Eponyme

Bon, on ne va pas gloser-bloguer (horrible néologisme) sur la punef de M. Montebourg, je suppose qu’innombrables sont ceux qui s’y seront mis, à juste titre n’est-ce-pas ! Juteux sujet, assez hilarant ma foi et qui laisse bien augurer de la suite de la campagne.

Je reviens sur des problèmes d’expression… il me souvient qu’étant salarié d’une grosse boîte dans une vie antérieure, il me fut demandé de remettre un rapport détaillé comparant les prestations de N entreprises de logiciel informatique ; ce que je fis. Mes chefs – j’en avais plusieurs – devaient le lire et y réfléchir avant de statuer. L’un d’eux, assez à cheval sur les fautes de français (eh, oh, j’en fais pas beaucoup), me renvoya mon brouillon biffé à cet endroit : « … le logiciel MachPro, de la société éponyme » ; il avait rectifié comme suit : « … de la société Eponyme ».

Rêveur, je m’interrogeai sur l’égarement qui avait fait prendre à cet éminent chef l’adjectif « éponyme » pour un nom propre ! Eut-il ignoré le sens de ce mot, il lui suffisait de consulter son dico ! « Eponyme : qui donne son nom« . Simple, non ? homonyme éponyme synonyme patronyme …
Mais aussi, combien de fois entendons-nous : « Duchmol, créateur de l’entreprise éponyme » : eh non, mon ami ! c’est dans l’autre sens. Retournez la phrase…

Ou bien : ‘ « En attendant Godot », le film à grand succès tiré de la pièce éponyme’ : là aussi, faut-il biffer rageusement en rouge ? car « en attendant Godot » n’est pas un nom, stricto sensu. Mais avouons que c’est bien plus véniel – on a respecté le sens de filiation – que d’inverser les rôles.

Donc vive le blockbuster (c’est pas un nom propre) « En attendant Godot ». Et surtout, que M. Montebourg reste au piquet pendant un mois, il l’a largement mérité par ses insolences, et comme dit l’autre, c’est l’ « ordre juste ».

Bravitude et soupe au cochon opposable

Bon, il est des jours où l’inspiration est en panne, et la sagesse est de ne rien écrire, ou de puiser dans les innombrables questions soulevées par notre belle langue, ses dérives, ses atrocités (« opportunité », « adresser », « solutionner », « faire du bronzing » etc …) ; bref il est des jours sans.

Mais mais mais depuis peu quel bouquet de beaux sujets ! La « bravitude » de notre Royale Ségo (« bravoure » ? « titre de brave » ? au total ce n’est pas idiot, « bravitude », pas dans le Larousse mais logé à la même enseigne que le magnifique « abracadabrantesque » cher à notre Chirac national mais dont la paternité revient à Arthur R., comme de bien entendu. « Bravitude » aurait-il une aussi illustre origine ?

Mais aussi cette soupe au cochon « discriminatoire » au SDF pas catholique ! quelle trouvaille. Et quelles vertueuses indignations de nos Politiques ! Poussons un poil (de cochon) le bouchon : quand va-t-on fermer enfin les charcuteries pour cause de « discrimination » ? non mais c’est insultant pour les musulmans et les juifs, ces boutiques à cochon !! Fini les rillettes, le pâté de campagne et les pieds panés (et bonjour tristesse).

Et enfin, le récurrent problème du logement des plus démunis nous donne le délicieux « droit opposable ». Superbe découverte : nous avions des droits, inscrits dans la Constitution ou dans nos lois – dont le droit au logement – mais pôvres de nous ils n’étaient pas opposables ! Juste des droits pour de rire, des pistolets en plastique, de la monnaie de Monopoly … des droits de Mickey.

France, patrie des Droits opposables de l’Homme, ça sonne mieux, non ?

Inversement, et réciproquement !

Mon billet d’hier ranime quelques vieux principes de logique peu en honneur, mais qui pourtant gagneraient à être connus et – surtout – compris.

Propositions inverse et réciproque …

D’abord la proposition : si A, alors B ! Si je suis un homme, je suis mortel. Si je suis plombier, je suis quelqu’un de rare. Si je suis ministre, je suis logé / nourri aux frais du contribuable. Si … bon, vous voyez.
Maintenant, plou difficilé, ma qué !

A -> B      – proposition inverse :      Non(A) -> Non(B)
A -> B      – proposition réciproque : B -> A.

Travaux pratiques : « Quand le bâtiment va, tout va », citais-je, reprenant ce stupide vieil adage.
Réciproquement, ce serait « Quand tout va, le bâtiment va ». Et nous en sommes bien d’accord ! De l’art d’obtenir un truisme en guise de proposition réciproque.
Inversement, ce sera « Quand le bâtiment ne va pas, tout ne va pas » (et non pas « … rien ne va », car pour nier « tout va » il faut et il suffit qu’au moins quelque chose n’aille pas ; que rien n’aille est largement excessif, quoique ce soit assez dans mon état d’esprit actuel !) et là encore, avouons-le, il s’agit d’un truisme, puisque le bâtiment AU MOINS n’allant pas, tout ne va pas, vous suivez ?

Nous avons ainsi démontré deux magnifiques truismes, lapalissades, évidences … grâce à l’utilisation des propositions réciproque et inverse de « Quand le bâtiment va, tout va ».
Ce qui ne justifie pas la proposition de base ! est-elle juste, c’est une autre histoire ! Quand le bâtiment va, tout va-t-il ? Il faudrait d’abord que nous constations que le bâtiment va : on en est loin ! Je citais les plombiers, mais que dire des maçons ? hein, les maçons ? Pourquoi n’y a t’il pas de maçons ?

Cellulaire mais transportable

Question de vocabulaire encore : nous sommes incapables dans notre beau pays de clarté et de rigueur, d’attribuer deux substantifs différents –  substantifs abusifs, d’ailleurs /  car c’est un adjectif « substantivé » / poil au nez – à deux objets aussi peu semblables qu’un ordinateur portatif et un téléphone cellulaire ! « Portable », et débrouillez vous avec ça.

Pour le téléphone, les Italiens ont leur « telefonino » (mignon, non ?), d’autres leur « cellular », et il se trouve encore des « mobiles » ; quant à l’ordinateur c’est « laptop » (horresco referens & vade retro) et « portable » et ??? rien d’autre. De mon temps (allez l’ancien, mangez votre purée) on faisait le distinguo entre « portable » et « transportable », ce dernier étant tout juste transportable, justement, vu son poids. Mais c’est tombé en désuétude, du fait que nous sommes beaucoup plus costauds.

Donc Cellulaire ? fourgon répondit l’écho. Un peu carcéral, n’est-il pas ? Bannissons aussi « portable » qui somme toute va fort bien à l’ordinateur, et vive Mobile, cette drôle de chose sur laquelle des milliers de gens se passent les nerfs dans les transports en commun, soit pour tester la robustesse du clavier, soit pour donner Urbi et t’Orbi leur situation géographique, que leurs voisins de bus ignorent bien évidemment : « t’es où là ?  – là j’suis dans le bus à X … j’arrive ».

Chers z’amis, agissons pour que « mobile » et « portable » soient utilisés à bon escient ; la précision du discours nous en saura gré.

Correct ?

Les Anglais, jamais à la bourre, nous précèdent – pas trop loin , rassurez-vous – dans la correction politique vis à vis des minorités potentiellement méchantes. Donc là-bas des tas de municipalités ont « gommé » Christmas pour ne pas choquer … qui ? sûrement pas les Juifs, puisque ceux-ci sont là-bas depuis des décennies, voire des siècles, et n’ont jamais fait un fromage de voir Hanoukah omis par la majorité chrétienne ; non non rassurez-vous ce sont les musulmans qu’il faut ne pas choquer. Et on vous sort des « fêtes de fin d’année », « de la lumière », « d’hiver » … qui ne trompent personne.

Premio : Noël a perdu depuis longtemps son caractère de fête sacrée : tas d’hypocrites, c’est celle des fines gueules et du porte-monnaie – ça dépend de quel côté du comptoir on se trouve.
Deuxio : je demande à ce que le Ramadan soit rebaptisé « jeûne annuel » – y compris en Arabie Sa’aoudite, oui oui, y a pas de raison – pour ne pas me choquer. J’exige que Yom Kippour soit renommé « journée de pardon » , que l’Aït soit changé dare-dare pour faire un peu profil bas (disons : la fête aux moutons » ? ). Non mais … c’est vachement choquant, ces fêtes de pas ma religion !!

Des siècles de traditions ne pèsent pas lourd devant les gesticulations envisageables, peut-être prévisibles, hypothétiques mais va savoir … de quelques fanatiques supposés.

Minable.

Lire la Loi

Cette nuit encore je repense aux affolantes ratures de Flaubert sur ses manuscrits ; je me demande ce que nous aurions perdu si Gustave avait disposé d’un traitement de texte … Madame Bovary, impeccable dès le travail de conception ! Quelle perte ! Nous n’aurions jamais su l’immense travail effectué. Et de dériver vers une méditation sur la Loi, sur – justement – cet immense travail.

Nous sommes -dans le monde occidental, ailleurs je ne sais pas – parmi les champions des textes de lois (décrets, arrêtés …) :

– quand une loi ne fonctionne pas, au lieu de se poser la question du pourquoi et de se donner les moyens de l’appliquer, on en fait une autre.

– si la Droite prend le pouvoir, elle se dépèche de mettre en place de nouvelles lois pour faire pièce aux lois passées par la Gauche précédemment, et vice-versa,

– on ne se demande que très peu si l’on va avoir les moyens d’appliquer une nouvelle loi ; c’est un problème subalterne, la loi est la loi, et basta. Donc on sort une loi, et bon vent. Par exemple cette superbe loi sur la distance minimale de 2 secondes entre deux automobiles qui se suivent : qui peut appliquer ça ? (*)
Et puis, donc, le Journal Officiel publie des lois, décrets, arrêtés …

Donc notre paysage de lois ressemble à une forêt de lois ? que nenni, il a plutôt l’aspect de ces forêts au lendemain de la tempête du siècle (fin 1999). Ce n’est pas du texte sur ordinateur, ce sont les affolantes ratures de Flaubert (qui, lui au moins, s’efforçait d’être clair au fil de ses retouches).

D’abord la bardée de « Vu … vu … vu …  » (ça rappelle aux anciens bidasses l’inénarrable « vu l’arbre en boule ») :

Vu la loi no 83-634 du 13 juillet 1983 modifiée portant droits et obligations des fonctionnaires, ensemble la
loi no 84-16 du 11 janvier 1984 modifiée portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de
l’Etat ;
Vu le décret no 48-1108 du 10 juillet 1948 portant classement hiérarchique des grades et emplois des
personnels civils et militaires de l’Etat relevant du régime général des retraites, ensemble les textes qui l’ont
complété ou modifié ;
Vu le décret no 2006-1635 du 19 décembre 2006 portant statut d’emploi de directeur de l’académie de Paris ;
Vu l’avis du Conseil supérieur de la fonction publique de l’Etat en date du 28 février 2006,

(je vous le fait court, il peut y en avoir des palanquées)

Puis on y va sur l’énoncé :

Art. 1er. − A l’article 2 de l’arrêté du 7 octobre 2002 susvisé, les mots : « payeur général du Trésor » sont
remplacés par les mots : « comptable assignataire ».

Vous croyez que quelqu’un aurait l’idée de reprendre, modifier, ressortir une nouvelle mouture propre de l’arrêté 2 « susvisé » (ouaf ouaf) du 7 octobre 2002 en y remplaçant le machin qui ne va plus ? trop facile ! à vous de vous éreinter à retrouver ce que disait ce fameux arrêté 2, et de voir ce que ça donne maintenant !

Encore là je ne vous livre qu’un exemple ultra-simple : parfois c’est dantesque ! et je ne parle pas des modifications en cascade, car l’arrêté 2 en question pourrait lui-même faire référence à un arrêté antérieur (possiblement susvisé) qui lui-même …

Voilà c’est ça la Loi en France, lapidairement : indémerdable. On n’y voit que ce qui surnage ; les profondeurs des strates successives, ajouts, ratures, lois z’obsolètes mais jamais z’abrogées … sont le domaine des juristes, constitutionnalistes, toutes vieilles barbes talmudiques habiles à retrouver l’alinéa qui tue, enfoui sous des centaines de textes postérieurs mais non contradictoires.

Mais … NUL N’EST CENSE IGNORER LA LOI.

(*) tout de même, ça permet aux agents de la Force Publique qui veulent vous coincer coûte que coûte de vous trouver un poil dans le nez : « vous rouliez à moins de 2 secondes de la voiture précédente » ! Crac dedans.

Prendre et apprendre

Entendu tôt ce matin sur Europe 1 : l’EDHEC de Nice démarre un amphi de « e-learning » (prononcer i-leurnine’gue) ; allez encore un anglicisme, on n’en est plus à ça près.

Mais au fait, que dirait-on en français, proprement ? « e-machin » = machin via les techniques modernes de communication – entendez la Toile, les z’ordinateurs. Bon, comment le traduire ce « e- » ? c’est effectivement très court, et quasiment une marque de fabrique. Bon, quelle lettre de l’alphabet français (ce qui exclut le w, importé tardivement) permettrait de traduire « e- » ? Yé né sais pas. Une proposition : « i- » : i comme innovation, comme immatériel, comme indicible ! Et, cerise sur le gâteau, ça se prononce comme l’engliche « e-« .
Autre question : « learning » : l’action d’apprendre, substantif associé au verbe apprendre. En français, comment cela se goupille-t-il ? tendre –> tension ; fendre –> ??? (tiens il n’y a pas d’action de fendre ? la fendaison ne se fait guère, bien que la pendaison, oui ) ; vendre –> vente ; prendre –> préhension ou prise … bref ces verbes en « endre » ont des substantifs assez variés ; pas de formation bien claire. Et « prendre » est carrément irrégulier, de même que tous ses dérivés (sur- app- com- entre- …). Donc Entreprise, Surprise, Compréhension, app??? ben appréhension !! et rien d’autre, car apprise ne va pas du tout. Appréhension !! ouaf ouaf ; j’appréhende ce mot.
Donc le « e-learning » se dit en français : « i-appréhension ». Braves gens, je perçois mieux pourquoi notre langue bat de l’aile.

Syllabique

Eh encore des histoires avec l’apprentissage de la lecture/écriture …

Je me souviens d’avoir appris : on avait B-A -BA etc … et sur notre livre de lecture on suivait avec un bout de papier notre texte pour ne pas perdre le fil, on annonait … d’abord hésitants, puis plus fluide, enfin facilement … et ça a marché, je sais lire, je fais très très peu de fautes d’orthographe.

Maintenant il faut gloser sur le champ lexical, le corpus de mes deux … autopsier des textes morts, et les enseignants savent tellement mieux ce qui est bon pour nous : une méthode qui a produit des centaines de milliers d’illettrés.

Pourtant en tant que matheux je suis persuadé que l’analyse d’une structure est indispensable à sa compréhension ; que les mots étant composés de syllabes – associées à des phonèmes – elles-mêmes composées de lettres, il faut « décortiquer » ces montages pour en saisir le sens. Ca tombe sous le sens …

Alors, les pédagos, on s’entête … tant pis pour vous. Trop de dogmatisme et d’orgueil n’ont jamais donné de bons enseignants. A vous de voir …

What else ?

Eh oui, « what else » que du café en capsule de chez Nestlé ?? des capsules jetables, donc irrécupérables, beaucoup plus chères que du brave café en vrac ?

What else ?? et quoi d’autre ? au fait, pourquoi pas « Quoi d’autre » ? Ah oui mais noooon, c’est pas classieux en français ! Ringard. Nul. Pas vendeur. « Quoi d’autre ? » Ouaaahhhh le plouc.

Il a même pas vu que c’était George Clooney !!! Donc c’est nooormal qu’il parle anglais, ce gus. ET les nanas elles causent ambigu, on pourrait justement penser qu’elles causent de George C. (« Rich, dark … » c’est forcément Clooney ? tiens je savais pas qu’il était sombre.)

Donc, braves gogos, « What else » que la soupe angliche des mercenaires de chez Nestlé.

Au fait, qui sont-ce ? ces géniaux créatifs anglomanes ?? J’adore trop …

Les pouces gagnent du terrain, pied à pied.

Plus de 220 ans après la définition du Mètre et de ses subdivisions, épopée « énorme » qui a vu 2 fois le quart du méridien terrestre mesuré, de Dunkerque à Barcelone, on en est encore … aux pouces.

Eh oui !! Le système du mètre, des subdivisions et multiples en dix, c’est trop simple, trop logique, trop universel, et nos « amis américains » n’aiment pas qu’on leur donne des leçons. Il leur faut des Pieds Carrés, des Gallons, des Miles, des Short Tons, des Fluid Ounces … les anglais ont toujours leurs BTU, leurs inches aussi, mais eux ont décrété qu’il fallait rallier le Système International ; ils essayent du moins – car la Pinte de bière court toujours, mais ne nous en plaignons pas.

Mais les USA … c’est eux qui font l’humeur du temps.

Pas de problème pour les degrés Fahrenheit : après tout ce n’est qu’une différence conventionnelle (une application affine, diraient les matheux) sur des échelles pareillement linéaires, et ces degrés sont « logiques » aussi bien que les Celsius. Mais pour le reste !!

Que voit-on ? eh bien nous en venons nous aussi aux pouces, aux « pounds » etc … vous riez ? tenez, les filetages de plomberie : des pouces. Les conserves, les pots de confiture : 450 grammes = une « pound » ; les écrans de téléviseurs et ordinateurs = des pouces ; j’en oublie …

Au secours !! On nous fout en l’air le système métrique. Et tout le monde trouve ça normal.