Vous êtes sûr ?

Foin des Sar-causeries au coin de la télé, je vous laisse juge de la prestation d’hier soir. Le contenu peut se discuter, s’apprécier de diverses façons. Mais reconnaissons que ce type est bon à l’oral ; c’est indéniable.

Lu dans un précédent Figaro-sur-Toile, j’ai perdu la référence… on citait Jean-Louis Trintignant, ou l’on traitait de lui, et il se disait ceci, en substance : « les gens pétris de certitudes sont des imbéciles ».

C’est bien certain.

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Autre chose : on dit couramment « en son for intérieur » … mais pourquoi intérieur, hein ? je me / vous le demande. Il n’existe pas de for extérieur, à ma connaissance. Je peux me tromper… néanmoins, en mon for – intérieur, évidemment -, j’en suis sûr. Mon for : in petto, en quelque sorte, mais in petto intérieur.

Discrimination sexiste, toujours

La langue est bizarre, on le découvre tous les jours, du genre des mots affecté au petit bonheur – quoi de plus féminin qu’un corsage, un vagin ? – à l’usage des adjectifs composites, tels rectiligne et isochrone… rectiligne et curviligne font la paire, et recti- (droit) fait pendant à curvi- (courbe) ; mais son voisin iso- (égal) se trouve, lui, orphelin, a perdu son frère ennemi, erre seul dans la langue. Où est passé « inégal-chrone » ?? où es-tu, an-iso-chrone ? anisochrone est hélas inusité, et isochrone, tout comme isobare, isocèle, isocline, iso… etc, sont seuls au monde. Pauvres iso(s)… y z’au…raient pu y remédier, tout de même.

Et rectifier, hein ?  encore un qui est tout seul, lui aussi. Curvifier est aux abonnés absents. Et pourquoi ne pourrait-on pas curvifier une structure rectiligne ? hein ? tout ça fait la part belle au droit, au tout droit, et, écrivons-le, n’ayons pas peur de le coucher sur le clavier du portable, à la morale victorienne, au « straight« , comme on dirait outre Manche, et même nettement plus loin – vous pouvez continuer à nager – outre-Atlantique.

« Straight« … justement, j’y viens !  car la cerise sur le gâteau, celle que je voulais poser, vermillonne et visiblement bourrée d’additifs, au sommet de ce billet, là d’où je vous écris (tôt sous la neige, ravitaillé par les corbeaux), ce sont les deux composites violemment sexistes, carrément réac’ : hétéroclite et hétérodoxe. Où sont passés homoclite et homodoxe ? hein ? disparus corps et biens, probablement victimes d’une expédition anti-homos.

Bourgeoises

Je m’impose, souvent de bonne heure-de bonne humeur, de relire régulièrement mes billets d’un oeil critique (en fait, j’en ai deux, mais « un oeil critique », c’est une image : je ne suis pas borgne, ni cyclope, soyez rassurés). Pas pour singer Flaubert, ni pour satisfaire aux innombrables remarques, ajouts, critiques que vous m’adressez, chers lecteurs – vous pouvez y aller encore un peu, il y a de la place – mais pour ma propre satisfaction personnelle, comme on se rase le matin non pas pour son aspect extérieur, mais pour se sentir propre.

Bref, je relis « Avant l’heure c’est pas l’heure », et y trouve cela : « caténaires bourgeois ». Mon dieu mon dieu, quelle horreur. Ciel ! ma doué ! by Jove ! En effet : caténaire : mot féminin !!! C’est « caténaires bourgeoises » qu’il eût fallu écrire. D’ailleurs j’ai rectifié.

Et dire qu’aucun de mes lecteurs ne m’a alerté sur cette erreur…

A vrai dire, plus ça va, moins je suis capable – et vous, ça vous le fait aussi ? – d’affecter correctement le genre idoine aux substantifs un tant soit peu inhabituels. Bon, LA verge, féminin, ça va, LE vagin, LE sein, pas de problème, c’est en quelque sorte normal, de même que LA pluie, LE matin. Mais LE, LA ? coriandre ? UN, UNE ? amphibole ?

Pas simple. Langue difficile que la nôtre, de même que l’Italien, l’Espagnol, l’Allemand, qui ne nous aident pas : DER Mond : LA lune ; LA mattina : le matin ! c’est fou, non ? Dire que pour les anglophones, c’est tout pareil. Heureux anglophones.

Consolons nous, si c’est difficile pour nous, c’est encore plus difficile pour eux. Là où « UN chapeau » nous paraît évident, pour eux, c’est l’enfer. Au point que les plus astucieux échappent – pas partout, mais ça marche assez bien – à cet horrible dilemme masculin / féminin en traitant tout au pluriel : au lieu de « donnez moi UNE kilo de carottes (UN ? UNE ? who knows…) ils disent tout bonnement : « donnez-moi deux kilos de carottes ». Et paf, pas de problème. Ensuite, évidemment, il faut manger les carottes.

Mets-moi z'en un

On s’en tape des z’élections aux USA, de la crise, des milliards refilés aux banquiers pour qu’ils puissent continuer à amasser ou claquer du fric stupidement ou subtilement ; ça c’est de l’écume de l’info, ça s’en va et ça revient, c’est fait de tout petits rien…(*)

Non, franchement, hier à table j’entends le cousin par alliance lancer à la cantonade et à propos d’un canon de rouge (un verre de vin rouge, faut tout vous traduire !) : « tiens, passe-moi-z-en un ». Mon sang n’a fait qu’un tour (… avant de continuer à tourner, sinon je ne serais plus là pour vous le raconter).

Car quoi ! « Passe-moi-z-en un » !! ou bien « Mets-toi-z-en deux » : infect, hein ? On dit bien « Mets-lui en deux », jamais « mets-lui-z-en deux » ? non ?  pourquoi ce « z » idiot ? cette liaison scandaleuse ?

Autre exemple : supposons que nous établissions un ordre de passage sur une activité quelconque, disons une course de relais… on se numérote un, deux, trois etc… et je dis : « ce sera moi en un » ;  jamais, non jamais je ne dirais « moi-z-en un ».

Donc mon cousin a tort, indéniablement. Eh eh. Allez, remettez-m’en un (canon de rouge).

(*) je sais, c’est du Claude François. Mais par delà Claude François, le lecteur averti (qui en vaut deux, vous voilà avertis) aura noté cette orthographe : « petits rien« , et non pas « petits riens ». Car, cher lecteur, chère lectrice, multipliez rien par ce que vous voulez, ce sera toujours rien !! Surtout quand ce sont de « tout petits rien », c’est même Cloclo qui le dit.

Mutandis par ailleurs

Relisant mes derniers billets, y traquant la faute grammaticale, d’accord (d’accord ? d’accord, c’est rare), la tournure bancale, je tombe sur mutatis mutandis… et de me demander, in petto, ex abrupto, nolens volens, bref de me demander : « quel en est l’équivalent en Français ?  »

L’équivalent de « ayant changé ce qui devait l’être » ? ou, autre formulation « une fois changé ce qui devait être changé’ ?? clairement, il n’existe pas de formule de deux mots, aussi brève, courte, percutante dans notre langue.

On peut, cependant, néanmoins, toutefois, en retournant la proposition, donc en considérant que ce qui ne doit pas être changé reste inchangé, écrire ou dire, bref émettre que « toutes choses égales par ailleurs » (« par ailleurs » = si l’on veut bien prendre en compte le fait que les changements nécessaires ont été opérés) est un équivalent de mutatis mutandis. Equivalent bizarre, certes, à contrepied du latin, et puis longuet, façon dialecte ou jargon administrativo-juridique.

Donc, recouchons-nous rasséréné : mutatis mutandis = toutes choses égales par ailleurs. Tout va bien.

Je vous l'avais bien dit !

L’excellent « Monde’ de ce soir apporte de l’eau à mon moulin : « Les médias parlent-ils trop de la crise ? » s’interroge-t-il.

Mon billet des jours derniers (et non pas des derniers jours, eh ho, c’est pas l’Apocalypse ! ) intitulé « Va, petit, mousse !  » n’avançait pas autre chose : oui madame, les médias en font trop. Ou plutôt, en on trop fait, car maintenant que la Bourse, que les Bourses reprennent quelque couleur, il va falloir tartiner sur d’autres hypothèses.

L’élection d’Obama ? la baisse éventuelle du prix des fruits et des légumes, scandaleusement chers ? l’affaire Clearstream ? Journaleux, mes amis, à vos plumes !

A propos de plumes : « Plumier » : dans le train ce matin de bonne heure de bonne humeur, j’avisais un accessoire de mon siège qui ressemblait furieusement à un plumier. Et de me dire, tout chose, que je faisais partie de ceux, bientôt rares, qui savaient encore ce qu’était un plumier. Ce mot disparaîtra sans doute, happé par la disparition des plumes, Sergent-major ou pas, et concomitamment des encriers tronconiques de porcelaine blanche fichés dans un trou au coin gauche du pupitre de l’écolier.

Fin de la séquence Nostalgie.

Va, petit, mousse !

(… » le vent te pousse », refrain bien connu extrait de l’opérette « Les cloches de Corneville » – fin de la séquence Culture)

. Et les cloches, c’est nous. Les journaux, télévisés, web, papier, font plein de mousse sur l’essentielle question : « faut-il avoir peur pour vos sous ? « . Et que ça mousse et que ça mousse, et que je te fais mousser tout ça. Et la vente de coffres-forts qui grimpe de 20 %, et le fils du beau-frère d’un ami de ma concierge qui a été retirer ses sous de la banque, et les petits épargnants gnan gnan…

Assez clairement, on devine que sous prétexte d’information, on fait mousser, on amplifie, on boursoufle, on biaise, on étale, on tartine, on pousse à la roue (ici, à la panique) : et si la mayonnaise prenait, hein ?  ce serait rigolo.

On verrait les retraités recevoir leur pension par transport de la Brink’s, les salariés exigeraient chaque semaine une enveloppe pleine de billets, les cartes bancaires étant peu fiables, on se déplacerait tous avec des valises de fric pour acheter nos patates… intéressante perspective.

PS : le baril de pétrole est « tombé » sous les 75 dollars : soit grosso-modo un peu plus de la moitié de son pic historique. Chiche qu’on retrouve très bientôt le litre de fioul sous les 1 euro à la pompe ? chiche. On peut toujours rêver.

Justice, enfin

Oui, ce n’est que justice, et ça fait des lustres que nous le réclamions : dans un peu plus de 3 mois nous pourrons enfin confier notre épargne menue à n’importe quel banquier dans le cadre céleste du Livret A, « A » comme « Ahhhhhhh enfin, quelle saleté que ce livret A réservé à la Caisse d’Epargne la Poste et le Crédit Mutuel. »

Et ahhhhh enfin, Benoît nous annonce benoitement la « libéralisation de la messe en latin » : « Dans son intervention aux accents de mise au point, et qui a été assez tièdement applaudie, le pape a également évoqué une question particulièrement sensible en France, celle de la libéralisation de la messe en latin. »

On va enfin pouvoir, comme au bon vieux temps, et dans n’importe quel établissement muni d’un clocher – actuellement, faut aller à St Nicolas du Chardonnay, euh, pardon, du Chardonnet – pour écouter et ne comprendre que pouic au galimatias magique du type en robe richement dorée et passementée qui s’agite là-bas sur l’estrade, pendant qu’un autre type à genoux, habillé en robe rouge, agite une clochette en soulevant le coin de la robe du premier (pour voir ses chaussettes ? ). Ce sera bien mieux comme ça, car la qualité littéraire des  « Par les verts pâturages / tu m’as fait reposer… » laisse sérieusement à désirer. Tandis que « tamquam leo rugiens, circuit querens quem devoret« , ça vous a une toute autre gueule (de lion).

Renions les niaises négations niées

Ah tiens, bonne nouvelle, chouette,  le Monde nous annonce que la prochaine version du navigateur de Toile de chez Microsoft sera, à discrétion,  plus discrète ! On connaît le problème, on a gentiment navigué sur www.petitesculottes.org ou sur www.gronibards.fr, croyant avoir été discret, et l’on découvre, stupéfait et confus, rougissant et honteux donc, que la fifille, ou la moitié, ou le copain Jules, qui vient de se connecter sur la même bécane, d’un simple clic, retrouve, bien fraîches, les traces infâmantes de ces égarements coupables et télématiques. Déplaisant, n’est-il pas ?

Donc, disais-je, le Monde nous sort ceci : « Microsoft a lancé, mercredi 27 août, une nouvelle version de son navigateur Internet Explorer qui permet de naviguer sur l’Internet sans laisser de traces. »

Et de poursuivre…

: « Avec Internet Explorer 8 et son InPrivateBrowsing, il est possible d’empêcher un ordinateur de ne pas enregistrer la liste des sites consultés. »

Donc, voyons-voir, voyons-voir… il est possible : on peut le faire. On peut empêcher, interdire.

Empêcher de ne pas enregistrer : donc, ça enregistrera, quoi qu’il arrive.

Comme quoi, résumons-nous, Internet Explorer 8, à lire Le Monde, permet de forcer le navigateur à enregistrer les sites visités. Chouette discrétion. Gros sabots et clochette au cou.