Ils veulent nous brouiller l’écoute

J’étais alerté hier par une campagne de « 40 millions d’automobilistes » (je suis le numéro 12.456.357) concernant un projet assez curieux… et qui rame dans le sens inverse de l’Histoire. Paraboliquement, et en gros, ça ressemble à ça : vous disposez du gaz de ville ou de l’électricité pour cuire votre frichti ? ah non, désormais c’est interdit ;  c’est « pour votre sécurité », évidemment. La cuisinière à bois ! et rien d’autre.

Bref, si vous utilisez un assistant à la conduite – Coyote, Waze ou équivalent – vous allez devoir le mettre à la poubelle, car « face à la menace terroriste » ça gêne les forces de police et de gendarmerie – du moins, c’est l’argument qui nous est jeté en pâture. Il est clair qu’effectivement, si un kamikaze islamiste apprend d’un complice qu’un barrage de police inopiné est en place trois kilomètres plus loin, ça lui permet de prendre un chemin de traverse. Sauf que ni Coyote ni Waze ni No-Radaro désactivés n’empêcheront le complice de passer un SMS ou un appel téléphonique pour prévenir son terroriste de pote. Vous me direz, oui mais il est interdit de téléphoner au volant… certes, certes. Mais si le terroriste a un kit mains libres ? hein ? on l’a dans l’os.

Il est clair aussi que si un conducteur normal affronte à ses dépens une flaque de gasoil sur la route et manque, zzzzippp,  s’y foutre en l’air, désormais il ne pourra plus prévenir la communauté des automobilistes connectés. Tant pis pour eux, ils découvriront ça par eux-mêmes, re-zzzzippp.

Il est limpide enfin que la vraie raison de ce projet, cachée derrière le faux-nez de la sécurité, c’est que Coyote, Waze etc… font perdre des sous à l’Etat, et ça c’est trop triste. Les radars mobiles annoncés aux voisins, tout ça… vous réalisez ? Partons du principe évident (*) que les radars mobiles sont toujours placés en des endroits réputés dangereux, « accidentogènes »  😉

  • Si un conducteur non informé (via Coyote, Waze etc…) arrive en roulant trop vite, 1) il risque d’avoir un accident, voire de blesser d’autres automobilistes, 2) ou alors il se prend une prune – ou les deux !
  • S’il est prévenu du radar mobile, 1) il lève le pied et roule dès lors en sécurité, 2)  il échappe à la prune.

Qu’est-ce que vous préférez ? évidemment, vous préférez le second scénario, pas d’accident, pas de prune. Mais c’est très égoïste, ça ! car l’Etat n’y gagne rien, les gendarmes sont bredouilles (ils pourraient se consacrer à des tas de missions autrement utiles), bref c’est affreux.

Voilà où l’on en est. Et pour empêcher Coyote, Waze etc… de communiquer quand même – car ce projet va carrément dans le sens du rétro-pédalage technologique et sociétal – « ils » envisagent de brouiller localement les signaux, pour que les infos ne passent pas. D’où mon titre-contrepet…

Tibert

(*) Il n’y a évidemment aucun intérêt à placer un radar mobile dans une belle ligne droite sans danger mais grevée curieusement d’une limitation de vitesse inutilement basse et castratrice : personne ne ferait ça…

Trop-plein, trop long

Je me laisserais bien quinze jours de panne de « stylo », au vu de l’actualité, trop riche, foisonnante – indigeste, pour tout dire.

Une lectrice de Ouest-France me signale une perle linguistique : « Candidatez pour pitcher au fundtrunk de Nantes le 8 juin« … j’avoue, c’est impressionnant. Si quelqu’un a la traduction… c’est peut-être du breton ?

Comme l’exprime un autre lecteur-contributeur, la cérémonie funèbre pour le flic assassiné l’autre soir sur les Champs-Elysées laisse dubitatif : où l’on découvre que ledit policier était homo, et voilà que son compagnon se fend d’une déclaration urbi et orbi, émouvante certes, poignante, oui, mais qui interroge : où a-t-on vu les veuves de flics hétéros assassinés prononcer des homélies similaires dans des circonstances similaires ? pourquoi tout ce faste, cette mise en scène ? instrumentalisation, voilà le mot qui vient à l’esprit.

Et puis le mélenchonisme défait n’est pas beau à voir. « Je m’voyais déjà« … chantait-il, le lider maximo de l’Alliance Bolivarienne : mais pas du tout, il n’y est pas, au second tour, et il se montre très mauvais perdant, voire hargneux (chassez le naturel, etc etc…), et puis à soixante-six ans c’est cuit pour la prochaine fois. Il lui reste, de dépit, à faire quelques dégâts supplémentaires à une gauche explosée qui n’en a vraiment pas besoin, dans l’état où elle est. Mais il se trouvera bien une petite place, un poste au Sénat ou à l’Assemblée dans les prochaines Législatives ou Sénatoriales, pour compléter ses points de retraite.

Ah oui, j’oubliais… Macron-Le Pen, en finale du simple mixte à Roland-Garros. On apprend, tout frais, que madame Marine n’est « pas la candidate du FN », et puis voilà qu’elle se dit européenne… vous m’en direz tant ! Mais on en recausera, il y a le temps – à vrai dire, deux semaines c’est trop long.

Tibert

PS – Monsieur Jacques Attali, bientôt 74 ans aux châtaignes, membre de l’équipe « rapprochée » de monsieur Macron, parle de l’affaire Whirlpool (une usine qui est promise à la fermeture par ses patrons) comme d’une « anecdote » : et voilà que ça se fâche tout rouge chez ses collègues en macronisme ; il aurait dit une connerie, en somme. Mais il n’a pas employé, que je sache, et s’en est bien gardé, le mot « détail« , breveté horrible depuis que monsieur Le Pen s’en est servi. Anecdote n’est pas détail, certes, mais même si monsieur Attali énonce là une évidence – le problème Whirlpool n’est en effet clairement qu’un élément parmi d’autres (un détail, une anecdote, si l’on veut) d’un contexte industriel plus global – ça y est : détail et anecdote sont désormais identiquement maudits.

 

Peine-à-jouir quinquennale

Je vais vous entretenir de la fête : pour faire correctement la fête et sans pensée culpabilisatrice, il faut l’aval des médias qui vont bien. Il y a dix ans, monsieur Sarkozy, cet impudent qui avait osé les défier au Fouquet’s – lieu non agréé, quand par exemple « Le Bar Nabé », rue des usines à Vitry-sur-Seine, semblait tout indiqué – muni d’un risotto crevettes-artichauts, a pu sentir la réprobation générale, mesurer sa faute de goût.  De même, ce malotru de Macron qui ignore les Bonnes Manières s’est fait salement remarquer, dimanche soir : outre que le second tour n’est pas dans la poche, il s’est réjoui avec ses amis à la Rotonde, à Paris-Montparnasse. Vous vous rendez compte, des hors-d’oeuvres à 13 euros, des plats à 28 euros ! mais peut-être s’est-il sagement contenté d’un supplément-beurre (4,50 euros) ?

Bref les cons sont là derechef, tous les cinq ans, pour scruter le contenu et le prix de l’assiette, le cadre de la fête et la liste des convives, aux fins de délivrer ou non leur satisfecit : idéalement ça se doit de donner dans la modestie, le frugal, le populaire de bon goût, sans ostentation – mais qu’on voie bien que c’est sans ostentation.

Je ne suis pas le groupie de l’homme aux élégantes rouflaquettes ; je vais vous dire : je n’ai pas voté pour lui. Son arrivée en tête au premier tour, c’est finalement « moins pire » que certaines hypothèses qui me faisaient frissonner d’horreur rien qu’à les évoquer. Et s’il a envie de se taper la cloche avec des amis à lui là où ça lui plaît, ma foi c’est son droit le plus strict, et il a bien raison : « on n’a droit qu’à un tour« , « la vie est courte« , et toutes ces sortes de choses.  Et au diable les peine-à-jouir.

Pour clore, ce commentaire d’un lecteur du Monde, que je fais mien sans réserve : +1, comme on dit sobrement.
 » Encore une polémique ridicule. Il est arrivé en tête au premier tour et a décidé d’ouvrir des bouteilles de champagne dans une brasserie parisienne normale. Tout ça avec des gens qui l’ont soutenu depuis le début. C’est quoi le problème? Il aurait du rentrer prendre une tisane et se coucher à 23 h après avoir regardé TF1? Je n’arrive pas à croire qu’on perde notre temps avec des trucs aussi débiles.  »

Pcc : Tibert, et un jambon-beurre-cornichon, un !

C’était les bons costards !

(C’était, et non c’étaient, vu que l’on ignore – moi je le sais, mais pas vous – écrivant ce premier mot, si la suite sera plurielle ou ne le sera point. Merci et chapeau, maître Cappello !)

Oui, juste un petit mot : je lis dans un canard-sur-Toile que, finalement, contrairement à ce qu’on avait affirmé, François F. a rendu les bons costumes à son généreux donateur : ça change tout ! on m’avait donc induit en erreur…  les vrais bons costumes coûteux, et non deux machins à 50 euros de chez Décrochémoiça subrepticement glissés dans des housses griffées Arnys mais fabriquées au Bengla-Desh.

Alors moi qui étais choqué de cette félonie, de cette nouvelle bassesse supposée, moi qui avais décidé, non mais c’est scandaleux, de priver François F. de mon suffrage, ma foi je vais derechef voter pour lui. Il était temps, vous me direz, vu qu’à 36 heures près ça loupait. On saluera ici l’impartialité, la droiture de la presse, qui aurait pu jouer la montre, planquer, eh eh eh, cette rectification essentielle jusqu’à lundi, ou la coller dans la rubrique des chiens écrasés.

Non mais sérieusement, on nous prend pour des billes, là. Cette lamentable campagne politique aura foiré, merdé jusqu’à la toute fin, sur des histoires de raclures : indigne de nous. Sur quoi pouvons-nous juger des programmes en présence, quand le débat tourne autour des boutons de manches qui auraient été, va savoir, peut-être, remplacés par des trucs à deux balles ? je vais vous dire : la presse en général s’est montrée manipulatrice,  hargneuse, faux-cul. Et le pire, c’est que nous n’avons que ça pour nous informer.

Tibert

Protégez-le de ses amis…

Il y a des soutiens qu’on apprécie, et d’autres que, euh… dont on se passerait bien. On a vu Emmanuel  Macron faire la fine bouche quand Manuel Valls s’est décidé pour lui…  quelle tête ferait-il si Normal-Futur-Ex (qui, entre parenthèses, ne manque pas d’air quand il prétend « Je laisse un pays en bien meilleur état que je l’ai trouvé » – j’y reviendrai !), si Moi-Bientôt-Plus-Président, dis-je, lui collait lui aussi aux basques ? Mais là c’est le festival de fin de parcours, ça sent la ligne d’arrivée, et ça fuse de partout : d’un côté Alain Delon annonce en pincer pour Fillon, et ma foi ça n’a rien de très surprenant ; mais on aura aussi en tête le soutien indéfectible du président vénézuélien Maduro envers notre Jean-Luc M., le Rebelle : soutien qui fait quand même un peu désordre, avouez, à l’heure où le Vénézuela se trouve dans une situation économique carrément tragique, et dans des conflits saignants – littéralement. Aux dernières nouvelles, Maduro soupçonne les USA de vouloir organiser chez lui un coup d’état, rien que ça.

Mais regardez qui c’est qui déclare aussi sa flamme à Jean-Luc M. ? Pamela Anderson ! eh oui, nous demande-t-elle, « Mr Mélenchon for president, s’il vous plaît« . On se rassure : elle est canado-états-unienne, Pamela A., elle ne vote pas chez nous. Et pourquoi cette déclaration enflammée ? parce que Jean-Luc M., qui trouve tout plein de vertus à la bouffe végétarienne (*),  serait entre autres LE défenseur de la cause animale, à laquelle Pamela est fort attachée. On fera le rapprochement avec son pendant chez nous, notre B.B. nationale, qui sauf erreur de ma part s’est déclarée pour Marine : il est ainsi démontré une fois de plus que les extrêmes des deux bouts se rejoignent.

Allez, soyez chics, si vous voulez faire vraiment plaisir à Pamela Anderson, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Au passage, vous tirerez aussi un large sourire au sympathique Nicolas Maduro, ça vaut sûrement le coup, non ?  😉

Tibert

(*) moi de même, mais je manque de convictions.

Concerté, unilatéral, pas du tout… ?

On dira ce qu’on voudra, mais la Péniche Insoumise de monsieur Jean-Louis « Caramba » Mélenchon m’a interpellé : était-ce un contrepet ? un clin d’oeil aux Auvergnats ? (*) ?  Mais non, j’ai cherché en vain, il n’est pas Auvergnat du tout, ou alors en catimini.

En revanche il serait indécis ou pas clair – ou retors –  que ça ne m’étonnerait pas plus que ça. Tenez, il veut proposer des menus végétariens dans les cantoches scolaires : pourquoi pas, le végétarien a du bon, si ce n’est pas une religion ou une obligation ; mais si c’est pour, comme chez Air-France, nous interdire en douce et définitivement le saucisson, le jambon, les rillettes, le pâté de campagne, je trouve ça pas franc du collier.

Et puis – les menus scolaires c’est sinon subalterne, du moins à l’arrière-plan – sur l’Europe, là je ne suis plus le film : il y avait le plan A de renégociation de la façon dont ça fonctionne – hautement hypothétique selon son copain-concurrent Benoît H., vu que c’est quasiment demander la Lune en mariage – et puis le plan B si le plan A foirait : B comme « Bonsoir messieurs-dames », on se casse, unilatéralement, ciao l’Europe, l’Euro etc.

Pas du tout pas du tout ! qu’il nous dit maintenant. On n’a rien compris, ou, va savoir, il se sera mal exprimé ? Dans Le Monde, il proteste, ce sont des salades calomnieuses : « Ne croyez pas ce qu’ils vous disent : Il veut sortir de l’Europe, de l’euro (…), allons, un peu de sérieux ». Vous voyez, vous avez mal lu, ce n’est pas sérieux ; lui est sérieux (**). Et le Monde de nous détailler, juste sous cette citation, les deux plans, le plan A et le plan B, justement Mais baste, le programme, rester ou pas dans l’Europe Unie c’est de l’enc..lage de mouches, ça ; l’important c’est la stature, l’éloquence, le charisme – le talent, acquis au cours de trente-cinq ans de métier.

Tibert

(*) On sait sans doute que l’Auvergnat  traîne sur les fins de mots, dit presque « in » pour « en » et chuinte quelque peu les S : « Chaint-Auchtremoine » c’est la magnifique basilique romane d’Issoire, par exemple. La blague, vous connaissez ? Le touriste un peu perdu demandant son chemin à un autochtone dans, disons, Chaint-Flour : « L’évêché, s’il vous plait ?  – Au chous-chol« .

(**) « lui est sérieux« , ça fait bizarre, non ? on est maintenant tellement habitués à coller le pronom personnel en redoublement derrière le sujet, ça finit par polluer la langue. « Lui il est sérieux… « , on l’entend mieux, pas vrai ? et on a tort. Tenez, une devinette, quel haut personnage de l’Etat disait « la reprise elle est là »  ? vous gagnez un paquet de cahuètes.

L’histoire du loup et des trois petits chevreaux

Il est des sondages réalisés par les canards, qui valent leur pesant de moutarde ! Genre (Le Parigot) : « Selon vous, JL Mélenchon est-il un candidat d’extrême-gauche ? » ou (Le Figaro) : « Selon vous, JL Mélenchon est-il d’extrême-gauche ? » et les résultats sont là, on n’a plus qu’à lire : au Figaro, Oui 78 %, Non 22 %. Notez que personne n’est indécis, Oui+Non = 100 % : la case « Ne sait pas » n’existe pas, c’est oui ou non, faut savoir ce qu’on veut. Et au Parigot ? pas tout à fait pareil, Oui 55 %, Non 45 %. Les sociologues pourront gloser sur la structure socio-culturelle des lectorats respectifs du Figaro et du Parigot : au Figaro ils le sentent nettement plus à gauche-gauche, le Mélenchon, va comprendre…

Alors qui croire ? d’accord c’est Oui des deux côtés, pas franchement au même niveau d’ailleurs, mais avant de donner ma voix à « La Méluche », comme ils disent affectueusement (ça m’évoque ces gens qui sussurent « mais oui, il est gentil le chien-chien, c’est un bon chien ça madame » pour tenter peureusement d’amadouer un molosse grondant et patibulaire), avant de voter Mélenchon, donc, j’aimerais savoir… j’hésite… je me tâte…  qui croire ? et les commentaires des lecteurs accompagnant ces deux sondages laissent perplexe : selon certains, évidemment que si, il est d’extrême-gauche, enfin quoi ! alors que pour d’autres c’est pas ça, ça y ressemblerait mais ce n’est pas de l’extrême-gauche vrai de vrai, labellisée comme le Camembert élevé sous la mère.

Mais au fait, posons-lui la question, c’est tout con, ça éclaircira le débat. Alors, monsieur Mélenchon ? … « Je ne suis pas d’extrême-gauche« , qu’il dit. Ah, vous voyez ! on a tout faux, il y est pas, d’extrême-gauche. C’est un politicien de35 ans d’expérience, tout de même, il a roulé sa bosse  : vous pouvez lui faire confiance.

Tibert « si tu n’es pas le loup, montre-nous patte blanche« .

De la morue fraîche en politique

Ah ah ça vous la coupe, hein, qu’on cause d’autre chose que de la Présidentielle ? mais si, c’est possible. Bon, juste deux mots pour vous rassurer : saviez-vous que notre lider maximo du Parti de Gauche, Jean-Luc « Caramba » Mélenchon, l’homme à la vareuse façon Raoul Castro,  66 ans aux prunes (*),  a pour projet de chambouler la diplomatie française ? hispanophone accompli – ses deux grand-pères étaient Espagnols – le voilà qui veut nous larguer de l’OTAN, ce machin atlantiste et surtout nord-américain, et nous amarrer à Cuba, au Venezuela,  la Colombie, l’Iran… tous ces pays joyeux et qui pètent de prospérité 😉 .  Tenez, lisez ça, un éclairage sur l’Alba,  l’aube, rien que ça, qui dit se lever sur l’Amérique Latine, et vous saurez pourquoi avec Jean-Luc M. l’avenir est plus radieux, l’aube est proche camarade – surtout avec un SMIC rehaussé de 15 %, olé !

Mais quel rapport avec la « morue fraîche » du titre ? ah ça c’est un vieil oxymore que j’affectionne… vous savez que le cabillaud se pêchait abondamment loin-loin, très loin vers les bancs froids de Terre-Neuve ; pour le conserver jusques aux ports de notre façade atlantique, les Basques, les Espagnols, les Portugais, les Bretons… le salaient à bord, et si possible le faisaient sécher. Et, miracle, cela devenait de la morue. Le cabillaud, c’est le poisson au naturel, sans apprêt, tandis qu’une morue – ce n’est pas là une insulte – est un cabillaud éviscéré, décapité, nettoyé, ouvert et mis à plat, puis salé très copieusement (séché) pour longue conservation. Mais je me répète, j’ai déjà traité de la morue-cabillaud dans un vieux billet. Rien n’a changé depuis, et la morue fraîche des menus snobs est toujours aussi oxymoresque que l’obscure clarté chère à Corneille.

Evidemment, si je vous entretiens de la morue et du cabillaud, c’est que le jour s’y prête, d’aucuns aujourd’hui font ça et là pénitence religieusement, un succulent bacalao  a braz, une brandade bien garnie et gratinée à point, agrémentée d’un mesclun à l’huile de noix…  ah bon me direz-vous, c’est culinaire, votre billet, pas politique, alors ?  quel rapport entre une morue et un politicien « de longue conservation » ? eh bien vous prenez un cabillaud banal, ordinaire, et hop ça devient une morue fraîche ! une tout autre gueule, avouez. Et vous prenez un politicien en fin de carrière – le plus âgé du quatuor chéri des sondages – ex(?)-trotskyste, ex(?)-Franc-maçon ex-PS, ex-à peu près tout à gauche, et hop c’est « la France insoumise » : c’est le même plat que d’habitude, mais au menu ça le fait tout de suite mieux.

Tibert

(*) L’âge de la retraite, eh oui, après une carrière d’élu divers et varié d’environ trente-cinq années. Trente-cinq ans de vie politique, ça use, ça use. Un dernier tour, mais le dernier, alors !

Le Zéro Absolu de la Mauvaiseté

Aujourd’hui on va parler d’autre chose : je n’en peux plus de retourner dans ma tête l’épouvantable hypothèse-catastrophe qui nous verrait, au second tour de la Présidentielle, hébétés et livides devant le désastre, devant le choix peste ou choléra, Charybde ou Scylla, Marine ou Jean-Luc. Allez, positivons (merci Carrouf’ !), gageons que les Français auront assez de bon sens, ne seront pas masos au point d’aller se foutre eux-mêmes dans le fossé – ils sont déjà suffisamment mal en point.

Non, parlons d’autre chose… tenez, le porte-parole de la Maison Blanche vient de nous confirmer qu’il existe bien un mètre-étalon de l’ignominie, de l’horreur, de la mauvaiseté. Mètre-étalon, ou plutôt échelle absolue : en température on ne saurait descendre au dessous de – 273 ° Celsius (c’est froid, très froid !) vu qu’à ce niveau les atomes se les gèlent et n’arrivent même plus à grelotter. – 273 °C c’est le Zéro Absolu, le Zéro-Kelvin, bref le 0° K de la température (*). Eh bien en horreur c’est le Zéro-Hitler (0° H, H comme Hitler ou Horreur) : il n’est pas possible d’être en dessous, d’être plus mauvais.

Certains essayent dur, pourtant. Et, tenez, le porte-parole  de  Trump avait cru trouver un challenger, autrement dit en français un concurrent valable : Affez-El-Assad. «Pendant la Seconde guerre mondiale, on n’a pas utilisé d’armes chimiques. Une personne aussi abjecte qu’Hitler n’est même pas tombée aussi bas que d’utiliser des armes chimiques», disait-il. Oubliant juste ce détail (sic) que les cristaux de Zyklon-B ont été utilisés, justement, comme arme chimique, trèèès largement utilisés aux fins de gazer massivement quelques millions d’êtres humains.

Mais revenons au mètre-étalon versus le zéro absolu : en matière de mauvaiseté, contrairement aux températures, le point-limite n’est jamais sûr, et l’étalon du pire peut être enfoncé. Voyez les présidents états-uniens : on a dit de George « Debeuliou » Bush que c’était « the worst president ever« , le pire président de tous les temps : eh bien il a maintenant de la concurrence ! Revenant à mon propos de politique-fiction du premier paragraphe de ce  billet, je suis tenté de faire un parallèle avec notre glorieuse lignée élyséenne : eh bien le record  indiscutable en train d’être établi aura de bonnes chances d’être dépassé, le mètre-étalon de se voir contesté. Mais je me rassure : ce n’est que de la spéculation sombre, de la fiction pessimiste… bref, un cauchemar.

Tibert

(*) Les Anglo-Machins, histoire de ne pas mesurer comme tout le monde, ont leur zéro absolu à eux : le 0° Rankine. Heureusement pour la science, ou heureuse coïncidence, c’est exactement aussi froid que le 0°K.

Le quatuor « Les dissonants »

On y est presque, il reste 13 jours avant que, avant quoi ? la Prépré, la prépré – la préposée des postes ? meuh non, enfin.

Allez, quelques saillies juteuses (!) : Madame Le Pen estime que « la France n’est pas responsable du Vel’d’Hiv » (*) : mais qu’allait-elle faire dans cette galère ? où a-t-elle  pêché l’idée saugrenue de s’exprimer là-dessus ? quel prurit ? pour dénoncer la repentance en boucle et les flagellations auto-punitives de la Pensée Unique ? la voilà embourbée dans les ornières du père, dont elle a bien du mal à s’extraire.

Et puis cette émission que je ne regarde jamais, « On n’est pas couché », ONPC pour les initiés, d’une part parce que ça rigole de tout, parfois à propos, mais le plus souvent hors de propos, et puis parce que, précisément, JSC, je suis couché : ça passe largement trop tard. Y était tout dernièrement Benoît « Burn-Out » Hamon, qui, à la question de l’animateur « Si par malheur vous n’atteignez pas le 2ème tour, pour qui appelez-vous à voter ? Fillon, Macron, ou Mélenchon, face à la Marine  ? » répond, imperturbable, prenant cette stupide interrogation pour du bon pain : « Mélenchon ! » On l’applaudit dans la foule des groupies invités de l’émisssion. Mais, au second tour, monsieur l’animateur et monsieur Hamon, il y a DEUX candidats, pas quatre. Je reformule donc la question, nettement moins conne, qui aurait pu être posée : « Si vous, hélas, gnagnagna… et si l’UN des trois, gnagnagna… se retrouvait face à la Marine, alors appelleriez-vous  à voter pour lui, quel qu’il soit ? ou bien alors ???« . Et là, Benoît, on est tout ouïe, que fait-on, chez le candidat Benoît, et au PS, dont il est l’éminente émanation ? mais baste, on le saura bientôt, in vivo.

Terminons. Pourquoi ce titre ? en clin d’oeil à Wolfgang-Amadeus, dont les dissonances du quatuor éponyme ou presque se mêlaient, elles, harmonieusement. A l’inverse, le quatuor qui se forme, qui émerge clairement au dessus des 18 %, Marine – honneur aux dames, Emmanuel, François et Jean-Luc, nous joue chacun son petit morceau dans son coin. Superposition – atroce, vite des bouchons d’oreilles – de la « Chevauchée des Walkyries », de la « Suite Bergamasque », d’un moteur de Ferrari V12 autour de 7.000 tours/min et de « El paso del Ebro ». Le lecteur se divertira à rendre  à « chacune et chacun » (merci Emmanuel) sa partition.

Tibert

(*) En clair, pour les innocents : la rafle massive de Juifs français en 1942, rassemblés temporairement au défunt Vel’d’hiv ; rafle effectuée par des policiers parisiens –  sous le régime pétainiste de Vichy.