"Les heures les plus sombres" etc

Le débat parlementaire sur le fameux « mariage pour tous », ma tata et son tonton, Pommègue et Ratonneau, mon chat et  le hamster de la voisine… ne fait que commencer, mais nous savons tous que ce n’est que du cirque, car c’est mathématique, la majorité étant la majorité, la loi sera votée, nananè-re, et bisque-bisque-rage. Seul le Conseil Constitutionnel pourrait invalider une loi mal foutue, tordue, bancale. Donc c’est plié d’avance, on le sait tous.

A vrai dire, le mariage des homos, on s’en tape – ce n’est que la 4.392 ème préoccupation des Français, il n’y a que monsieur Bergé à regretter amèrement de n’avoir pu dire Oui, devant monsieur le maire, à l’élu de son coeur en tenue YSL – la classe ! nos compatriotes homos, gais ou tristes, sont en fait pressés de voir comment ça fait de faire comme les mariés hétéros, se tromper, découcher, cocufier l’autre, s’engueuler sur la couleur des brosses à dents, s’envoyer leurs avocats, divorcer, se déchirer comme tout un chacun. Le bonheur, quoi.

Mais c’est intéressant tout de même, gratuitement, sans enjeu, pour le spectacle. On va se régaler à voir les arguments débiles, les prises de bec, les amendements ahurissants, les engueulades « pour de rire » de nos parlementaires, vu que les dés sont pipés. On en a déjà entendu de bien bonnes : « louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? »  (c’est un homme qui dit ça, évidemment, et qui n’a vraiment pas besoin de louer ses bras : il est donc parfaitement fondé à dire une ânerie) et c’est symptomatique : le problème sociétal n’est pas le couple, c’est la famille ; la famille, quand il y a des gosses.

Bon, à vos journaux, ce sera drôle, tragique, triste, gai ? va savoir. Le « Monde » traite des « premiers dérapages du débat parlementaire » : c’est donc que c’est un sujet à déraper ? par exemple, en tenant des propos homophobes ? nous aurons donc certainement droit, en représailles, aux « heures les plus sombres de notre histoire« . Mais iront-ils jusqu’au « ventre fécond (…) la bête immonde » ? ce serait déplacé.

Tiens, pour finir, un superbe slogan de la manif’ anti-anti-mariage homo, bref la manif’ « pour », hier – à peine demi-« consistante », la manif’, au vu des effectifs : « Hollande si tu recules, on t’enc…« . On comprend qu’il soit motivé !

tibert

Et, quelle est la bonne nouvelle ?

La bonne nouvelle, ce sont les chiffres du chômage : c’est le plein emploi ! à en péter les compteurs ! songez que pour le poste de Président de l’Institut du Monde Arabe, à Paris, on a eu un mal fou à trouver un candidat ; tout le monde est tellement occupé, faut dire… on a dû racler les fonds de tiroirs, aller chercher un retraité chenu, et dans les Vosges ! 73 ans… il n’était pas chaud, il a posé plein de questions, la cantine, des détails comme ça… il a fallu le convaincre… mais si, pépé, la soupe est bonne !  il s’appelle… voyons… ah oui, un certain Lang, Jack. S’il connaît le monde arabe ? vous n’allez pas en plus faire la fine bouche ? déjà bien beau… Le plein emploi, vous pensez, ça faisait longtemps, même Michel Sapin en rêvait.

La bonne nouvelle, c’est que Michel Sardou, LE Michel Sardou, est favorable au mariage « gai » (pas gai-joyeux ; « joyeux » entre guillemets, homosexuel, ou « pour tous », je traduis). Une telle autorité morale, une pointure intellectuelle de ce calibre, ce phare dans la nuit de la pensée, et qui nous donne la bonne direction… on sait maintenant où aller, on avait des doutes… Des doutes ? il n’y a plus à hésiter. Et merci aux journalistes qui savent, eux, où est l’information décisive, incontournable.

Et la mauvaise nouvelle ? voyez ci dessus, choisissez… ou les deux…

Tibert

Sur le tarmac du Champ-de-Mars

On joue les prolongations juridiques et financières à la manif’ du 13 janvier, la manif « consistante », « Tous nés d’un homme et d’une femme« , vous voyez ? eh bien, la pelouse du Champ-de-Mars n’ayant pas résisté au piétinement d’un nombre « consistant » de manifestants, il va falloir la refaire, et le maire de Paname réclame 100.000 euros – notez bien, pas 79.817,58 euros, ni 102.612,32, non : 100.000 tout rond, ce qui donne avec une TVA à 19,6, gnagnagna… 83.612,04 euros : ah, enfin des vrais chiffres, pas une estimation au doigt mouillé, comme on craignait. Une vraie facture, quoi.

Eh bien, c’est la Préfecture de Police de Paris qui a reçu la douloureuse : normal, direz-vous, c’est elle qui a imposé le Champ-de-Mars comme point de rassemblement final à cette manif’. Laquelle Préfecture de Police a retransmis aussi sec aux organisateurs, estimant que c’est eux qui ont piétiné là où il aurait fallu survoler le gazon, mais on ne sait pas encore léviter ( l’éviter ? quoi ? de fouler le gazon).

Mais voilà-t-il pas que la passionnaria de la manif’, Frigide Barjot – c’est peut-être un pseudo – déclare que 100.000 euros ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, et continue : « J’appelle tous les citoyens aujourd’hui à venir replanter le Champ-de-Mars (…) S’il faut replanter le Champ-de-Mars, on le replante, mais on n’a pas 100 000 euros comme ça pour le Champ-de-Mars« .

Voilà, monsieur le futur ex-maire de Paris, une idée qu’elle est bonne ! si toutes les manif’s de la CGT-CFDT-FO-SGEN-FSU-RATP-SNCF-Autonomes-SUD-SUD-Rail-et-j’en-oublie, depuis la Libération de 1945, avaient fini  en séances de jardinage, râteau sarcloir rouleau fumier cordeau binette arrosoir et brouette, comme Paris serait beau et vert, comme nos rives de la seine seraient luxuriantes ! mais hélas vous êtes bien, monsieur le Maire, le premier et le seul à réclamer des sous, comme si vous ne les aimiez pas, ces manifestants du 13 janvier…

Une suggestion maintenant : il n’y a rien de mieux qu’un bon vieil aérodrome pour accueillir les manif »s. Les organisateurs de « raves » le savent bien, et ne s’en privent pas ; suffit de passer le tarmac au bulldozer, puis au nettoyeur-vapeur le lendemain. Un aéroport désaffecté fait farpaitement l’affaire : je vous fiche mon billet que d’ici 20  ans, si Notre-Dame-des-Landes, ce qu’à Dieu ne plaise (*) et en dépit du bon sens, se construit, c’est sur ses deux pistes envahies par les mauvaises herbes que finiront les manif’s du « Grand Ouest ». Soyons donc pragmatiques, réalistes, économes : faites, monsieur le Maire de Paname, atterrir les manif’s sur un tout neuf tarmac au Champ-de-Mars. Les ampoules aux mains des jardiniers « consistants » à venir vous diront merci.

Tibert

(*) c’est une figure stylistique, rien de plus.

Pas de quoi rire

Le saviez-vous, une journaleuse de France-TV a été filmée pendant la manif’ « familles », dimanche dernier, là… vous voyez ?  la manif’ à 800.000 personnes, 340.000, ou  simplement consistante, selon les sources (*). Bon… filmée se marrant, rien de pendable, mais elle a quand même exigé et obtenu que cette séquence soit coupée à la diffusion. Elle  ne voulait pas qu’on la voie se marrer ! aurait-elle de vilaines gencives ? une dent gâtée, manquante ? eh non, elle ne voulait pas qu’on voie avec qui elle se marrait.

Et avec qui se fendait-elle la poire ? avec monsieur Collard, alias maître Collard, l’un des deux députés FN. Mais c’est que c’est horrible, aff-reux, et elle risquait sa peau au Service Public, ou, va savoir, un procès, intenté par l’une des officines gardiennes de la BPJCC, la Bonne Pensée Judéo-Chrétienne et Charitable, SOS Trucmuche, etc, il y a le choix.

Car – ce n’est pas écrit, mais… –  il est malotru d’engager un dialogue humoristique avec un représentant du FN. D’abord parce qu’ils sont obligatoirement sinistres, et puis il convient, face à de tels individus, de rappeler gravement « les heures les plus sombres etc etc.. », si possible dans le ton de Malraux au transfert des restes de Jean Moulin, et puis ça donne la gale, le béri-béri et la vérole.

Notez bien : en principe, normalement, tous les journalistes sont de gauche, enfin, devraient être de gauche, et donc bannir toute compromission, fût-elle verbale, avec des représentants du FN, sinon où va-t-on ? d’autant plus que l’ancien directeur de Cabinet de monsieur Jospin, monsieur Schrameck, vient d’être opportunément bombardé au CSA. Il y a intérêt à serrer  les fesses.

Et quelle était la blague si marrante, qui faisait poiler Me Collard et la prudente journaleuse ? vous donnez votre langue au Chat Tibert ? allez, je vous la raconte, parce que c’est vous, je l’ai lue sur leurs lèvres.

La journaleuse  (LJ): « Maître (vous permettez que je vous appelle maître ?)… vous.. euh… »

Maître Collard (MC): « passez au large, malheureuse, je n’ai point sur moi ma crécelle de lépreux, mais c’est tout comme… on va vous lapider, ma pauvre dame, si l’on vous voit m’adressant la parole. »

LJ :  » ah boudiou, c’est vrai, ah la la, quand je pense, la tête de mon patron s’il nous voit causer ensemble ! la cata !  »

MC  : « les yeux révulsés, l’apoplexie, au secours la République, à moi le Peuple, vous voyez le tableau ?  »

Et ça les faisait marrer, tous les deux, là, dans la manif’, d’imaginer la tête que ferait le Chef à la télé quand il verrait les rushes (**). Sauf que, réflexion faite, ce n’était pas marrant, juste dangereux.

Tibert

(*) « consistante », et non pas « molle », « liquide », « grumeleuse »… ça évoque Sganarelle, « la matière est-elle louable ? » à propos du contenu du pot de chambre. On connaît ses classiques, à l’Elysée.

(**) les rushes : les prises de vue brutes avant montage. Holà du Dictionnaire de la langue française, il y a quelqu’un ?

Le taxi pour tous

Tout frais du jour : la manif’ anti-« mariage pour tous » (je m’étonne d’ailleurs que nos habiles et chevronnés politiciens professionnels, cramponnés à leurs mandats jusqu’à ce que leur sénilité soit par trop visible, n’emploient pas les termes « mariage pour toutes et tous« , bien plus « corrects » – et putassiers), fermez la parenthèse, virgule, cette manif’ a donc rassemblé des centaines de milliers d’opposants à  ce projet de loi. Notez bien, ils peuvent flûter, le gouvernement s’en tamponne et se cramponne, non non non, ça se fera, nananère, et pas de référendum, y a pas de raison, article 11 machin, car nous l’avons programmé, gnagnagna.

La question n’est pas, en fait, nous le savons tous, de permettre ou non aux homos de se marier : le PACS n’est pas pour les chiens, les curés ne marieront toujours pas les homos, seuls les maires pourront, ou devront, c’est selon, unir les joyeuses-et-les-joyeux (c’est plus gai que « gay », ne trouvez-vous pas ?). Mais c’est de plus en plus ringard de se marier, même Normal-1er ne s’est pas remarié, c’est dire ! la question se joue ailleurs, sur le statut de la famille. Et s’il s’agit de mettre une robe blanche, de lancer des poignées de riz, de défiler en bagnole klaxon coincé, ça peut se faire quand on veut, suffit de trouver une occasion, ça peut aussi bien être la première dent du petit dernier qu’un mariage en bonne et due forme.

Non, la question est ailleurs, sur la définition de la famille. Le slogan de cette manif’ : « tous nés d’un homme et d’une femme » pointe bien, d’ailleurs, où est le débat, pas chez le maire, mais dans les foyers.  Notons que les jusqu’auboutistes du foutage en l’air de la structure familiale ont reculé, reportant sagement la discussion de la PMAPTT, la Procréation Médicalement Assistée (Pour Toutes et Tous, j’y tiens), à plus tard. Et, voyez, ils ont également reculé ailleurs, c’est tout récent, souvenez-vous, devant l’ampleur de la réforme visée et les bouleversements pressentis…

… ils ont en effet molli sur la remise à plat des transports en ambulances-taxis. Il est vrai que quelques milliers de taxis avaient pacifiquement (sic !) bloqué les avenues de Paris et quelques autres lieux, tout comme la manif’  de ce dimanche, d’ailleurs. Il est vrai que faire des économies et en finir avec les abus des transports de plus ou moins malades par des taxis plus ou moins remplis ou plus ou moins adaptés , ce n’était pas un engagement du candidat Normal.

Moralité : si la manif’ anti-mariage « pour tous » avait réquisitionné les taxis de la Marne (et d’ailleurs) pour défiler, elle aurait gagné, et à l’aise, Blaise. il faut toujours en revenir aux taxis pour faire plier le gouvernement. Et ça en dit long sur  ses engagements profonds à réformer notre société.

Tibert

PS du lendemain : on me prie de rectifier une erreur historique dans mon billet : Normal-Moi ne s’est jamais marié, lui, donc encore moins remarié, bien entendu. Toujours vécu à la colle, ou un PACS discret, qui sait ? avec la pénultième dame de son coeur, mais chuuut ! le mariage pour tous ? pas pour lui.

Abusifs abus

Je lis ça sur le Figues-sur-Toile, et franchement là il y a de l’abus, je cite : « … quelque 200 abus sexuels commis sur des enfants  (…) [il en a] sans doute abusé plus de 500, et violé plus d’une trentaine« . Il s’agit d’un ex-animateur de la BBC, qui se révèle être un redoutable prédateur pédophile.

Voyons : qu’est-ce qu’un abus ? un excès (au delà du raisonnable) ou une tromperie. « J’ai abusé des choux à la crème« … « il a abusé de sa bonté« … et au passif ça donne par exemple : « ma bonne foi a été abusée« … « il a été abusé par l’ombre portée« …

Vouais… hmmm… les pauvres enfants auraient-ils été trompés ? on aurait abusé de leur naïveté, de leur innocence ? leur aurait-on fourgué des Carambars périmés comme étant frais du jour ? c’est très très flou comme qualification délictuelle. Et, chers lecteurs de votre blog favori, je m’en vais vous dire de quoi il retourne : c’est un anglicisme !

Bon sang, mais c’est bien sûr, vous le saviez : « to abuse« , en anglais, c’est maltraiter ! les enfants ont été maltraités (agressés, si vous voulez), voire plus précisément, violés ! un « abus sexuel » tel qu’on l’écrit ici improprement, c’est non pas un usage excessif de la veuve Poignet (ça rend sourd), des sextoys (ça use les piles) ou des galipettes amoureuses (ça ne rend pas sourd, ça n’use pas les piles, mais ça fatigue) : c’est une agression sexuelle.

Reste à faire un subtil distinguo entre « agression sexuelle » et viol ; chez nous c’est quasiment de la même eau, la notion de viol est assez extensive. Outre-Manche, qui sait, le Politiquement Correct et l’édulcorant journalistique ont peut-être tendance à traiter de sexual abuse (« agression sexuelle », et non pas « abus sexuel », qui ne concerne que les insatiables du cul) ce qui est viol (rape). Mais ceci est une autre histoire.

Moralité : nous avons déjà des cargaisons d’anglicismes ; n’en « rajoutons » pas, ou nous y perdrons notre latin. N’est-ce pas, chers journaleux du Figues-à-rôts et autres canards peu regardants sur la précision des termes ?

Tibert

Fromages et gérontophilie

Je l’apprends, entre atterration (atterritude, madame Ségo ?) et ricanement triste : l’Institut du Monde Arabe, IMA en bref, dont le siège est non pas à Rabat, ni à Médine – je vous le donne en mille : à Paris – et qui se cherchait une « pointure » pour le diriger depuis le ménage et le remue-ménage des élections, va se tourner (enfin, « on » va le tourner) vers monsieur Jack Lang, 74 ans aux vendanges, ex-titulaire d’une veste aux Législatives de Juin dans les Vosges.

Et l’on nous raconte que la priorité des priorités, « avec les dents » s’il le faut, dixit Normal-Moi d’un air décidé dans ses voeux, c’est l’emploi ? mais p… de b… de m… c’est encore UN poste de salarié jeune et compétent qu’on pique aux demandeurs légitimement inscrits à Popaul-Emploi ! ce vieux monsieur Lang, là, j’ignore ses états de service, mais ça fait au moins 8 ans qu’il devrait être à la retraite ! on n’a donc point de bon sens, au Château ? on recrute dans les maisons de retraite ?  je sais que c’est dans ses vieilles charentaises – je ne parle pas pour vous, madame Ségo – qu’on est encore le mieux, mais il y a des millions de chômeurs, et l’on va nous extraire de son village vosgien un septuagénaire rangé des voitures ! et de m’interroger : aurait-il un « piston » ? des amis bien placés et bienveillants ?

Mais non, ils vont sûrement en terminer avec la Semaine de Bonté… la démocratie et la bonne gestion fonctionnent aux compétences, pas aux copinages, c’est clair, enfin, je suppose.

Tibert

(PS du lendemain) : dans l’avalanche de commentaires rejoignant ma réaction – dans quasiment toute la presse en ligne – j’extrais cette perle (le Monde) : « Le gouvernement nous présente ses meilleurs vieux« .

On avance on avance…

Je pourrais tartiner sur notre Gégé, l’Obelix de la discorde, qui, contre toute évidence, tresse des lauriers à la démocratie russe – bien que trouvant débile la tranche d’impôts à 75 %, je déplore qu’on aille « pour si peu » se jeter dans les bras d’un Vladimir Poutine. Certes la démocratie belge n’est pas la plus exemplaire de la planète, mais elle traîne moins de casseroles.

Je pourrais gloser sur notre Royale Ségolène, qui, paraît-il, regrette de n’avoir point accepté le poste ministériel dévolu à madame Taubira… cela lui aurait été, assure-t-elle, d’une aide certaine pour emporter la législative en juin dernier à La Rochelle, où, parachutée, elle prit une veste face à un socialiste moins en cour et rebelle, comme on sait. Quel cynisme ! je suis ministre, voyez comme j’ai de l’entregent, le bras long, votez pour moi ! quant à partager mon temps entre mes diverses casquettes, mes attributions variées… entre deux avions, qui sait ?

Meuh non, je m’en vas broder sur la querelle du mariage « pour tous », pour mon chien et sa baballe, le poisson rouge et la mésange, le berger et sa chèvre favorite. On sait que les cathos mobilisent contre, que le ministre de l’Educ’ Nat’ est monté au créneau pour, dit-il, défendre la laïcité, donc interdire à l’enseignement catholique conventionné d’introduire ce débat [dans un sens défavorable, NDLR] dans les établissements du même métal, etc etc : ça secoue dans les branches !

Mais voilà t-il pas que notre très communicante porte-parole du Château, Najat Vallaud-Belkacem, fait des visites dans les écoles pour apporter sa petite pierre à la lutte contre l’homophobie… noble cause, oh combien essentielle, et qui ne souffre aucune réserve ! et, figurez-vous, raconte-t-elle,

« … il m’a été à un moment posé la question de la loi sur le mariage pour tous à venir, et je me suis contentée de répondre à la question d’un élève sans aucun prosélytisme et en laissant évidemment chacun libre de son opinion » (« évidemment » : ça va donc de soi).

Elle indique avoir poursuivi ainsi :
« Ca veut dire que finalement pourront se marier des gens qui s’aiment, même s’ils sont de même sexe, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. » « Ca va permettre plus d’épanouissement, plus de liberté, plus d’égalité dans la société. Il faut comprendre ça comme une avancée » (*).

Sous le tableau à la pipe peint par Magritte était écrit : « ceci n’est pas une pipe ». Sous la chaude apologie du « mariage pour tous » il faut lire : ceci n’est pas du prosélytisme. A vrai dire, ce n’est pas non plus une pipe.

Tibert

(*) de nouveau, je pense ici irrésistiblement à « nous sommes au bord de l’abîme, mais nous allons faire un grand pas en avant ».

Paul Tauchart et Jean Cropet

On nous en a rebattu les coins de la Toile : Jean Topart, hélas, nous a quittés, nécrologie, regrets, quelle voix, ce sont les meilleurs qui s’en vont (sans oublier ceux qui le font par souci de ne pas trop se faire tondre).

Eh oui, Jean Topart, l’inquiétant toubib de « Poulet au Vinaigre« , etc etc. On le regrettera, eh oui, lui ne figurait pourtant pas dans la liste des Personnalités Préférées des Français, cette mascarade débile (cette année ce serait Omar Sy, paraît-il, l’inamovible Noah a craqué, je vous dis pas le séisme, c’est terrible !). Mais il en est un à qui je voulais adresser ce billet, et qui ma foi est mort tout discrètement, sans bruit, à peine un léger entrefilet ici ou là. J’ai nommé Paul Crauchet.

Je n’ai pas rencontré personnellement Paul Crauchet, je l’ai vu pour la première fois au cinéma dans un film estimable et frais, mais introuvable, hélas, aujourd’hui, dérangeante fiction post-soixante-huitarde passée à la moulinette de l’usure du temps. C’était « Bof, ou l’anatomie d’un livreur« , du dénommé Claude Faraldo, qui commit ensuite deux ou trois autres futurs films oubliés, tel « Themroc« , où Michel Piccoli, rien que ça, faisait du cannibalisme sur une dépouille de CRS… voyez le genre !

Bref… dans « Bof etc etc …« , que je trouvai épatant, Paul Crauchet, récent retraité ayant marié son fiston puis affectueusement  euthanasié son épouse pour lui éviter une vieillesse morne et pénible, vient habiter ensuite chez ledit fiston (livreur de boissons chez Nicolas ou similaire) dont la jeune  épouse n’est autre que la lumineuse Marie Dubois, on ne se refusait rien à l’époque ! et lui demande gentiment si, « de temps en temps, entre amis », il ne pourrait pas, si elle est d’accord, avoir, avec la copine en question, etc etc… vous voyez le topo ? : scénario impensable aujourd’hui, vous imaginez le scandale ? et je vous fais grâce de la scène où le livreur termine son repas face à sa compagne, laquelle lui demande « tu veux du dessert ? » : réponse vigoureusement affirmative, soupir complice de la copine (encore! gros gourmand !) qui monte sur une chaise et relève sa robe… fondu au  noir…

Pour la petite histoire, je rencontrai Faraldo, le metteur en scène, un soir du début des années 70 à Lyon : il venait présenter ce même film, si je me souviens bien… ciné-club, donc… il y eut une chaude discussion post-projection, au cours de laquelle nous échangeâmes sur les thèmes du film, y compris le dessert. Mais passons.

J’aimais bien et j’estimais Crauchet l’acteur, son flegme, sa voix, sa dégaine ; il n’avait pas un registre très large, mais un jeu sobre et de la présence, dans « L’armée des ombres« , dans moult films de Sautet, dans « Dernier domicile connu« , « Les granges brûlées« , etc etc : plein de bons trucs.  Pas de chance, départ inaperçu, il est « passé » quasi en même temps que Topart, qui lui a fait de l’ombre. Je lui donne ici un coup de projecteur, il le mérite, et un grand coup de chapeau.

Tibert

Explication de texte

Oui, qu’entendez-vous, que comprenez-vous quand un homme du genre Normal, dans son costard bleu et sa chemise blanche, derrière un pupitre, le 31 décembre de l’an dernier, énonce ceci :

« Il sera toujours demandé davantage à ceux qui ont le plus. C’est le sens de la contribution exceptionnelle sur les plus hauts revenus… gnagnagna… ».

A supposer que Normal-Moi ait voulu dire « …demandé davantage (à ceux qui ont le plus) qu’à ceux qui ont moins » – ce qui est bien normal sans majuscule, on est tous d’accord, c’est le bon sens même – pourquoi ne l’a-t-il pas dit ainsi ? parce que c’est évident ? alors pourquoi le dire ? enfoncer des portes ouvertes ?

Moi, tortueux comme vous me connaissez, je comprends ceci : Il sera toujours demandé davantage  –> il sera demandé toujours plus !  : 75 % avant que le Conseil Constitutionnel y mette le hola, car c’est confiscatoire, mais si si, on obtiendra les 75 % malgré ces vieux machins, on trouvera bien une astuce, et puis en route pour les 76 %, 77 % etc, jusqu’à leur piquer plus de fric qu’ils n’en auront gagné, ceux qui « ont le plus ». Ce qui aboutira inéluctablement à ce qu’ils en aient de moins en moins, ceux qui « ont le plus », sauf à se trouver une nationalité moins rude sous d’autres cieux moins confiscatoires.

Il reste environ 4 ans et demi à Moi-Président pour faire les poches à ceux qui seront, insconscients, masos ou patriotes, restés sur le sol de l’amère patrie.

Tibert