Bâtir du charnel et peigner la girafe

( On va laisser de côté – d’autres que moi ont exprimé leur juste point de vue sur le sujet – les vociférations groupusculaires des furieux et furieuses qui entendent soumettre la liberté d’expression à leurs diktats ou leurs vétos, dans les facs, au cinéma, à la télé. Apothéose et acmé censurielle, la fac de Lille a vu un autodafé de la production livresque de la Pensée-Hollande, après le sabotage de la conférence de l’ex-président en question : quand la connerie et l’obtusité rejoignent la violence, donnant ainsi une petite idée de la société, forcément meilleure, que ces jeunes gens souhaitent imposer… )

Mais reprenons, doucement, le fil de ce blog… je lis que le candidat possiblement officiel d’En Marche à la mairie de Paris, monsieur Griveaux, fait les yeux doux à Paname et aux Panamiens : « Moi, je suis en train de bâtir une relation charnelle avec les Parisiens« . Gaffe ! le harcèlement n’est pas loin, sinon la plainte pour viol. Avant l’édification de ladite relation charnelle il faut avoir demandé la permission et démontré la pureté de ses intentions. Outre que bâtir n’évoque rien de bien charnel, il est permis de se demander si l’ambition politique justifie tout et n’importe quoi, comme de proférer des propos d’un ridicule quasi obscène. Monsieur Griveaux fut, ne l’oublions pas, communicateur de l’Elysée : avec de telles lourdes envolées dragueuses, il n’est guère étonnant qu’on ait jugé opportun, en haut lieu, de l’envoyer sur d’autres fronts. Sa remplaçante a brillamment repris le poste ; tenez, ce scoop, qui du coup n’en est plus un, c’est elle : les Français mangent plus souvent des kebabs que du homard.

Tibert

Métonymie-bémol

( La suggestion du jour, pour le Grand Déballage : pourquoi que les connexions internet les plus lentes et pourries – à la cambrousse, cherchez pas – sont comme par hasard toujours les plus chères ? si Internet est une Grande Cause Nationale, il y a du grain à moudre pour réduire les inégalités ! )

Mais juste pour faire semblant de « les » charrier un peu, sinon ils vont croire qu’on ne lit pas leur prose… Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, et qui (ne) gagne (que) 9.559 euros bruts par mois, habite en banlieue parisienne… eh oui, dit-il, il ne roule pas carrosse, et « le prix du mètre-carré à Paris est trop cher« .

Eh non… un objet peut être cher, ce n’est pas son prix qui est cher. De même, « les températures sont élevées (ou basses, ou normales…)« ,  et non « les températures sont chaudes« . C’est le temps qui est chaud, et le bifteck qui est cher ! la température et le prix, ce sont les mesures des qualités chaleur, cherté, gnagnagna…

Donc : à choisir, monsieur le porte-parole ; moi j’opterais pour la première proposition, plus concise et aussi claire.

  • soit « le mètre-carré à Paris est trop cher« ,
  • soit « le prix du mètre-carré à Paris est trop élevé« 

Bon, il serait employé au ramassage du courrier, cuistot, informaticien, on fermerait les yeux, on s’en foutrait, de cette imprécision, de cette erreur de cible. Mais c’est NOTRE porte-parole à nous. Faut qu’y porte bien la parole, faut qu’y cause bien ! à moins que le journaleux n’ait déformé ses propos ? j’aurais l’air malin, moi…

Tibert, pinailleur.