Désespoir de l’énergie

( Il y a un truc qui me dépasse, moi, dans cette affaire de difficile réforme des retraites… bon sang, mais qu’est-ce qui compte ? le temps qu’on a travaillé ! ça, et les conditions plus ou moins dures de ce travail, alias la pénibilité (*). Si je commence plus tôt, je finis plus tôt, et inversement, non ? si je veux m’arrêter à 59 ans et 5 mois, eh bien allons-y (**), je fais les démarches idoines, on me calcule les billes qui me reviennent pour les X trimestres travaillés, et je pars avec… c’est simple, et je ne vois toujours pas où est la nécessité de définir un âge légal de départ à la retraite – et d’agiter le chiffon rouge avec. LE chiffre, le chiffre qu’on nous propose et qu’il faudra peut-être avaler, c’est 43 annuités de boulot. )

Et puis c’est reparti… notons d’abord avec satisfaction qu’on semble enfin décidé à faire la peau à « presque tous » les régimes spéciaux de retraite ; ce n’est que justice évidente, et pas trop tôt. Mais voyez, devant le front uni des syndicats – hors les fonctionnaires, 8,7 % des salariés sont syndiqués, soit un sur 12 – voyez comme madame Borne leur demande gentiment de ne pas mettre les Français à genoux : c’est bien de la sollicitude de sa part ! Mais où en sommes-nous ? voilà déjà la menace des CGT-pétrole de rebeloter la grève des raffineries, grève sanglante de l’automne et qui a laissé bien des séquelles. On a découvert – ironie de la chose, grâce à monsieur Poutine – que l’énergie n’est pas une ressource « naturelle » ; c’est, presque autant que l’eau (***), une denrée stratégique, vitale, sans commune mesure avec les baleines de parapluie ou le cirage-crème. On constate ainsi que quelques centaines de clampins bien placés peuvent mettre le pays en panne, bien pourrir la vie de leurs concitoyens… et quelle initiative a été prise « là-haut » pour casser cette situation mortifère, pour garantir le libre accès des Français à l’essence et à l’électricité ? rien.

Tibert

(*) Pénibilité : un coefficient multiplicateur, par exemple marteau-piqueur, coeff. 1,3 donc 6 mois de marteau-piqueur = 2,6 trimestres.

(**) On subit là, et sans remède en perspective, une des trois tares du travail en France : dévalorisation et sous-paiement des métiers manuels, sur-évaluation des diplômes initiaux par rapport à l’expérience acquise, et les « séniors » très tôt sur la voie de garage.

(***) Imaginez un gang susceptible de priver le pays d’eau, en toute légalité…

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