Découverte de l’eau tiède

( Je lis que, nonobstant les moqueries et les lazzis, la maison Appeul a vendu toutes ses petites sacoches tricotées pour les cellulaires de sa fabrication. Il faut dire que ça laisse rêveur : claquer 250 euros pour ce machin ! le prix d’un honnête cellulaire d’une marque moins huppée ; allons, ajoutons-y une housse à 15 balles, et ça roule ! Bref : quand on aime la Pomme-mordue, c’est quasiment une religion : on ne compte pas ! le vendeur, lui, sait très bien vendre ses bricolos plus ou moins nécessaires, et pas pour des clopinettes, comme on voit. )

Et puis Marseille frémit : un jeune, frère cadet d’un militant anti-drogue assez connu, actif et courageux, a été flingué, assassiné par deux tueurs à moto, comme la députée Yann Piat en 1994 au Mont-Faron. On se partage, à lire les journaux, entre deux lectures de la chose : soit les truands visaient le grand frère et se sont trompés de cible, soit c’est un assassinat d’intimidation… et cette deuxième hypothèse fait pousser des cris d’orfraie : “c’est un défi lancé à l’état de droit !” .

En somme, si l’on avait trucidé le grand frère, ç’eût été “normal” ? c’est ça ? il se bat contre les narcos –> ils lui font la peau, et tout baigne dans un superbe état de droit ? (*) Il se trouve que la prise d’otages se pratique déjà couramment, par exemple sur les cadors des crypto-monnaies ; que les menaces, de mort, sont souvent du genre “On sait où t’habites… où tes gosses vont à l’école… ” : on est largement, déjà, dans le défi à l’état de droit, et comment ! Il semblerait que nos élus découvrent l’eau tiède : ciel, la démocratie est menacée ! on s’en prend aux proches des cibles légitimes, maintenant !

Et de s’interroger, gravement : peut-être faudrait-il faire quelque chose ?

Tibert

(*) L’état de droit, magnifique totem, pèse en fait sur les citoyens lambda : on fait la génuflexion ! Quant aux malfrats, je vous laisse imaginer ce qu’ils en font, eux, de l’état de droit.

Robinets à yaourt

( Monsieur Sansal a été “gracié” par le président algérien. On gracie les otages, maintenant… je m’étonnais, il y a peu, que la France ne puisse pas trouver, dans ses stocks de délinquants Algériens en taule, de quoi proposer un échange d’otages : eh bien, les Allemands, eux, ont trouvé de quoi boucler l’affaire, ou un équivalent suffisamment persuasif. Il est vrai qu’ils n’ont pas, eux, les rapports masochistes et désastreux qui sont les nôtres avec l’Algérie. Au total, nous avons l’air de quoi dans cette histoire, je vous le demande. )

Et puis je lis que les générateurs d’IA, d’intelligence artificielle, produisent chaque jour pour Deezer – un des robinets à zizique les plus utilisés – environ 40.000 morceaux, que la plupart des humains sont incapables de différencier d’avec de VRAIS morceaux de musique, composés et joués par des individus comme vous et moi. C’est consternant et décourageant pour les musiciens : à quoi ça sert qu’ils se décarcassent, hein ? D’un autre côté, ça recadre bien les choses : Deezer, Spotify et consorts, c’est 80 % de “musique” à meubler, juste pour conjurer la vacuité, le vent dans le crâne entre les deux oreilles.

A ce propos, vous avez sûrement constaté, comme moi, que les “chansons” (en anglais, dans 95 % des cas) ne sont jamais traduites : avant de vous envoyer “C’mon baby I love you” par la frétillante Cindy Brown et ses choristes “wohooo wohooo wohooo” , “yeah yeah yeah” , le DJ ou l’animateur musical ne prend jamais la peine de vous traduire les paroles, à supposer qu’il y en ait ! donc, soit nous sommes tous extrêmement bons en anglais, soit tout le monde s’en fiche, vu la nullité des textes. Mais voyez, on a maintenant la possibilité de prendre connaissance de ces textes, traduits ! c’est encore Deezer qui le propose, pour environ 10.000 titres, et uniquement depuis l’anglais. Tant pis, donc, pour les Britanniques désireux de comprendre “sur le tas” les textes de Ferré ou de Leprest ; mais pour nous, quelle avancée ! Voilà le volumineux yaourt anglophone à notre portée, avec des textes sublimes, forcément sublimes.

Tibert

Tous pieux

( Si vous appréciez les épaisses strates, double-cheese, ketchup et sauce secrète, la rotondité des burgers qu’on peut trouver partout maintenant – c’est quasiment devenu la pitance par défaut -, une excellente nouvelle vous attend : Le Fig’ragots nous apprend que le fast’foude Five-Guys (*) de la place Clichy, à Paris, a beaucoup plus de succès depuis qu’il annonce servir du “halal” : de la viande passée par la moulinette religieuse musulmane. C’est son droit le plus strict, et du moment qu’il annonce clairement la chose, c’est carré, si l’on peut dire. Ainsi informé, j’aurai d’autant plus de bonnes raisons de passer au large du “5-mecs” de la Place Clichy, où je ne mets d’ailleurs jamais les pieds.

A contrario, il me souvient avoir déjeuné dans un établissement de cuisine “kurde” , sans autre précision ; c’était du halal, m’a-t-on confirmé après coup, sur ma question explicite. Je suis parti fâché et n’y suis plus retourné, trompé sur la marchandise. Je suis hostile à l’abattage rituel, qui fait souffrir inutilement les bêtes, et je ne souhaite financer aucune religion, a fortiori à mon insu.

Ce qu’écrivant, je vous pose la question : si vous prenez l’avion, vous aurez constaté que sur les compagnies européennes, le porc ne le prend jamais, l’avion, lui : introuvable, sous quelque forme que ce soit. C’est clair, par défaut nous sommes interdits de porc. Donc, devant l’appétissant et habituel dilemme “Poulet ou Pasta” , il serait amusant – et légitime ! – de s’informer auprès du personnel de bord : que diriez-vous de demander la provenance, abattage profane ou pas, de la viande, boulettes, pilon, bolognaise ou autre, qui garnit les barquettes ? ce n’est, à ma connaissance, jamais indiqué ; en fait, j’ai des doutes, même s’il existe parfois, par ailleurs, des repas confessionnels. Mais je vous fiche ma carte d’embarquement que les hôtesses seront incapables de vous répondre ; et puis, quelle question saugrenue !

Tibert

(*) “Les cinq mecs” : une chaîne de plus, en anglais, forcément, pour nous convertir, faute d’autre option, à l’incontournable petit pain rond garni-empilé, avalé en 6-7 minutes, à la main, avec un soda plein de bulles (burpp) et une Grande Frite dans sa poche en carton. What else ? on ne se posera bientôt plus la question. Ah si ! des onions rings, pour varier.

Buffet à volonté, bis

( La “libération conditionnelle” de deux de nos concitoyens, assez imprudents et naïfs pour être allés se balader en Iran – ils sont toujours coincés dans notre ambassade, à Téhéran – a été bien évidemment (mais chuut !) obtenue par raison de symétrie : nous avons coincé une ressortissante iranienne à faire de la propagande islamiste radicale chez nous, et nous “échangeons nos otages”, si l’on peut dire. C’est classique… même si c’est en réalité dissymétrique, l’Iran étant un spécialiste reconnu de la prise d’otages, bombardés pour l’occasion “espions” et autres doux qualificatifs.

Voilà voilà… je vous dis ça, parce que ça fait bientôt un an que monsieur Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, est en taule en Algérie, et qu’il y fait manifestement office d’otage, pour je ne sais quelle tortueuse négociation – qu’on ne nous dit pas, évidemment. )

Mais autre chose, plus “positif” : il me souvient qu’une amie , originaire d’Asie du Sud-Est, s’étant cassé la figure sur les escaliers glissants du métro parisien – grosse et moche entaille au front – fut soignée efficacement aux Urgences de l’hôpital Cochin, points de suture, anti-douleurs, pansements, etc… elle avait de quoi payer, mais on lui expliqua que c’était gratuit, vu que les démarches de facturation-recouvrement auraient été trop complexes. Aux frais du contribuable, donc. Et, tenez, le Monde éclaire plus largement cette pratique très généreuse – toujours aux frais des contribuables, dont j’ai l’honneur de faire partie : les retraités Etats-Uniens sont nombreux à déménager chez nous, et ne payent rien pour leurs soins médicaux. Cela, grâce à la délicieuse PUMA, la Protection Universelle MAladie (essayez donc de faire symétriquement aux USA !). Qui plus est, on ne leur réclame pas d’impôts sur leurs revenus (leurs pensions de là-bas, donc), même si l’Oncle SAM, lui, n’a pas ces scrupules ; son bras est assez long pour leur retourner les poches à distance.

On chuchote, il se murmure, non mais ! que ça pourrait changer l’an prochain. Acceptons-en l’augure : ce serait une rustine, bien modeste, à une structure pleine de courants d’air, “tonneau des Danaïdes” , “panier percé” , ou “vache à lait” , comme vous voudrez. “Trop bon, trop con” : ça rime, mais pas que.

Tibert

Obsolète, sans doute

( Je ne vois pas pourquoi – serais-je trop vieux ? – les canards, sur le Houèbe, après les gros titres, affichent maintenant des rangées de petites vidéos verticales, en mode portrait… la vidéo, c’est normalement en mode paysage, non ? au cinéma, la télé, les affiches “3 x 4” … c’est horizontal, d’habitude ? c’est la faute aux smartfaunes, me glisse-t-on dans l’oreillette : ils filment verticalement, si l’on a la flemme de les tourner de 90 °. Ah bon… le résultat est techniquement assez lamentable en général ; l’appareil est moins stable, c’est étroit, ça bouge… mais ce n’est pas grave, n’est-ce-pas ? c’est du consommable, de l’éphémère : bref, du vent ! )

Et puis un instantané de notre belle jeunesse d’aujourd’hui, dans le 7-7, à Meaux plus précisément : un grand centre commercial – pareil à tous les autres – était en fête, et à cette occasion, un fast’foude “poulet croustillant” (encore un) offrait une bonne centaine de “repas” (des barquettes garnies), gratuits ! opération de charme, donc, pour faire le buzz, gagner en notoriété, c’était bien vu, et ça marchait. Les jeunes, évidemment, qui ont peu de fric – et puis ils a-do-rent les tenders de poulet panés-frits, servis avec du riz et une sauce “sucrée ou piquante” (*), quand c’est gratuit – ont fait la queue, et, fait notable, sagement !

Le micro-trottoir du Parigot couvrait l’évènement “en live” = sur le vif, en français : les réactions dans la queue, à la dégustation, aux alentours… réactions anonymes, mais on cite les les prénoms. Interloqué, je me suis collé à en faire la liste. Voyez comme les modes et comme le pays change ! Moi j’ai cotoyé des Nicole / Danièle / Jean-Paul / Christian / Cécile / Colette / Bernard, etc. Autour des tenders croustillants, hier, c’était Kabir / Willy-à-la-prod / Ma¨eline / Ethan / Alyssa / Kenlay / Mohammed / Kaminos / Fatoumata / Solal / Dado / Stéphanie. Pas un seul André ! pas une Claire ! Bref, comme un décalage ; j’ai peut-être raté des épisodes.

Je termine pour pointer cette minablerie parlementaire, une de plus, au petit jeu des postures imbéciles. Je cite le canard : « On ne fait pas de réunion avec le RN » : la gauche boycotte les négociations sur le budget avec les ministres. Le RN ? pouah ! on se bouche les narines, à gauche. On vote les mêmes nouvelles taxes inventives, taxe sur taxe et encore des taxes, avec le RN dans de nombreux cas – le RN n’est pas à une contradiction près – mais on joue les taxeurs purs. Assommer un peu plus encore les Français (**), oui, mais, avec panache !

Tibert

(*) Dans les restos chics, le menu annoncerait “avec son riz parfumé et sa sauce sucrée” : c’est tout de suite meilleur.

(**) Quant à se serrer, eux, la ceinture, quant à alléger notre épais, redondant, coriace, ruineux feuilleté administratif, faire un chouïa maigrir la somme étatique, bernique !

“…oire” : quel genre ?

Un peu de politique politicienne… je ne vous apprends rien sur les dégâts terribles de la malbouffe, qui s’installe : l’obésité devient la règle. Avec des sauces préformatées, en barquette plastique jetable, ces nuggets bien gras, ces burgers double cheese” , avec une “grande frite” et un “maxi Cohke” : on se tape 2.000 calories par séance, alors, évidemment… ça finit par peser sur les hanches ! bref, ça vient chez nous, et au galop. Et certains poussent au crime : tenez, cet article élogieux du Monde sur le concept de buffets “à volonté” haut de gamme, impulsé, paraît-il, par les réseaux “sociaux” , toujours à la pointe de l’inepte. Cette idée de proposer, pour 40-50 euros, de quoi se faire péter la sous-ventrière, taper trois fois dans la galantine de volaille truffée, deux fois dans la côte de boeuf, s’acharner sur le tiramisu – après avoir jeûné les deux jours précédents – est tout bonnement débile. C’est du régime de canard gras, ça… la “grande bouffe” de Ferreri, sans projet d’en mourir rapidement et salement. Drôle d’époque.

Et puis on apprend que monsieur Zucman repart, sa belle taxe “Z” sous le bras. Taxe-Z light, taxe-Z plein pot ? pas de taxe. C’est clair pour tout le monde, sauf pour les enragés de la saignée à blanc, nos impôts sont les plus lourds et les plus mal utilisés (*) : plutôt que d’en remettre une couche, si l’on étanchait les voies d’eau ? La taxe-Z aurait contribué, immanquablement, au naufrage de notre industrie moribonde, déjà plombée par des charges trop lourdes, un monceau de règles, et la culture des “35 heures, grand maximum” .

Chic, le 11 novembre tombe un mardi, ça va nous faire quatre jours !

Tibert

PS – Monsieur Zucman vantait sa taxe miracle, expliquant qu’elle « ne permettrait pas aux milliardaires d’avoir un échappatoire” : eh non, grimoire, directoire, déboire sont masculins, mais patinoire, pétoire, échappatoire sont féminins… oops, féminines.

(*) … mais pas perdus pour tout le monde ! ce que Macronibus appelle du “ruissellement” : les ruissellements du panier percé.