( Les insultes à Finkielkraut samedi… le véhément excité qui lui criait… « t’est un haineux et tu vas mourir, t’iras en enfer« … de quel enfer s’agissait-il ? quelle religion ? on se perd en conjectures. Et admirons au passage la maturité intellectuelle et politique, la mesure, la jugeote des intervenants ; Finkielkraut aura sûrement infléchi son point de vue après ce fructueux brainstorming).
Mais je rebondis sur la citation que commentait l’un de mes lecteurs-intervenants les plus prolixes ; citation de monsieur Jacques Attali, 75 ans aux châtaignes, ex de la politique (notamment avec Tonton-Le-Miteux), ex-haut fonctionnaire, ex-banquier, romancier fécond, etc. Mon contributeur écrit ceci : Sa dernière déclaration, ruisselante de lucidité et d’empathie : « Les gilets jaunes n’ont pas un problème avec la pauvreté, mais avec la richesse ».
A propos de Lucidité et d’Empathie, ces deux mamelles de la dérision… bon, la seconde est manifestement là pour le fun et le second degré ; l’empathie de J. Attali pour les GJ, on oublie ! Mais la lucidité ? ce qui est dit là me paraît en revanche, à moi, assez bien vu. Je vais même encore plus loin : ce sont les Français dans leur entièreté qui ont un problème avec la richesse ! Feu Jacques Martin, l’amuseur de « Dimanche Martin » jadis à la télé, arguait du lien freudien entre le caca et l’argent pour justifier son mutisme devant la question « combien gagnez-vous ? « . Un Français ne dit jamais volontiers combien il gagne… sauf s’il considère que c’est trop peu. Et s’il est des secrets bien gardés, ce sont certains salaires : les salaires des hauts fonctionnaires (dont a fait partie J. Attali, qui est retraité, je suppose). On a bien du mal à lever un coin du voile par ci par là – voir la diffusion des émoluments de madame Jouanno, qui a provoqué l’émoi et un tollé – ça paraissait vraiment très-très confortable pour le job. Mais le top du top du secret-défense, sans doute, ce sont les salaires des grands chefs de Bercy (*), le ministère des finances. Si vous avez une idée, un ordre de grandeur…
Alors ? je reformule : mais bien sûr que si, les GJ – les GJ pauvres – ont un problème de pauvreté, de frigo vide etc… comme tous les pauvres, d’ailleurs, avec ou sans ce laid gilet qui ne tient pas chaud en hiver. Et puis les Français en général ont un problème avec la richesse, eh oui. D’abord parce qu’ils en sont réduits à la taire mordicus s’ils en sont ou s’ils supposent qu’on pourrait les soupçonner d’en être. Jadis ça excitait l’envie ; maintenant c’est la haine ouverte, salauds de riches, les représailles, les bagnoles qu’on brûle comme jadis les bouquins sulfureux, les beaux quartiers qu’on dévaste quand on est en foule et impunis. Le rapport des Français à la richesse a été débattu, commenté maintes fois ; Attali énonce là une fadaise, sinon un truisme. Ce qui a changé, c’est le surgissement de la haine et de la violence. Les réseaux sociaux – qui enrichissent leurs propriétaires, et comment ! – y ont une large responsabilité. Les riches planquent leur richesse, les vociférateurs insultent et appellent impunément au meurtre, planqués derrière leurs pseudos.
Tibert
(*) Je ne me souviens pas avoir entendu parler de manifs, d’actions des GJ face au vaisseau de Bercy ! s’il est un lieu où fleurissent à foison les taxes nouvelles, fraîches écloses comme jonquilles au printemps, c’est bien là, pourtant, et ç’eût été une cible autrement plus parlante, symbolique, que le drugstore ou le rond-point des Champs-Elysées !