La playa, y a qu’ça

Pâtés de sable, bronzette tourne-et-retourne, crème solaire à tartiner, le polar bien saignant à déguster sous le parasol individuel… cette année on ne fera pas Angkor + les pyramides ou les Seychelles à vélo – c’est pourtant tout plat. Cette année, on Covide, avec ou sans masque. Covider, verbe du premier groupe, vu que les autres, de groupes, on évite, c’est trop dur. Tiens, à ce propos, mon dernier petit-fils m’a sorti un « apprendu », mais à son âge c’est normal. Cependant que notre ami Donald T., alias Casque d’Or, commence à susurrer qu’il serait peut-être pertinent de reporter les élections présidentielles « pour cause de Covid », évidemment, mais chuuut, les mauvaises langues disent que c’est qu’il la sent mal, sa réélection.

Ceci étant, je lis ici et là qu’après le chauffeur de bus bayonnais tabassé à mort, d’autres se font amocher pour cause de faire leur boulot. Tenez, à Dijon, ailleurs aussi… c’est tout sauf nouveau, ce truc, mais ça prend maintenant une autre dimension. J’ai vu il y a un bail, à Marseille, dans un bus se dirigeant vers les Calanques (passant donc à proximité de la souriante Cité de la Cayolle), deux jeunes gus monter sans valider de ticket, et s’installer à cloper… qu’a fait ou dit le chauffeur ? rien, il regardait la route. Qu’ai-je fait ou dit ? n’étant ni Rambo ou SuperMan ni un futur martyr de la cause citoyenne, j’ai regardé le plafond, pensant que le chauffeur, lui aussi, désirait rentrer en bon état chez lui le soir venu. Au Québec on appelle ça « faire tapis ».

Bref, des menaces, des coups, un mort même… irions-nous jusqu’à supposer qu’une vaste politique d’intimidation a été plus ou moins orchestrée dans certains quartiers dits « sensibles » pour que les citoyens lambda – et les chauffeurs – apprennent à « faire tapis » et endurer en fermant leur gueule ? ce serait tomber dans la parano, mais le fait est que, nonobstant le mort scandaleux de Bayonne, d’aucuns persistent à vouloir un peu partout imposer leur loi, qui – outre le non-billet, la clope, les godasses sur le siège d’en face et le téléphone à tue-tête – comporte désormais un article de plus : « le masque t’en as rien à battre, et gare à çui qui moufte ». Monsieur Darmanin, qui s’essaye au vocabulaire et aux coups de menton propres à sa fonction, parle d’ensauvagement ? hélas, la préposition « en… », marquant le début d’un processus, est de trop, et depuis jolie lurette. Là-haut on gesticule, donc, comme chaque fois qu’une nouvelle tête s’y colle ; mais est-ce que ça change quelque chose ? permettez-moi une moue dubitative.

Tibert

 

Grandes orgues et quart d’heure de gloire

La cathédrale de Nantes bénéficiera d’ici deux-trois ans d’un orgue moderne et tout neuf, qui s’époumonera tout aussi bien que le superbe vieil instrument – rescapé miraculeusement des vicissitudes de l’Histoire jusqu’au récent attentat – pour soutenir de ses accords ronflants, le dimanche matin à la messe, les timides cantiques et comptines agrestes du style « par les verts pâturages tu m’as mené brouter». Les compositions de Bach ou Duruflé auront un  autre son, pas le même, bien sûr, tant pis. Mais bon… on a déjà eu droit depuis deux-trois jours aux discours compassionnels tellement prévisibles sur le « suspect », « il est dans la repentance», « apeuré», « il avait toute notre confiance», « très pieux»…. un très brave homme en somme, ce pyromane amer, vindicatif, irresponsable et rwandais. Pieux ? Tartuffe l’était aussi ; il avait bien compris tout le bénéfice de la chose, au besoin il aurait été pieux pour deux. Hélas, ce zélé paroissien confit en dévotion comptait en fait sur ses bienveillants « parrains » de l’évêché et de la paroisse pour avoir des papiers, et s’est trouvé cruellement déçu : le pieux parapluie à l’eau bénite n’ayant pas fonctionné, il était prié de quitter notre sol, donc sous le coup d’une OQTF, ce depuis novembre 2019 !  ce qui lui laissait très largement le temps de retourner chez lui, pays réputé prometteur et où ne sévit présentement nulle dictature sanguinaire. L’OQTF, l’Obligation de Quitter le Territoire Français, est en fait, sachons-le, ein stuck papier – aurait dit Bismark – un bout de papelard, un torche-cul, dirions-nous, puisqu’à peine un quart de ces décisions pourtant contraignantes et comminatoires  sont suivies d’effet…

… et c’est là que ça m’interpelle quelque part, chers auditeurs ! L’avocat du Rwandais en question dit qu’il ne faut pas causer de ce fâcheux non-respect de l’OQTF « pour ne pas exciter la fachosphère» : en somme, chuuut ! ce dévot incendiaire était en situation clandestine et irrégulière, mais ne le répétez pas, ça pourrait donner des billes à la Marine ! en poussant un peu le brame, on ne serait pas loin, même, des heures les plus sombres de notre histoire. Nos lois sont des passoires ? surtout n’en disons rien, ce serait, fi donc ! de droite.

Tibert

Ce que les mots disent, 2.0

Le Code Pénal ne connaît pas l’incivilité. Incivilité ? quésaco  ? il traite du crime, de l’infraction, du délit, de la contravention, le Code Pénal. L’incivilité, cette inconnue : allez hop, hors sujet. Garnir un mur de tags ? pas une incivilité, mais punissable pénalement. Pisser (*) ou cracher sur la voie publique, renverser une poubelle ? contravention de 2ème classe (article R632-1 du code pénal modifié par le décret n°2010-671 du 18 juin 2010 –art.4).

Mais justement parce que l’incivilité n’est pas dans le spectre des actions punissables, et vu qu’on baisse de plus en plus les bras devant d’évidentes infractions, d’authentiques délits, de vrais crimes, on y case maintenant plein de trucs, dans le fourre-tout « incivilités ». Comme ça : 1) on manifeste tout de même que ce n’est pas bien, sinon ça ferait désordre ;  2) on passe à autre chose, c’est sans conséquence, et puis on laisse le citoyen lambda raser prudemment les murs et se claquemurer, faute de politique courageuse. C’est ainsi que récemment Macronious, qui a bien intégré ce néo-vocabulaire démissionnaire, a affirmé la tolérance zéro « pour les incivilités » concernant notamment les représentants de l’Etat.

Les mots nommant les maux sonnent bizarre, ces temps-ci, et ça va pas en s’améliorant, comme disait mon pépé. Quand on se percute en bagnole une gendarme à pied comme aux autos tamponneuses, quand on tabasse à mort un conducteur de bus qui réclame le respect des consignes dans son bahut, sont-ce des incivilités ? il serait alors judicieux qu’on élargisse le Code Pénal aux incivilités. Et puis, tiens, tant qu’à faire, comme disait ma mémé, si on l’appliquait ?

Tibert

PS – Je lis ce matin sur France-Info, canard-houèbe bien dans la Juste-Ligne, que Darmanin, le nouveau ministre de l’Intérieur, qui dit vouloir « stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société », droitise son vocabulaire ! « ensauvagement » avait en effet été utilisé auparavant par un euro-député du RN, le parti de la Marine. C’est épouvantable ! il est des mots qui font mal dans certaines bouches. Car cette belle jeunesse qui (dépouille, percute, deale, tabasse, rackette, surine) … qui s’incivilise, certes, est mal dans sa peau, c’est évident, et ça ne peut être que de notre faute, enfin, de la faute à la société.

(*) Ceci dit, si nos édiles avaient le bon goût de mettre à disposition de la population des édicules à pipi (pour les femmes aussi, merci)  en nombre suffisant et en état présentable, ça aiderait à respecter la Loi. C’est coûteux ? certes. Alors rognez sur les frais de bouche, les véhicules de service, les dépenses somptuaires en ronds-points somptueux, que sais-je ?

Royal, le foot et l’aéronautique

« Royal tacle le bilan carbone de Roselyne Bachelot », pouvez-vous lire sur le Pariragots de ce jour. Eh oui, pauvre Bachelot, qui descendait à Nantes ventre à terre et balle au pied pour voir brûler la cathédrale – c’était the spot to be, l’endroit où se montrer  -, Roselyne B., donc, s’est vue privée du ballon, victime d’un tacle (*) glissé de Ségolène l’arrière-droite. Gare les tibias !

Bon, on le sait, le Parigot fait beaucoup dans le foot, et le langage spécialisé afférent lui colle aux crampons. Mais madame Royal taclant, faut voir ça avant de mourir ! Et puis je voulais prolonger le propos : certes un avion pour faire Paris-Nantes, rallier Orly, puis Orly-Château-Bougon, ensuite rejoindre le centre de Nantes en taxi, alors qu’en 2 heures de train Montparnasse-Cité des Ducs c’est plié… c’est du gaspillage, et de la perte de temps. Mais à ce propos : Macronious n’en veut plus, des trajets courts en avion, je le cite  « Partout où nous avons déployé du TGV dans notre pays et où telle ou telle ville est à deux heures de Paris, 2h15, est-ce que les lignes [aériennes] intérieures qui sont d’une heure, 1h10, se justifient encore ? Non ».

Hélas, not’maître, c’est là un consternant raisonnement de Parisien, indécrottable… que n’habitez-vous Clermont-Ferrand pour aller à Strasbourg, Vesoul pour vous rendre à Albi, Lyon pour visiter Bordeaux, etc. D’ailleurs la ligne de train Lyon-Bordeaux n’existe même plus : c’est au choix un car « Macron » – grâces vous soient rendues – ou l’avion, pour une heure environ sans compter les manoeuvres d’approche – et c’est cher ! ou enfin la bagnole, 7-8 heures par les routes que nous payons avec nos impôts, sans préjuger des lamentables 80 km/h, des prunes-radar et des points de permis, ou 5 heures par les autoroutes que nous avons payées avec nos impôts, et que nous continuons à payer la peau des fesses pour engraisser les concessionnaires à qui vous les avez vendues.

Certes tous nos Chefs sont à Paris, c’est plus pratique pour aller fissa-fissa voir les pyrotechnies sur les cathédrales provinciales, mais tout le monde ne va pas ou ne vient pas de Paris, et il existe d’autres contrées dans ce beau pays. Compteraient-elles pour du beurre ?

Tibert

(*) C’est de l’anglais, zut quoi, et rien d’autre, et pour du foot, oui, à la rigueur… mais vous voulez vous aligner Roselyne B. sur ses trajets en avion ? vous la critiquez, vous l’épinglez, vous la coincez, vous l’asticotez, vous vous la payez, bref vous lui faites plein de misères, mais pas un tacle ! d’ailleurs un tacle sans ballon c’est carton rouge.

Crime et châtiment ( air connu )

Sujet difficile, gros sabots déconseillés, certes, mais bon, s’il ne faut traiter que du temps qu’il fait, autant aller à la pêche… Macronious se porte donc garant, il l’a dit hier, de la présomption d’innocence pour la casserole que d’aucunes attribuent à Darmanin, ce ministre qui, s’occupant de budget à Bercy (Paris 12ème) pendant trois ans, était supposé légitime dans son boulot nonobstant une plainte pour viol… ce qui ne serait pas le cas pour le poste de ministre de l’Intérieur. Ce sont pourtant deux fonctions régaliennes de chez Régalien ;  un Grand Chef aux Finances est appelé à autant d’exigence morale qu’un Premier Flic de France, il me semble. Faisons court et simple : tous les ministres et sous-ministres doivent être propres sur eux, sinon ouste, dehors, c’est le b-a-ba.

Mais les femmes (les hommes ? je ne sais pas) du collectif NousToutes refusent l’argument macronien : pour elles, deux poids deux mesures, le viol est injustement considéré comme véniel, oubliable, secondaire en tant que crime ; et d’argumenter : « Est-ce que vous pensez que pour un autre crime, un meurtre ou un assassinat, on aurait nommé quelqu’un qui serait mis en cause ? Non, cela n’arrive que pour les crimes liés aux violences sexistes et sexuelles, à savoir le viol ». Et, effectivement, le viol, prémédité ou pas, est un crime, comme un meurtre (non prémédité) ou un assassinat (prémédité). Notons d’abord que non, cela n’arrive pas « que pour les crimes liés aux violences sexistes et sexuelles » : ça arrive aussi pour des trucs moins graves, les délits financiers, violations du secret de l’instruction, etc ; d’aucuns, on en a vus, ont « fait ministre » tout en étant mis en accusation – mais ce n’est pas recommandé.

Elles, du collectif, ont raison sur ce point : si Darmanin était sous le coup d’une procédure pour homicide, il ne serait sûrement pas ministre. Donc, oui, tous les crimes ne se valent pas. Un meurtre, ça laisse un ou des cadavres ; on ne s’en remet pas, c’est assez définitif. Un viol, on peut s’en relever, ou pas, c’est selon. Dans l’affaire Darmanin c’est une accusation de viol sur l’année 2009 et a posteriori, et c’est parole contre parole. Tenez, ce site résume assez bien le dossier ; en gros, c’était une histoire d’un coup de pouce contre un « passage à la casserole » (*) ; ensuite, deux versions opposées : « c’était un viol » /  « c’était une relation consentie ».

Un crime est un crime, certes, mais il y a des degrés dans ce genre d’exercice : entre le violeur bourré d’un soir – un criminel, donc – et un Fourniret, il y a de la distance. Idem pour la présomption d’innocence : parfois c’est juste une figure de style, on SAIT ! et parfois non… et alors il  est légitime et prudent de douter.

Donc, si Macronious invoque la présomption d’innocence, c’est, espérons-le pour lui, qu’il a de bonnes raisons d’y croire, à l’innocence : sinon c’est du masochisme ou du cynisme, bref une faute en isme. L’accusation et la gesticulation ne font pas le coupable ; la justice doit passer, passera, et selon les conclusions… on pourra tirer les conclusions. Un ministre reconnu violeur, on est d’accord, c’est inacceptable, et puis qu’il soit puni ! Sinon, et en attendant, si on lui foutait la paix, qu’il puisse travailler ? il a du boulot devant lui.

Tibert

(*) C’est très laid, à tous points de vue, un « passage à la casserole ». Une moche transaction commerciale, moche la volaille, encore plus moche le cuistot.

Ce pelé, ce galeux…

Je lis,  beaucoup, des déclarations, des trucs et des machins… et parfois ça se télescope. Il y a peu, une marche « Fierté Homo » réduite et moins visible défilait  à Paris, faute de pouvoir déployer les chars, sonos, foules etc… pour cause de Covid. Des slogans tout de même, et combatifs ! tenez, je cite de mémoire, l’article ad hoc ayant disparu : « … contre le patriarcat répressif Blanc ». Et puis ce jour, les canards rendent compte de manifs féministes hier (à Paris, évidemment, quelle question ! avec des tas de poings levés sur les photos, ce qui évoque plutôt le militantisme communiste et assimilé, mais bon…) du fait que deux ministres fraîchement nommés n’ont pas été adoubés par leurs instances (*). On interviouve les participants :  « La présomption d’innocence, on la brandit facilement quand ça touche des hommes blancs hétérosexuels.» Voilà qui devient consistant : c’est donc le mâle Blanc, le type caucasien à peau claire et testicules, qui est l’ennemi. L’ennemi des LGBT+++, des féministes, des progressistes, des… bref l’ennemi.

Autre chose : je contemplais, il y a quelques jours, une carte du Monde pointant les pays où l’homosexualité est (encore) punie, punie de mort, de prison, châtiments corporels. On est bien d’accord, c’est de l’arriération, c’est condamnable. Mais, y a comme un défaut, aurait pu dire Fernand Reynaud : eh oui, ces pays arriérés et répressifs pour les minorités sexuelles…. il n’y a pas des masses de Blancs aux manettes là dedans. Mais chuuut, glissons : c’est leur « culture »  !

Tibert

(*) Darmanin :  enquête préliminaire pour une accusation de viol, les faits rapportés datent de 2009 ; il y a eu plainte en retour pour dénonciation calomnieuse. Dupont-Moretti : il a tenu des propos pas dans la juste ligne, féministement parlant, notamment lors de sa plaidoirie en défense de l’ancien ministre Georges Tron. Au fait, le jugement (non-lieu) aurait dû venir en appel en avril, mais le Covid, eh oui, le Covid… alors ce sera plus tard.

Freudo-lacano-virenquesque

( Les bacheliers cette année atteignent presque le summa cum laude, 91 % de bons avant rattrapage. Qui a dit que notre belle jeunesse sombrait dans l’inculture, l’abrutissement et les maux tels que Fessebouquisme, smartfaunisme, tiktokmanie, touïtterite aigüe et youyoutubo-dépendance ? preuve est faite que nos enfants sont de plus en plus intelligents. Suffit de déplacer les graduations de l’échelle ! Notez que désormais, il serait avisé de supprimer cette formalité annuelle et sans suspense : on fera des économies )

Mais, autre chose : vous n’êtes pas sans avoir été saisis d’horreur, apprenant l’agression sauvage sur un conducteur de bus à Bayonne ; ce gars faisait son boulot, et se retrouve maintenant à l’état de légume, cerveau détruit. On a gaulé, heureusement, les individus responsables de ce massacre (*) (défavorablement connus des services de Police, selon l’expression pléonasmique rituelle), et deux d’entre eux sont inculpés de, je cite, « tentative d’homicide involontaire ». Voyons voir… tenter, ça implique un effort, une intention, non ? ou alors plus rien ne veut plus rien dire… le perchiste tente un saut à 5,60 m : il fait ce qu’il faut pour ça, ou il découvre, « tiens je suis en train de sauter… » ? tenter involontairement, c’est de l’oxymore en platine iridié, à déposer à côté du mètre-étalon du même métal. Ou alors, invoquons le subconscient freudien, l’inconscient lacanien, le « à l’insu de mon plein gré » du cycliste shooté, et passé à la postérité. Certes, physiquement, le corps du conducteur de bus n’est pas « mort » ; il est tout simplement végétatif. Ce qui laisse penser que le terme d’homicide est clairement trop étroit, à redéfinir.

Tibert

(*) On voit déjà poindre leur ligne de défense : ils avaient picolé et pris de la dope, m’sieur, eh oui, ils n’étaient pas dans leur état normal. Les voisins : de braves petits, serviables, tout ça…

Sur les mea culpa(s) * des bâtisseurs

Un article du Monde (réservé aux abonnés, les autres ont droit à l’amorce…) nous raconte que les immeubles des années 60-70 reviennent en grâce. Avec une belle photo de barres d’immeubles. Eh oui, il y avait encore de la place, dans ces années-là, les surfaces n’étaient pas encore trop étriquées.

Passons – ou plutôt ne passons pas – sur un point où le Monde se tait mordicus : les nuisances sonores ! on se rappelle peut-être ce film gentillet « Elle court elle court la banlieue« , où les occupants des boîtes à chaussures empilées (et empilés)  du côté de Mantes-la-Jolie peuvent profiter des flatulences des voisins. J’entends encore le regretté Robert Castel, de son accent pied-noir en rogne, gueuler « oui ils entendent les voisins !« . Et comment. Mais bon… il paraît qu’en France, la surface moyenne des appartements est d’environ 71 m2, quand les Allemands en ont 10 de plus, pour le même prix. Je vous fais grâce de la hauteur de plafond : c’est pire, chez nous le 250 cm est devenu la p’tiote norme de facto.

C’est à l’occasion du confinement qu’on a pu percevoir la détresse d’avoir à se cantonner toute la sainte journée à ces pièces étriquées des immeubles modernes, et, dans ces fameux immeubles des années 70, à subir la télé des voisins – et à leur imposer la sienne. Il est un constat lamentable que je fais ici : aucun Ministère du Logement, de quelque bord que ce soit, n’a été foutu d’imposer des normes correctes en matière de surface et de volume des logements neufs. Les promoteurs, pas plus cons ni philanthropes que les autres entrepreneurs, en profitent, et les architectes à leur botte conçoivent humblement ce qu’on leur demande de concevoir : des boîtes à chaussures basses de plafond.

Je connais assez bien Singapour : c’est petit, Singapour, une île de 720 km2, et 5 millions d’habitants. Mais on y loge nettement mieux que chez nous – en habitat collectif, s’entend. Les programmes de HLM (là bas on dit des HDB) y sont efficaces, et les logements plus grands, plus hauts de plafond, mieux foutus. Comme quoi ce n’est pas une question de fatalité et de manque d’espace : c’est que « là-haut », par chez nous, ils s’en foutent, vu que ce n’est pas là qu’ils habitent, et que les promoteurs ont pris de ce fait de sales habitudes. Rien de fatal, donc…

Tibert

(*) on aurait pu écrire « des méats coulent pas », mais c’est un jeu de mots laid.

Con-trastes

Bon, le type que Macronious a hissé hier à Matignon, ce Castex, est bien entendu un pur produit de l’énarchie parisienne et haute-administrative, nonobstant son accent quelque peu rocailleux du Roussillon et son attachement proclamé aux « territoires » : souhaitons-lui bien du courage, ça ne sera pas de la tarte. Je l’ai vu et ouï sur TF1 le soir, ce n’est pas un grand communicateur… son auditoire s’endormira aussi sûrement que Nicolas et Pimprenelle avec Gros Nounours.

Ceci étant, je lis (hier dans Le Monde, ce matin sur France24) ce titre ronflant : «  ‘Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant’ : réactions contrastées à la nomination de Jean Castex ». Ce sont des supposées réactions in vivo, micro-trottoir, quasiment… mais où sont ces prétendues réactions contrastées ? où ça, les contrastes ? On interviouve des gens « de gauche » (what else ?), et, ô énorme surprise, ne reconnaissant pas en ce mec un de leur bande, ils décrètent qu’il est de droite, caca, beurk, etc. C’est du journalisme, ça ? c’est du prêchi-prêcha bien sectaire à la sauce rose-PS. Le jour où ces braves gens voudront bien admettre qu’ils n’ont pas forcément l’exclusivité de la Sainte-Bible-Politique, qu’éventuellement d’autres que de leur bord peuvent penser potablement, on pourra peut-être se mettre à espérer. Pour le moment ça reste borné et obtus, barricadé : du débat débile.

Tibert

Envisageons d’encercler

Le Fig’ragots – que je lis peu, vu que 80 % des articles sont réservés aux abonnés – a sa rubrique « Vérifions !  » comme ça se fait beaucoup aujourd’hui. On appelle ça en français « fact-checking« , c’est vachement mieux que « vérification ». Mais bon… et le sujet c’est que la rumeur, c’est-y vrai ou pas ?,  court que dans le 9-3 les flics ne doivent pas poursuivre les bagnoles ou motos en fuite (*). Au passage, si c’est vrai on a officialisé les territoires perdus de la République, ça peut paraître au Journal Officiel. Comme quoi les émeutes systématiques dès qu’on veut faire appliquer la Loi, ça marche !

Bref… le canard réserve ça à ses abonnés, oeuf corse ! mais lisant l’article – le début, du moins – on arrive à distinguer cette fin pâlotte : « Lorsque Laurent Nunez arrive au commissariat de Bobigny (…) un comité d’accueil l’attend. Plusieurs dizaines de policiers l’envisagent, prêts à en découdre »... (après c’est trop pâle, il faut acheter le Figaro, ou s’abonner).

Voili voilà… envisageriez-vous de choisir entre dévisager, encadrer ? c’est à vous de voir. A la loterie du verbe tiré au sort, remarquez, le journaleux chargé de cet article est tombé pas trop loin, ça fait presque sens. Songez, si c’était  …l’annulent, … l’enflamment, …l’oblitèrent… etc.

Tibert, à peu près.

(*) On se rapproche ainsi du système états-unien avec ses 50 états : si, fuyant les keufs à donf’ dans les rues du 9-4 tu arrives à atteindre et franchir la limite frontalière du 9-3, t’es sauvé, mon gars ! les shérifs du coin y sont cools.