Statistiques en loucedé

Vous savez, bien entendu, 1°) que les races n’existent pas – ah des ethnies, ouais à la rigueur, et des cultures bien entendu, ô la richesse et la diversité des cultures ! … 2°) que toute statistique tendant à dénombrer des populations selon les ethnies est très vilaine, caca, interdite ! « les heures les plus sombres de notre histoire« , tout ça… C’est du moins comme ça qu’on (ON : les séides du défunt PS et de la Bonne-Pensée) nous l’a interdit. Donc quand on a besoin de statistiques ethniques on rase les murs, on lève au vent le doigt mouillé, ou comme à Béziers on compte bêtement les prénoms à consonances arabes, ou le nombre de godasses à l’entrée de la mosquée et on divise par deux, bref on se débrouille. Mais retenons : statistiques ethniques, VERBOTEN !

… sauf pour certains qui précisément soutiennent activement l’interdiction dont je vous cause : ainsi Le Monde : « Diversité ethnique : le gouvernement Philippe ne fait pas mieux que les précédents« . Et de nous aligner des chiffres, des graphiques, des pourcentages… d’où viennent ces chiffres ? bande d’hypocrites. Et d’abord, que signifie « …ne fait pas mieux » ? faire mieux, quesaco ? compter plein de personnes de couleur ? c’est un meilleur gouvernement, plus compétent, avec plein de personnes de couleur ? ou plus d’unijambistes, plus de rouquines ? Tenez, je me suis bien diverti de la boutade de Roselyne Bachelot à ce propos – ça date de 2007, mais c’est tout à fait le sens du dévot « papier » du Monde :  » Rama Yade est une femme et elle est noire, elle va être promue. Heureusement qu’elle n’est pas lesbienne et handicapée, sinon elle serait premier ministre. »

Bref vous avez, nous avons affaire à un article de faux-jetons. Vous vous divertirez, amis lecteurs de ce blog, à lire itou les commentaires des lecteurs… nombreux sont ceux qui n’apprécient pas plus que moi ! tenez, celui-ci dit tout comme moi, à croire qu’il m’avait lu, nonobstant l’impossibilité chronologique : « Parfaite hypocrisie de ceux qui nous bassinent avec l’absence nécessaire et roborative des statistiques ethniques mais qui nous apprennent qu’il y a 20 % de discriminés non blancs et 80 % de non- discriminés mais qui n’existent pas car leur couleur n’en est pas une » . Majorité qui n’a que le droit de la fermer… ( là ça devient plus polémique, NDLR) …et de se réjouir de son glissement progressif vers la minorité,moment où elle redeviendra visible , on peut le supposer« .

C’est bien envoyé !

Tibert

« Avec une bite et un couteau »

Vous connaissez sûrement cette délicieuse expression, que les informaticiens utilisent pour signifier qu’on essaye de faire quelque chose sans en avoir ni s’en être donné les moyens – notamment des outils adaptés.  Il y a peu je l’ai aussi entendue dans la bouche d’autres professionnels, c’est donc que la pauvre dotation {bite + couteau} pour travailler est plus commune que je ne le pensais. Au passage, remarquez qu’avec un couteau, on peut faire plein de choses, tout de même !

Je vous cite cette expression car je la trouve très bien choisie pour décrire la façon don la France traite ses problèmes d’effectifs ethniques. Vous savez sûrement qu’il est INTERDIT de produire des statistiques ethniques ? vous n’avez pas le droit de savoir, encore moins de faire savoir. Pourquoi ? ça pourrait stigmatiser. C’est totalement con, obscurantiste et con, mais c’est comme ça.

Et donc – je viens à mon propos – il se trouve que monsieur Cantona, célèbre ex-footeux, monsieur Debbouze, acteur et fantaisiste, monsieur Benzema, actuel footeux bien noté techniquement, vitupèrent la sélection des footballeurs français choisis pour l’Euro 2016, car en somme selon eux ça manque de Maghrébins. Avec des variantes : le sélectionneur serait carrément raciste, on néglige hélas les banlieues qui mériteraient mieux, on cède à des pression racistes… bref selon ces trois-là, pas assez de Français « issus de l’immigration maghrébine ».

Mais comment se fait-ce ? pas assez ? combien en faudrait-il ? on n’a pas de statistiques. On a « une bite et un couteau » – le doigt mouillé au vent si vous voulez, et furtivement, c’est à peine légal  –  pour évaluer les proportions de Caucasiens, d’Asiatiques, de Noirs, d’Arabes dans notre population. Et donc, sélectionner des footeux maghrébins « en proportion des pourcentages dans la population », c’est mission officiellement impossible : on n’a  pas les chiffres, ou ils sont fantaisistes. Tenez, si je me fie au nombre de Noirs dans notre belle équipe de foot, et si ça reflète leur proportion en France, notre pays est peuplé d’environ 60 à 65 % de Noirs.  Etonnant, non ? mais chhhuuut, on risque de stigmatiser, voire, pire, de faire des amalgames.

Tibert, la tête dans sable pour ne pas savoir

Rien à dire, mais pas que

Aujourd’hui j’ai d’abord, faute d’inspiration, décidé de tartiner sur le paradoxe-bateau, le pont-aux-ânes de la logique : le syllogisme façon « Aujourd’hui je n’écris rien« . Ce qu’en écrivant je n’écris pas rien, j’écris bel et bien quelque chose, etc, vous connaissez. L’astuce c’est qu’il y a là-derrière un accord tacite entre vous, lecteur-lectrice estimé(e) et moi l’écriveur. Cet accord que je vous impose, tant pis pour vous, c’est que momentanément, c’est en quelque sorte une brève ouverture, j’ai le droit d’exprimer – en peu de mots, sinon ça ne vaut pas – que je me refuse à l’exercice qu’on attend de moi. J’annonce la couleur, même en l’absence de couleur. Tenez : « Je me tais« … comment voulez-vous que je vous signifie que je me tais, si je me tais ?  Vous suivez ? disant cela je ne me tais pas, mais pour mieux me taire ensuite, et vous m’en serez reconnaissants, ça commence à faire long.

C’est kif-kif les pages où l’on trouve écrit « cette page est laissée blanche« , et justement elle ne l’est pas, à cause de ce texte idiot, ou « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien« . Autre illustration de ce syllogisme apparent : le célébrissime constat que la mesure fausse la mesure (en mécanique quantique, notamment, mais aussi en sciences sociales). C’est-à-dire que les instruments de mesure perturbent et faussent les relevés. C’est donc en s’abstenant de mesurer qu’on obtient les mesures les plus justes.

C’est sur ce dernier principe qu’est basée la politique française sur les « statistiques ethniques ». D’aucuns, essentiellement des tenants de La Bonne Pensée façon MRAP, Libé… s’effraient à l’idée de voir ainsi décomptés anonymement, mais comptés tout de même, les Asiatiques comme des Asiatiques, les Noirs comme des Noirs, les chats comme des chats, etc… : ce n’est pas humaniste, pas charitable. Monsieur Hollande ne dit pas autre chose : non aux statistiques ethniques ! mais sa logique est autre : ce n’est pas La Bonne Pensée qui guide ses propos, c’est  » y a qu’à regarder », en d’autres termes il essaye de nous fourguer en douce la classique démonstration de maths que nous avons tous faite au moins une fois : « il est évident que » (la droite (AB) est perpendiculaire au côté NM du triangle NMP).

Et ça marche ? euh… tenez, les récurrents projets d’introduire de la mixité sociale dans les quartiers…  vous jugez (sans chiffres, donc au doigt mouillé) qu’un quartier est trop dense en Maghrébins ? vous allez tenter d’y introduire des Asiatiques, des Indo-Européens, des… combien ? aucune idée, vous n’avez pas de statistiques. Autre serpent de mer, l’ascenseur social : il fonctionne ou il rouille ? voyons voir… combien de descendants d’immigrés ont atteint l’enseignement supérieur ? hmmm… un certain nombre ? là c’est sûr on a du solide pour avancer !

Voyez-vous, il me vient à l’esprit, entendant Normal-Premier traiter de la non-statistique ethnique comme science sociale, le sketch alcoolisé des regrettés Dac-et-Blanche : le Sarabindranath Duval est assis en tailleur avec son turban, etc… et on lui demande un truc archi-pointu, énoncer le numéro du permis de conduire de la dame, là, au 3ème rang…

« Vous pouvez le dire ?

– je peux le dire !

– Vraiment vous pouvez le dire ?

– Oui !

– Il peut le dire ! » (triomphal, applaudissement nourris).

Tibert

Oui mais

Hier c’était le 8 mai (prononcez « oui mais ») et la France coinçait la bulle – prononcez « conciliabule » – sans pour autant que nombre de commerces alimentaires restassent fermés la journée durant. Pas la journée Durant, mais celle de la Victoire de 1945, dont les immigrés Turcs se tapent, vu qu’ils n’ont pas gagné ce jour-là… ce qui explique que certaines entreprises employant ce groupe ethnique aient turbiné ce 8 Mai, tout comme les boulangers et les fleuristes.

Groupe ethnique, ai-je écrit !! comment osé-je ! Ne lis-je point, dans un des blogs institutionnels de l’Hibernation, dans ce billet intitulé « Stats ethniques : Sabeg en mode mineur« , ces mots : « le terme honni de statistiques ethniques… » ; est-ce un blasphème ? voyons-voir, voyons voir…

Mon cher Petit Robert me sort ceci : « Ethnie : ensemble d’individus que rapproche un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et culture« . Bon, alors ça existe, les ethnies. Donc on peut les dénombrer, vu que les individus sont des ensembles discrets (pas toujours discrets, je vous l’accorde) ; donc on peut en établir des statistiques ! des statistiques ethniques, pardi.

Et pourquoi ce terme est-il honni ? hein ? qui donc ces mots défrisent-ils ? pourquoi est-ce horrible, « statistiques ethniques » ? pourquoi ne faut-il pas savoir (les implantations ethniques et leur répartition dans notre beau  pays ? ) parce que nous ne formons qu’une seule ethnie ?  nos ancêtres les Gaulois ? nos chères petites têtes blondes ?

Il y a de l’incantation et une immense mauvaise foi à diaboliser ce terme de « statistiques ethniques », sinon une volonté délibérée de ne pas voir, sinon cacher la réalité. On ne peut plus rien dire, rien écrire, quoi… souvenons-nous que l’Illustre Cavanna écrivait déjà, en 1978, « Les Ritals »… un livre sur les immigrés Italiens en France, une ethnie, quoi, une communauté de langue et de culture, n’est-ce pas ? Et depuis, il y en a eu d’autres, des ethnies, à s’installer en Gaule.

Tiens, justement, la journaleuse qui rédige ce blog à l’Hibernation, celle qui nous tartine sur  « le terme honni… », nous glisse ceci, en douce : « …Sabeg a-t-il été contraint de baisser d’un ton ? En janvier, ce grand patron d’origine berbère provoquait le scandale… » origine berbère ? donc, de l’ethnique, non ? les statistiques ne sont plus loin… appelons vite SOS Ethnisme !

Rendons toutefois justice à ladite journaleuse : « terme honni », écrit-elle ; mais elle ne nous donne pas son sentiment personnel là dessus, ne prend pas parti quant au bien fondé de cette honnitude, comme dirait certaine.