Les hydroponiques du mandat

On s’en doutait : comment faire voter par les intéressés eux-mêmes la fin du cumul de leurs fonctions électives, délectable-détestable dérive parlementaire, qui voit des « professionnels » multi-cartes de la politique s’enkyster, s’encroûter, se cramponner à leurs multiples hochets  ? autant demander à un retraité de la SNCF de renoncer au train gratos, à un salarié d’EDF de payer son électricité comme tout le monde. On le devinait, ça ne va pas être de la tarte de réformer ces moeurs lamentables.

Et voilà, on nous ressort, chez les résistants, les acharnés de la multi-casquette, le coup de l’élu « hors-sol » ! imaginez, le pauvre député privé de son « enracinement » dans une mairie, un conseil général, que sais-je ? député hors-sol, tel une vulgaire tomate hollandaise sans couleur ni odeur ni saveur, juste la forme pour justifier ce que ça coûte. Le député, le sénateur hydroponique, juste nourri – à quel prix – par les largesses de la République, et là, ce n’est pas du goutte-à-goutte.

Mais, chers députés-et-autre-chose, sénateurs-à-temps-partiel, vous devriez, vous DEVEZ vous rendre assidûment, régulièrement, ça fait partie du boulot, dans votre circonscription, pour y tâter le terrain, le pouls de vos administrés, y entendre la vox populi, la faire remonter dans vos monuments historiques et sous vos plafonds à caissons, là-haut, à Paris, évidemment à Paris.

Outre que, député, sénateur, vous fûtes il y a quelques lustres quasiment tous conseillers municipaux, maires, que vous fîtes vos armes dans cette glèbe féconde, antithèse de l’hydroponique, que vous apprîtes (putain le passé simple, je vous dis pas) les B-A-BA de la démocratie et de la gestion administrative, vous avez maintenant, là, tout de suite, du boulot SUR LE TERRAIN. Vous semblez l’oublier.

Alors, hors-sol ? hors la démocratie, surtout, et hors votre mission, que vous nous avez pourtant ardemment suppliés de vous confier.

Tibert