« Avec une bite et un couteau »

Vous connaissez sûrement cette délicieuse expression, que les informaticiens utilisent pour signifier qu’on essaye de faire quelque chose sans en avoir ni s’en être donné les moyens – notamment des outils adaptés.  Il y a peu je l’ai aussi entendue dans la bouche d’autres professionnels, c’est donc que la pauvre dotation {bite + couteau} pour travailler est plus commune que je ne le pensais. Au passage, remarquez qu’avec un couteau, on peut faire plein de choses, tout de même !

Je vous cite cette expression car je la trouve très bien choisie pour décrire la façon don la France traite ses problèmes d’effectifs ethniques. Vous savez sûrement qu’il est INTERDIT de produire des statistiques ethniques ? vous n’avez pas le droit de savoir, encore moins de faire savoir. Pourquoi ? ça pourrait stigmatiser. C’est totalement con, obscurantiste et con, mais c’est comme ça.

Et donc – je viens à mon propos – il se trouve que monsieur Cantona, célèbre ex-footeux, monsieur Debbouze, acteur et fantaisiste, monsieur Benzema, actuel footeux bien noté techniquement, vitupèrent la sélection des footballeurs français choisis pour l’Euro 2016, car en somme selon eux ça manque de Maghrébins. Avec des variantes : le sélectionneur serait carrément raciste, on néglige hélas les banlieues qui mériteraient mieux, on cède à des pression racistes… bref selon ces trois-là, pas assez de Français « issus de l’immigration maghrébine ».

Mais comment se fait-ce ? pas assez ? combien en faudrait-il ? on n’a pas de statistiques. On a « une bite et un couteau » – le doigt mouillé au vent si vous voulez, et furtivement, c’est à peine légal  –  pour évaluer les proportions de Caucasiens, d’Asiatiques, de Noirs, d’Arabes dans notre population. Et donc, sélectionner des footeux maghrébins « en proportion des pourcentages dans la population », c’est mission officiellement impossible : on n’a  pas les chiffres, ou ils sont fantaisistes. Tenez, si je me fie au nombre de Noirs dans notre belle équipe de foot, et si ça reflète leur proportion en France, notre pays est peuplé d’environ 60 à 65 % de Noirs.  Etonnant, non ? mais chhhuuut, on risque de stigmatiser, voire, pire, de faire des amalgames.

Tibert, la tête dans sable pour ne pas savoir

Horreur du foot

Je me demandais, tiens, pourquoi, pourquoi maintenant, juste maintenant, fin mai, la « convergence des luttes » (*), des luttes dont l’essentiel des lutteurs n’est pas concerné par la loi El Khomri, vu que la fonction publique on n’y touche pas, ça craint trop… pourquoi, hein ? Pour fêter les Saints de Glace ? bof. Pour la fête des mères ? pour faire ch… les fleuristes ? les marchands de parfum ? je ne vois pas le rapport. Mais j’ai, ouvrant mon journal virtuel sur ordinateur ce matin, la réponse, donnée par Le Parigot : « Et pour, eux aussi, faire avancer leurs revendications catégorielles, les routiers (…) doivent décider en fin de semaine d’une éventuelle reprise de la grève à l’occasion de l’Euro de football« .

Bon sang mais c’est bien sûr ! quoi de plus pénible qu’un tournoi de foot ? les mecs avachis à longueur de journée sur le canapé à biberonner des bières et à éructer des borborygmes tandis que leurs reines se morfondent. Déjà que Roland-Garros, sa pluie, ses joueurs tous Suisses  et ses baballes jaunes hypnotiques, c’est assez pénible comme ça. Donc l’Euro de foot : à l’eau, à l’eau. Toujours ça de gagné.

Tibert

(*) sur TF1 et ailleurs, on dit « battle« , ça a tellement plus de gueule. Lutte c’est daté, ça fait syndicaliste.