Petite cuillère contre raz-de-marée

Les sujets sérieux sont si nombreux… tenez, Benalla a couché en taule, quelles sont ses premières impressions ? La Santé, comment l’a-t-il vécue ? la bouffe, tout ça… c’est un scoop du Parigot, rubrique pipôle, captivant. Mais zut, ça fait un bail que je n’ai pas abordé de sujet léger, genre mâdâme Firagots, « Comment masquer ses cernes matinaux ? » Mais j’ai justement  cet article du Monde sur les atteintes supposément constatées aux droits des « migrants » – puisque c’est le terme oh combien choisi, lisse et propre, pour désigner pêle-mêle les demandeurs d’asile en détresse et les jeunes mâles en quête de cocagne européen sans visa valable – qui me procure un chouette sujet léger. C’est parti…

Les migrants fuient l’Italie de Salvini & Co, nous dit Le Monde : eh oui, là-bas c’est assez tendu, on a pris des mesures pour éloigner les immigrants illégaux – et peut-être aussi les demandeurs d’asile légitimes, mais je n’ai pas les billes pour en discuter. Et où vont ces migrants qui fuient l’inhospitalière Italie ? traverser l’Adriatique à la nage pour gagner l’Albanie, la Boznie, le Kosovo ? eh non, c’est la dèche, là-bas, pas l’Eldorado… à pied, alors : L’Autriche ? presque aussi ronchon que l’Italie. La Suisse ? on oublie. La Slovénie ? tout petit, pas bien riche. Qu’est-ce qui reste ? chez nous, pardi ! Par la route, les sentiers, le train, il y a le choix.

On fera son profit de l’article dont je vous ai donné les références plus haut ; comme d’hab’ « des associations » (rendons grâce au journaleux qui nous a épargné l’abusif « les associations ») dénoncent des pratiques pas belles, illégales, cruelles. Tenez, les policiers font des « contrôles au faciès » dans les trains qui passent la frontière à Vintimille : ils vérifient surtout les Noirs, c’est quand même dingue, où vont-ils chercher ça ? Bref… et l’Anafé, l’assoce en pointe sur le sujet, de dénoncer : « Les procédures expéditives sont notifiées en quelques minutes seulement », sans qu’il soit procédé à un entretien individuel ou à un examen approfondi de la situation et « sans information sur les droits », comme celui de bénéficier d’un interprète, d’un médecin, de faire avertir un avocat ou de bénéficier d’une assistance consulaire».

Voilà : c’est mal organisé, c’est mal fait, c’est injuste, nous dit-on. Pensez, ils n’ont même pas droit à la scène classique de tout polar états-unien, « je vais vous lire vos droits » en V.O.,  swahili, arabe, albanais… Certes… mais voyons les volumes… on a déjà eu des vagues d’arrivées… les Polonais (*), et puis les Italiens (**), les Ritals, qui dans les années 50 venaient chercher du boulot à l’Ouest des Alpes ; c’était calme… pas de menace terroriste ; et puis on avait besoin de main-d’oeuvre, vraiment. On a connu de 36 à 39 des situations dramatiques, l’afflux dingue, au Perthus et ailleurs, de centaines de milliers d’Espagnols fuyant la victoire de Franco… interprètes ? médecins ? avocats ? information sur les droits ? on était dans l’urgence, on a fait, et effectivement mal fait – des camps de concentration, littéralement – comme on a pu. Il s’agissait pourtant de vrais demandeurs d’asile, qui eussent risqué leur peau à rester chez le Caudillo.

Ici et maintenant, ce ne sont pas 25 petits gars par ci par là qui tentent de se faufiler chez nous : ils sont tous les jours des milliers, et quand ils se font refouler ils reviennent le lendemain, des fois que. Alors, « Les procédures expéditives sont notifiées en quelques minutes seulement ». Eh oui, les journées n’ont que 24 heures ; à respecter pile-poil les procédures, on n’y arrivera pas. Ou alors on y met les gros moyens, et ça va (nous) coûter un pognon dingue, comme disait quelqu’un.

Résumons : il y a un afflux de migrants tel qu’il est humainement impossible de respecter les procédures nominales. Le contexte est maintenant très dur : notre chômage massif et qui ne veut pas régresser, l’inadéquation culturelle criante, évidente, des arrivants, et des menaces terroristes par dessus le marché. C’est tout ça, le problème, et on ne voit pas comment ça va s’arranger – sauf à tarir ledit flux, mais là…

Tibert

(*) 700.000 Polonais, tout de même, à la fin des années 30. Mais les procédures étaient moins lourdes, le pays bien moins peuplé, le contraste culturel minime, sauf les S Z C Z W tout partout.

(**) La France a reçu jusqu’au milieu des années 1970 1,8 million d’immigrés italiens ; elle est devenue, à partir des années 1930, le premier pays d’accueil. Les Italiens y sont maintenant invisibles : « ils sont accueillis comme des cousins un peu turbulents, mais fréquentables », cf wikipedia. Des Latins comme nous, quoi, avec des noms prononçables.

2 thoughts on “Petite cuillère contre raz-de-marée”

  1. … Et c’est drôle (mais je l’ai déjà dit…) : quand on déversait sur les rives de la Seine des cargos entiers de fellah(s) ignares arrachés à leurs champs de cacahuettes et de navets du Bled pour venir chez nous chopper la tuberculose aux fins de fabriquer les Dauphines ou les Simca 1000 qui permettraient aux prolos français d’aller remplir les campings « Les Flots Bleus » à Mimizan ou Palavas à un tarif défiant toute concurrence, y’avait fort peu de gens pour trouver ça un poil gênant, sinon immoral…
    Aujourd’hui, les Dauphines, les Simca 1000, voire les P 60*, c’est même plus ringard, c’est « collector » et ça s’arrache à prix d’or sur « Le Con Boin » ! Mais les descendants des fellahs en sont, eux, à la quatrième génération – quand c’est pas plus ! – et toujours pas intégrés. Mais quoi, ce sont eux les seigneurs du désert…** Et seul Dieu est Dieu. Du moins, le leur. Et pendant ce temps-là, ce qu’il subsiste de la hiérarchie catholique romaine encore intacte d’Alzheimer s’interroge sur les dangers qu’il y a à jouer à touche-pipi avec les enfants de chœur.
    Le problème des « gens qui nous gouvernent » – politiquement, moralement ou religieusement -, c’est qu’ils sont toujours en retard d’un bon wagon de calendriers sur la réalité à laquelle le bon peuple (et autres gilets jaunes. Du moins à l’origine…) se heurte tous les jours. Si les belles demeures du XVIème arrondissement voyaient les marches de Carrare de leurs escaliers souillées d’urine et d’étrons encore chauds, leur murs tagués de dessins pornos et de « Fuck les Flics » jour après jour, les ascenseurs en grève illimitées et leurs belles pelouses anglaises engraissées à l’huile de vidange et aux mégots, peut-être admettraient-ils de se pencher sérieusement sur « nos » problèmes. Alors, ras-le-bol des Gilets Jaunes ? Certes-certes. Mais en mai 68, la moyenne d’âge sur les barricades était fort loin de celle des mémés d’aujourd’hui ; lesquelles – même quand elles n’aiment pas forcément la castagne ! – sont bel et bien obligées d’aller faire de la figuration intelligente sur les rond-points pour rappeler qu’elles ne sont pas encore complètement refroidies !
    Y’a des moments où je me sentirais presque découragé. Et encore, moi y’a longtemps que j’ai senti le vent venir et que j’ai choisi la paisible campagne. Mais les villes sont d’une voracité telle qu’il y a 15 ans, Toulouse était à 50 km d’ici alors qu’aujourd’hui, à à peine 5 km de ma thébaïde, ça sent déjà le faubourg-dortoir.
    Vou’lez qu’jous dise ? Ch’uis heureux d’avoir 3/4 de siècle à ç’t’heure… J’oudrais surtout pas avoir 25 printemps et toute ma vie à faire ! J’en discutais il y a peu avec Alex R., qui est, lui, dans ce dernier cas, mais il a trouvé la solution. Tout du du moins SA solution : il rentre en France bosser entre six mois et un an et lorsqu’il a un peu de fric devant lui, il file… chez les Canaques, le seul endroit où il se sente vraiment socialement vivre !
    Ô mon Dieu, comme je le comprends !
    Je vous dis pas « au revoir » en canaque parce que je sais pas mais comme on dit, c’est l’intention qui compte, heiiiiinn !!!
    T.O.

    (*) Ce serait trop long à esspiquer, mais cette nuit, j’ai rêvé que j’étais coincé dans un embouteillage… en P60, justement ! le plus drôle, c’est que je n’ai jamais eu ce genre de carrosse.
    (**) Un qui avait bien vu la mentalité particulière des gens d’Afrique du Nord en général, c’est Albert Cossery dans « Les fainéants dans la vallée fertile » (Robert Laffont, Paris 1964). Outre que c’est fort drôle et bien écrit, on le trouve aujourd’hui en Folio (N° 949). Lisez-le, c’est pas cher, vous passerez un bon moment et ça éclaire certaines choses sur lesquelles je ne m’étendrais pas plus, maintenant qu’on peut même vous condamner parce qu’on vous soupçonne d’avoir eu l’intention d’avoir de mauvaises pensées…
    On vit une époque, etc. etc.

    1. Merci pour le tuyau de lecture, j’irai y voir. Et merci pour ce rappel à la P60, que j’ai bien connue, bicolore et tout et tout . Séquence Nostalgie… on est d’accord, somme toute, pour constater que l’intégration des immigrés d’outre-Méditerranée depuis les années 60 est un vaste et superbe fiasco. La faute à qui ? la faute des deux côtés. Et mettons les urbanistes de l’époque au milieu.

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