Un dit niais

C’est une relecture à la psy-machin tirée par les cheveux, « un dit niais » pour « indigné« , je sais, mais les Lacaniens en ont fait d’autres, et des plus vaseuses, ineptes, oiseuses.

Monsieur Delors, ex-grand Chef de l’Europe, vitupère les dirigeants européens. Il est indigné, « … c’est une honte », etc, etc.

Mais si monsieur Delors exprime des inquiétudes légitimes quant à la pérennité de l’Euro, quant à la solvabilité de la Grèce si les Européens continuent à tarder à la renflouer, ce monsieur indigné a la mémoire bien courte, et ferait mieux de nous régaler d’un mea-culpa, une confession intimiste façon DSK face à madame Chazal, un dimanche soir au coin de la téloche. Ca ne réparerait pas les dégâts, mais au moins on compatirait.

Car si l’Europe n’est plus une belle idée, mais un large foutoir incohérent, une vague zone de libre-échange ouverte à tous les vents malfaisants des « marchés »(*), avec des pays qui n’ont rien à y faire, qu’ils soient là en « suçeurs de roue »  façon cycliste planqué au fond du peloton, ou pour freiner des quatre fers et mettre des bâtons dans les roues façon Grand-Bretons, ou simplement pour prendre le fric offert, c’est bien sous la Présidence de monsieur Delors, une présidence de 10 ans, 1985-1995, que ça s’est fait en grande partie.

Elargir, élargir, qu’ils disaient ! Largement trop large, l’Europe. Et il va encore se trouver des fêlés de l’élargissement pour s’obstiner à vouloir y faire adhérer la Turquie, vous verrez…

Un dernier mot : je fus amèrement déçu par la décision de monsieur Delors de ne pas briguer la magistrature suprême en 1995. Nous avons donc eu droit à monsieur Chirac, douze ans ! Je voyais à l’époque en monsieur Delors un homme politique rigoureux, réaliste, honnête, moderne… ce renoncement me donna une autre image de cet homme, moins positive. Il est évidemment plus fastoche d’engueuler ceux qui rament – dans une barque qui fait eau et avec  les avirons pourris qu’on leur a légués – que de ramer.

Tibert

(*) ah, les « marchés », les marchés ! il n’y en a plus que pour eux. Comment vont réagir les marchés ? que vont faire les marchés ? quelle est la tendance des marchés ? tremblez, humains, les marchés sont là.

Tout baigne

On l’a appris hier soir tard, dans l’affaire DSK contre madame Diallo Nafissatou, le procureur a décidé d’abandonner les poursuites. En fait, il reste persuadé, et on est prêts à le croire, que monsieur DSK a bel et bien sauté sur la femme de ménage en question pour lui présenter ses hommages sexuels, MAIS il constate que, vu les salades, les mensonges et les embrouilles dans lesquelles madame Diallo est impliquée, il n’a pas la moindre chance de convaincre 12 jurés de voter unanimement la culpabilité. C’est comme ça aux USA, et ma foi ça fonctionne – mieux que chez nous, où il faut des lustres pour traiter une affaire, à l’exception, bien entendu, du vol du scooter du fils de monsieur Sarkozy, qui fut traité énergiquement et avec promptitude.

Ce qui restera de cette histoire, c’est quand même assez lourd : un homme de tout premier plan est aussi, d’abord, un mâle en proie à ses pulsions – testostérone, turgescence etc – et l’on a pu découvrir au fil de l’enquête quelques-unes de ses conquêtes fugaces et passées, qui toutes ont confirmé son appétit et sa vigueur. Bon, c’est sa vie privée, certes oui bien sûr vous avez raison mais quelque part c’est signe de fragilité, vous ne trouvez pas ? il est vulnérable, cet homme, il a une faille, un talon d’Achille, il peut péter un câble sans crier gare devant un exemplaire représentatif du sexe féminin. Monsieur Giscard fantasmait sur les jambes de madame Saunier-Seïté pendant qu’elle discourait à la tribune, monsieur Mitterand entretenait deux fers au feu au minimum – monsieur Chirac s’en tenait au cul des vaches, lui – mais tout ça en douce, discrètement, entre gens policés. Tandis que là, vous avouerez, ça fait désordre.

Eh bien, nonobstant (*) cette histoire catastrophique, ce bide total, cette affaire dévastatrice, et dans la plus belle unanimité, les pontes du PS se réjouissent bruyamment de cette nouvelle. Cher Dominique ! cher ami ! comme je suis heureux(se) et soulagé(e) ! quelle joie ! Harlem (si si, Harlem, pas le Bronx, je suis sûr), Bertrand, François, Martine, tous affichent la plus grande satisfaction, le plus immense soulagement. Innocent, Dominique ? heu, ils s’en foutent. L’important, c’est qu’il revienne pousser en mêlée pour 2012, mais désormais inoffensif et désarmé : il ne pourra plus leur faire de l’ombre. Que du bon ! Tiens, si on le voyait débarquer impromptu à l’université d’été du PS, hein ? bronzé, en chemise manches courtes, col ouvert ? la standing ovation, le top, quoi.

Tibert

(*) J’aime  bien nonobstant, je l’avoue. C’est daté, ça fait rapport de gendarmerie, mais c’est tellement plus mignon que malgré, en dépit de…  l’expression latine est quasi évidente – non obstat, ça ne fait pas obstacle – et puis surtout on entend « nonos » dans nonobstant, ça fait irrésistiblement frétiller de la queue.

Bruits de chiottes

C’est comme ça qu’on s’excuse, en  Rosbif, quand on a propagé des rumeurs pourries qui ont fait très mal : « we unreservedly apologise to Société Générale for any embarrassment caused » : « Nos excuses sans réserves à la SocGen pour tous les torts causés ». Le Daily Mail, ce torchon populiste et francophobe, ce qui est banal outre-Manche, ayant annoncé dans une dépêche que la SocGen – la Société Générale – était sub-claquante et moribonde, cette banque est descendue hier aux enfers boursiers, son titre a bu le bouillon. Mais non, c’était une blaaaague ! ah bon…  alors, c’était pour de rire, l’humour britannique, n’est-il pas, mais il aura fallu que le PDG se démène, qu’on démente, qu’on argumente, et puis le mal est fait. Comme dans l’affaire DSK, qui est peut-être innocent, mais que le monde entier aura vu sombre, pas rasé, menotté dans le dos, et encadré façon « tableau de chasse » par des flics goguenards.

Et ce qui est encore plus rigolo, si l’on peut dire, c’est que les spéculateurs, les investisseurs, ceux qui traquent le quart de poil de cul sur les variations des titres boursiers pour s’enrichir sans trop transpirer sur le dos de ceux qui produisent, bref tous les adeptes de savantes courbes de tendance et de graphiques abscons, s’engouffrent comme des gogos derrière les salades fumeuses de ce sous-canard, ne vérifient rien, et va-y petit, il y a du fric à se faire, le Daily Mail le dit.

Bon, espérons très fort – la SocGen n’est pas ma banque favorite, loin de là, et je n’y ai pas de placements – que tous ces cons boiront le bouillon dans cette manoeuvre sordide. Tiens, moi aussi je m’en vais vous propager une information façon rumeur que  je vous dis pas : le Daily Mail, c’est entièrement recyclable ! les pages, vous les découpez en carrés et vous les accrochez à un clou sur le mur des houatères.

Tibert

Andouillettes et dettes souveraines

J’apprends avec une infinie tristesse que l »agence de notation financière Standards & Poor, une des trois épées de Madame Hoclès brandies sur les têtes des entreprises et des états,  dégrade la note de la dette états-unienne à AA+… pleurs de monsieur Obama, c’est pas juste, sniff… , on n’a pas mérité ça, etc, rendez-nous notre AAA.

Voilà qui me met beaucoup de baume au coeur. Premio, parce que ces agences de notation ne sont que l’écho de la phalange la plus financiaro-financière des groupes financiers qui agissent sur le marché, et même les USA viennent à leur déplaire maintenant, c’est dire où nous en sommes ! les USA, pas vraiment de confiance, préférez Monaco et la Suisse ! c’est l’arroseur arrosé, le pays qui a inventé le financiarisme sauvage, qui héberge les agences de notation – les ingrates ! –  et les fonds de pensions, ce pays se prend une claque derrière les oreilles. C’est César découvrant Brutus armé d’un couteau, « toi aussi, mon fils !  » et c »est bien fait, on ne va pas pleurer.

Deuxio, ça prouve si besoin était la révoltante absurdité du système financier actuel.  Quand on apprend que la société Apple, qui fabrique des téléphones blancs revêtus de peau de zébu, vaut plus de fric que les USA, on se dit que quelque part un paramètre n’a pas été pris correctement en compte. Il y a quelque chose qui cloche, là dedans, et vous pouvez fredonner la suite.

Troisio, il nous reste, à nous Gaulois, la glorieuse andouillette, la vraie, estampillée de l’Association Amicale des Amateurs de l’Authentique Andouillette : l’andouillette AAAAA, que Standards & Poor ne saurait dégrader à AAAA+, voire moins. Comme disait monsieur Herriot, la politique, c’est comme l’andouillette, ça doit sentir un peu la m…, à peine, mais bon. Tandis que la finance à base de requins-fonds de pensions, de hedge funds, de primes mirobolantes et indécentes, de transactions boursières à la micro-seconde par méga-ordinateurs, vous trouvez que ça sent la rose ?

Tibert

Air Four One

On a rallumé le chauffage ! Pas le vrai, quand même, la chaudière et le toutim, non, le poële à granulés, celui qui se nourrit aux croquettes Klebs-Kejèm. Faut dire, ça caille un max par chez nous, en ce moment : on a eu l’été en Avril, on a l’automne en Juillet, va falloir avancer la date du Beaujolais nouveau, des châtaignes, la Toussaint au 15 Août, on va monter les pneus Hiver le prochain houikinde. La faute au réchauffement climatique, évidemment, ça va de soie, comme on dit à Lyon.

Non mais à part ça je voulais pas encore bavasser sur le temps qu’y fait, non… tiens, je vois et j’entends, et je lis, et ma foi ça m’interpelle parfois quelque part. Je vous livre donc mes réactions – je vous les délivre pas, alors là, vous m’aurez pas là-dessus.

Première question : je suis sans doute débile, mais pourquoi monsieur Kadhafi, le lider maximo de la Lybie se fait-il sévèrement avoiner par l’OTAN, bombardements chirurgicaux, tirs ciblés… pendant que monsieur El Assad en Syrie donne tranquillement à canarder à mort les manifs qui lui sont hostiles ? D’accord, l’un est colonel auto-proclamé , met des gandouras, des lunettes noires, et vit volontiers sous une canadienne lybienne, ce qui est peu crédible, tandis que l’autre est médecin ophtalmologiste en costard-cravate – à mon avis il ne doit plus pratiquer des masses, sauf peut-être les manifestants blessés aux yeux – et ça en jette tout de même nettement plus. Mais je pose nonobstant et mordicus ma question, je m’obstine : pourquoi cette différence de traitement « de faveur » ? si vous avez des réponses… Israël…le Golan… la Russie… la Chine… l’Iran… le Liban… le pétrole… j’ai bon, là ?

Deuxièmo : je lis dans un quotidien réputé très très sérieux – dans le temps il n’y avait ni photo ni dessin en Une, austère  objectivité et ennuyeuse distance, telle était sa devise – ce titre : « Les deux fours à 75.000 euros d’Air Sarko One« . Notez bien, pas de guillemets, pas de smiley dans le texte, non : Air Sarko One, sans guillemets ni smileys, c’est donc, nous l’apprenons dans l’article en question, le nom de l’avion de la Présidence de la République française. Le journaleux qui a commis ce texte n’apprécie sans doute pas monsieur Sarkozy ; on perçoit aisément son hostilité, et c’est son droit !  et je vais vous dire, moi aussi ça me gonfle, ces dépenses pharaoniques sur notre dos. Mais il le hait, et il l’écrit, et l’article est mensonger – des fours autres que pour  réchauffer, on en trouve dans les classes Affaires et Premières des longs-courriers de ligne – et ce titre est racoleur, putassier, une insulte – aux lecteurs, qu’on prend pour des gogos. Tant qu’on y est, pourquoi pas Air Nabot One ? Ce n’est pas du journalisme, c’est une agression ad hominem.

Tibert

L'argent des Auvergnats (bis)

Monsieur Delanoé –  pas le parolier de Gilbert Bécaud, non ; le maire actuel de Paris – a lui aussi, y a pas de raison, des idées en matière d’économie. Des idées originales ? s’agissant de soutirer encore un peu plus d’argent des poches des Françaises-et-des-Français,  la classe politique a toujours plein d’idées, mais qui se ramènent, grosso modo, à deux variantes : augmenter les impôts actuels, ou en créer de nouveaux. Là où la créativité se débride, c’est sur la dénomination : et que je te sors de la CSG déductible et non-déductible (celle où l’on est taxé sur l’impôt qu’on a versé, eh oui, ils connaissent la récursivité, au Ministère des Impôts – le RDS, l’ISF, l’IRPP, le… bref, des sigles qui sonnent bien, inventifs, beaux.

Et comme monsieur Delanoé est de gauche, il propose un impôt sur les hauts revenus (question de bon sens : les pauvres, il n’y a guère de jus à tirer) « exceptionnel et limité dans le temps » (tu parles, Charles ! ). Notez bien que « haut revenu » c’est extrêmement vague : selon que vous êtes juché sur un tabouret, un escabeau, ou les pieds dans un trou, la perspective n’est pas la même. Mais enfin, il s’agit, on l’aura deviné ou lu dans le lien internet que je vous ai obligeamment fourni, de désendetter le pays grâce à cette ponction « exceptionnelle et limitée dans le temps« .

J’ai, moi, une autre suggestion : si, au lieu de crêcher à l’Hôtel de Ville de Paris, énorme tarte à la crème dont l’entretien est fort dispendieux, le maire de la ville logeait dans un des innombrables HLM haut-de-gamme que Paris possède et gère (*) ; si, au lieu d’occuper des monuments historiques, nos ministres allaient bosser, comme tout gratte-papier normal, dans des bureaux normaux ; si, au lieu de  « jets » privés, ils prenaient le train ; s’ils mettaient la pédale douce sur les réceptions à 2-300  euros par tête de pipe, les douches du Grand Palais au prix de deux Ferrari, les locations de cendriers à 50 euros le cendrier pour la journée (*), bref s’ils montraient l’exemple en matière de maîtrise des dépenses et de gestion responsable de nos impôts, on pourrait commencer à les prendre au sérieux. Politiciennes, politiciens, ministres, ministres, sénatrices, sénateurs, c’est à vous !

Tibert

(*) Place de Catalogne, ou Place de Séoul (Paris 14ème), tiens, les immeubles-miroirs de Ricardo Bofill : ce sont des HLM tout à fait corrects, pas trop bas de gamme.

(**) authentique !

Encore un Co

Tiens, on s’indigne, on se fout en rogne, on en reste révoltés, de tous ces voyages ministériels en « jet » privé, en « jet »-taxi, et surtout pas en « jet » de ligne : ça NOUS coûte les yeux de la tête, c’est une ruine pour la république et un bras d’honneur aux principes démocratiques. Bon, on en a causé abondamment, vous êtes bien d’accord avec moi, n’est-ce-pas ?

Eh bien, après le co-voiturage, le co-lunching, le co-piloting, le co-cooning, le co-ce que vous voudrez-ing, j’ai le plaisir de vous annoncer le coJetage ! Le quoi ? ben quoi, cliquez sur le mulot le lien là à gauche, ah je vous jure ! le gras en rouge là… ma parole, à quoi ça sert que je me décarcasse ? Bon, ça y est ? le coJetage !! c’est pas pour vous, c’est encore un peu cher ; c’est pour que vous le répétiez à la concierge du sous-secrétaire du ministre, qui le répètera etc, etc, et finalement les ministres vont savoir que ça existe, le coJetage. L’efficacité, le luxe et le non-promiscuitieux du jet privé, sans les révélations du Canard enchaîné ! le top, quoi.

Tenez, y a un coJetage vers Figari : alors, les ministres, inscrivez-vous, y a encore de la place. Pour quoi y foutre, à Figari ? je sais pas, moi, inaugurez un truc culturel, posez la première pierre d’une gendarmerie pas encore plastiquée, visitez une classe maternelle, ce sera toujours moins cher que la défense de la grande barrière de corail aux Seychelles.

Tibert

Mon Dieu que c'est confus !

Mes professeurs successifs, tant de lettres que de maths ou de philo, insistaient à juste titre sur la nécessite de clarté dans le propos, dans la démarche intellectuelle. Certains y ajoutaient l’exigence de légèreté, d’élégance. Mais bon, l’élégance, ça vient loin derrière les qualités premières : clarté, lisibilité, cohérence. L’élégance, c’est la cerise sur le propos.

Ils avaient bien raison, et je vais donc essayer d’être clair – clair sur le thème que voici, thème lancinant tant il est rebattu, et tiens, encore hier soir, dans le Monde : « Plus de 30.000 fonctionnaires non remplacés l’année prochaine« . Certains lecteurs y vont bien sûr de leurs anathèmes ou de leurs lamentations : « …ils accélèrent l’équarrissage de la fonction publique pour en privatiser des pans entiers« . La fin des haricots, la détresse, quoi… l’équarissage, vous voyez.

Ces protestations relèvent de la croyance dur comme fer dans l’absolu parallélisme entre Service Public et Fonction Publique. Eh non, ces deux concepts ne sont pas liés rigidement ! la Fonction Publique est au service du public : oui, je veux, et je paye pour ça, et vous aussi. Mais un Service Public n’est pas nécessairement assuré par un salarié de l’état, non. Pourquoi faudrait-il que la piqoûse intraveineuse sur le patient Paul Dutibiah à l’hôpital Dupuytren de Mézidon-sur-Bièvre soit assurée par un agent de l’Etat ? C’est une fonction d’Etat, infirmière ? alors que foutent-elles / ils, toutes celles-z’et-ceux qui bossent dans les cliniques privées ? ils se sont trompés de porte ?

Il est parfaitement possible de réduire le nombre de fonctionnaires tout en maintenant un service public de qualité : en passant des contrats avec des entreprises privées, qui feront le boulot aussi bien – dans la mesure, évidemment, où elles seront contrôlées, évaluées, récompensées, sanctionnées, mises en concurrence.

J’en profite ici – permettez moi de donner mon sentiment tout personnel – pour insister sur le maintien de services publics de qualité dans ce pays. Si si, j’y suis sincèrement attaché,  même si ça coûte. Mais pas forcément assurés par des agents de l’Etat, vous voyez ? la mise en concurrence, ça a du bon. L’émulation, tout ça…

A contrario, un exemple des chouettes résultats de la logique tout-étatique : du temps de feue la RDA, même les types qui concevaient les bagnoles socialistes, et ceux qui les construisaient, étaient fonctionnaires – d’ailleurs tout le monde bossait, ou ne foutait rien, c’est selon, pour l’Etat : ça a donné la superbe, l’inoubliable Trabant, 3 ans de file d’attente pour en avoir une, et en plus elle fumait bleu. Et ça a donné aussi la Stasi, pour empêcher de nuire ceux qui doutaient de l’excellence de la Trabant.

Allez, c’est tout pour aujourd’hui.

Tibert

CAS : que d'ors !

Le CAS, qu’est-ce ? Le Conseil d’Analyse de la Société ( comme existe le CAE, E pour Economie, et un deuxième CAS, S pour Stratégie… la liste serait longue de tous ces organismes « Théodule » comme les charriait De Gaulle ), ce CAS numéro 1 existe, et nous en payons le fonctionnement, à défaut de savoir précisément ce que ça nous coûte, ce qu’il produit et à quoi ça sert.

Le CAS, 32 membres en principe – mais j’en ai dénombré 34 dans la liste obligeamment fournie par nos Maîtres – sert au moins à monsieur Luc Ferry, ex-ministre de l’Educ’Nat’, prof ‘et agrégé de philosophie, à justifier qu’il ne dispense pas les cours pour lesquels une université parisienne le paye cette année (*). Trop occupé, pas le temps : le CAS lui bouffe toute son énergie et occupe ses pensées, à plein temps, vous pensez bien. Une séance pleinière par mois, rien que ça, plus des groupes de travail par ci par là… et un rapport annuel à pondre. Or il se trouve que monsieur Ferry est le moteur de cet organisme, la tête : c’est écrasant, vous pensez bien, il ne peut rien faire d’autre.

Fort légitimement, le président de l’université dont je vous cause, et qui emploie monsieur Ferry – salaires, mise à disposition de locaux et infrastructures – a protesté : monsieur Ferry a bien touché son salaire de prof’, mais pas assuré ses cours. On ignore d’ailleurs si les étudiants ont exprimé les mêmes insatisfactions, l’histoire ne le dit pas ; non plus que de nous renseigner sur le remplacement de monsieur Ferry par un autre pédagogue, ou si ça a été quartier libre, parties de flipper et bistrot du coin. Cent-quatre-vingt-douze heures de flipper, ça permet de progresser, mais ça ne remplace pas la Critique de la raison Pure.

Eh bien, magnanime, et pour couper court à toute polémique mal venue, le Premier Ministre – ou ses services – a décidé de rembourser sur ses fonds les salaires versés en pure perte à monsieur Ferry. Aahhhh ! direz-vous, c’est sympa, c’est mieux comme ça. Sauf que, les universités, c’est sur le budget de la Nation qu’elles fonctionnent, et les services du Premier Ministre… aussi ! tout ça sort de NOS poches.

Epilogue : je n’ai pu savoir si le CAS avait un budget, si ses membres étaient rétribués, ou indemnisés. Silence là-dessus. Je n’ai pas plus été en mesure de savoir où siège ce CAS : ils se réunissent une fois par mois, est-ce dans l’arrière-salle du Zanzi-bar à La Garenne-Bezons ? avec un panach’ ou un diabolo-menthe pour siroter en discutant ? mystère. Si vous avez des lumières, éclairez-moi.

Tibert

(*) On ne peut s’empêcher de rapprocher cette affaire embarrassante avec les révélations incomplètes mais suggestives de monsieur Ferry sur les supposés loisirs pédophiles d’un ex-ministre… renvoi d’ascenseur ?

Une ou deux perles pour vous rafraîchir

Foin des charges véhémentes contre le Franglais les barbarismes à-peu-près contre-sens et autres boues de l’écrit : je lis ce matin un article épinglant l’ex-ministre et Charente-Poitouiste éminent, j’ai nommé monsieur Bussereau, du fait qu’on lui a imputé pour  757.130 euros de frais d’avions-taxis au cours de son mandat au maroquin de l’Agriculture (les Marocains de l’agriculture, c’est d’un autre ordre, je ne vous apprends rien !).

Le chiffre est intéressant, non que ce soit une somme effrayante – pour un porte-avion nucléaire, c’est peanuts, une goupille et une rondelle du 3ème châssis pivotant de la tourelle babord numéro 5 – mais parce que ça représente 26.108 euros par mois de ministère.

Bon… et alors ? sachant que les lignes intérieures françaises n’ont pas de « Première », seulement des classes « Affaires » à proposer aux femmes-et-hommes politiques, on comprend que monsieur Bussereau répugne à se mélanger au vulgum pecus des hommes d’affaires avec leurs attaché-cases et leurs dossiers. Fi donc ! allez hop, chauffeur, au Bourget, taxi (avion-taxi), et que ça saute ! Le contribuable peut payer.

Pour comparaison, le précédent ministre – un ministre, c’est fugace, ça change, ça change… de vrais courants d’air ! – avait dépensé en moyenne 2.100 euros par mois pour le même poste budgétaire, soit 12 fois moins : ou bien il était super casanier et pantouflard, ou bien il faisait tout par téléphone, visio-conférences et internet, ou bien il voyageait en classe Eco chez Ryan-Air ou EasyJet. Miteux…

Ensuite, et c’est là que c’est cocasse et juteux, le commentaire de l’intéressé sur cette affaire : Dominique Bussereau a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’un « rapport officiel de l’Inspection générale de l’agriculture mais d’un document individuel rédigé par un inspecteur, par ailleurs élu socialiste ».

Comprenez bien : premio, ce rapport n’est pas officiel, et je m’asseois dessus ; deuxièmo, c’est un vulgaire inspecteur qui a gratté ça, et pire, c’est un socialiste ! donc ça vaut pas ! (corollaire : si c’était un UMP, ça vaudrait, mais de toutes façons il m’aurait pas cherché des poux dans la tête).

Bon, c’est tout pour aujourd’hui. Si je m’appelais Philippe Meyer ou Pierre Desproges, je m’obligerais à clore mon billet par une phrase-jingle, du genre « nous vivons une époque moderne », mais ma médiocre notoriété m’en dispense, vous le comprendrez.

Tibert