Spontanéité ferroviaire

Une émission sur Europe 1 ce soir, à propos des lois en préparation sur le service minimum.

On interviouve un cheminot, hostile comme de bien n’entendu à ces textes. Et ledit cheminot de critiquer la disposition spécifiant qu’il faut se déclarer gréviste 48 heures à l’avance. « Ouais, y a des gars, la veille ils savent pas, le jour-même en voyant les copains, tu fais quoi toi ? tu fais grève ? ouais après tout, mais je me tâte… bon allez on y va, faut ce qu’y faut… donc les grèves ça a un caractère de spontanéité, voyez ? alors avec cette loi, on va perdre de la spontanéité… »
(Notez au passage la puissante motivation prolétarienne, la volonté de lutte qui transparaît à travers ces propos : ce serait presque de l’Eisenstein)
L’admirable ressenti que voilà, que nous pourrons mettre en regard du ressenti du voyageur SNCF, penaud sur son quai de gare sans train, spontanément pas pris en charge bien que muni de son billet. De savoir quelques heures plus tôt à quelle sauce on allait le rouler dans la farine – pour des questions auxquelles il est totalement étranger – lui aurait peut-être permis de s’organiser ? ah mais là ça va pas être possible, mais notez bien que c’est spontané, donc comme ça c’est quand même mieux, vous vous ferez bien une raison.

On l'avait bien dit

556 km de bouchons ce samedi 28 juillet 2007 sur nos belles nationales, autoroutes, routes secondaires, et sur nos ponts, nos viaducs, nos tunnels.

On vous avait pourtant cité Blaise Pascal : « Tout le malheur de l’homme vient de ce qu’il est infoutu de rester tranquille chez lui » : tu parles, les gens s’en foutent, de Blaise Pascal. Pourtant, si tous ces Anglais, ces Néerlandais (avec leur bouffe, leur PQ, leurs rustines à vélo dans la remorque, ils n’achètent rien chez nous, tout le monde sait  ça), Belges, Suisses, Danois… sans compter les 75, les 91, 92, 93, 94, 95 ne se ruaient pas tous ensemble sur nos chaussées, on serait bien plus tranquilles.

Monsieur Schmoldu, du Val de Marne, si au lieu de foutre le camp à 6h30 ce samedi matin, avec les gamins qui pleurnichent et maman qui fait la tronche, car pas réveillée, vous retrouvant ainsi en enfer à 15 km/h sur l’A7 pendant 10 bonnes heures, vous aviez tranquillement fait la grasse matinée, une bonne bouffe, la sieste (éventuellement crapuleuse, eh eh), et pris ensuite votre voiture sur les 17 heures, tranquille, vous auriez perdu 4 ou 5 heures de vos bronzettes, mais économisé plein de crème solaire, vos nerfs, de l’essence, des engueulades, de l’eau minérale… vous seriez arrivé a 1 h du mat’, et alors ? les gosses dormiraient, maman itou, il fait bon, la clé est sous le pot de fleurs…

– Eh vous là le grand éviteur de bouchons, conseilleur à la gomme,  dites-moi voir un peu, si tous les vacanciers du 94 lèvent l’ancre, comme vous le recommandez, sur le coup de 17 heures, que va-t-il se passer au péage de Fleury-en-Bière à 18h ?  hein ? Zonbi futé de mes deux.

A contre-courant

Mon defunt pere avait deux maximes a la bouche, qu’il ressortait assez souvent :

– la premiere consistait a citer Pascal (Blaise, l’inventeur du limacon avec une cedille) a propos du malheur de l’homme ayant son origine dans son incapacite a rester seul et tranquille chez lui.

– la deuxieme recommandait, lorsqu’on voyait tout le monde se ruer dans une direction, de se diriger resolument a l’oppose.

Ces deux recommandations sont sages, et certes bien des voyages pour rien, des week-ends mornes se terminant invariablement par la queue au peage de St Arnoux en Yvelines, des files d’attente pour se faire dedicacer le dernier Nothomb, des desillusions sur le tome 27 d’Haripoteur, helas etrangement semblable aux precedents, des cohues penibles sur les planches de Deauville, des emeutes pour tenter d’apercevoir un bout de l’oreille du dernier pipeule qui se re-re-marie  seraient evites, pour le plus grand benefice de la planete et des gaz a effet de serre.

Mais ces deux preceptes sont helas contradictoires, et de suivre l’un contraint a violer l’autre. Soit, voyant les hordes hurlantes se ruer sur les vitrines le premier jour des soldes, je decide de rester tranquille chez moi, soit je pars acheter resolument des articles dans un magasin qui ne solde rien, ainsi assure de ne pas me faire pietiner. Angoissante incertitude, d’autant plus que se profile, derriere le raz-de-maree Haripoteur, la deferlante du dernier « iMachin » de chez Apple, dont tout le monde va croire indispensable l’achat hic et nunc, dusse-t-on se faire laminer et tailler en pieces.

RSA, RAS !

Not’ premier ministre, qui s’efforce d’exister – c’est dur avec Sarko – veut mettre en place un Revenu de Solidarite Active ; en gros, avec le RMI et les a-cotes, il est moins interessant aujourdhui de bosser un peu – par exemple un mi-temps – que de rester a se limer les ongles chez soi. Donc evidemment, il est urgent de faire quelque chose ! Je cite le Fillon dans le texte : Il faut en finir « avec un système idiot », « injuste pour les bénéficiaires » et « mauvais pour la société » car responsable de « millions d’heures de travail pas assumées et de dépenses sociales qui pourraient être évitées ».

Ce dispositif devrait etre mis en place a titre d’essai dans quelques departements dans un premier temps. Bonne initiative, non ? Et d’ailleurs on connait le probleme depuis des annees, et donc les Jospin and Co ont eu l’occasion de le botter en touche, ce qu’ils ont bien reussi, merci. Je poursuis,et cite ici la suite de l’article du Monde :

Bien qu’il ne soit pas opposé au dispositif (c’est moi qui mets ça en gras), le PS a raillé la « bonne conscience » que se donne le gouvernement. Le RSA ne sert qu’« à dissimuler les cadeaux fiscaux accordés aux plus nantis ».

Et wouala !  » Le RSA ne sert qu’a…  » Et il y en a qui n’ont pas du tout mauvaise conscience. Rien foutu sur la question pendant des annees, d’accord avec le projet, mais c’est pas moi qui le fais, alors je boude ! Gamins, va ! Il y a vraiment des baffes qui se perdent.

Haripoteur

In Rosbif car sans accents, le dernier produit issu des chaines Haripoteur vient d’etre livre au grand public : 11 millions de paves imprimes ont deja ete vendus, enfoncant ainsi le record historique etabli par la version N-1. Mais nul doute que les 15 millions de lecteurs du premier jour, suivis par les 550 millions de lecteurs du mois suivant, puis les milliards de paires d’yeux qui verront la version cinoche dudit produit, ne parviendront point t’a convaincre la productrice de continuer la serie : merde quoi, y a pas de raison, avec son matelas d’un milliard d’euros, elle en a assez pour se la couler douce sous les bananiers, tas de gogos ! C’est avec votre fric qu’elle va maintenant coincer la bulle, et vous n’aurez jamais la recette de la baguette magique. Le Monde entier s’est ainsi uniformement Haripoterise, mais se retrouve tout uniformement cocu.

Vingt ans après

Comment évolue-t-on, en 20 ans ? Beaucoup, et pas forcément en bien. On se ride, certes – pas tout le monde : selon la regrettée Arletty, « des rides, je n’en ai qu’une, et je suis assise dessus » – mais on mûrit, et on se calme, aussi. Le jeune Jospin trotzkyste devient socialiste (mais cesse-t-il pour autant d’être trotzkyste ? pas forcément, connaissant les techniques d’ « entrisme » chères aux disciples de Léon (*) )… bref en 20 ans on change, c’est sûr.

Nathalie Ménigon est restée jusqu’ici 20 ans derrière les barreaux, et c’est normal, s’agissant pour elle et ses complices de 2 assassinats. Justifiés par des considérations politiques, oui, mais à cette aune n’importe qui peut flinguer n’importe quoi ; ce sont des assassinats quand même. Ceci dit, elle a payé, cher, elle est physiquement foutue, une espérance de vie désormais misérable : on lui concède la semi-liberté, et c’est humain, au sens où c’est un geste d’humanité ; disons que la Société se montre humaine.
On est d’ailleurs surpris que cette fois-ci le Parquet et le Ministère ne fassent pas appel : eh bien sans doute que le Président a changé, et les jusqu’auboutistes de la vengeance ont peut-être mis une sourdine. Et c’est une bonne nouvelle.

(*) En triste, pourrait-on dire, ce qui colle bien au personnage !

Fromage télécom'

On peut lire dans la presse du matin (chagrin, comme d’hab’) que la société Geonumbers, qui se faisait fort de faire contourner les numéros surtaxés (15 ct la minute, 34 ct, etc…) jette l’éponge, soumise qu’elle est à l’amicale pression de certains de ses « amis ».

L’article énonce entre autres ceci : « Seulement, depuis la libéralisation du secteur des télécoms, le marché des numéros spéciaux n’est soumis à aucune réglementation. De fait « la plupart des entreprises françaises ont remplacé leur numéro traditionnel par des numéros surtaxés » (…) «Imposer un numéro surtaxé pour une simple communication sans valeur ajoutée est un abus, voire une escroquerie » « 

Certes ! Il y a par exemple ma succursale bancaire, qui est au bout de ma rue, donc 300 m à pied, et quand je veux lui téléphoner c’est 15 ct la minute, avec Vivaldi en zizique d’attente pour arrondir les angles et l’addition. Donc j’y vais à pied, ça fait du bien à mon portefeuille, et puis le gouvernement me recommande « pour votre santé » de marcher au moins 45 minutes par jour, pas surtaxées, celles-là. alors… et d’ailleurs si ma banque est en étage, c’est encore mieux pour mon coeur.
Tout ça pour  pousser un grand coup de gueule (ça soulage) contre ces pratiques de rapine au téléphone. Oui, ce sont de petites sommes, certes, mais c’est quand même de l’arnaque. Et not’ gouvernement devrait moraliser ce marigot, car ça grenouille pas mal dans ces télécom’s, et ça sent mauvais, les marigots.

La morue, et le Reste !

Savoir mettre un nom sur ce qui nous tourmente, c’est déjà aller mieux. Et ça fait du bien de découvrir dans Le Monde du soir et du petit matin que le mec qui a hanté mes déplacements en train pendant des années – tiens encore une grève à la SNCF, je vais devoir prendre ma voiture, et il ne me reste que 5 points sur mon permis, ah non je ne pourrai pas rentrer vendredi soir, eh merde encore une grève, et mon billet pour Taragon-le-Haut que… bref le gus qui me les brisait menues s’appelle Le Reste. Enfin, un des gus, parce que les z’autonomes, les SUD-Rail et j’en passe, tous d’accord pour empêcher l’ « usager » de voyager, bien qu’ils soient censés de par leur métier le lui permettre, notamment quand il a payé son billet.

Eh bien ce type parle du service minimum, et il n’est pas d’accord, bien entendu, on ne va quand même pas lui casser son unique moyen d’expression : empêcher l’ « usager » de voyager.

« USAGER » : nous sommes des usagers. Pour mon coiffeur, que je paye, pour le boulanger, l’hôtelier, le bistrot… bref pour toute transaction commerciale, je suis un CLIENT. Mais quand je paye pour utiliser un train, je ne suis qu’un USAGER !! ce qui justifie qu’on contrarie mes plans quand on veut et comme on veut ; priver le client de ce qu’il a acheté, c’est du vol, mais priver l’USAGER de ce qu’il a acheté, c’est du syndicalisme.

Allez, un truc plus léger pour vous détendre. Le même canard (cherchez l’article) nous entretient de la pêche à la morue en Pologne. Ils en pêchent trop, les Polonais. Bref, ce qui est curieux, c’est que le CABILLAUD, poisson des mers froides, de la famille des Gadidés, en voie d’extinction, et tant pis pour les Portugais, une fois attrapé, tué, éviscéré, mis à plat, salé et / ou séché, ça devient de la MORUE. La transsubstantiation du cabillaud, si vous voulez. Donc, « pêcher la morue », c’est idiot ! Tout ce boulot pour rejeter le poisson salé à la mer et essayer de l’attraper ensuite, ça va encore plus saler l’eau de mer !!

C’est peut-être pour ça que la Mer Morte est si salée : on a dû y pêcher de la morue il y a fort longtemps, et maintenant c’est devenu trop salé. Ah évidemment si on y avait pêché de la morue fraîche (comme on dit dans les restos chics pour cacher que c’est du cabillaud), ça aurait préservé l’environnement. Mais pourquoi diable pêcher le cabillaud dans la Mer Morte ? c’est une mer chaude, ça ! En principe il n’aurait pas dû y avoir de cabillaud ; normalement il n’y a que des touristes.

Elémentaire, mon cher GWB

Il est encore apparu dans une vidéo, appelant au martyre… 50 secondes, non datées, sur fond indéterminé, d’exhortation à se faire sauter le caisson pour sa bonne cause.

Vivant, pas vivant ? à sa place, et bien vivant, je me ferais évidemment filmer au moins 4 à 5 minutes, brandissant le journal du jour, eh oh GWB, t’as vu, je suis là, coucou, et je te dis m…, et plein d’anathèmes.

Donc : bien entendu il est mort ! ça tombe sous le sens. Sa tombe ? pas sous le sens, mais sous le troisième bananier, à droite en sortant de la palmeraie.

Cipistes clystés

L’excellent Monde du « Bastille Day » d’hier nous apprend plein de choses sur les vélos qui viennent d’être mis en location à Paname. Belle initiative certes, quoique la cohabitation des bus, des bicyclettes et des motos -cherchez l’intrus –  dans les mêmes couloirs de circulation soit assez difficile ! Mais ce qui inspire ce billet, c’est que les abonnés à l’année de ce service Vélib’ (29 euros) seront munis d’une puce à radiofréquence !! donc pistables, pistés, suivis, tels l’ours Melissa dans les Pyrénées, qui ne peut pas aller pisser sans que ça se sache.

Il suffira ensuite d’enregistrer la séquence temporelle des feux de croisement, la comparer avec la progression des puces radiofréquence, et hop on pourra savoir que le détenteur de la carte Vélib’ numéro 69712 a grillé le feu rouge au croisement du Bd Arago et de la rue de la Glacière à 17h34 le jeudi 18 juillet ! Et crac dedans, une prune.

Bon je sais, je paranoïe, je force le trait. Mais techniquement c’est faisable. Et aussi de savoir que le détenteur de la carte 47266 et la détentrice de la carte 12654 ont fait un bout de chemin ensemble dans la descente de l’avenue des Gobelins. Le fruit du hasard ? ça m’étonnerait ! La vitesse moyenne de 47266 était jusqu’alors de 15,62 km/h, tandis que 12654 roulait à 11,32 km/h : vous voyez bien que c’est louche, 47266 a manifestement ralenti. Tirez-moi ça au clair !