Surprise, étonnement et gras-double

Monsieur Benoît « Burn-Out » Hamon a des lettres, personne n’en doute, mais l’émotion a eu raison de sa rigueur syntaxique et de sa maîtrise de la langue : tenez, ce bout d’entrevue avec un gus de TF1… on lui demande de commenter la décision de Manuel Valls qui, sans appeler à voter ailleurs (suivez mon regard vers d’élégantes et jeunes rouflaquettes) ne  recommandera pas ledit Benoît à « ses amies et ses amis ».  Notez, on s’en doutait un peu, que Manuel V. ne brûlait pas d’enthousiasme pour supporter le héraut désigné de la gauche pas rebelle, un des meneurs, justement, qui lui ont pourri sa Première-Ministritude, l’obligeant à de savantes manoeuvres, à de dévastatrices rafales de 49.3…

Bref donc, visiblement troublé, Benoît H. répond au journaleux : « Mais… mais je découvre… cette décision… elle m’a… honnêtement surprise…mais en même temps… gnagnagna…« .

Voilà… si je pouvais mettre « surprise » en double gras je le ferais, mais ça n’existe pas, le gras double, sauf à la lyonnaise : prenez des oignons doux taillés en rondelles, faites-les blondir et fondre lentement dans une excellente huile de goût neutre ; saupoudrer de farine et singer (*) avant d’y incorporer les tripes taillées en lamelles ; laisser mijoter, rectifier l’assaisonnement… mais je m’égare, là, revenons à notre Hamon. Il n’a évidemment pas voulu dire ça, la confusion des genres ce n’est pas sa tasse de thé, mais « surpris » serait déjà nettement plus indiqué. Et puis, tenez, cette célébrissime boutade liée à monsieur Littré le lettré, qui, outre son dictionnaire, était en train de prendre du bon temps avec la bonne de la maison – je cite le Wiki :

« Un jour qu’il la lutinait [la bonne, donc, NDLR], Madame Littré poussa la porte et s’écria : « Ah, monsieur, je suis surprise ! » Et le regretté Littré, se rajustant, lui répondit : « Non, madame, vous êtes étonnée. C’est nous qui sommes surpris. »

Voilà, Benoît. Rectifions donc, l’émotion passée : « Mais… mais je découvre… cette décision… elle m’a… honnêtement étonné…mais en même temps… gnagnagna…« . Allons donc ! tu parles, Charles, qu’elle t’a étonné !

Tibert

(*) Singer : vieux et savoureux terme de cuisine, qui se perd, hélas. On laisse légèrement roussir la farine dans le gras de la préparation, pour épaissir et « griller » quelque peu le fond de sauce (ensuite on procède au mouillement… un demi-verre de blanc sec, pas plus !). Fariner pour singer, oui, ça remplace vaguement, mais il y manque le tour de main. Et puis, j’oubliais ! une tombée de coriandre fraîche hachée, sur le gras-double à la lyonnaise.

Mon blog, Made for partaging

D’abord, juste un moment de piété hagiographique envers le désormais officiel-officiel du PS, Benoît H. Certains mal embouchés brocardent ses très modestes références scolaires : après le Bac’, une licence d’Histoire, et rien de plus… pffft c’est pas glorieux, clament-ils. Et  Le Monde de dégonfler avec zèle cette désobligeante rumeur, je cite texto : « Les engagements syndicaux et politiques précoces de Benoît Hamon ne lui ont effectivement pas laissé le temps de faire de longues études, puisqu’il s’est contenté d’une licence d’histoire à l’université de Bretagne-Occidentale à Brest avant d’entrer en politique comme assistant parlementaire du député PS Pierre Brana« .

Comme quoi, l’Histoire et l’hagiographie ça va bien ensemble 😉 Mais creusons… « entré en politique », Benoît, comme on entre en religion, ce qui n’est pas faux ! né en 1967, il doit avoir eu sa licence (Bac+3) à 20 ans ou 21 ans sauf parcours hors-norme, soit en 87 ou 88. Il est dit (voir Wiki) qu’il s’engage en politique à 19 ans, soit en 86 (les manifs contre la loi Devaquet). Et il est embauché comme assistant parlementaire en 1991… en fait de 88 à 91 il avait tout à fait le temps de se faire une petite Maîtrise d’Histoire – soit deux années après la Licence – voire plus. Mais c’est que ses engagements syndicaux et politiques précoces l’ont vachement accaparé ! faire de la politique ou étudier, il fallait choisir. Admettez qu’il a pas mal choisi, joué les bons chevaux, Benoît : Rocardien, Aubryste et tout et tout.

Mais bon, on ne va pas passer la journée là-dessus. Je voulais surtout réagir à l’annonce des initiatives parigotes pour avoir les J.O. de 2024… enfin de lointains et futurs J.O., si nous sommes encore là !  Outre que ça va nous coûter un bras en pure perte et mettre un bazar noir dans la région parisienne qui n’en a vraiment pas besoin, on en est réduits à regarder nos édiles lécher les bottes des anglophones, sous prétexte que leur langue est comprise partout. Ce qui revient à renoncer, nous, à défendre et populariser la nôtre, qui est largement aussi belle, et tellement mieux articulée ! « Made for sharing » disent-ils… nous voilà encore débinés – humiliés, quasiment – malgré nous et par des gens qui sont censés nous représenter. Ils ne seraient donc pas foutus, les étrangers, de goûter le charme d’un « Venez partager », « Paris pour le partage » ou similaire, éventuellement sous-titré en petit et en Rosbif juste en dessous (*)  ? ils utilisent nos rendez-vous, nos cul-de sac, nos ménages à trois, nos c’est la vie, nos et voilà, et ils seraient réfractaires à un ou deux mots de plus ? et le mot de Cambronne, ils connaissent ? au diable les J.O., en french in ze text.

Tibert

P-S : j’oubliais ! un article du Fig’haro qui fait débat, qui se discute, mais qui pose de vraies bonnes questions sans trop y répondre, d’ailleurs ; tenez, si vous voulez y jeter un cil, c’est ici. II cause de l’affaire Fillon, bien évidemment.

(*) ça se fait tous les jours – dans l’autre sens, évidemment – dans des milliers  de pubs de chez nous anglicisantes à souhait. Tenez, le slogan Nissan, par exemple, Innovation that excites, en anglais ça a tellement plus d’allure un Qashqai (avec la traduction en dessous : c’est obligatoire en principe, sauf pour le slogan des J.O. !).

Fronde et contorsionnisme

Je me réjouissais, hier, de la visite protocolaire que le vainqueur de la BAP – la Belle Alliance Populaire – Benoît « Burn-out » Hamon a rendue au locataire actuel de Matignon, monsieur Cazeneuve. Il n’y allait pas pour serrer poliment la cuiller au Premier Ministre es-qualité et lui bouffer ses petits fours en lapant sa tasse de Darjeeling, non, il allait rencontrer ce Premier ministre qui est aussi membre du PS. Lui signifier que dorénavant c’était lui le légitime…

Eh bien tout en touillant son Lapsang-Souchong, le Cazeneuve lui a suavement sorti que « La gauche ne réussira pas sans assumer le bilan du quinquennat« . Eh oui, il en est, lui, Cazeneuve, du bilan du quinquennat, et comment, les deux pieds dedans, avec Normal-1er, Valls, Ayrault, Taubira etc, et voilà un de ceux qui leur ont pourri la vie depuis des mois, un des « frondeurs », voilà qu’il vient lui piétiner ses plates-bandes et marquer son –  futur – territoire ! Ces empêcheurs de gouverner peinard  qui piaillent avec véhémence et constance que ça ne va pas assez à gauche, là… qui obligent à sortir la Grosse-Bertha 49.3 à tout bout de champ…

Ainsi le voilà prévenu notre Benoît H. : pas question de s’essuyer les godasses sur les réalisations de l’ère hollandaise : il faudra les assumer, s’abstenir de les brocarder, voire les encenser, ou bien se couper de plein de gens utiles et qui ont toujours le bras assez long. Voilà qui donnera lieu à de douloureuses contorsions, de difficiles dosages dans l’éreintement laudatif, et vice-versa. Ce sera réjouissant à voir.

Peine perdue probablement, car monsieur H. occupe une position assez inconfortable : il doublonne clairement à gauche avec le Mélenchon… il pourrait bien essayer de fusionner avec, mais vous n’y pensez pas, ça froisse les ego. Et puis il fera la danse du ventre pour se gagner les Verts, mais même si ça se fait ça ne fera pas lourd de suffrages. De l’autre côté les sociaux-démocrates, ceux qui doutent de la société du Rien-Foutre-En-France et du Revenu Universel d’Existence, ceux-là, qui sont nombreux, ont au moins une carte à jouer, et en dehors de la BAP, eh eh. Tenez, lisez donc ce que dit monsieur Bergé, le mécène indéfectible de la gauche, lui qui avait jusqu’ici la foi d’un charbonnier aveugle et sourd pour le PS.

Tout ça pour vous dire, ça promet d’être cocasse. Nous aurons de savoureux moments à vivre d’ici le mois de Mai.

Tibert

Exister ? ça eût payé

La Primaire de la Gauche voit couler le court torrent agité (*) des propositions des sept « candidate et candidats » – agité ça c’est sûr : on navigue à vue, on approxime et on a du mal  à suivre.  Tenez, un juteux article du Monde attire notre attention flottante sur la proposition-phare du candidat Benoît « Burn-out » Hamon  – pas la légalisation du cannabis, là il joue la bonne partition – mais son RUE, son « Revenu Universel d’Existence ». Revenu qui devait coûter, au début, autour de 400 milliards, donc doubler le budget de l’Etat, rien que ça, allez hop, soyons fous… et puis en fait non, en arrière toute, le RUE n’est plus là aux dernières nouvelles. On navigue à vue, je vous dis ! Au départ c’était 750 euros par mois sans conditions ; on propose juste maintenant d’étudier citoyennement comment qu’on pourrait, comment qu’y faudrait faire pour  instituer ce fameux revenu. Grattons-nous donc la tête sur le vaste sujet du RUE, c’est la dernière mouture des propositions hamonesques.

Article juteux et largement apprécié : tenez, deux morceaux choisis des commentaires de lecteurs : « C’est un pro. Si cela ne marche pas : marche arrière toute. Son métier c’est la politique. s’il savait faire autre chose, il ne serait pas là. Ce sont les plus dangereux. « 

Un  autre : « Je vais voter pour ce type ! Il est tellement politicien, qu’il fera exactement l’inverse de ce qu’il a annoncé dans son « programme« . »

Bref, vous devriez lire tout ça, c’est instructif :  la vieille balançoire droite-gauche et la politique politicienne et irresponsable, à bout de souffle, dans leur tragique nudité, ou dans toute leur splendeur, comme vous voudrez.

Tibert

(*) Mutine, une référence cinématographique s’est glissée dans ces termes.

Génie très personnel et centimes d’euro

D’abord, un truc irritant : on apprend très jeune à l’école – on apprenait, mais maintenant on sort sa calculette – que 2 centimes ça  fait 0,02 franc, 20 centimes 0,2 franc etc : on savait déplacer sa virgule, et vider les baignoires tout en les remplissant. Et je lis dans un article technique que les propriétaires de voitures électriques Tesla vont désormais devoir payer la recharge de leurs bolides (donc ça devait être gratuit avant ?) :  » Pour la France, le coût du kWh sera de 0,20 centime d’euro. Ainsi, un Paris-Rome (1 500 km), devrait coûter 60 €…« . Traduisons : 0,2 cent = 0,002 euro. Si je prends donc mes 60 euros du Paris-Rome divisés par 0,002, ça fait 30.000 Kwh pour 1.500 km, soit 2.000 Kwh / 100 km. Sachant que 1 litre d’essence brûlée libère environ 9,7 Kwh avant les pertes de rendement (*), 2.000 / 9,7 = 206 litres / 100 km. La Tesla consomme comme trois 40 tonnes bien chargés avec leurs semi-remorques… ah mais c’est du propre, c’est de l’électricité, attention !

Bon, trève de blagues saumâtres : c’est probablement 20 centimes d’euro (à peu près le prix coûtant) qu’il fallait écrire, pas 0,20 centimes. Ignares…

Bon, une dernière pour vous dérider (**) après cet aride calcul : Benoît « Burn-out » Hamon, un des sept candidats (j’allais écrire mercenaires) de la Primaire de la Gauche, interpelle monsieur Mélenchon, qui joue tout seul sa partition de candidat de gauche-gauche et refuse de faire le huitième couteau de la Primaire : « Il doit s’interroger sur sa capacité à l’emporter« , dit-il. Et de développer : « Mais je lui demande de regarder, avec un peu de lucidité, la capacité de la gauche à l’emporter sans rassemblement, mais également sa propre capacité, quel que soit son génie personnel, à l’emporter« . Et lui, Benoît Hamon, sa capacité ? hein ? sa propre capacité… et puis, tiens, son génie personnel ?

Tibert

(*) En prenant une valeur réaliste, un rendement du tiers, soit 3 Kwh/litre d’essence, ça équivaut en fait à 660 litres d’essence pour 100 km. Pas fameux…

(**) Et pour vraiment vous dérider, lisez donc Derrida.