Caput ? Kaputt !

Les correcteurs orthographiques-syntaxiques du Monde-sur-Toile ont laissé passer  celle-là :

« Les têtes de six policiers décapitées ont été trouvées dans des sacs plastique au Mexique, où on a comptabilisé une trentaine d’autres meurtres à la manière des cartels de la drogue depuis mardi soir… »

Ben non ! mais non, enfin ! des têtes décapitées… n’importe quoi ! ça me rappelle le couteau sans manche auquel il manque la lame… « décapitées = privées de leur tête » ; du latin CAPUT, la tête, et DE : privatif. Têtes décapitées : têtes sans tête, têtes étêtées, en quelque sorte. Où ont-ils la tête, au Monde ?

Eussent-ils, ces messieurs-dames de l’AFP – car c’est une dépêche de l’AFP que le Monde nous a reproduite là – écrit « les têtes de six policiers décapités… », nous aurions opiné du chef, approuvé l’accord, béni la construction. Car d’un policier décapité se peuvent distinguer deux entités : le corps décapité d’une part – le policier étêté, en d’autres termes, et d’autre part une tête tranchée, séparée, coupée, bref la tête dans son coin. Tête de policier ? avec sa casquette, à la rigueur…

Important, les racines latines, la cohérence, le sens, tout ça.

Au fait, le Mexique… sympa, non ?

Tibert

Et inversement

[ Non, je ne dirai rien cette fois-ci sur le match de foot Irlande-France : premio c’est avant tout une histoire de fric, deuxio Cohn-Bendit l’a bien résumé : c’est le foot, c’est injuste sur ce coup-là, certes, mais c’est comme ça ; troisio je n’ai aucune illusion sur les valeurs du sport – l’une des 2 seules fois où j’ai joué au rugby, ailier droit, et filant fissa fissa à l’essai avec la « gonfle » sous le bras, essai quasiment dans la poche, je me suis fait sauvagement « cravater » – placage dangereux, agression caractérisée, pénalité, voire carton jaune – par l’arrière adverse, restant étendu pour le compte, à moitié asphyxié… que croyez-vous qu’il arriva ? rien, l’arbitre n’a soi-disant rien vu. ]

Mais venons-en au fait ! allez savoir pourquoi, il est beaucoup question ces jours-ci de la fameuse Loi de Murphy – Murphy le célèbre philosophe irlandais, l’égal des Kant, Hegel et autres Spinoza, et qui a donné son nom à une fameuse bière, irlandaise comme lui, et noire comme les idées qu’inspire ladite loi Murphyienne : « Whatever can go wrong, will go wrong » – Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal.

Mais on connaît moins une autre loi, plus subversive que celle de Murphy – quelle subversion dans la tartine qui tombe invariablement sur le côté beurré ? la sub-version, le retournement-dessous de la tartine, pardi, qui dans un souple effort, semblable au plongeur tire-bouchonnant son saut périlleux, se débrouille pour atterrir face enduite contre terre  -, loi pourtant bigrement vraie ; il s’agit de la Loi de Woolcoot : « All the things I really like to do are either immoral, illegal, or fattening. »  – Tout ce que j’aime vraiment faire est immoral, illégal ou fait grossir (*).

Ca c’est vrai, ça ! Et inversement :  tout ce qui est moral, légal ou diététique me barbe.

Dans ces conditions, comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? On est cernés ! Et l’on rejoint ici le vaste débat janséniste sur les « grâçes » qui a animé l’époque de Blaise Pascal : pourquoi, grands dieux, Dieu nous a-t-il créés amateurs de Chassagne-Montrachet et de confit de canard plutôt que de jus de carotte et de haricots verts à la vapeur ? Il sait pourtant pertinemment que c’est mal… on peut exclure l’hypothèse qu’il soit mal informé, ce qui pour Dieu serait assez minable. En fait, il nous tente, il le fait exprès ! Tout ce qu’il aime faire, c’est immoral, tiens.

Dieu subit ainsi, lui aussi ( partiellement, du moins, j’ignore s’Il aime la bouffe calorique ) la dure Loi de Woolcoot : je viens de le démontrer. Démontrant ainsi dans la foulée, corollaire intéressant, l’existence de Dieu, rien de moins. Et paf, tas de mécréants, ça devrait vous calmer pour un moment.

Tibert

(*) et réciproquement ? quoi, réciproquement ? je vous ai expliqués, cancres que vous êtes, la différence entre une proposition réciproque et une proposition inverse. Donc… réciproquement, tout ce qui fait grossir ne me plait pas. Vade Retro, Big’mac, au diable, les sodas.

Délits mythes du cor recteur hors taux graphique

(Oui, je sais, le Beaujolais Nouveau, tout ça, l’arôme de banane… on passe.)

Eh oui, le titre de ce billet passe les doigts dans le nez, « fingers in the nose » comme on dit, l’examen du correcteur orthographique de tout traitement de texte qui se respecte ( à propos, « Writer » de Open-Office : gratuit, impeccable, et tant pis pour le chiffre d’affaires de Microsoft).  Et pourtant… vous le trouvez normal, ce titre, vous ?

Tout ça pour pointer du doigt une pub’ moche, mal faite, l’archétype, le paradigme du produits inutile, laid – imaginez ça dans votre soulier, devant la cheminée, la vraie –   et vendu avec l’astuce manipulatrice habituelle : 79,99 euros la fausse cheminée électrique qui imite le feu de bois. Quatre billets de vingt, on vous rendra UN centime. Mais c’est moins de 80 euros, n ‘est-ce pas ?

La pub pour exhausser ses rêves
La pub pour exhausser ses rêves

Oui, grâce à ce truc débile, se trouveront exhaussés – c’est moi qui ai souligné le mot sur la photo – vos rêves les plus fous. Attention à ne pas monter trop haut quand même, vous vous cogneriez au plafond.

Quant à exaucer vos voeux, voyez Papa Noël, c’est son boulot, et justement, il prépare sa haute hotte.

Tibert

On tacle le nabot

Vous irez vérifier si vous voulez, mais, du Figarôt à Libé en passant par l’Equipe (qui est le seul canard à utiliser le terme proprement) ça « tacle » dans tous les sens. Monsieur Lellouche (UMP) « tacle » les eurosceptiques Anglais, monsieur Sarkozy « tacle », je « tacle », nous « taclons »… on joue tous au foot. Avec un verbe rosbif, laid, et inapproprié.

Mais bon… le débat sur l’Identité française n’en fera pas moins apparaître un large consensus sur l’appartenance à une communauté linguistique… sauf bien entendu de la part des journaleux, pour qui tout ce qui vient des Anglos et des Saxons, et inversement, est béni.

Ceci étant, je lis régulièrement les réactions des lecteurs des canards-sur-Toile – très intéressantes, les réactions des lecteurs, ça vaut largement certains sondages à 15.000 euros pièce –  et je constate que monsieur Sarkozy, Nicolas, dont j’ignore la taille sous la toise, est assez souvent surnommé « le nabot« . Les surnoms valent ce qu’ils valent, c’est-à-dire pas grand’chose, mais, personnellement, si j’étais membre de l’intersyndicale des naines et nains, ou de SOS-Petites Tailles, je ne manquerais pas de déposer plainte : je ne vois pas en quoi le fait de mesurer moins de 1,70 mètres pourrait impliquer une incapacité à exercer la profession de Président de la République. Hôtesse de l’air, policier, pompier, basketteur : d’accord, il y a des normes minimales à respecter ; mais Président de la République, pas pour le moment.  Et il existe d’excellents tabourets, escabeaux, marchepieds pour atteindre les rayons supérieurs des bibliothèques, et les pots de confiture sur les étagères les plus hautes. Par ailleurs, c’est un avantage certain que d’être de petite taille, pour se faufiler discrètement au premier rang pour les photos de classe, pour accéder aux buffets gratuits, etc.

Nabot, dites-vous ? minable, cette insulte… insultante, quasiment raciste, et même pas politique.

Tibert

Encore du foot !

Eh oui, encore du foot. Ras le bol, du foot. Surtout quand on n’y joue pas.

Mais hier je parcourais l’Hibernation-Sur-Toile, et tombai sur un article

« Morano à Yade : « On se tait, ou on s’en va » : La secrétaire d’Etat chargée de la famille tacle sa collègue des Sports…

… et ce matin tôt, ou tôt ce matin, ou ce tôt matin, bref, je parcours le Figarôt-Sur-Toile, et retombe sur la même info , légèrement maquillée :

Morano à Yade : « Soit on se tait, soit on s’en va » : La secrétaire d’Etat chargée de la famille tacle sa collègue des Sports…

Bref je les prends en flagrant délit de pompage ! historiquement, j’ignore lequel des deux a triché, vu qu’hier je n’ai pas regardé le Figarôt, qui le dimanche, ne se fatigue guère à actualiser ses pages. Donc, a priori c’est le Figarôt qui copie, mais si ça se trouve, c’est Libé qui a plagié le Figarôt (jusqu’où ? zat is ze couestionn !), ce qui, il y a 10 ans, aurait fait hurler de rire, et inversement.

Mais, chère bloguiste, cher bloguiste, je voudrais ici attirer votre attention sur le « tacle » :  de l’anglais tackle , s’attaquer à, empoigner, et, spécifiquement au football, pousser le ballon entre les jambes du détenteur (du ballon) avec ses pieds… le tacle glissé voit ainsi le défenseur se laisser tomber-glisser, les jambes en avant – zzzzip, c’est mieux si le terrain est gras – pour pousser le ballon hors des pieds de l’attaquant. Figure difficile et dangereuse, car si l’on ne vise pas bien, c’est la cheville de l’attaquant qui se fait tacler, aïe aïe aïe.

Qu’un canard sportif sorte des compte-rendus comme ça, d’accord… que madame Yade, en seyant short rouge et protège-tibias, tacle madame Morano, ce serait encore presque normal, vu qu’elle s’occupe de sports… le tacle, elle doit savoir comment ça fonctionne. Mais dans le sens inverse… j’ai des doutes. J’ignore si c’était un tacle glissé, j’ignore si elle a chopé un carton jaune, si madame Yade a perdu le ballon, si sa cheville va bien… bref on n’en sait pas plus pour le moment.

Evidemment, si madame Morano avait « repris », « contré », « corrigé », « invectivé », « apostrophé » madame Yade, j’aurais perdu l’occasion d’écrire un billet.

Tibert

Temps variable

Je lisais et entendais il y a quelques jours, à propos des sinueuses positions iraniennes dans leurs négociations avec l’AIEA – problème lancinant de concentration d’uranium à la sauvette, grâce à des centrifugeuses planquées derrière des tchadors – que les Iraniens cherchent en fait à gagner du temps. Très doués, les Iraniens, pour palabrer interminablement dans le but de gagner du temps.

Il y a deux jours, le journal-sur- Toile du Monde rapportait les propos irrités de monsieur Kouchner, notre sémillant ministre des étranges Affaires Etrangères, sur les mêmes négociateurs Iraniens : « les Iraniens perdent du temps« .

C’est dingue, non ? je reformule pour les cancres du fond de la classe : si les Iraniens ne cherchaient pas à gagner du temps, ils en gagneraient. Et toc !  paradoxal, n’est-il pas ?  miracle du temps qui se donne à qui ne le cherche pas.

A l’inverse, ceux qui cherchent à perdre leur temps le perdent, en effet : là, pas de problème, ça fonctionne très normalement.

Ceci étant, n’inférez pas du célèbre axiome « Le temps perdu ne se rattrape pas » que le temps gagné, lui, se rattrape : ce serait une affreuse erreur de logique ! « si A, alors B » n’implique pas que « si non-A, alors non-B » !! Et, constatons-le, contrairement à la mayonnaise qui n’a pas pris, et qu’on peut rattraper – voir mon livre « La bonne cuisine des émulsions  » – avec un deuxième jaune additionné de moutarde à température ambiante, le temps gagné ne se rattrape pas.

Sinon, vous pensez bien, tout le monde chercherait à gagner du temps. Pas que les Iraniens.

Tibert

Locutions

Hier nous avons déjeûné de comparaisons linguistiques et de « sauté de canard aux légumes du marché ». Nous avions à notre table – avenue Bolivar, à Paris – Bob et Anita, superbes quinqua-sexagénaires états-uniens de la cité des Anges – ils ont une non moins superbe baraque au dessus de Hollywood Boulevard, sur un coteau escarpé, pentu que vous pouvez pas imaginer, et une vue… wouaww !! à perte de vue la cité des Anges, son smog, ses quartiers à l’infini, Pasadena, Cahuanga, Mullholland, Beverley, South Central et j’en passe. Bref, des Etats-uniens francophiles, si si, et même francophones pas mal du tout, en tout cas très largement au dessus de la moyenne, capables de soutenir une conversation dans notre belle langue, voire de raconter des blagues.

Bob nous a donc conté en français une superbe blague juive. Je vous rassure tout de suite, c’était politiquement très correct : Bob est Juif, donc il a le droit. Ouf. Très chouette, la blague… mais comme toutes les blagues juives, il faut les dire, pas les lire. Vous resterez donc sur votre faim ; ce sera pour une autre fois. Juste pour vous orienter, il y a un perroquet spécial. Mais chut.

Nous avons parcouru les Buttes-Chaumont. Hier c’était froid mais ensoleillé ; et Bob – vous avez remarqué, vous mettez 2 couples à se promener, immanquablement les deux nanas se mettent à se raconter les dernières grolles qu’elles se sont achetées, les deux mecs se retrouvent à évoquer la bicylindre Norton Commando à double arbre à cames de 1965 – m’a donc raconté qu’il avait une « idée dans le ciel », une lubie souriante donc, d’une petite baraque dans le nord de la Californie, aux confins de l’Oregon. Et moi de lui exposer notre traduction de la chose : nous caressons l’espoir de…

Ca lui a bien plu, à Bob, caresser l’espoir. A supposer que l’espoir soit à poils – non à plumes – on pourrait le caresser dans le sens du poil, ce qui est paraît-il nettement plus agréable. On ignore si l’espoir est avide de caresses, mais visiblement il se laisse caresser. On pourrait même supposer qu’il ronronne sous les caresses, l’espoir.

Mon prochain chat, je l’appellerai Lespoir.

Tibert

Savoir, un petit peu

On l’entend souvent, beaucoup, c’est rengaine, au téléphone notamment, mais aussi en face à face. On l’utilise certes moins que la trilogie Merde-Putain-Féchier, ou toute permutation de ces trois termes – il faudra qu’un jour nous nous penchions ensemble, chère lectrice, cher lecteur, chère internaute, cher internaute, sur le sujet des trios obligés – mais on l’entend, et pas plus tard encore que ce matin : « Allo X ? c’est moi (ah bon !)… je t’appelle, je voudrais un petit peu savoir… » ; ou « je voudrais un petit peu vous demander… ». Savoir, un petit peu… vaste programme.

D’abord, ça ne veut rien dire. On sait, ou on ne sait pas. Et puis tant qu’à savoir, quel manque d’ambition, cet « un petit peu » ! pourquoi ne voudrait-on pas savoir beaucoup ? tout, puisqu’on y est, et allez hop , soyons fous. « Je voudrais tout savoir sur… ». Ca aurait une autre gueule.

Cet « un petit peu » c’est « excusez-moi mais… », « pardonnez cette indiscrétion mais… », « vous allez me trouver intrusif mais… ». Donc, on en demande juste « un petit peu », ce sera indolore, ça ne devrait pas prêter à conséquence. On a bien conscience qu’on en demande beaucoup, avec un petit peu.

On peut se demander d’ailleurs si la locution belge « une fois » n’est pas leur « un petit peu ». « Je voudrais savoir, une fois… ». Une fois, pas plus, hein. N’y revenez pas.

Un petit peu… c’est ça… voilà voilà !

Tibert

Abbronzati

De retour dans la vieille Europe, son étroitesse, ses fromages, son morcellement, ses innombrables langues, on découvre que décidément, décidément, l’élégance, c’est quelque part en Italie que ça se situe le mieux. Prada, Versace, Gucci, et… Berlusconi.

Il blague, on le sait, monsieur Berlusconi ; c’est un blagueur, c’est son petit plaisir. Mais il blague avec élégance, et affection, dit-il.

Tenez, il avait déjà blagué – lui qui se fait une bonne mine bronzée sous les UV des instituts de beauté, ou sur les plages de l’Adriatique – sur monsieur Obama, président des USA, constatant qu’il était plus bronzé que lui. Wouaf wouaf, je me marre (aux canards).

Mais les bonnes blagues, ça se garde au chaud, pour la bonne occasion où les ressortir. Et tenez, il a remis ça, lors de la fête de son parti à Milan : «je dois vous porter les salutations d’un homme qui s’appelle, qui s’appelle… attendez, c’était quelqu’un de bronzé: (*) Barack Obama !».

Pour enfoncer le clou, bien conclure une bonne blague (affectueuse), il faut une chute : «Vous ne le croirez pas, mais ils sont deux à être allés à la plage pour prendre le soleil parce que même sa femme est bronzée!».

On est contents de savoir que l’Italie tient là un Premier Ministre capable d’autant d’humour.

Tibert

(*) Bronzé : abbronzato