Crime et châtiment ( air connu )

Sujet difficile, gros sabots déconseillés, certes, mais bon, s’il ne faut traiter que du temps qu’il fait, autant aller à la pêche… Macronious se porte donc garant, il l’a dit hier, de la présomption d’innocence pour la casserole que d’aucunes attribuent à Darmanin, ce ministre qui, s’occupant de budget à Bercy (Paris 12ème) pendant trois ans, était supposé légitime dans son boulot nonobstant une plainte pour viol… ce qui ne serait pas le cas pour le poste de ministre de l’Intérieur. Ce sont pourtant deux fonctions régaliennes de chez Régalien ;  un Grand Chef aux Finances est appelé à autant d’exigence morale qu’un Premier Flic de France, il me semble. Faisons court et simple : tous les ministres et sous-ministres doivent être propres sur eux, sinon ouste, dehors, c’est le b-a-ba.

Mais les femmes (les hommes ? je ne sais pas) du collectif NousToutes refusent l’argument macronien : pour elles, deux poids deux mesures, le viol est injustement considéré comme véniel, oubliable, secondaire en tant que crime ; et d’argumenter : « Est-ce que vous pensez que pour un autre crime, un meurtre ou un assassinat, on aurait nommé quelqu’un qui serait mis en cause ? Non, cela n’arrive que pour les crimes liés aux violences sexistes et sexuelles, à savoir le viol ». Et, effectivement, le viol, prémédité ou pas, est un crime, comme un meurtre (non prémédité) ou un assassinat (prémédité). Notons d’abord que non, cela n’arrive pas « que pour les crimes liés aux violences sexistes et sexuelles » : ça arrive aussi pour des trucs moins graves, les délits financiers, violations du secret de l’instruction, etc ; d’aucuns, on en a vus, ont « fait ministre » tout en étant mis en accusation – mais ce n’est pas recommandé.

Elles, du collectif, ont raison sur ce point : si Darmanin était sous le coup d’une procédure pour homicide, il ne serait sûrement pas ministre. Donc, oui, tous les crimes ne se valent pas. Un meurtre, ça laisse un ou des cadavres ; on ne s’en remet pas, c’est assez définitif. Un viol, on peut s’en relever, ou pas, c’est selon. Dans l’affaire Darmanin c’est une accusation de viol sur l’année 2009 et a posteriori, et c’est parole contre parole. Tenez, ce site résume assez bien le dossier ; en gros, c’était une histoire d’un coup de pouce contre un « passage à la casserole » (*) ; ensuite, deux versions opposées : « c’était un viol » /  « c’était une relation consentie ».

Un crime est un crime, certes, mais il y a des degrés dans ce genre d’exercice : entre le violeur bourré d’un soir – un criminel, donc – et un Fourniret, il y a de la distance. Idem pour la présomption d’innocence : parfois c’est juste une figure de style, on SAIT ! et parfois non… et alors il  est légitime et prudent de douter.

Donc, si Macronious invoque la présomption d’innocence, c’est, espérons-le pour lui, qu’il a de bonnes raisons d’y croire, à l’innocence : sinon c’est du masochisme ou du cynisme, bref une faute en isme. L’accusation et la gesticulation ne font pas le coupable ; la justice doit passer, passera, et selon les conclusions… on pourra tirer les conclusions. Un ministre reconnu violeur, on est d’accord, c’est inacceptable, et puis qu’il soit puni ! Sinon, et en attendant, si on lui foutait la paix, qu’il puisse travailler ? il a du boulot devant lui.

Tibert

(*) C’est très laid, à tous points de vue, un « passage à la casserole ». Une moche transaction commerciale, moche la volaille, encore plus moche le cuistot.