Martin n'est pas Samira, et alors ?

Un fort utile article du « Monde » nous raconte les « fraudeurs en équipe » (je vous signale également un autre article, celui-là du Figues-à-rôts, nous posant gravement la question : « La circoncision réduit-elle le plaisir ? « , mais je vous laisse le soin de le lire, soucieux de ne point réduire votre plaisir). Et parmi les diverses informations sur la fraude aux transports, mutualisée ou pas, les contrôles signalés illico sur Touitteur (« illico », c’est aussi rapide que « en temps réel », et c’est plus savoureux), sur les techniques de truandage, il y a ces gens qui, le croirez-vous, utilisent des billets Eurostar qui ne sont pas à leur nom.

Horreur ! Martin voyage en Eurostar avec un billet au nom de Samira. Vous vous rendez compte ? non ? vous ne vous rendez pas compte ?

Eh non. Moi je ne vois pas pourquoi, ayant acheté une place dans un Eurostar Paris-London,  le 31 février 2014, je serais obligé, MOI, de m’asseoir moi dans la place ainsi réservée, disons voiture 7, place 64. Qu’est-ce que ça peut leur foutre, à Eurostar Corporécheun, que ce soit moi, ma soeur ou la nièce de ma concierge qui voyage voiture 7, place 64 ? du moment qu’elle voyage normalement, la nièce de ma concierge, qui ne boit pas du pinard au goulot en rotant, qui n’étale pas ses godasses pleines de bouse sur le fauteuil d’en face, qui ne menace pas ses voisins avec un surin quand ils protestent de son camembert posé sur l’accoudoir.

Bon d’accord, carte Sénior, s’Miles, de fidélité indéfectible, de réduction-Sion, de famille pléthorique, de militaire à terre, de voyageur vraiment fréquent… certes, si c’est Samira qui a droit au tarif « Spécial Samira-et-rien-qu’elle », Martin ne peut pas voyager à sa place. Soit. Mais dans tout autre cas ?

Si j’achète un camembert, justement, il n’est pas nominatif, que je sache ? une place de théâtre, un billet de cinéma, une entrée à une expo… pourquoi serait-ce nominatif ? j’achète une place, elle est à moi, j’en fais ce que je veux – dans la limite des règles de bonne conduite, d’accord.

Les compagnies aériennes nous ont insidieusement habitués à accepter cette même anomalie : le fauteuil d’avion, ça ne se refile pas à un ami, un parent, ça ne se revend pas. Admettons que si je le revends, mon billet, à un émule de Ben Laden, on puisse y trouver à redire. Mais les contrôles aux aéroports et aux frontières sont là justement pour écarter les individus fichés, dangereux, armés etc. Alors ?

Alors c’est tout simplement abusif, sauf exception tarifaire dûment justifiée, de délivrer des billets nominatifs. Mais apparemment je suis seul à protester, comme d’hab’. Je vais finir par passer pour un râleur, ma parole.

Tibert-grrrr