Billard belge à trois bandes

On va traiter ici d’un système assez sophistiqué, belge, en l’occurrence…

Il est peut-être de votre souvenance, lectrices et lecteurs estimés, qu’un ex-premier ministre belge, Guy Verhofsdadt pour ne pas le nommer, avait commis dans les colonnes du Monde , le 12 février dernier, un billet – qui avait fait des vagues – intitulé « Quelque chose de pourri en République Française« . Il y traitait du fameux débat sur l’identité nationale… critiquait ce thème nauséabond, bref nous remontait les bretelles, on valait mieux que ça, un peu de hauteur d’esprit et d’universalisme ne nous ferait pas de mal etc…

Mais que lis-je, ce jour, dans un blog affilié à Libé-ration ? que ce billet, monsieur Verhofstadt (nous écrirons GV par la suite, c’est plus facile à orthographier) l’avait conçu comme un missile à tirer dans les coins : en fait, c’est la politique carrément xénophobe – pour ne pas dire plus : d’apartheid – de la Flandre belge qu’il entendait fustiger.  Ledit blog, clin d’oeil appuyé, titre d’ailleurs « Il y a quelque chose de pourri au royaume de Flandre« . Lisez ça, vous y verrez que parler français en pays flamand ne se fait pas impunément… pour ne pas vous attirer d’ennuis, portez un béret, tenez une baguette sous le bras, ayez une bagnole immatriculée « F », ça peut vous sauver la mise.

Donc monsieur GV, en fait, paraît-il, pensons-nous comprendre, à travers la critique des travers français, entendait s’insurger contre cette politique d’apartheid (terme flamand / néerlandais) anti-francophones. Ah bon, voilà qui est plus clair !  En fait, nous devons ces éclaircissements lumineux à l’un des lecteurs de ce blog, qui écrit en commentaire, je cite :

« Pour ma part j’avais compris la tribune de Verhofstadt dans Le Monde comme un message codé à la Flandre (entre 1940 et 1945 il fallait aller à Londres pour s’adresser librement aux Français, aujourd’hui il faut aller à Paris pour parler librement aux Flamands). C’était le maximum de ce qu’il pouvait faire. Je doute que le message ait été décodé.« 

Eh bien dites-donc… subtil, n’est-il pas ? fin politique, ce monsieur GV. Du coup, on lui pardonne son billet : c’était du billard, à trois bandes.

Tibert

Goldman chez les Grecs

C’est une info à la radio ce matin, mais à « gougler » ou « binguer » tous z’azimuts on ne trouve guère que ça d’écrit clairement.

Il s’agit de la Grèce, Grèce, qui pour dissimuler ses petits problèmes budgétaires sans risque de remarques désobligeantes de Bruxelles, une fois, a pris conseil – pour quelques centaines de millions d’euros, pas gratoche, non mais – auprès de la banque bien connue, « trop grosse pour couler » comme chacun sait, Goldman Sachs. Laquelle lui a monté des emprunts, des bidouilles financières… bref, écran de fumée efficace, car le pétard de la débine de la Grèce n’a explosé au nez des Européens que le mois dernier.

On sait que – ce n’est pas écrit dans le marbre, mais ça se sait – que ce sont les anglo-saxons, via les grandes banques d’affaires états-uniennes et britanniques – celles que le contribuable a renflouées – qui essaient présentement de déstabiliser l’euro. L’euro qui les emmerde, pour parler clair. Et puis ça leur ferait du fric, en jouant dans le bon sens – et tant pis pour les citoyens d’Europe.

Ce qui est savoureux, là dedans, c’est que l’info de ce matin énonçait que ladite Goldman Sachs – pas cons les mecs –  tout en « aidant » la Grèce à dissimuler ses bricolages financiers, tout en la « soutenant » comme la corde soutient le pendu, jouait simultanément la Grèce « à la baisse » : ils savaient bien, les petits coquins, que leurs manips avec Athènes finiraient par tourner en eau de boudin : autant prévoir le coup, pas vrai ?

Bien, la finance internationale… excellente mentalité, on apprécie beaucoup. On cherche vainement des qualificatifs… les mots sont impuissants… pardon ? vous proposez « à gerber » ? oui… ça rend à peu près l’idée… à gerber.

Tibert

Qui ça, "ta gueule" ?

Une page web… une page qui nous propose d’écouter-voir un vigoureux discours de notre grand Dany Cohn-Bendit, une intervention que vous pouvez vouér sur ce site par exemple. Intervention qui a l’honneur de figurer sur les sites de marrade genre Youtube et consorts, non pas du fait de son importance, de son contenu, mais parce que DCB y ponctue le chahut ambiant d’un « ta gueule » fort peu diplomatique. C’est ça la politique.

Vacuité européenne

Mais vous voyez cette capture d’écran, là ? eh bien, où sont-ils, les eurodéputé(e)s derrière le banc de DCB ? les numéros 32, 58, 59, et j’en loupe sûrement… à la pêche, avec des quotas ? allé(e)s faire pipi ? ils-elles ont un mot d’excuse ?

Bref : à Strasbourg comme à Paris, même ambiance déserte. On a des représentants européens multicartes, certainement surmenés, ou / et qui s’en foutent. Des qui voteraient peut-être, s’ils-elles étaient là, va savoir, pour le maïs transgégènique griffé Monsanto, l’interdiction des fromages au lait cru etc… : de ce point de vue, autant qu’ils-elles soient allés à la pêche.

Tibert

Brouillon de culture

Sur le Figues-haro du jour, tout frais tout neuf, une accroche qui vaut bien un clic de mulot : « Le licenciement des fonctionnaires sera bien moins brutal » – selon monsieur  [le ministre du budget] Eric Woerth. Voyons voir, voyons voir… et sur quoi tombe-t-on, le mulot actionné (*) ? sur une photo dudit ministre Woerth debout dans son bureau, avec derrière lui, en toile de fond, en quelque sorte, sa bibliothèque. Bon, il y a bien une télé dans un coin, pour les matchs de foot, un tableau ovale pour faire jouli, le portrait officiel du Président dans un coin au fond, un bordel de papiers sur son bureau pour montrer que le ministre est débordé, mais ! mais la bibliothèque, alors la bibliothèque, hein, regardez-moi ça ! Douze mètres cinquante de Pleiade, au bas mot.

On lit beaucoup dans les ministères ( Pour des raisons évidentes j’ai ici « flouté » le visage du ministre, afin qu’il puisse travailler incognito)

Moi je vous le dis comme je le pense : c’est rassurant de savoir que nos ministres ont la capacité intellectuelle de lire La Pleiade, en papier bible, comme chacun sait, avec des fils marque-pages en tissu de couleur comme les bréviaires des vicaires d’avant-hier.

C’est rassurant, mais d’un autre point de vue, comment un ministre débordé (voir le bordel sur son bureau) trouve-t-il le temps de bouquiner les volumes de La Pleiade ? serait-ce de la mise en scène ? du vent ? comme ces expos de meubles-bibliothèques où de faux dos de bouquins en plastoc sont alignés serré (**) sur les rayonnages ? la culture du polystyrène ? la République du paraître ? terrible interrogation.

Et, tenez, un dernier mot : quand on pense que tous ces textes de Pleiade sont disponibles en éditions de poche, brochés pleine colle et pour bien moins cher, on se dit que pour un ministre du Budget, hein… l’économie ménagère, alors là… pfff…

Tibert

(*) Un ablatif absolu de la plus belle eau ! La Guerre des Gaules, du regretté César, n’en a guère de plus beaux à proposer. Tiens, celui-là est potable : « et pace facta, constituit cohortes... »

(**) « serré », si si, pas « serrés ». Y a pas faute. Avec « serrés » non plus y a pas faute. Soit, mais « serré », ça serre mieux.

Exercice de style rose

Citation du Libé-ration de ce premier jour de février  – le contexte : Francis Delattre, ancien député et actuel maire de Franconville (Val d’Oise), a déclaré lors d’une réunion politique pour les élections régionales, à propos d’Ali Soumaré, tête de liste PS dans ce département:

 » «au début, j’ai cru que c’était un joueur de l’équipe réserve du PSG. Mais en réalité, il est premier secrétaire de la section de Villiers-le-Bel. Ça change tout!»

1) Vous vous attacherez à mettre en évidence le caractère évidemment, intolérablement raciste de ces propos ; en particulier, vous soulignerez au feutre rouge tous les termes racistes.

2) Vous discuterez de l’opportunité de traîner le maire de Franconville en justice, via le MRAP ou similaire.

3) Rédaction : vous composerez un manifeste vengeur demandant à des personnes n’ayant absolument rien dit mais qui sont visiblement complices de ce forfait (Rama Yade, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand assistaient en effet à cette réunion politique) d’exprimer au plus vite de plates excuses.

Tibert

La méthode Assimile

Titre du Toile-Monde : « Le maire de Malmö, en Suède – merci le géographe de service – assimile sionisme et antisémitisme« . Ah ? sionisme et antisémitisme seraient donc, selon le maire de Malmö, deux avatars de la même démarche ? curieux : s’agissant du sionisme, on peut parler d’une doctrine politico-religieuse, tandis que l’antisémitisme se définit plutôt en termes de sentiment et de comportement, moins comme doctrine politique, ou alors très confuse, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais si l’un a pour valeur-phare la promotion d’Israël, l’autre, vous en conviendrez, prend plutôt le sens inverse… or, assimile, selon mes repères et mes quelques connaissances linguistiques, c’est « confond », « fusionne ». Que le sionisme et l’antisémitisme se confondent, c’est confondant. On pourrait supputer, formuler l’hypothèse, pour éclairer cette idée, que le sionisme, dans ses excès, relève en quelque sorte de l’antisémitisme, mais non, c’est de la confusion mentale, de la pirouette scholastique.

A lire l’article, cependant, par exemple : « nous n’acceptons ni le sionisme ni l’antisémitisme« , on comprend que monsieur le maire met, en fait, sur un même pied les deux … ismes. Ah bon, c’est plus clair comme ça. Reformulons : sionisme et antisémitisme déplaisent autant l’un que l’autre au maire de Malmö ; il leur attribue des valeurs négatives comparables… moi ça me paraît tout à fait sensé.

Il se trouve même un lecteur de l’article qui nous donne, dans son commentaire, du « … sur un même pied d’égalité« . Lamentable ! lecteur avisé, lectrice bien informée, vous n’êtes pas sans savoir – bref, vous le savez : le pied, c’est « sur un même pied« , ou « sur un pied d’égalité« , jamais l’horrible même pied égalitaire.

Bon, résumons-nous – sionisme et antisémitisme : pour le maire de Malmö, ce n’est pas la même équipe de foot avec des maillots différents ; c’est deux équipes aux prises, et match nul, 0-0. Il ne croit pas si bien dire.

Tibert

L'insecte socialiste

Un gentil blog affilié au Monde nous régale d’un commentaire plein d’humour : « Epilogue pour le « bug » socialiste sur les retraites« . On sait en effet que madame Aubry, Martine, grande cheftaine au PS, avait prudemment amorcé un virage vers une approche plus pragmatique, plus réaliste, plus responsable, du problème de l’âge de la retraite… la possible prise du pouvoir, des décisions de gouvernement à venir, le souci de ne pas se déjuger le jour où il faudrait se colleter avec ce foutu problème des retraites, qui, de fait, demandera rapidement des révisions déchirantes… dame ! c’est que l’espérance de vie, les budgets, la pyramide des âges…

Rien du tout ! rien du tout. L’avenir est radieux camarade, et les lendemains chantent, comme d’habitude. C’est ainsi que le PS, unanime, a réaffirmé haut et fort que la retraite, nom de nom, c’est 60 ans, ou il faudra leur passer sur le corps. Unanime, donc avec madame Aubry, revenue de ses errances, ou bouffées délirantes, bref promptement ramenée au bercail, au crédo, aux fondamentaux, comme disent les rugbymen : juste une petite pirouette. Ben quoi, la proximité des élections régionales : un peu de démagogie, ça ne peut pas nuire, pas vrai ?

Quittes à nous raconter froidement le contraire – eh oui, ma brave dame, faut pas rêver – si par hasard ces têtus et entêtés socialistes venaient à prendre les manivelles. On prend date ?

Tibert

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

On sait que le super-PDG, TheBigBoss, le SuperDupont du management, monsieur Proglio, cumule des fonctions chez Veolia et à l’EDF. Il vient d’ailleurs, cédant à l’amicale pression de ses proches, de renoncer au double salaire – mais à mon avis il devrait arriver quand même à boucler ses fins de mois.

Et voilà que plein de « politiques » se récrient, continuent à harceler ce pauvre (façon de parler) monsieur Proglio ! Par exemple monsieur Noël Mamère – et non pas madame Monpère – député de la Gironde ET maire de Bègles, engueule monsieur Proglio sur ce sujet : ouais, cumul de fonctions, conflit d’intérêts, tout ça… et plein d’autres, qui député-maire, qui sénateur-maire, etc.

Vous voyez ce que je veux dire là ? non ? bon. Reprenons depuis le début…

Tibert

ça eût Peillé, mais en fait non

Encore une histoire de sondage, on n’a rien d’autre à se mettre sous la plume ; à part Haïti, mais Haïti, hein, c’est le pays maudit de l’Ile maudite, on regarde ça de loin, catastrophés, on se demande ce qu’ils ont fait pour mériter ça.

Bref : encore le Monde, grand spécialiste en sondages qui fâchent :  monsieur Peillon, huile Socialiste, invité d’une émission de débat sur « l’Identité nationale » en compagnie de la fille de monsieur Le Pen et du ministre Besson, se défile au dernier moment, informant mâame Chabot que finalement, non, il ne viendra pas. Et on apprend le lendemain que c’était prévu, arrangé, goupillé comme ça depuis le début. Question : Vous, lecteur du Monde, vous…

– approuvez, c’est une façon spectaculaire de s’opposer à ce type de débats et courageux d’assumer la méthode. (34,7 %)

– désapprouvez, c’est cavalier vis-à-vis des autres débatteurs et a pour seul but d’attirer l’attention sur lui. (60,4 %)

– le reste (QSP 100 %)  ne sait pas.

Bon : il y a un énorme courrier des lecteurs là-dessus. Du pour et du contre. Mais ce qui est encourageant – à mes yeux, hein, mon opinion personnelle à moi, et je suis d’accord avec –  c’est que grosso-modo les 2 /3 des sondés trouvent que monsieur Peillon aurait dû débattre, comme il s’y était engagé. Ce qui peut se traduire ainsi :

– il n’est pas vraiment fiable, ce monsieur Peillon,

– madame Le Pen ? quoi madame Le Pen ?  elle porte la poisse ? elle postillonne ? si ses thèses sont horribles, alors ça vaut la peine d’être dit, au lieu de se défiler,

– les absents ont toujours tort. Tort de laisser le champ libre, tort de ne pas être foutu d’argumenter ses idées, tort de se draper dans une posture pure et dure que le PS est peu fondé à revendiquer. Et surtout, ils n’ont rien à dire.

Tibert

Syndiquez vous, qu'y disaient

Dane le Monde-sur-Toile, je lis ça… « A Marseille, un salarié du port roué de coups pour avoir refusé d’adhérer à la CGT« .

Sympa, non ? on croyait savoir que les dockers, la Réparation Navale, tout ça, bref le secteur du port de Marseille, c’était CGT +++, CGT for ever, c’est-à-dire monopole de syndicat, monoculture, fief et chasse gardée : c’est confirmé. On se dit d’ailleurs, au vu de l’implantation syndicale en France, qu’il y aura encore beaucoup de gnons à distribuer pour persuader gentiment les très nombreux indécis d’adhérer à la grande Centrale des Travailleurs.

Il fut un temps où une terminologie ad hoc permettait d’euphémiser ces fermes et rugueux « rapports de classe » : le récalcitrant était un « jaune« , bien évidemment, un « ennemi de classe« , un « larbin du Grand Capital » ; de même que pour oser critiquer le glorieux Parti qui guidait victorieusement la Classe Ouvrière, il fallait vraiment être fou – donc à enfermer, allez hop au trou.

De nos jours, tous ces termes ont bien pâli, ont pris un coup de vieux, ne renvoyant guère qu’à de mornes, gris et piteux lendemains qui ont bien déchanté, couac couac rheu rheu, notamment  du côté des frontières de l’Est. Restent par ci par là de solides structures, des bastions, des citadelles – prolétariennes, très certainement, n’en doutons point.

Tibert