La Trabant made in Rust Belt

Je vous ai causé dans un vieux billet ancien de l’augmentation irrépressible de la longueur des shorts de nos footballeurs – du temps de Raymond Kopa ou de Roger Piantoni on pouvait apercevoir le slip, et plus si affinités quand ils levaient la jambe –  alors que bientôt on pourra serrer le short dans les chaussettes. Je ne vous cause même pas des basketteurs dans leurs chemises de nuit trop larges, et, tiens, des handballeurs qui font pareil : je voyais hier une vieille photo noir-et-blanc du handball des années 70, c’était aussi des shorts bien courts, pas comme maintenant, où l’on ne risque pas d’entrevoir la couleur d’un slip. Dame, c’est qu’on est devenus pudiques !

A cette époque les rois de la spécialité – maintenant ce sont les Français, cocorico ! – c’étaient les Roumains et les Allemands de l’Est. Ah la RDA ! ses athlètes improbables et imbattables, surtout les femmes, sa sécurité de l’emploi en béton : tous fonctionnaires, tous locataires… et ses Trabant ! la délicieuse Trabant, fumante odorante et pétaradante, rare aussi, et qu’il fallait savoir attendre des mois, des années, mais faite en autarcie et avec fierté, 100 % allemande de l’Est, de la DDR – mais non, pas la Date des Dernières Règles.

Bon, alors c’est la séquence nostalgie ? ben non, c’est le retour en boomerang. Tenez, prenez monsieur Trump, bien actuel, lui… eh bien il va refaire aux « States » la RDA, au socialisme près tout de même, grosse différence. Car il en a marre, monsieur Trump, de voir partout chez lui des bagnoles allemandes, coréennes, japonaises, et il va falloir désormais qu’on construise aux USA des autos états-uniennes, scrogneugneu, conçues par des ingénieurs autochtones, avec des techniques locales, de l’acier du coin, produit in the United States of America, et pourquoi pas dans les hauts-fourneaux renaissants de la « Rust Belt », ces vieilles cités industrieuses qui pourrissent lentement faute de boulot. On va donc sans doute revoir et l’on pourra  s’esbaudir devant ces trucs immenses, ces paquebots de la route pachydermiques et rutilants de chromes partout, les Cadillac et les Buick pleines de protubérances, les Studebaker en forme d’ailes de raie. Le repli sur soi trumpien – ou trumpesque ? – va permettre enfin de produire les Trabant états-uniennes voulues par Donald, et de faire un pied de nez nationaliste « America First » aux Merco, aux Audee, aux Béhèm et autres Totoyota. Avec le retour des bons gros vieux V8 culbutés sous les capots.

Il y aura même un grand mur, The Wall pour surpasser Die Mauer. Ajoutons-y l’amitié indéfectible avec la Russie… manquera plus que la barbichette de Walter Ulbricht, mais Casque D’Or a d’autres arguments pileux.

Tibert

2 thoughts on “La Trabant made in Rust Belt”

  1. … Ahlàlà, arrêtez de me titiller la mélancolie, Tibert ! Dans le début des années 50, mon paternel trimbalait toute la famille (cousines et bon-papa compris en plus de sa descendance directe, soit 7 personnes. Je vous dis pas l’accueil des hôteliers là où on descendait : palmiers et tapis rouges…) dans un coupé Buick « Roadmaster Super-Eight » modèle 1949, de la taille d’un honnête camion (et qui avait l’appétit idoine : 27 litres (!!!) aux cent km) comme on n’en aperçoit plus aujourd’hui que quelques survivant(e)s dans les calle de La Havane. Pour combien de temps encore ?
    J’ai précisé « coupé » parce que ce monstre avait quelque chose de plus : mon père l’avait acquis en Belgique lors d’une vente aux enchères de voitures de la Cour d’Angleterre, banalisées avant d’être vendues anonymement pour mise à la retraite… Or, ce modèle n’existait pas de série – il n’y avait que des berlines et des cabriolets décapotables – et avait été créé spécialement pour le prince de Galles, dont les armes particulières ornaient tout de même encore les portières face interne et dont le tissu des sièges était au motif de son tartan personnel.
    C’est Suez qui a été fatale à notre paquebot familial : en quelques jours de 56, le prix du super a été multiplié par 4 ou 5 à la pompe, et malgré la suppression de l’un des deux carbus (son énorme « V »8 était alimenté par deux double carbus, qui lui donnaient des accélérations dignes d’une Ariane-IV au décollage et vous aplatissait au fond des sièges…), mon père s’est résolu à s’en séparer : elle ne consommait plus que… 16 litres. Le plus drôle restant que pendant des années ensuite – jusqu’à ce que je passe moi-même mon permis -, mon père n ‘a plus roulé qu’en… 2cv ! Avec la perte de sa belle américaine, le goût du volant l’avait quitté.
    Elle partit donc chez des « gens du voyages » (à l’époque, on disait « romanichels » et personne ne jugeait ça insultant…) pour tracter leurs grosses caravanes.
    Toutefois, son histoire ne s’arrête pas là. Bien des années après (1977), en parcourant un magazine spécialisé dans la transformation artisanale des voitures de série en bidules échevelés (je crois que le magazine s’appelait « Hot-rods » mais je n’en suis pas sûr), j’ai découvert un reportage sur la métamorphose d’une Buick récupérée sous la grange d’un agriculteur belge en « monstre écumant » (et surbaissé) à partir d’un coupé dont la plaque d’immatriculation originale restait tout à fait lisible sur un cliché : c’était l’auto à papa !!!
    Et voilà notre cher Roadmaster prêt à entamer une nouvelle et brillante carrière : il sera retenu pour le film « Symphonie pour un homme seul » où il tient un rôle non négligeable…
    La vie vous réserve parfois des surprises amusantes. Pas toujours, hélas !
    Néanmoins, m’est aviss que Trumperies ou pas, on n’est pas là d’en revoir de pareil(les) sur les routes d’aujourd’hui !

    1. Buick Roadmaster 1949 (millésime de légende, au fait) à part, monsieur Trump nous rejoue les partitions du Mussolini façon « Italia fara da se » et de la RDA / DDR dans la même veine : produire et consommer Ricain. C’est, de nos jours, à la fois débile et infaisable – ou suicidaire, ou du vent.
      Ceci dit, je note avec intérêt la curieuse locution de votre dernière phrase : « On n’est pas là de… ». Moi j’aurais écrit « On n’est pas près de… ». Je ne connaissais pas cette tournure.

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