Une orange et un couteau de poche

Je l’entends à la radio, je le lis sur les canards, sur Toile ou sur papier pur papier : les Français, et même, tiens, les Européens – allons-y, carrément – vont se serrer les cordons de la bourse (des bourses, c’est idiot et ça fait mal) pour Noël. Tenez, j’en ai la preuve : ce lien.

Eh bien, c’est non seulement normal en ces temps de débine, mais ça devrait toujours être comme ça. Je sais que je vais me mettre à dos tous les rouages de la Distribution, les hypers-supers-moins supers et les petits commerces, mais tant pis. Noël c’est une fête chrétienne. Ah bon ? eh oui. Ah zut, ça change tout.

C’est une fête entre nous, en famille, tranquille ; si l’on croit au Petit Jésus on peut à la rigueur aller le lui dire, mais en tout cas ce n’est pas la fête des chéquiers. Les athées militants, les mécréants,  les Juifs (les Juifs, attendez donc Hanouka), les Musulmans, les agnostiques, ceux qui ne croient à rien, sauf au fait que rien ne mérite qu’on y croie, profitez de la trêve, ça n’engage justement à rien.  Faîtes-vous une petite bouffe, une soirée pizza-télé, etc, ad libitum. Mais au diable les crêpières électriques, les casseroles à fond spécial induction, les vaporisateurs de parfum, les gadgets stupides mais empaquetés pour faire jouli.

Si vous y tenez, une orange – une bonne, pour une fois ; un couteau de poche – robuste et qui servira, pas un truc à piles avec des femmes à poil ou qui joue la Cucaracha – ou un truc dont on a vraiment besoin, et basta. Et pour les gosses ? ben oui, faut marquer le coup… c’est Noël ; mais pas à coups de bidules en plastique à la con, et en plus avec des piles ! faut les désintoxiquer, ces petits.

Et tiens, pendant que j’y pense : pas de pub’ dans ma boîte à lettres, merci.

Tibert

Hubert à l'aise

C’est historique, la chancelière allemande, Angela pour les copines (Ann-guéla en phonétique) assistera aux cérémonies du 11 novembre chez nous. Bon, très bien, c’est une page de tournée, 3 millions de morts équitablement répartis, LA grande boucherie du vingtième siècle, l’imbécile traité de Versailles, le nazisme, etc etc, vous connaissez.

Mais ce que ne sait pas le service du proctocole élyséen, c’est que l’hymne allemand, dont la zizique date de 1797, composée tout de même, non par un obscur Rouget, mais par monsieur Haydn Joseph – qui l’a d’ailleurs réutilisée pour un de ses quatuors, il n’y a pas de petites économies -, cet hymne allemand, donc, a été tronqué depuis longtemps de son fameux premier couplet « Deutschland, Deutschland über alles » ( » l’Allemagne (bis) par dessus tout ») , pour l’évidente raison que c’est très connoté Troisième Reich. On n’en chante donc que la fin, et c’est très bien comme ça, c’est largement suffisant.

Mais « … über alles« , c’est pourtant les paroles que les choeurs convoqués pour la cérémonie de ce jour à Paris vont, paraît-il,  servir à Ann-guéla ! eh oui, une bourde, une vraie, mais que voulez-vous, le service du Proctocole Elyséen est en sous-effectif, et puis, les hymnes, c’est la musique qui compte, pas vrai ? suffira de chanter en « yaourt », on n’y verra que du feu.

Tout ça pour dire que, même si Ann-guéla fait poliment semblant de ne rien remarquer, c’est pour nous autres sujet à méditer :

– les Allemands ont tiré les leçons de l’histoire, et nous le savions pas,

– nous sommes, nous, quasiment tous incapables de citer le troisième couplet de la Marseillaise,

– nous sommes encore moins capables de remettre en question les paroles obsolètes, va-t-en-guerre, sexistes et choquantes du début – et de la suite ! – de notre hymne : il y a longtemps qu’on aurait dû reléguer les horreurs du sang impur et des féroces soldats aux manuels d’histoire. Moi, telles que sont les paroles, je préfère chanter en « yaourt ».

Allez, pour ne pas vous faire languir plus longtemps… le troisième couplet :

Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !

Assez daté, hein, je vous avais prévenus.

Tibert

Prions Sainte Parité

Les évêques de France se sont réunis (voir le Figarôt) … à Lourdes, car là-bas il est facile d’organiser des colloques : il y a plein d’hôtels, et en ce moment c’est la morte-saison, on peut marchander sa chambre. Profitez-en au passage pour voir la belle photo de groupe, tous déguisés en longue robe verte avec une petite calotte violette du plus bel effet.

Mais là n’est pas mon propos, et si les évêques aiment  se travestir, grand bien leur fasse. Ils se sont réunis pour parler de la crise des vocations : « quand j’ordonne deux prêtres par an, j’en enterre vingt« , dit le chef de la catholicité lyonnaise. Effectivement, je me souviens des paroisses rurales des années cinquante, avec chacune son curé, son vicaire et sa gouvernante, tandis que de nos jours, pour un canton, on compte un curé, le même que celui des années cinquante, et il fait sa ronde en voiture, histoire de faire le tour des églises du coin, pour aérer un peu.

La réponse est simple, évidente, et juste : à l’heure où les femmes réclament – elles ont raison – la parité partout dans l’entreprise, dans les salaires, en politique, bref dans la cité, qu’est-ce que c’est que ces réacs machos qui s’obstinent à refuser l’accès de nos soeurs, nos compagnes à des responsabilités dans leur grosse multinationale ? la photo de groupe que je vous ai commentée le montre : nonobstant les belles robes longues et vertes, ZERO pour cent de femmes chez les évêques français !! pas une ! que des jambes poilues sous les déguisements.

Oui, qu’est-ce qu’il attend, le PDG, là, monsieur Ratzinger, pour ouvrir l’accès aux postes de responsabilité aux femmes ? hein ? et le gouvernement qui envisage des sanctions pour les boîtes qui sont trop machos, là, il laisse faire ? il n’y a pas plus macho que l’église catho, et ça rime.

Rêvons un peu… si le curé était une femme, retrouverions-nous le chemin de la messe du dimanche ? fréquenterions-nous de nouveau la pénombre murmurante des confessionnaux ? le glissement du volet de bois… le bruissement des surplis… ma Mère, j’ai eu des pensées impures… combien de fois, mon fils ?

Tibert

De l'importance des bons accords

Je ne sais pas lequel des deux sujets est à privilégier, mais je vais procéder dans l’ordre, hein ? je commence donc par le premier.

Les Verts Rhône-alpins ont décidé de se ranger sous la brillante bannière de monsieur Philippe Meirieu pour les élections régionales à venir. Voilà qui dit clairement dans quelle confusion mentale sont tombés ces pauvres gens ! monsieur Meirieu Philippe, grand gourou de la science éducationnelle, théoricien de l’éclatante réussite de l’Educ’Nat’ depuis 20 ans (« Aucun savoir n’est supérieur à un autre« , c’est bien connu), de la déréliction des IUFMs et de la m… où est tombé l’enseignement public en France (*): monsieur Meirieu est écologiste !! et nous l’ignorions. Voilà qui est réparé. Et bon vent aux Verts Rhône-alpins : si j’habitais là-bas, je passerais bien au large.

Boudin

Deuxio : je vous cause, là, de la photo dont auquel j’ai épinglé en haut de mon blog. « Les journées du boudin délocalisées« . Ca se passe à Noirétable, joli village des Bois Noirs et du Forez réunis. J’ai repris le titre de cet important article dans la gazette locale,qui s’intitule « La Gazette », eh oui, et je suis pas peu fier de la qualité des journaleux de par ces coins. En voilà des journaleux qui savent accorder les participes passés ! car si l’on avait écrit « Les journées du boudin délocalisé« , ça vous aurait eu une toute autre gueule : s’agit pas que le boudin vienne maintenant de Lituanie, de Chine ou du Bangla-Desh, ah ça alors où va-t-on ?  et jusqu’où ira-t-on ?

Non, ce sont les journées du boudin qui sont délocalisées. Ah bon ! En fait, pas bien loin :  c’est le club de foot de Boën-Trelins qui organise les célèbres Journées du Boudin, délocalisées cette année à Noirétable. Ce sera les 14 et 15 novembre, et il y aura des intronisations dans la Chevalerie du Boudin : à vos agendas, donc  !

Tibert

(*) entre autres joyeusetés sur les IUFMs, lire cet instructif témoignage :  « La ferme aux professeurs – journal d’un stagiaire », de François Vermorel.

On tacle le nabot

Vous irez vérifier si vous voulez, mais, du Figarôt à Libé en passant par l’Equipe (qui est le seul canard à utiliser le terme proprement) ça « tacle » dans tous les sens. Monsieur Lellouche (UMP) « tacle » les eurosceptiques Anglais, monsieur Sarkozy « tacle », je « tacle », nous « taclons »… on joue tous au foot. Avec un verbe rosbif, laid, et inapproprié.

Mais bon… le débat sur l’Identité française n’en fera pas moins apparaître un large consensus sur l’appartenance à une communauté linguistique… sauf bien entendu de la part des journaleux, pour qui tout ce qui vient des Anglos et des Saxons, et inversement, est béni.

Ceci étant, je lis régulièrement les réactions des lecteurs des canards-sur-Toile – très intéressantes, les réactions des lecteurs, ça vaut largement certains sondages à 15.000 euros pièce –  et je constate que monsieur Sarkozy, Nicolas, dont j’ignore la taille sous la toise, est assez souvent surnommé « le nabot« . Les surnoms valent ce qu’ils valent, c’est-à-dire pas grand’chose, mais, personnellement, si j’étais membre de l’intersyndicale des naines et nains, ou de SOS-Petites Tailles, je ne manquerais pas de déposer plainte : je ne vois pas en quoi le fait de mesurer moins de 1,70 mètres pourrait impliquer une incapacité à exercer la profession de Président de la République. Hôtesse de l’air, policier, pompier, basketteur : d’accord, il y a des normes minimales à respecter ; mais Président de la République, pas pour le moment.  Et il existe d’excellents tabourets, escabeaux, marchepieds pour atteindre les rayons supérieurs des bibliothèques, et les pots de confiture sur les étagères les plus hautes. Par ailleurs, c’est un avantage certain que d’être de petite taille, pour se faufiler discrètement au premier rang pour les photos de classe, pour accéder aux buffets gratuits, etc.

Nabot, dites-vous ? minable, cette insulte… insultante, quasiment raciste, et même pas politique.

Tibert

De quoi sont les caisses ?

Ou « les caisses, qu’est-ce ? »…  bref vous voyez.

Le canard gratoche local du coin-coin nous annonce en « une » : « les caisses s’automatisent« . C’est bien vrai madame Michu. Dire que les caissières-et-les-caissiers ont tout juste appris à dire « bonjour » quand vous passez la ligne rouge devant leur tapis – ça fait juste trois minutes que vous êtes là à poireauter devant eux. Et tout ça pour rien : va falloir maintenant que celles-ou-ceux (*) qui ne seront pas virés surveillent quand vous passerez vous-mêmes vos articles sur le tapis de caisse.

En fait, NON les caisses ne s’automatisent pas : c’est le client qui fait la caissière. Avec des moniteurs soupçonneux pour vérifier qu’il code-barrise bien tous ses articles, n’oubliant pas la caisse de Chassagne-Montrachet 2005 au fond de son chariot. Non contents de vous revendre 1,30  euro la laitue lamentable qu’ils ont raquée 20 centimes au maraîcher, nos chers supermarchés vous font bosser. Le client était roi, mais les temps changent. Le client est la reine des poires.

Au fait : sur les autoroutes, c’est kif-kif le supermarché. Fini la gentille caissière-guichetière au péage de Gromorne-Sur-Sotize. C’est à vous, cher automobiliste, de faire l’appoint et la guichetière. Et tant pis pour la file de bagnoles klaxonnantes et furibardes derrière vous si la pièce de 2 euros refuse obstinément de passer dans le monnayeur. Sale faussaire !

Tibert,

(*) Fatigant, « celles ou ceux« , « Françaises, Français« … je voudrais pas être femme-ou-homme politique. Zut quoi, on est tous du genre humain, non ? on pourrait pas simplifier ? disons, quand il y a des échantillons des deux genres, on met tout au… masculin ?  au féminin ? on tire à pile ou face ? ça vous va ?

Encore du foot !

Eh oui, encore du foot. Ras le bol, du foot. Surtout quand on n’y joue pas.

Mais hier je parcourais l’Hibernation-Sur-Toile, et tombai sur un article

« Morano à Yade : « On se tait, ou on s’en va » : La secrétaire d’Etat chargée de la famille tacle sa collègue des Sports…

… et ce matin tôt, ou tôt ce matin, ou ce tôt matin, bref, je parcours le Figarôt-Sur-Toile, et retombe sur la même info , légèrement maquillée :

Morano à Yade : « Soit on se tait, soit on s’en va » : La secrétaire d’Etat chargée de la famille tacle sa collègue des Sports…

Bref je les prends en flagrant délit de pompage ! historiquement, j’ignore lequel des deux a triché, vu qu’hier je n’ai pas regardé le Figarôt, qui le dimanche, ne se fatigue guère à actualiser ses pages. Donc, a priori c’est le Figarôt qui copie, mais si ça se trouve, c’est Libé qui a plagié le Figarôt (jusqu’où ? zat is ze couestionn !), ce qui, il y a 10 ans, aurait fait hurler de rire, et inversement.

Mais, chère bloguiste, cher bloguiste, je voudrais ici attirer votre attention sur le « tacle » :  de l’anglais tackle , s’attaquer à, empoigner, et, spécifiquement au football, pousser le ballon entre les jambes du détenteur (du ballon) avec ses pieds… le tacle glissé voit ainsi le défenseur se laisser tomber-glisser, les jambes en avant – zzzzip, c’est mieux si le terrain est gras – pour pousser le ballon hors des pieds de l’attaquant. Figure difficile et dangereuse, car si l’on ne vise pas bien, c’est la cheville de l’attaquant qui se fait tacler, aïe aïe aïe.

Qu’un canard sportif sorte des compte-rendus comme ça, d’accord… que madame Yade, en seyant short rouge et protège-tibias, tacle madame Morano, ce serait encore presque normal, vu qu’elle s’occupe de sports… le tacle, elle doit savoir comment ça fonctionne. Mais dans le sens inverse… j’ai des doutes. J’ignore si c’était un tacle glissé, j’ignore si elle a chopé un carton jaune, si madame Yade a perdu le ballon, si sa cheville va bien… bref on n’en sait pas plus pour le moment.

Evidemment, si madame Morano avait « repris », « contré », « corrigé », « invectivé », « apostrophé » madame Yade, j’aurais perdu l’occasion d’écrire un billet.

Tibert

Handball-tampon

Un peu de sport, une fois (… n’est pas coutume, eh oh, je ne suis pas Belge). C’est plein de magouilles, le sport, mais généralement ça se fait discrètement. Là, en revanche, c’est la forme canonique de la magouille, le paradigme de la magouille. Regardez cette vidéo si vous le pouvez, elle est édifiante. Je l’ai dénichée sur L’Hibernation, qui titre « L’entraîneur le plus stupide de l’année« . Personnellement, j’aurais écrit pourri, pas stupide.

Bref, l’entraîneur des championnes autrichiennes de hand’, délibérément, entre sur le terrain et percute la joueuse messine (*)  qui filait avec la baballe, l’empêchant ainsi d’aller marquer le but de la victoire : il ne reste en effet que quelques secondes à jouer, et les deux équipes sont à égalité. Evidemment ça fait paf, ça casse le rythme… on voit alors le gars en question, expulsé du terrain mais content, satisfait, quasi hilare, revenir sur la touche, congratulé d’ailleurs par ses potes.

Coup franc, carton rouge (carton rouge pour un entraîneur… n’importe quoi), mais c’est foutu, l’élan est cassé, le mal est fait, les Messines sont couillonnées, si j’ose dire, privées de leur potentielle victoire.  Dégueulasse, non ?

Evidemment, c’est révoltant ; et de susciter moult commentaires indignés chez les lecteurs de Libé. Mais je laisse le mot de la fin à l’un d’eux, qui, je crois, a tout compris. Je suppose que c’est un homme ? c’est mal rédigé, brut de fonderie, sans doute dans l’émotion, la hâte de réagir, mais ça fait mouche :

« Cet entrLes femmes n’ont pas à faire de sport. » Et paf ! En plus c’est l’heure de la troisième prière de la journée.

Tibert

(*)  il ne s’agit pas de Messine, où l’on va pêcher la sardine – on va, d’ailleurs, à Lorient pêcher le hareng – mais des Messines :  des habitantes de Metz, l’équipe championne féminine de handball. Vous le saviez, vous ?  moi non plus. C’est fou ce qu’on apprend en lisant ce blog.