Mort chronique annoncée

Il paraît que Radio-France est en grève, bien qu’elle émette. Je m’en doutais un peu, ayant zappé sur mon transistor Radialo-La-Voix de Son-Être  : « en raison d’un mouvement d’une catégorie de personnel« , on connaît l’antienne. En principe ils nous passent dans ces cas-là ( c’est très fréquent : des gens très susceptibles ! ) du sirop-zizique prédécoupé par un automate ; mais là, sur deux essais en deux jours, je suis chaque fois tombé sur La Voix de La CGT et du PCF (hier soir s’exprimait sans aucun débat Yann Brossat, Chef-en-chef des reliefs du PCF ; avant-hier c’était les raisons de la colère de la CGT du coin, dans la même absence de contradicteurs. C’est simple, je zappe… halte au masochisme ! à très faible dose, passe encore, mais là non, sans façon.

Et puis les grévistes en ayant marre de faire grève, font une pause de grève pendant février (dame, va y avoir les vacances d’hiver, faut s’y préparer). Un bon mouvement ? En fait, lisez l’article afférent du Monde : 70 personnes réunies en AG (sur plus de 4.700 salariés) ont décidé ladite pause ; 25 pour, 16 contre, 29 abstentions, soit 70 présents.

Ce sont les « larges masses » de grévistes qui se sont ainsi prononcées là, et qui pèsent d’une pression dingue sur les tentatives d’assainir et restructurer cette pétaudière ; qui font un beau geste pour vous rouvrir un moment le robinet Radio-France, chers auditeurs qui êtes allés écouter autre chose ailleurs sur des radios qui ne sont pas en grève – et il y a du choix.

Bref, c’est clair, on vit très bien sans Radio-France ; dommage que d’aucuns au sein de cet organisme « public » fassent tout ce qu’ils peuvent pour lui faire hara-kiri, sciant du même coup, consciencieusement et ce faisant, la branche audiovisuelle sur laquelle ils prospèrent (et yop-la-boum).

Tibert

Le fouzitout du Nouvel An

On se régale au Monde, qui décidément se surpasse depuis quelques temps. Le grand n’importe quoi, bien écolo-de gauche évidemment. Et ça va se loger partout, jusqu’aux recettes de cuisine. Tenez, cette superbe intro :

Titre : « Repas du Nouvel An : trois recettes pour un réveillon vegan« .

« Autour de la table du 31, pour contenter tous les invités – et au passage faire du bien à la planète –, pourquoi ne pas opter pour un menu 100 % végétarien ? Trois idées de recettes « légumes-friendly »  »

Tout est dit, et voilà deux journaleux qui mélangent tout, le végan et le végétarien pour commencer. Le militant-activiste végan, tolérant comme on le connaît, va hurler. Atroce et impardonnable confusion, l’on retrouve en effet, dans les ingrédients du dessert proposé pour ce réveillon végan mais presque : du lait de vache, du beurre… c’est épouvantable !

Mais l’accroche qui suit le titre va très loin (*), politiquement, car, oyez braves gens :

  • On contente tout le monde en faisant du vég(an)étarien.
  • Et ça fait du bien à la Planète !

J’ignore comment les bouffeurs de tout – de légumes, de viande, de poisson, d’oeufs etc… bref les omnivores nombreux que nous sommes – réagiront, mais moi ça me rebiffe. Non les menus végan (**) ne me contentent pas, surtout quand on vocifère, menace et prétend me les imposer ; oui le consensus mou proposé pour ce menu de Saint-Sylvestre est lâchement complaisant, une vraie soumission aux diktats prétentieux des  ayatollahs du véganisme.

Quant à faire du bien à la Planète, alors là… ça ne mange pas de pain de l’écrire. Pour les preuves, on devra attendre, surtout quand on va chercher de belles tomates bien mûres un 31 décembre. Du Chili, peut-être ? par avion ?

Tibert

(*) Notez le superbe « légumes-friendly » : ça vous classe un reportage classieux.

(**) Au singulier, végan : c’est une marque, un label. Mais, du végétarien pourquoi pas ? avec plaisir si c’est bon. Du moment qu’on ne prétend pas m’imposer cette ligne de conduite…

Tutus exclusivement parisiens

C’est Noël (je n’ai jamais vécu un Noël aussi terne, morne, même pas athée : sans âme) et hier pour Noël les artistes de l’Opéra de Paris ont, bannières de grève en guise de décors derrière eux, interprété un extrait de l’incontournable et rebattu saucisson tchaïkovskien, « Le lac des cygnes » (« Casse-noisettes » ou « Gisèle »  auraient pu le faire aussi, bref, un truc de fond de répertoire, ça se met en place par automatisme).  C’est qu’ils ont du souci pour leur retraite, les danseurs de l’Opéra de Paris, qui ont un statut à part et datant de 1698 ! C’est vrai, quoi, devoir partir moulu et claudiquant pour la retraite à 42 ans, ce n’est pas le lot de tout le monde…

Question : les machinistes, costumières, musiciens,  éclairagistes, décorateurs… de l’Opéra de Paris ont-ils le même statut ? rien ne le dit dans le superbe article du Monde cité ici. Si oui, les machinistes etc… auraient-ils aussi des exercices à la barre ? des tendinites professionnelles ? (*)

Autre question : les opéras de Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes… font exactement le même genre de truc, Le Lac des Cygnes y compris. Mais ils n’ont pas ce statut. No comprendo… deux poids deux mesures. C’est plus au Sud, c’est pour ça ?

Et encore : les sportifs professionnels, footeux, rugbymen, cyclistes, tennismen… font aussi des carrières brèves, exigeantes, et qui laissent des traces. Ils font SDF ensuite, ou quoi ? il me semble pourtant que certains se reconvertissent, ils ne sont pas pour autant finis pour la société.

Derechef : il me souvient avoir bien connu un adjudant-chef de gendarmerie qui, parti comme il se doit à la retraite vers ses 50 balais, s’est reconverti aussi sec – c’est très courant – en Chef de la Sécurité dans un grand immeuble de bureaux… et a fini comme ça dix-douze ans plus tard, avec deux retraites additionnées. Les danseurs de l’Opéra de Paris et d’ailleurs ne se reconvertissent-ils pas, retraite atteinte, en profs de danse ? ou bien j’aurais mal été informé ?

Il est question de mission régalienne, dans cet article du Monde… soit. Admettons, bien que le régalien soit ici tiré par les cheveux. C’est de culture qu’il s’agit, de prestige, de rayonnement, si l’on veut. On subventionne, donc, et le contribuable y va de son obole obligatoire avec patriotisme 😉  : faut ce qu’y faut. Mais en quoi cela interdit-il une retraite par point(e)s ? les flics, les magistrats, les agents des Impôts, les contrôleurs divers et variés… tous ces métiers nettement plus régaliens permettront d’accumuler des points en bossant. Ils ont des spécificités ? évidemment, danger, pénibilité, horaires, gnagnagna… ça se négocie, ça s’aménage ( il n’y a guère que pour les militaires en opération qu’on peut se poser la question ; quand les balles sifflent aux oreilles, la retraite, hein… ce n’est pas la préoccupation du moment.)

Bref : charmant spectacle que cet extrait de ballet au grand air – pour les Parisiens exclusivement, du moins ceux qui pouvaient y assister. Pour signifier que puisque Louis XIV a octroyé un statut comme celui-là, il est hors de question d’y toucher : ça va de soi, non ?

Tibert

(*  PS – Plus tard…) Il appert qu’en fait les différentes catégories de personnels de l’Opéra de Paris ont différentes dispositions… extrait significatif :

Les droits sont ouverts à 40 ans pour les danseurs, à 55 ans pour les chanteurs de chœurs, à 60 pour les musiciens et à partir de 55 ans pour les techniciens.
Le droit à pension est ouvert après un minimum de trois mois de services.
La durée maximum des services validés est de 37,5 annuités ou 40 avec bonifications.
La pension est calculée sur la moyenne revalorisée des salaires soumis à cotisations vieillesse perçus durant les trois meilleures années consécutives pour les personnels artistiques ou les six derniers mois pour les autres personnels.

Voyez : outre les âges de départ, tous plus favorables que pour le commun des mortels, les pensions ne sont surtout pas calculées sur la base des 25 moins mauvaises années du vulgum pecus ! au pire, les trois meilleures (danseurs, musiciens), sinon les six derniers mois… on peut comprendre que ces braves gens n’aient pas envie de se retrouver au même statut que, justement, le vulgum pecus, telle la technicienne de surface qui nettoie pour le compte de « Clean-Omnium » des bureaux vacants et blafards, de 4 h à 8 h du matin et de 19 h à 22 h 30. Il est vrai que souffler dans un hautbois, un oeil sur la partoche, un oeil sur le Chef d’orchestre, est nettement plus crevant !

Sur le bouton Pause

Je m’en vais faire une pause. On reprendra quand on reprendra, ou pas.

Je m’aperçois billet après billet que nonobstant mes leitmotivs abondamment ressassés – trop ! – la barque continue de dériver, imperturbablement : autant pisser dans un violon ! Ce pays qui se nombrilise et se pâme avec son Pâris, ah Pâris… ; ce pays (*) où tout un chacun fume, a fumé, fumera du shit, de l’herbe… mais où ces produits sont strengt verboten ; ce pays où les flics se crèvent à courir après les voleurs mais où moult juges s’évertuent à les relâcher aussi sec ; ce pays suicidaire qui fonctionne avec la logique absurde Service Public DONC Fonctionnaires DONC {Avantages Acquis + Grosse Force de Nuisance} ; ce pays qui voit chaque grève-prise d’otages répétitive et abusive desdits fonctionnaires ou assimilés s’accompagner des manifestations du syndrome de Stockholm, abondamment brassé par les médias – ah c’est sûr ça nous emmerde salement mais on les comprend ! ; ce pays où les bandes mafieuses qui incendient des locaux publics et tendent des guet-apens aux flics ne sont qu’ une petite bande d’imbéciles et d’irresponsables (panpan-cucul ? rappel à la Loi ? dix heures de TIG ?) ; ce pays où appeler à l’insurrection suscite la plus grande bienveillance, quand manifester pour préserver la famille traditionnelle est vu comme carrément fasciste… bref ce pays est insincère, biaisé, faux-cul, maso, malsain – mal barré.

Et puis ce blog ne m’appartient plus, et là c’est le syndrome du coucou. Et puis je tourne un peu en rond, et puis on me dit que ça devient emmerdant. Donc : à plus tard, qui sait ? sous d’autres hospices auspices, ou ailleurs, ou pas du tout.

Tibert

(*) Tenez, cher Normal-Moi-ex-Président, une anaphore que la vôtre de 2012, à côté, c’est du pipi de scrivaillon stipendié par le PS – mais il faut reconnaître que vous la saviez par coeur et la déclamâtes bien. Et tout ça nous a fait un Président, ou ce qui en a tenu lieu.

C’est pas parce qu’on a du mal avec sa page blanche que…

Un titre de film – un nanar – des années « porno » au début du septennat Giscard énonçait : « C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule« , citant une boutade d’Audiard. Dans la même veine, il y eut : « Je sais rien mais je dirai tout« , « Comment réussir quand on est con et pleurnichard« , etc. Ces titres à rallonge sur des scénarios improbables et farfelus tentaient d’attirer l’attention des  clients – mâles, essentiellement – partis se rincer massivement l’oeil : la loi de 1975 libérant le porno filmé avait quasiment asséché la veine du cinéma « normal ». Dans l’enthousiasme et l’ivresse des débuts juteux, les promoteurs de films de cul aimaient à orner leurs productions de titres ronflants et inventifs du genre « Avec quoi tu soulèves l’édredon ?« , « Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole« , et il doit y en avoir d’autres. Façon de compenser l’indigence, la minceur des scénarios et la répétitivité de scènes stéréotypées, connues d’avance.

Eh oui, c’est pas parce qu’on a rien à dire etc etc… : un long titre permet de masquer l’indigence du sujet. C’est ainsi que j’avais prévu de vous entretenir de l’indigence des actualités telles que les chaînes de télé nous les fourguent ; à vrai dire c’est quasiment cuit ! si j’étais producteur de JT, de Journal Télévisé, je songerais sérieusement à me recycler. Toutes les infos sont déjà connues au moment où le présentateur vous les réchauffe sous le nez ! On est saturés d’informations, on a même pu les visionner sur son mobile, sa tablette, on en reçoit même si on n’en veut pas… bref, le JT, c’est mort, nonobstant les reporters cadrés en plan américain devant l’Elysée et les reportages sur le nouveau café-épicerie-boucherie qui fait revivre le centre de Bouzeuil-sur-Gartempe. Mais, vous vous en doutiez ? oui ? … c’est bien la peine que je me décarcasse à faire un billet, tiens… ah c’est pas comme sous Giscard, quand Poivre d’Arvor surgissait sur l’écran du 20 heures : il allait nous dire des trucs qu’on ne savait pas, il nous apportait des nouvelles ! fraîches ! c’était une autre époque, on achetait le journal…

Maintenant c’est tout du réchauffé. Tiens, l’autre jour, à propos de cinéma, justement, Mocky rendait l’âme ; trois secondes plus tard c’était diffusé, quasi en direct : J-P Mocky est mort ! J’ai toujours été – ça n’engage que moi – réfractaire au cinéma de Mocky ; évidemment on lui a servi la soupe à titre posthume, la télé nous gratifiés d’une de ses oeuvres,  « Le miraculé« … j’ai bien essayé, je confirme : c’est vulgaire, moche, outré, même Jeanne Moreau y est détestable, c’est dire. C’est pas parce qu’on veut flinguer la religion et les pélerinages à Lourdes qu’on est obligé de faire ça de manière aussi crasse. J’ai abandonné au bout de cinq minutes. On en regretterait presque des trucs comme « Coupe-toi les ongles et passe-moi le beurre » : au moins le titre était marrant, à défaut d’autre chose.

Tibert

Le bronze d’art ou le stylo-bille

Quel ouvrier métallo n’a pas puisé pour ses menus besoins personnels dans les stocks de boulons, vis, lames, forêts… de l’atelier ? quel gratte-papier n’est pas revenu à la maison avec des feutres, un rouleau d’autocollant, des barres d’agrafes – voire l’agrafeuse – ou des ramettes de papier du bureau ? c’est bien normal, pas vrai ? juste de quoi rééquilibrer quelque peu la balance patron / salarié.

C’est bien normal, oui mais non… disons que ça se fait partout, et c’est toléré bon gré mal gré : on ne peut pas soumettre tout le monde à la fouille au corps le soir à la débauche. Mais quand c’est un buste en bronze qui disparaît des bureaux de l’Elysée, parmi des tas d’autres oeuvres artistiques ou d’ameublement discrètement escamotées, ça interroge : à ce niveau du Pouvoir avec un grand P, on s’attendrait à plus de rigueur, de conscience, de probité. Eh bien non… et je ne vous dis rien de l’inénarrable Mobilier National, institution pleine de fuites. On pourra se divertir à lire l’un des rapports de la Cour des Comptes à propos du Mobilier National, alias MNGBS ; tenez, cet extrait en pure langue de bois : Si ses ascendances lui valent d’être auréolé d’un incontestable prestige, le MNGBS, tel qu’il est aujourd’hui constitué, se présente comme une structure dont la configuration et la culture interne sont à maints égards peu favorables à l’inscription de ses activités dans une dynamique de recherche de performance et d’efficacité économique. En termes moins feutrés : poussiéreux, coûteux et inefficace. « Doucement le matin, pas trop vite le soir« , en somme.

Tout ça pour rappeler cette évidence : si nos flamboyants Grands Chefs étaient logés dans une tour de bureaux du côté de Puteaux ou de Montreuil, dans des espaces paysagés rythmés de cloisons d’insonorisation à mi-hauteur, on leur piquerait – au fait, c’est nous qui payons – tout au plus des taille-crayons, des rouleaux d’autocollant et des feutres effaçables à sec. On ne va quand même pas escamoter la photo de l’épouse, des gosses ou du chien-chien (ou de l’ensemble) qui trône immanquablement sur un coin du bureau : ce serait inhumain.

Tibert

Vitrines et prosélytisme

( On appréciera l’argumentation délicate de Donald T. « Casque d’Or » concernant la plainte pour viol qu’une nana vient – assez tardivement – de déposer contre lui : « C’est pas vrai ! c’est pas du tout mon genre de femme« . En somme, 1°) non mais vous avez vu ce boudin ? ; 2°) en revanche si elle m’avait botté, là, bon, je dis pas… Ce type est un vrai gentleman ! )

Mais au fait ! vous n’ignorez pas qu’à la piscine il faut une tenue correcte, et puis hygiénique (pas de vêtements flottants, de boxer etc : un maillot sur la peau, un bonnet de bain, et basta. Et puis se laver avant le bain. Personne n’aime l’idée de faire trempette dans un bouillon de culture. Mais ça fait un bout de temps que d’aucun.e.s  😉 essayent de faire entrer l’islam vestimentaire féminin radical à la piscine, en opposition aux règlements. Dernièrement à Grenoble (la ville « verte » vitrine des écolos, bon courage les amis ! ) un commando féminin en burkini a investi une piscine – avec convocation de la presse, faut que ça mousse – évidemment dans le but de faire évoluer l’état des choses et des normes.

Le burkini, cet oxymore de la baignade ! On pourra s’interroger sur l’hygiène d’un vêtement aussi copieux, plein de plis et à peu près impossible à laver correctement sous une douche de piscine – et clairement en infraction avec les règlements. Et puis sur les déclarations-professions de foi du commando – je cite l’article : elles estiment n’enfreindre aucune règle d’hygiène ou de sécurité et expliquent agir « sans aucune conviction religieuse », mais pour défendre la « liberté de toutes les femmes ». Bien évidemment qu’elles enfreignent les règles (sinon, pourquoi un commando ?) , et bien sûr qu’elles agissent pour pousser les pions de leur chapelle !

Le B-A-BA de la liberté en société c’est que ma liberté ne consiste pas à faire ce que je veux quand je veux où je veux, jouer du tuba à deux heures du matin fenêtres ouvertes, pisser contre la porte de ma voisine de palier… il faut des règles pour que ça puisse fonctionner, pour que mes semblables ne souffrent pas de MA liberté abusive ! Et puis, le burkini pour la liberté de toutes les femmes ? vraiment ? quid de la liberté des Saoudiennes, des Iraniennes, des soudanaises, des Afghanes, des… de toutes ces femmes qui n’ont tout simplement pas la liberté – entre autres – de laisser leurs cheveux libres, justement ? sans omettre celles-z’et ceux qui ne peuvent pas vivre leur religion, si ce n’est pas la « bonne » ?

Je laisse la conclusion à l’un des lecteurs ayant commenté l’article du Monde que je cite plus haut ; il résume bien les choses : « Et si on va dans une mosquée en string pour protester contre des pratiques discriminatoires ? »

Tibert

Boom-boom, faîte de la musique ?

( Je lis ça dans un canard du matin, à propos de la préoccupante disparition des commerces de centre-ville : « Les enseignes préfèrent s’installer dans les grands centres commerciaux de périphérie, où les loyers y sont bien plus modiques. »  Et voilà ! enflure et redondance. Ecrit proprement et sans mettre du beurre sur le saindoux, ça donne … de périphérie, où les loyers sont bien plus… ; sous une autre forme : … de périphérie : les loyers y sont bien plus… (*) Mais broutilles que tout cela. On cause français, oui ou zut ?  c’est clair, non ? kess y vient nous faire ch…, çui-là ! )

Et puis j’ai tenté d’approcher quelques coins sympas à l’occasion de la supposée Fête de la Musique. J’ai vite battu en retraite : le niveau de décibels avoisinait en bien des endroits celui d’un tarmac d’aéroport quand un jet décolle. Sur une placette, une guitare sèche tentait d’accompagner une jeune chanteuse sans sono ( unplugged, écriraient les journaleux francophones) : chante belle merlette, égosille-toi, personne n’avait aucune chance d’ouïr ton chant, sauf à se coller à un mètre cinquante. Au reste c’était en fait la fête des gobelets de bière en plastique probablement pas recyclés ce soir-là, sinon recyclables (le demi, 3 euros ; la pinte ou le demi-litre (**), 5 euros, tarifs quasi uniformes tout partout) ; et puis tous les acharnés à cogner sur leurs grosses caisses, ou à hurler dans leurs micros, pas si cons, avaient des tampons d’oreilles, eux. Faire de la musique avec des tampons d’oreilles… image savoureuse, sinon affreuse  ! il y a là un oxymore sonore, ou une couille dans le pâté, si vous y tenez.

Pour me consoler, je me suis joué à la maison les Danses de travers, de Satie. C’est beau, tout simplement, même sans tampons d’oreilles.

Tibert

(*) Dans la même veine, il y a quelques lustres, la délicieuse Françoise Hardy nous susurrait « C’est à l’amour auquel je pense » – sûrement pas à la rigueur grammaticale.

(**) A choisir ? c’est selon. La vraie pinte britannique-nique fait en principe 0,588 litre, quand celle d’Amérique du Nord n’en fait que 0,437. Je soupçonne les bistrotiers, allez savoir pourquoi, de pencher pour la seconde.

La philo pour les nullos

Est-il possible d’échapper au temps ? Les candidats philosophes (et les candidates, le pluriel masculin est ici devenu neutre, c’est le genre humain, bisqueubisqueura-geu ! pour les fêlé.e.s de l’écriture inclusive) ont planché – ou tenté de plancher – hier là-dessus,  et l’on se demande sous quelle pulsion de sadisme les concepteurs de l’épreuve ont pu sortir ça. Bon (soupir…), ben c’est pas tout çà… allez, on peut le faire ! allonzy-alonzo.

Evidemment si l’on m’avait demandé « Est-il possible d’échapper aux taons ? » ça serait plié en deux coups de stylo. Mais bon… une faute de frappe ? va savoir…  ça serait trop beau… mais j’observe que le temps ça a deux sens, c’est une des faiblesses de notre langue, du moins une de ses ambigüités  : le temps qu’il fait et le temps qui court, qui passe, qui se traîne, qui parfois ô temps suspends ton vol (ici une citation de la Martine, judicieusement placée, vous l’avez reconnue ?). Et d’abord pourquoi vouloir lui échapper ? hein ? quelle idée… on est pas bien, dans le temps ? la prof’ de musique gueule tout le temps qu’on y est pas, dans le temps ! « C’est mauvais, pas dans le temps, gnagnagna…« . Y échapper, c’est parce que c’est mauvais, forcément. Parce que, quand c’est du bon temps, on est pas masos, on a envie que ça dure (ici une citation de la mère de Bonaparte, avec l’accent corse). En fait, c’est le mauvais temps qui pose problème. Je reformule donc :

Peut-on échapper au mauvais temps ? là c’est cool… ça fait sens… mais faut penser aux agriculteurs ! faut qu’y pleuve ! En fait, l’idéal pour les agriculteurs, et tant pis pour les noctambules, c’est quand y pleut la nuit et fait beau le jour ; mais ça fonctionne pas souvent comme ça. En fait, à part les agriculteurs, les grenouilles, les escargots et les larves de moustiques, le mauvais temps, on évite ! on essaye d’y échapper ! et c’est assez facile, en fait : on part aux Baléares, à Phuket, aux Seychelles, et hop ! on a que du beau temps. Du bon, ça c’est une autre histoire, en fait, ça dépend des circonstances, genre, mais là c’est hors sujet, à mon avis.

Tibert

Savoir lire, donc avoir son bac

( Débutons par un petit pamphlet anti-stioupid, inutilous and abusive rosbif : qu’on nous délivre de délivrer, ce débile anglicisme pour… livrer. On délivre tout partout des tas de trucs jamais séquestrés, notamment des messages, délivrés (livrés) tels des pizzas sur les vélos Fissa-Pizza, gaspillant ainsi de précieuses lettres (deux chaque fois), quand on pourrait nous les livrer, diffuser, transmettre, et d’autres. La prochaine fois je moquerai les stories : ce terme pur grand-breton a pris sans vergogne la place de l’hist… mais baste, on verra ça une prochaine fois. )

Et puis j’ai lu et vous recommande cette étude livrée 😉 par le Monde sur l’analphabétisme actuel. Etude fort crédible, puisqu’appuyée (*) sur un très volumineux échantillon de plus de 700.000 jeunes adultes. Il en ressort, chose surprenante, qu’on est plus illettré dans le Nord que dans le Sud, et puis que notre belle Educ’Nat’ ne fait plus son boulot correctement (mais chuuut, surtout pas de vagues) : grosso modo, 12 % de nos jeunes ne savent pas lire. Ou alors avec poussivité, et un vocabulaire d’une grande pauvreté. On va accuser la société, bien évidemment : la société a bon dos ! c’est le système scolaire qui a baissé les bras.

Péroraison : j’ai trouvé cette perle parmi les réactions des lecteurs à cet article ; c’est un lumineux éclairage, je vous le livre 😉 tel quel – rien à ajouter : « Finalement savoir lire à peu près correctement équivaut à avoir son bac ; 80 % d’une classe d’âge a le diplôme suprême ce qui correspond finalement à peu près à ceux qui se débrouillent à la lecture. Inquiétant…« .

pcc : Tibert

(*) Mon imbécile correcteur orthographique rouspète si j’écris « puisqu’appuyée sur…« . Il ne connaît pas l’élision, mon correcteur orthographique ; si je cédais à son diktat ça donnerait « puisque appuyée sur…« , ce serait plus lourd. Le correcteur orthographique ira donc se faire cuire un oeuf.