RIC, le référendum d’Initiative Citoyenne,  c’est intéressant, mais à border très sérieusement : populisme échevelé et subversion sont les deux mamelles du RIC sans bordures. A mort l’arbitre ? 51 % pour ? à mort l’arbitre, donc.  Un RIC bordé ? ben oui ! bordé par quelques principes écrits dans le marbre )

Etonné – par dérision, c’est du second degré, je vous rassure – et non surpris, je suis  ! Notez, l’étonnement se perd, et si l’on n’y prend pas garde, sera bientôt coulé par la surprise, perdu, enfui comme le trottin (*) et tant d’autres, le charmant tachymètre (**), etc. Plus personne n’est étonné, on est surpris. Pire, elles disent « ça m’a surpris« , oublieuses du « zzze » de la fin. Surprise, eh oui. Et de quoi fais-je mine d’être étonné ? ben non justement je ne suis pas étonné ! encore moins surpris ; je trouve même ça super normal. Quoi donc, normal ? vous n’êtes pas sans savoir que les GJ les plus remontés et les plus vindicatifs, « Macron démission« , rien que ça, veulent démarrer une grève générale illimitée en février – j’ai oublié la date précise. Donc le truc super-dur, le pays bloqué et planté des deux pieds, personne ne peut plus rien faire, même les nouilles, le sucre, l’huile et le PQ vont manquer, c’est dire.

Et vous savez quoi ? le postier trotskiste, là, Besancenot, le porte-parole (ou l’ex ? bref… on s’en fout) du NPA, il est pour ! et, encore plus fort – vous êtes assis ? attendez-voir ! – les Insoumis de Mélenchon aussi ! C’est renversant, non ? ça fait quatre-vingt ans et plus que ces gens-là rament comme des malades pour tester en vraie grandeur les théories renversantes, justement, émises fin XIX ème-début XX ème par des barbus, des moustachus ou des barbichus. Là où ça a pris ici et là, ça a merdé, capoté horriblement, sanglantement même. Mais qu’importe, la prochaine fois ça va marcher, qu’ils nous disent : ce coup-ci, faut que ça marche. Suivez donc les révolutionnaires qui suivent les gilets jaunes : l’avenir sera radieux. Et la radieuseté commence, justement, heureux présage, par une grève générale illimitée.

Tibert

(*) Trottin : « Vieux – jeune ouvrière employée aux courses, aux rassortiments » nous dit le Larousse. Eh oui ce superbe petit substantif, délicieusement désuet, est vieux, et alors ? halte à la gérontophobie.

(**) Trop savant, le tachymètre ; le compteur de vitesse fait désormais platement le job, long et béotien.

Louanges et locations

( Le Grand Déballage… une suggestion ? qu’on prenne systématiquement en compte les effectifs des foyers fiscaux (le fameux quotient familial). Quand on est deux, trois, quatre… sur le même revenu total et les mêmes « richesses » on les partage, et chacun jouit d’une fraction : c’est différent d’être tout seul.  C’est déjà comme ça ? eh non. Pour certains impôts, Bercy matraque uniformément les foyers fiscaux sans égard au nombre d’individus y résidant : c’est pas juste du tout. )

Mais au fait : foin des GJ et des Actes X, XI, XII… du samedi, je vais vous causer de choses plus légères, ça change, tenez, l’amorce d’un article du Monde claironnant « Ces notables qui louent des logements insalubres« . Et cette lancinante incertitude me taraude : ils sont locataires, ou ils mettent en location ? car seul le con-texte renseigne : quel notaire aisé mais maso, roulant Merco ou Jaguar, irait se coller au 7 ème étage (ascenseur en panne 93 % du temps) d’une tour pourrie du 9-3  ? non, le notable loue en tant que loueur, bien entendu, le fric c’est pour lui, mais ce n’est pas le verbe qui vous renseigne ! D’autres langues sont aussi ambiguës, l’espagnol (alquilar), mais les Anglais ont « rent » et « rent out » et s’en sortent mieux…

Et que dire de  » louons le Seigneur !  » on le prend en location ? on le donne (« donne » : façon de parler !) à louer ? on en cause en termes élogieux ? en cette époque où les usagers des aéroports – ces « non-lieux » tous identiques – se voient offrir des salles de prière « tous cultes », la question n’est pas anodine. Avant de s’y prosterner devant Untel le Très-Grand, Untel le Créateur ou Untel le Tout-Puissant, avant de lui adresser une supplique ou  un couplet adorateur, il convient de s’assurer qu’Il y est, Lui et pas un Autre. Et le plus sûr, c’est de le louer ! je vous laisse supputer dans quel  sens.

Tibert

Paraboles et approximations

L’édito du Monde, rien que ça, met cocassement en parallèle la « bienfaisante » limitation-couperet à 80 m/h (*), décidée cet été au mépris du bon sens et des récriminations quasi unanimes des vrais usagers de la route (assortie alors, pure coïncidence 😉  d’une prévision de recettes en très nette hausse pour les radars automatiques, miam miam) et la salutaire prudence dont fait désormais preuve le gouvernement, rugueusement instruit par deux mois de crise ouverte. Cette bébête image révèle d’abord une profonde méconnaissance des vraies causes de la route qui tue : 1) elle est dangereuse en elle-même, mal foutue en plein d’endroits, et on sait où ! et ça on doit le corriger ; 2) parce que les règles de base sont bafouées, et pas que la vitesse ! ce ne sont pas les radars automatiques qui vont mettre au pas les conducteurs bourrés, furieux ou inconscients ; juste rançonner tous ceux qui ont le tort de regarder la route au lieu de fixer anxieusement des yeux leur tachymètre. Il faut des contrôles humains, avisés, suffisamment fréquents et aléatoires, sur l’alcoolémie et similaires, les conduites dangereuses et ceux qui téléphonent ou « textent » en conduisant ; mais ça, pfttt, les gendarmes son trop occupés à contenir comme ils peuvent les co… poussées de fièvre hebdomadaires des gilets bouton d’or.

Et puis – filons la sotte métaphore proposée – quel radar automatique pour tempérer les ardeurs aveugles et sourdes de nos Chefs ? je cite le Monde : « Il y a un an, le gouvernement menait avec succès ses réformes pied au plancher, sans s’embarrasser de laborieuses concertations ni se soucier des critiques contre son attitude jugée trop autoritaire, technocratique et parisienne. Depuis qu’il a frôlé l’accident grave, voire mortel, le voilà soudain converti à une conduite beaucoup plus prudente. Ou, selon l’expression présidentielle, plus « intelligente » ». Eh oui… en clair, l’intelligence d’observer, d’écouter, de dialoguer, de nuancer. Tout ce qu’un radar est incapable de faire, surtout placé pour produire le maximum de pognon, et non sauver des têtes.

Tibert

(*) L’attitude « j’ai décidé, c’est comme ça et pas de rouspétance » du Premier Philippe sur cette initiative des 80 km/h tout-partout, a été quasiment révoltante – et d’ailleurs, on a vu la suite.

PS – La mesure du jour à proposer pour le Grand Déballage ? ça tombe sous le sens. Des limites de vitesse plus intelligentes et sensées, « faisables ». Rétablir le 90 km/h là où c’est sans problème. Et puis il subsiste des kyrielles de tronçons « 70 km/h », que personne ne respecte parce que la baisse de vitesse est minime et la plupart du temps injustifiée, a fortiori quand on est censé rouler au maximum à 80. A quoi  ça rime ? c’est juste pour faire ch…

Métonymie-bémol

( La suggestion du jour, pour le Grand Déballage : pourquoi que les connexions internet les plus lentes et pourries – à la cambrousse, cherchez pas – sont comme par hasard toujours les plus chères ? si Internet est une Grande Cause Nationale, il y a du grain à moudre pour réduire les inégalités ! )

Mais juste pour faire semblant de « les » charrier un peu, sinon ils vont croire qu’on ne lit pas leur prose… Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, et qui (ne) gagne (que) 9.559 euros bruts par mois, habite en banlieue parisienne… eh oui, dit-il, il ne roule pas carrosse, et « le prix du mètre-carré à Paris est trop cher« .

Eh non… un objet peut être cher, ce n’est pas son prix qui est cher. De même, « les températures sont élevées (ou basses, ou normales…)« ,  et non « les températures sont chaudes« . C’est le temps qui est chaud, et le bifteck qui est cher ! la température et le prix, ce sont les mesures des qualités chaleur, cherté, gnagnagna…

Donc : à choisir, monsieur le porte-parole ; moi j’opterais pour la première proposition, plus concise et aussi claire.

  • soit « le mètre-carré à Paris est trop cher« ,
  • soit « le prix du mètre-carré à Paris est trop élevé« 

Bon, il serait employé au ramassage du courrier, cuistot, informaticien, on fermerait les yeux, on s’en foutrait, de cette imprécision, de cette erreur de cible. Mais c’est NOTRE porte-parole à nous. Faut qu’y porte bien la parole, faut qu’y cause bien ! à moins que le journaleux n’ait déformé ses propos ? j’aurais l’air malin, moi…

Tibert, pinailleur.

Blablas aux petits oignons

( Le Grand Déballage : une idée par billet, « ils » en feront leur miel – ou pas ! Celle du jour : l’impôt direct et progressif doit s’imposer à tous. Français ? donc contributeur à l’effort de tous.  Pauvre ? 1,30 euro, 5 euros, 40 euros, mais pas « rien ». Rien, c’est hors citoyenneté. )

Mais au fait : sur Claclabar, un passager s’est plaint, dans ses commentaires post-voyage, d’avoir mal été traité, sinon maltraité… je cite : « Je voulais pas payer 60 euros à la SNCF du coup je me retrouve en blablacar enfermé dans une voiture avec 3 personnes qui veulent que les migrants rentrent chez eux. Finalement c’est quoi 60 balles dans une vie ?« . On ignore, à l’heure où je mets en ligne, combien a payé ce passager douloureusement marqué par son trajet. Disons X euros, sachant que X < 60. Eh bien, je dirai que X euros pour découvrir que la Pensée-Unique et l’unanimisme obligatoire envers les « migrants » ne fonctionnent pas partout, qu’il existe des individus capables de s’exprimer librement, c’est du fric bien placé.

Le problème avec les covoiturages, c’est qu’on peut voyager avec des cons (*), des réacs, des gauchistes, des souverainistes, des dingues, des emmerdeurs, des bavards impénitents, des taiseux, des qui se rencognent avec leur casque sur les oreilles et ne pipent pas un mot, des qui roupillent… hélas, le contrat ne garantit pas l’agrément de conversations consensuelles. Et dans la mesure où les passagers « anti-migrants » n’ont ni diffamé, ni injurié ces derniers, ils ont farpaitement le droit d’estimer – dans un espace privé, qui plus est – qu’on doit les renvoyer chez eux, vu que la Loi ne dit pas autre chose en cas d’entrée illégale sur le territoire national.

Ils ont tort ? ils ont tout faux ? à vous d’argumenter, chers covoitureurs « pro-migrants », c’est la démocratie même. Dans le respect des opinions si elles sont sincères ; à défaut, je propose que Claclabar édite un petit dépliant-vade-mecum du covoitureur, genre « De quoi deviser pendant le voyage ? » : le temps qu’il fait, qu’il a fait ou qu’il fera, bien sûr, incontournable ! et puis la faible pollinisation cette année ou l’an dernier ; la reproduction des bigorneaux dans les mers du Sud, et j’en oublie. De quoi en avoir pour ses X euros, satisfait d’un agréable vide consensuel.

Tibert

(*) On est toujours le con de quelqu’un, et qu’un con me considère comme un con me semble tout à fait sain et dans l’ordre des choses.

 

Fais-moi mal, Jauni !

Allez, vas-y, fais-lui mal, pourrait-on dire, paraphrasant Boris Vian. J’ai reçu un texto d’un de mes lecteurs et amis, texto où il commence bille-en-tête le rentre-dedans des doléances citoyennes, puisque c’est le moment officiel de commencer à doléer citoyennement.

Pour lui, le Sénat : poubelle ! allez hop. Ne sert à rien, ruineux, occupe indûment un palais, que des vieilles biques planquées pour neuf ans à ne rien foutre et à nos luxueux frais. J’en ai déjà causé, et je le rejoins largement ! on pourrait sans dommage réduire la voilure de ce vaisseau d’un autre âge à une cinquantaine de « sages » choisis par… par qui, au fait ? il faut représenter les régions, en principe : eh bien par les z’élus régionaux, avec une vraie proportionnelle. Et puis le Sénat redonde largement avec le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel, et d’autres que j’oublie – toutes institutions qui coûtent la peau de NOS fesses. Sa seule utilité se trouve lorsque la Chambre des députés est franchement d’un bord et le Sénat clairement d’un autre : ça fait contrepoids. A nous de proposer des contrepoids plus économiques et plus efficaces !

Tout ça pour dire que le Grand Déballage s’annonce décoiffant, voire foutraque. La Lettre aux Français de Macronious à peine sortie, ça hurle déjà au scandale – normal, ils sont programmés pour ça – chez les Insoumis : à un chouïa près ils ont failli hurler trop tôt, ça aurait fait bizarre. Mais revenant à la suggestion de mon ami lecteur, je suis curieux d’observer les réactions des sénateurs de gauche, PCF, écolos et autres du même tonneau. A suivre, donc, avec curiosité.

Tibert

l’effort du sens

… ou « l’effort de l’essence » (à 1,70 euro le litre), ou « le sens de l’effort« , en V.O. Mais j’aime l’effort du sens, qui devrait être inscrit en lettres d’or au dessus du fronton de toutes les écoles de journalisme : il y a du boulot !

Macronious a balancé un petit speech aux boulangers venus fêter la Galette des Rois avec lui et madame. Outre qu’on a ainsi appris que pour faire une bonne baguette (de pain) il faut dix ans de métier – j’ajouterais « et 20 centimes de plus« , car la standard au prix plancher n’est pas souvent recommandable – on a pu entendre un topo sur le nécessaire effort. Je cite ci-dessous le passage juteux du Macroléon in extenso pour ne pas déformer :

« (…) le travail c’est une source de lien social, je le dis au milieu de femmes et d’hommes qui ne comptent pas leurs heures. C’est une grande opportunité pour le pays. Notre jeunesse a besoin qu’on lui enseigne un métier. On n’a rien dans la vie s’il n’y a pas ces efforts. Beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu’on peut obtenir sans que cet effort soit apporté. Parfois on a trop souvent oublié qu’à côté des droits de chacun dans la République – et notre République n’a rien à envier à beaucoup d’autres – il y a des devoirs. Et s’il n’y a pas ce sens de l’effort, le fait que chaque citoyen apporte sa pierre à l’édifice par son engagement au travail, notre pays ne pourra jamais pleinement recouvrer sa force, sa cohésion, ce qui fait son histoire, son présent et son avenir. »

Voilà… verbatim. Ce qu’on en a retenu ? que du mal ! a-ff-reux ! tenez, La Montagne, le canard des z’Auvergnats, je cite les commentaires dudit canard,  tout en nuance : « Emmanuel Macron a peut-être, pourtant, poussé le curseur un petit peu trop loin, en évoquant que « beaucoup trop » [de Français] oublient le sens « de l’effort », et en rappelant les notions de droits et de devoirs, « dans la République ». »

Beaucoup trop de Français meurent sur les routes.

Beaucoup trop de Français fument.

Beaucoup trop de Français boivent en excès.

Beaucoup trop de Français ne font pas de sport.

Beaucoup trop de Français ne mangent pas assez de légumes et de fruits.

Beaucoup trop de Français – mâles – ne relèvent pas la lunette des WC avant d’uriner.

Beaucoup trop de Français – mâles – ne rabaissent pas la lunette des WC après l’avoir levée (merci) pour uriner.

Beaucoup trop de Français négligent d’éteindre la loupiote en quittant une pièce.

Beaucoup trop de Français ne savent pas conjuguer feindre ou dissoudre.

Je pourrais continuer longtemps comme ça, à enfoncer des portes ouvertes : si c’était mieux, ce serait mieux. Macronibousse « a peut-être, pourtant, poussé le curseur un petit peu trop loin« . Il ne sied (*) pas, en somme, de rappeler aux Français le sens de l’effort : ils sont nés avec, congénital pour ainsi dire… à pousser le bouchon un petit peu trop loin, je dirais qu’ils ont mis des années – grosso modo, depuis la fin des années soixante – à s’en défaire.

Tibert

(*) Essayez-donc de le conjuguer, celui-là !