Bérésina annoncée

( Un chiffre rassurant : ça roule pour les SCA, les Sociétés Concessionnaires d’Autoroutes ! Je cite : « En 2021, les SCA ont versé 3,3 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires, une somme en augmentation de près de 40% par rapport à 2020 – année du Grand Confinement – et de 5% par rapport à 2019 » . Ce qui les oblige, les SCA, vous comprenez, à relever les tarifs de leurs péages de presque 5 %, sinon elles risquent la paupérisation, et leurs actionnaires avec, eh oui… ça vous chagrinerait, pas vrai ? )

Et puis les Parigots paieront très certainement avec leurs impôts la journée forcée-chômée de madame Hidalgo : la mairie sera fermée ce mardi pour cause de prosélytisme pro-grève, sauf bien entendu l’Etat Civil (*), pas fermable. Les innombrables salariés-fonctionnaires-électeurs de madame Hidalgo sont clairement à même, ainsi encouragés, de rejoindre la manifestation contre la réforme des retraites… pas très réglo comme manoeuvre ? pas neutre, non : militant ! Tout comme le journal vespéral de France 3 hier soir, tartinant très largement sur les projets, ici et là, des futurs manifestants : « Bien sûr qu’on va y aller » et autres déclarations va-t-en-guerre. Même les paisibles Chartrains (Chartres, pourtant ville de droite ! nous dit le reportage) sont mis à contribution pour abonder le discours pro-manif. En face ? que dalle. C’est le journalisme du Service Public, en sa chouette neutralité.

Tibert

(*) Toujours à la bourre, à la ramasse, d’ailleurs, la production (« délivrance » , là on sent mieux l’effort administratif terrible) de cartes d’identité et passeports. J’ai ouï dire qu’en certaine grande ville, les lundis matin à 9 heures pétantes, les sites houèbe dédiés à la chose valident les 700 premières demandes de rendez-vous en mairie : du sport ! vieux ? pas habiles de la souris ? arthrose des doigts ? mauvaise vue ? connexion internet faiblarde ? revenez la semaine prochaine ! Eh oui, c’est comme ça… on n’y peut rien… c’est le progrès.

Miettes de janvier

D’abord, monsieur Manuel Bompard, Coordinateur National à LFI – c’est un nouveau poste – s’en prend aux circonvolutions du gouvernement concernant la réforme des retraites. Veut-il évoquer la manie qu’ont les chiens de faire trois fois le tour sur eux-mêmes avant de faire coucouche-panier ? Il devait plutôt vouloir dire circonlocutions ; l’auditeur indulgent aura mis ça sur le dos de l’émotion : les caméras, les projos, les micros, les journaleux vociférant, tout ça…

Lu cet horrible fait divers londonien : un technicien intervenait en sous-sol sur un urinoir escamotable alors déployé – brillante invention, tapi sous terre hors les virées « pintes de bière » vespérales – quand cet engin s’est replié sur lui, le coinçant à mort. Tué par un urinoir… triste fin ! Fort heureusement, cela ne risque pas d’arriver chez nous ! à Paris on pisse contre un mur, une encoignure, un tronc d’arbre, entre deux bagnoles, un coin sombre, une entrée d’immeuble… là où l’on peut, vu qu’à peu près rien n’est prévu pour la chose – sauf bien entendu à se fendre d’une boisson inutile, voire contre-productive, au zinc d’un rade où le patron tire la gueule couleur locale, minimum 2 balles.

Et puis un article, dont j’ai perdu la référence, sur la consommation de viande lapinesque : ça diminue à vue d’oeil ! je résume pour vous : en France, guère plus de 400 gr par personne et par an – soit trois portions – quand les Italiens et les Espagnols continuent d’en consommer pas mal. Le coniglio des Piémontais, en fricassée, avec de la polenta… la paëlla, avec des langoustines, et puis du lapin, forcément, plutôt que du poulet ! Le problème, je vais vous dire : j’ai vu des lapins en élevage… c’est révoltant. On se bat pour que les poules puissent vivre décemment le temps qu’elles passent à pondre pour nous, sur du vrai sol agricole, avec du vrai soleil ou de la pluie authentique par dessus leurs crêtes, gratter le sol avec leurs ergots, pouvoir bouger, picorer des bricoles, tout ça… et on a bien raison, les poules en cage c’est dégueulasse. Les lapins ? ils sont comme, voire pire que les poules en cage, hors sol, clapiers en intérieur, reclus, pas bouger, mortel ennui, rien à gratter… bouffer, bouffer (des granulés), faire ses besoins, dormir, niquer et attendre la mort. C’est pas une vie, pas vrai ? je sais, les lapins ça creuse, ça ronge, ça passe sous les grillages, ça vadrouille. Mais au 21 ème siècle on n’est pas fichus de trouver des moyens d’élever des lapins décemment ? humainement ? je pose la question. En attendant je persisterai à faire la grimace à la viande de lapin.

Et puis hier je suis allé au marché en bas de ma rue, flâner, acheter deux-trois trucs, une salade, des pommes correctes… (*). Deux jeunes nénettes distribuaient des tracts… je m’approche, intéressé ; elles m’accrochent : « c’est contre la réforme des retraites » , sourire complice déjà aux lèvres. Ah mais, dis-je, protesté-je, moi je suis POUR réformer les retraites ! Vous auriez vu ça, le coup de froid, le rideau de fer ! « On veut pas en discuter » , m’ont-elles abruptement signifié, et de me tourner le dos. Je n’ai pas pu en placer une. Si c’est ça le débat…

Tibert

(*) Pas de fromage de chèvre, ce n’est pas la saison. J’attendrai…

Travail (de tripalium)…

… instrument de torture romain à trois pals (un pal, des paux ? non…)

Citation de monsieur Véran, porte-parole du gouvernement, qui admet qu’ « ils ont du mal à convaincre » [sur le projet de réforme de la retraite, NDLR] : « les salariés qui ont commencé leur carrière avant 20 ans peuvent partir à la retraite plus tôt que l’âge légal, actuellement de 62 ans » … et 64 bientôt, selon le projet très controversé. Alors pourquoi décréter un âge légal, si c’est pour s’asseoir dessus ? Juste pour nous faire marronner ? C’est pourtant simple, cet âge légal-chiffon rouge est de trop ! Pour ceux qui ont commencé plus tard, eh bien il auront en point de mire le seul compteur qui vaille, les 43 années de cotisation ouvrant droit à pension de retraite « plein pot » ; ladite pension étant moins juteuse pour un départ avant cette échéance. Heureusement que je suis là pour clarifier les choses ! on dit merci qui ?

Et puis les « régimes spéciaux » ? … c’est spécial. Nous sommes faits de la même pâte, pas vrai ? on se fatigue pareil, on a un chef peinard ou détestable, on aime ou pas son boulot, on s’y éclate ou on y va à reculons ! Pourtant, on ne nous traite pas sur le même pied, selon que. Tenez :

  • Pour le secteur privé, et depuis la réforme Balladur de 1993, le nombre d’années retenues pour le calcul du montant de la retraite est passé des 10 « meilleures années de cotisation » à 25 années (merci monsieur Balladur ! on vous baise les pieds). Et quel montant retient-on, pour ces 25 meilleures années ? 50 % du salaire annuel moyen brut.
  • Pour les fonctionnaires, d’état, territoriaux ou hospitaliers, je cite le site (sic) houèbe qui va bien : « Lorsque toutes les conditions sont réunies, votre retraite à taux plein de fonctionnaire civil ou militaire s’élève à 75 % de votre traitement indiciaire brut perçu les 6 derniers mois, hors primes. Certaines primes sont cependant prises en compte » . Admirons le « hors primes, sauf… », concentré du farfelu de moult textes légaux.

Bref : pas du tout le même calcul ! Notons qu’on voit d’innombrables « promotions » de fonctionnaires au cours de leurs dernières années de boulot, voire la dernière : la prime à la compétence, sans doute ? une reconnaissance soudaine de leurs mérites ? Ceci pour constater, incrédule et déçu, que RIEN, dans le projet de réforme des retraites, ne vient corriger ce hiatus béant entre deux catégories de citoyens : les 6 derniers mois – à emploi garanti, avancement à l’ancienneté, grille indiciaire, gnagnagna… – contre les 25 moins mauvaises années.

Ce correctif à une inégalité choquante et incompréhensible se fera, n’en doutons pas, à l’occasion de la prochaine courageuse réforme des retraites. On y croit très fort ! 😉

Tibert

Maraboutages

( Du Syrah ?… « Du Syrah dans la vallée de la Loire » , titre Ouest-France. Encore un(e) qui change de sexe ! C’était jusqu’à hier, dans mes tablettes, LA syrah, cépage noir ô combien féminin, avec ses notes poivrées. Mais on a changé tout ça, d’ailleurs le genre sera bientôt ad libitum, c’est déjà le cas dans bien des écrits approximatifs. Etant donnés le cabernet, le sauvignon, le merlot, le petit-verdot, le tressalier, le malbec, le chardonnay etc… on dote, par imprégnation alcooleuse si je puis dire, la syrah de moustaches : les moustaches du vin, évidemment. La muscadelle suivra bientôt…)

Mais, « Soyez maudit de vouloir transformer toute notre existence en marchandise… » lançait il y a peu notre grand tribun, ex-futur premier ministre ( « élisez-moi premier ministre » ), ex-futur président (quatrième puis troisième, c’est encourageant), ex-sénateur, ex un peu tout : j’ai nommé monsieur Mélenchon. Il maudissait qui ? Macron, évidemment, l’unique objet de son ressentiment. J’arpentais hier une rue où les bagnoles en stationnement arboraient, sous leurs essuie-glaces, des prospectus (des flyers, en rosbif, c’est la même chose) : « Grand marabout professeur Oussouf » (*). Retour d’affection, argent, chance, désenvoûtement, vous voyez le truc. Et c’est là que monsieur Mélenchon rejoint ledit Grand Marabout, capable d’envoûter-désenvoûter, et vice-versa. Soyez maudit, énonce-t-il : ben voilà, il lui jette un sort ! je trouve ça terriblement incongru, réjouissant, et quasiment obscène, proféré par un ex-laïcard convaincu, ex-anti-Calotte acharné – trotskyste, franc-maçon, j’en oublie… L’enfer est donc promis à notre actuel président, il manque juste la poignée de gros sel dans le feu.

Dernière remarque, de pure forme, je pinaille, là…. sur les affiches mélenchoniennes, on pouvait lire, la semaine dernière : « Samedi 21 janvier, MARCHE à l’appel des organisations de jeunesse » . Vous avez cette illustration sur un article de CNews, où l’on peut lire également « Jean-Luc Mélenchon, présent aux côtés de la dizaine d’organisations de jeunesse qui avaient appelé à cette marche » . Entre « la dizaine d’organisations de jeunesse » et « les organisations de jeunesse » , faites votre choix, mesdames-messieurs : ça n’a pas tout à fait la même ampleur ! la même enflure.

Tibert

(*) [ Le nom a été changé, pour préserver l’anonymat du grand marabout Dugenou.

Boîte à taxer

Il me souvient d’une scène, savoureuse, du délicieux film de Claude Miller, « La meilleure façon de marcher » : Claude Piéplu-le dirlo de la colo a mis en place une boîte à idées pour les jeunes colons, et en fait le relevé, consterné, devant les moniteurs… un ramassis de suggestions débiles, dont « concours de bites » , gros succès d’hilarité ! C’est à peu près ce que me suggère cet article du Fig’ragots sur les préconisations de l’inventif adjoint de madame Hidalgo, David Belliard, pour éviter au Pass-Navigo mensuel des Parisiens d’atteindre des tarifs inacceptables pour les pauvres « usagers » de la capitale et des alentours.

Je résume : TAXER ! taxer. Taxer, vous dis-je ! Taxer à Paris, taxer tous azimuts. Et pour que ça glisse mieux, on nomme tout ça « éco-machin » : éco-contribution, etc. Les épouvantables SUV notamment, « l’unique objet de mon ressentiment » : «taxer les SUV, (…) particulièrement en ville où ils n’ont pas d’utilité et sont très polluants». On va donc taxer les SUV – qui sont déjà sérieusement taxés ! – différemment s’ils roulent en ville ou à la cambrousse… taxer les colis… les camions de livraison… bref, taxer.

Je vous invite, amis lecteurs, à prolonger comme moi cette utile lecture du Figaro – rassurez-vous, ça ne mord pas, c’est ça la diversité – par les réactions des lecteurs : j’ai trouvé ces commentaires éclairants, roboratifs, parfois cocasses, et dans l’ensemble durs ! (*) durs pour le pauvre monsieur Belliard, prototype de l’éco-taxeur.

Tibert

(*) Plusieurs insistent sur d’autres options, par exemple, faire des économies ! tenez, on dénombre grosso modo 50.000 agents à la ville de Paris, qui, peut-être, ne travaillent pas tous à plein régime ? C’est une piste…

Déconstruction des milliardaires

( Au PS, ça élit… qui ? ben… on ne sait pas trop. Ils se déchirent, au PS, c’est moi, non c’est moi. Adieu le PS, bye bye, coulez bien. Sinon, restez bien sages derrière LFI, ça rassure. )

Mais une délicate polémique s’étant levée entre monsieur Michel Sardou, chanteur et un peu acteur, et madame Sandrine Rousseau, pétroleuse femelle des Verts, nous avons pu goûter quelques échanges. A la manif hier, elle, Sandrine, tirait une salve avec un panneau « Sardou ta gueule » … c’était nous faire témoins de leur différend. Il se trouve en effet que cette femme proclame vivre avec un « homme déconstruit » et s’en trouver fort heureuse ; Michel S. en écho, se disant ni misogyne ni féministe, plaint sincèrement le pauvre type, qui doit en baver, on vous laisse imaginer la galère.

Et puis, autre son de cloche, mais tout aussi décoiffant, et enfonçant hardiment les bornes de la démagogie et le mur du çon cher au Canard Empêtré, la toute nouvelle Cheffe des Verts, madame Tondelier, énonçait il y a peu « Nous voulons une France sans milliardaires. À quoi ça sert un milliardaire ? Sérieusement, à quoi ça sert un milliardaire ? » . Pol Pot ne disait pas autre chose, et l’on sait comment ça a fini.

Mais heureusement pour nous, les Verts ne sont pas encore aux manivelles. Ceci dit, l’avenir semble assuré, le lait – forcément bio – et le miel du même métal vont couler, avec ces prometteuses Vertes : la coupeuse de têtes, allez hop les milliardaires, au trou, et la coupeuse de roubignolles, si vous me passez ce mot laid. Car, qu’est-ce ( çékoi ?), un homme déconstruit ? un ex-mâle en pièces détachées ? quelles pièces détachées ? ou bien des gravats ? avec le livret imagé Ikea qu’on se gratte la tête pour essayer de le re-monter ? ou le robot téléguidé, genre Guinea-Pig de la « Marque Jaune » , où Sandrine a remplacé le diabolique professeur Septimus ? manipulé par la Femme avec un F majuscule ?

Point d’orgue des citations féministes-extrémistes, Sandrine R. lançait : « Laissez-nous changer le monde » . Non mais… et puis quoi encore ?

Tibert

Peut mieux faire

Hier à l’Assemblée Nationale, le Chef du PS, monsieur Faure, et le ministre du Travail, monsieur Dussopt, s’invectivaient… tandis que le second – qui fut socialiste, proche de madame Aubry, mais seuls les imbéciles se cramponnent à leurs certitudes – lançait à son contradicteur « vous êtes dans la roue de La France insoumise, vous vous faites marcher dessus par Jean-Luc Mélenchon » , monsieur Faure y allait d’un couplet culpabilisant : « Vous êtes aujourd’hui de celles et ceux qui allez défendre un projet de loi où celles et ceux qui ont commencé à travailler entre 14 et 20 ans auront à cotiser 44 années quand tous les autres n’auront à cotiser que 43 ans » . C’est moi qui ai graissé les mots en gras, pour vous, chers lecteurs, car monsieur Faure n’y est pas, eh non ! sa phrase pleine de cell’zéçeux est bancale, largement perfectible, car pour avoir bon à la bonne expression de la Bonne-Pensée il eût fallu qu’il y aille d’un « … quand toutes et tous les autres n’auront… gnagnagna… » . Avec la liaison, obligatoire évidemment, sinon ça sonne mal, ça donne toutezétouss.

Ah oui, je sais, c’est dur. Entraînez-vous, monsieur Faure. Suivez le cours d’élocution inclusive, entraînez-vous en vous brossant les dents le soir. Toutezétouss, allez ! Car il faut, il faut, absolument, qu’on voie – qu’on perçoive, qu’on entende, du moins – dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, celles et ceux qui sont femmes. Comment, sinon, défendre leurs retraites ? je vous le demande.

J’ai bien une idée : ce serait, par exemple, au lieu de se lancer des noms d’oiseaux avec des effets de manches, de discuter du projet, l’amender, le perfectionner, corriger les insuffisances, les dispositions injustes, mal calibrées… bref, faire le travail des parlementaires. Et au diable les génuflexions à la Bonne-Expression.

Tibert

Appareils

Sondages : faut-il avoir peur de... ? avoir peur de manquer d’essence, de métros, de fonctionnaires au boulot, de cantines et de cours scolaires… « Faut-il avoir peur ? – Oui – Non » . Et d’abord, est-ce que la peur se décrète ? « Ayez peur ! » , qu’ils nous serinent, à la télé, sur toutes les chaînes. Tremblez, Français. La CGT Mines-Energie annonce, dans sa toute-puissance, sûre et dominatrice, qu’elle va couper le courant aux parlementaires qui sont favorables à la réforme (des retraites, what else ?) … On est déjà dans l’après, là, ou comme si on y était : le chaos, comme en 95 quand Juppé s’est fait ravaler sa réforme. On va nous escagasser, comme on dit à Marseille, et le pire c’est que les sondages disent, comme d’hab, syndrome de Stockholm, que nous sommes majoritairement contre – enfin… contre la réforme ; quant aux grèves saccageuses et meurtrières, on ne nous demande pas si nous sommes pour !

Madame Marine, dans son coin à droite, ne préconise pas la paralysie du pays pour punir Macron – et nous d’abord par la même occasion : on ne se mélange pas avec les rouges. Mais elle mène son parti « contre », elle aussi. Proposerait-elle d’autres schémas de réforme ? bof, non. Est-ce bien la peine ? Elle est contre, et voilà.

Je ne dis pas que ce plan de réforme est nickel-chrome. J’ai entrepris de me faire mon opinion ; j’ai bien écouté madame Borne, étudié les arguments de monsieur Berger de la CFDT, et d’autres observateurs mesurés (*), et ma foi il y a des bases, valables, à travailler (je persiste à dire que cet « âge limite » de 64 ans est de trop et parasite le débat). Mais je t’en fous, pas question de débattre : c’est le bras de fer annoncé, le tout ou rien ; la mobilisation sera massive, affirme le patibulaire moustachu-en-chef de la CGT, qui a bien la tête de l’emploi. C’est décidé, c’est comme si c’était fait : les appareils sont dans les blocs de départ (**), pour faire avaler sa réforme à Macron.

Mais un peu partout en Europe de l’Ouest, l’âge de la retraite c’est 65, 67… parce que nous vivons nettement plus longtemps, parce que l’argent des retraites ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval (et ils n’ont pas, loin de là, la complexité de nos régimes, de nos niches « aux petits oignons » ). Mais les appareils ont décidé qu’en France, c’est différent. L’exception, bien de chez nous… et ce serait, donc, disent les appareils, à nous de suivre ?

Tibert

(*) Ceux de LFI, de la CGT, des écolos rouge-vert, du PS, je les compisse : curieux sens du débat démocratique, par définition, selon eux, avant même d’avoir ouvert la bouche, Macronious a tort.

(**) Des starting blocks, en rosbif sportif. Ce qui veut dire ex-ac-te-ment la même chose, mais outre-Manche.

Fournitures et délivrance

( La maire de Paris, madame Hidalgo, en a marre des trottinettes en libre service (en « free floating » , écrit dans un thouïtt son adjoint Belliard , qui cause français en rosbif). C’est vrai, zut quoi, elle est obligée, sortant de sa mairie, de les enjamber, renversées comme des quilles, ça fait désordre, pas propre. On en trouve n’importe où, de ces engins, en vrac, dans les caniveaux… et puis les utilisateurs se conduisent comme des sauvages ; il y a déjà eu des morts. Du coup, remontée comme un coucou, elle va lancer un vote citoyen (une votation, disent les Suisses, qui s’en servent infiniment plus que nous, et ils ont raison) pour savoir si les Parigots sont d’accord avec elle ou pas. A ce propos, elle veut aussi instaurer un code de la rue… pour fixer qui fait quoi et comment : je ricane tristement ! Un jeu de règles de plus, et qui restera lettre morte, comme les autres. Vous savez quoi ? écrire que tel truc est interdit, tel autre obligatoire, les trottinettes à deux, les couloirs de vélo, le gilet orange, gnagnagna… c’est comme pisser dans un violon pour jouer la Chaconne en ré mineur de Bach : ça ne suffit pas. Il faut les faire appliquer, les faire respecter, ces règlements : information, éducation, pédagogie, et sanctions. Sinon ? sinon, rien, ça continue comme avant. )

Et puis je lis dans Le Monde International : « Covid-19 : la Chine suspend la délivrance de visas pour les Japonais et les Sud-Coréens » . La délivrance… the delivery, en rosbif. C’est aussi, notons-le, lors d’un accouchement, l’expulsion du placenta ; et puis Délivrance c’est le titre d’un excellent film de John Boorman, mais en anglais c’est deliverance, et non delivery : la fin d’une contrainte pénible, non le scooter pétaradant qui vous apporte une pizza molle et tiédasse… En fait, le Monde Diplomatique veut maladroitement signifier, là, en sabir anglophone, que la Chine suspend la livraison de visas, la fourniture de visas, l’octroi de visas.

Tiens, l’ octroi ! on l’a oublié, celui-là. Mot-Janus à deux visages, donner (octroyer) et prendre (l’octroi comme impôt). Honneur à l’octroi, donc, avec un p’tit bout d’un poème de René-Guy Cadou, dans son recueil Hélène ou le règne végétal :

Je n’irai pas tellement plus loin que la barrière de l’octroi,

que le petit bistrot tout plein d’une clientèle maraîchère…

la suite sur ce lien

Désespoir de l’énergie

( Il y a un truc qui me dépasse, moi, dans cette affaire de difficile réforme des retraites… bon sang, mais qu’est-ce qui compte ? le temps qu’on a travaillé ! ça, et les conditions plus ou moins dures de ce travail, alias la pénibilité (*). Si je commence plus tôt, je finis plus tôt, et inversement, non ? si je veux m’arrêter à 59 ans et 5 mois, eh bien allons-y (**), je fais les démarches idoines, on me calcule les billes qui me reviennent pour les X trimestres travaillés, et je pars avec… c’est simple, et je ne vois toujours pas où est la nécessité de définir un âge légal de départ à la retraite – et d’agiter le chiffon rouge avec. LE chiffre, le chiffre qu’on nous propose et qu’il faudra peut-être avaler, c’est 43 annuités de boulot. )

Et puis c’est reparti… notons d’abord avec satisfaction qu’on semble enfin décidé à faire la peau à « presque tous » les régimes spéciaux de retraite ; ce n’est que justice évidente, et pas trop tôt. Mais voyez, devant le front uni des syndicats – hors les fonctionnaires, 8,7 % des salariés sont syndiqués, soit un sur 12 – voyez comme madame Borne leur demande gentiment de ne pas mettre les Français à genoux : c’est bien de la sollicitude de sa part ! Mais où en sommes-nous ? voilà déjà la menace des CGT-pétrole de rebeloter la grève des raffineries, grève sanglante de l’automne et qui a laissé bien des séquelles. On a découvert – ironie de la chose, grâce à monsieur Poutine – que l’énergie n’est pas une ressource « naturelle » ; c’est, presque autant que l’eau (***), une denrée stratégique, vitale, sans commune mesure avec les baleines de parapluie ou le cirage-crème. On constate ainsi que quelques centaines de clampins bien placés peuvent mettre le pays en panne, bien pourrir la vie de leurs concitoyens… et quelle initiative a été prise « là-haut » pour casser cette situation mortifère, pour garantir le libre accès des Français à l’essence et à l’électricité ? rien.

Tibert

(*) Pénibilité : un coefficient multiplicateur, par exemple marteau-piqueur, coeff. 1,3 donc 6 mois de marteau-piqueur = 2,6 trimestres.

(**) On subit là, et sans remède en perspective, une des trois tares du travail en France : dévalorisation et sous-paiement des métiers manuels, sur-évaluation des diplômes initiaux par rapport à l’expérience acquise, et les « séniors » très tôt sur la voie de garage.

(***) Imaginez un gang susceptible de priver le pays d’eau, en toute légalité…