Boom-boom, faîte de la musique ?

( Je lis ça dans un canard du matin, à propos de la préoccupante disparition des commerces de centre-ville : « Les enseignes préfèrent s’installer dans les grands centres commerciaux de périphérie, où les loyers y sont bien plus modiques. »  Et voilà ! enflure et redondance. Ecrit proprement et sans mettre du beurre sur le saindoux, ça donne … de périphérie, où les loyers sont bien plus… ; sous une autre forme : … de périphérie : les loyers y sont bien plus… (*) Mais broutilles que tout cela. On cause français, oui ou zut ?  c’est clair, non ? kess y vient nous faire ch…, çui-là ! )

Et puis j’ai tenté d’approcher quelques coins sympas à l’occasion de la supposée Fête de la Musique. J’ai vite battu en retraite : le niveau de décibels avoisinait en bien des endroits celui d’un tarmac d’aéroport quand un jet décolle. Sur une placette, une guitare sèche tentait d’accompagner une jeune chanteuse sans sono ( unplugged, écriraient les journaleux francophones) : chante belle merlette, égosille-toi, personne n’avait aucune chance d’ouïr ton chant, sauf à se coller à un mètre cinquante. Au reste c’était en fait la fête des gobelets de bière en plastique probablement pas recyclés ce soir-là, sinon recyclables (le demi, 3 euros ; la pinte ou le demi-litre (**), 5 euros, tarifs quasi uniformes tout partout) ; et puis tous les acharnés à cogner sur leurs grosses caisses, ou à hurler dans leurs micros, pas si cons, avaient des tampons d’oreilles, eux. Faire de la musique avec des tampons d’oreilles… image savoureuse, sinon affreuse  ! il y a là un oxymore sonore, ou une couille dans le pâté, si vous y tenez.

Pour me consoler, je me suis joué à la maison les Danses de travers, de Satie. C’est beau, tout simplement, même sans tampons d’oreilles.

Tibert

(*) Dans la même veine, il y a quelques lustres, la délicieuse Françoise Hardy nous susurrait « C’est à l’amour auquel je pense » – sûrement pas à la rigueur grammaticale.

(**) A choisir ? c’est selon. La vraie pinte britannique-nique fait en principe 0,588 litre, quand celle d’Amérique du Nord n’en fait que 0,437. Je soupçonne les bistrotiers, allez savoir pourquoi, de pencher pour la seconde.

Fête du décibel

Hier c’était la fête de la musique – enfin, en principe. La veille c’était celle du yoga, et puis on a eu ou on aura la fête des pères, des mères, des secrétaires, des marrons chauds, du vin nouveau, des voisins, de la rue, des fleurs… les 365 jours de l’année ne vont pas le faire, ça va se bousculer, ils vont être obligés de caser 2, 3 fêtes par jour calendaire, ça devient con. Heureusement que madame Taubira nous aura trouvé à réduire la durée de travail : à 32 heures par semaine, on va pouvoir aller de fête en fête, pendant que les autres, là, les Moldaves, les Chinois, les Bengladais, Marocains… vont bêtement trimer 50 heures pour nous piquer tout le boulot… le boulot ? on leur laisse, on fait la fête ! après, on verra…

Mais que je vous cause de la fête de la musique : j’ai tenté d’y aller voir, et surtout écouter. UNE formation harmonique audible, du jazz façon Coltrane-Mingus en fait, saxo piano contrebasse guitare et percussions ; sono un peu trop forte, mais bien, sympa. Pour le reste : des murs d’enceintes, des basses à vous déchirer la peau du ventre, des boîtes à rythmes poussées à fond les manettes, 2 musicos sur un podium bardé d’amplis (synthé et guitare) alignant des rubans répétitifs simplets à 115 décibels, et moi qui avais oublié mes bouchons d’oreilles.

Ah si : des tambours et percussions en groupes, au moins 4 ou 5 formations. Le thème ? boum-boum, le plus fort possible. Mais eux en avaient, des bouchons d’oreilles ; pas si bêtes.

Bon, la fête de la musique, je raye. Sur Arte, il y avait La Traviata, chouettement interprétée ; hélas pour une belle soirée lumineuse de fin Juin, c’est dommage de s’enfermer devant sa télé, vous en conviendrez. Le bon plan, c’était de flâner dehors, bouchons d’oreilles plus casque anti-bruit d’aéroport sur les oreilles, une bonne pression bien fraîche à la main. Ce sera pour une autre fois.

Tibert