Se souvenir d'oublier

Carrelant, coupant des carreaux, ajustant des tomettes, je peux penser. Deux activités donc, extraordinaire avantage des professions dites « manuelles », là où l’intellectuel, absorbé dans son équation différentielle partielle ou son chiasme hasardeux se trouve bien incapable de faire autre chose.

Et je constate, fort de nombreux exemples généralement désagréables, que les femmes ont sur les hommes une supériorité de nature différente, qui consiste à TOUT se rappeler, et à le rappeler à qui de droit au bon moment et à bon escient, là où ça fait généralement mouche. Tandis que les hommes ont oublié, ne se souviennent pas, n’en ont aucun souvenir, ou alors vague et brumeux, et en tous cas jamais dans le degré de précision dont peuvent faire état les femmes.

Supériorité là aussi ? voire. Etre capable d’oubli me semble, pauvre carreleur pensant, largement plus bénéfique, et permet de vivre, tout simplement.

SWM, SWF, SBM…

Un article qui m’interpelle et devrait vous interpeller itou : Libé (ration) nous annonce qu’une entreprise de mise à disposition d’hôtesses « fichait ses salariés selon leur couleur de peau !!! » si si. Elle notait dans une colonne intitulée « O » (Origine, sans doute) de 1 à 4 les blancs-bleus, les maghrébins, les noirs, les asiatiques.

De même, elle avait probablement – la scélérate !! – enregistré les dates de naissance : c’est gravissime, ne peut-on pas la suspecter de vieillophobie ?? de jeunisme ? (c’est pareil) ; autre fait confondant, il y avait discrimination sexiste, absolument !! le sexe était indiqué sur le fichier. Arghhh, c’est épouvantable.

C’est épouvantable, oui. On pouvait connaître votre couleur de peau dans la boîte ! pourtant, d’un point de vue purement visuel, seule une « burqa », ce voile intégral 100%, façon femme afghane, pourrait vous permettre de cacher de manière durable votre couleur de peau à vos collègues – et encore faudrait-il faire attention, messieurs, en allant aux urinoirs !!

Là où c’est cocasse, c’est que ce genre d’interdit du plus pur style « politiquement correct » (débile, donc) sur la couleur de peau nous vient soi-disant des USA, où il est courant, banal, normal, de lire des petites annonces du type « SWM looking for a partner »… « SBF would like to meet blahblahblah » : un célibataire blanc mâle (SWM), une femme noire célibataire itou (SBF)… et ça ne pose aucun problème.

Soyons clairs : pour une boîte qui loue des hôtesses, c’est archi-normal qu’elle dispose de ce genre de renseignements (*) . Y voir de la « discrimination raciale » et du « fichage ethnique », c’est encore une tentative de baillonner le bon sens, et de nous faire marcher sur la tête. Du Tartuffe pur jus.

(*) Un billet du Courrier des lecteurs de Libé nous apprend  que la boîte Suzi-Wan, par exemple, pour les salons où elle expose, préfère des hôtesses asiatiques : on tire au sort et on leur envoie n’importe qui au hasard ? ou on les dénonce pour « discrimination raciale » ?

Du casse money (gasque)

Grande nouvelle : la France compte toujours plein de sujets d’insatisfaction, mais un sujet de moins, car il nous est annoncé que M. Alain Ducasse (« Veau de lait en blanquette, légumes de printemps, vrai jus »… une blanquette, quoi ! et avec du vrai jus, vous le croyez, vous ?), patron de moult restos pas donnés, est fait citoyen monégasque, et du coup perd sa nationalité française. Parions qu’il paiera moins d’impôts, et donc, bye-bye et sans regrets.

Sans regrets, car…

1) La photo du Monde nous inflige la trombine finement souriante du chef, avec la légende suivante :  » Le chef Alain Ducasse pose dans son restaurant Jules Vernes, situé au deuxième étage de la tour Eiffel, en décembre 2007« , nous découvrant ainsi DES Jules VerneS, au lieu du seul Jules Verne que nous connaissions. Pas grave, pas grave…

2) Ce genre de chefs, c’est comme les hommes politiques multicartes : comment peuvent-ils être dans leur resto à faire sauter les girolles, quand ils ont 15 restos aux 4 coins de la planète ? hein ? Admettons que ce soit lui qui ait trouvé la géniale idée du « vrai jus » pour sa blanquette… c’est sûr que ça sonne mieux que « jus à base de Viandox », et d’ailleurs, du Viandox à ce prix, on apprécierait peu… mais ce n’est jamais que du marketing, pas de la cuisine. Et moi aussi je sers ma blanquette avec son vrai jus, et je ne demande pas l’asile à Albert II pour autant.

3) Je doute du patriotisme monégasque de M. Ducasse. Ca doit sûrement exister, le patriotisme monégasque, en cherchant bien bien, mais nous savons tous pourquoi M. Ducasse se barre à Monaco. Pas la peine de se cacher derrière ses petits légumes. En voilà une naturalisation qu’elle est claire !

4) M. Ducasse n’est plus Français, et le Monde de nous suggèrer une pensée émue : « Et la France perd l’un de ses chefs les plus prestigieux. » Tant pis, on se rabattra sur le couscous.

Pot-pourri

Peu d’actualité brûlante ces derniers temps… les fouteux tapent du pied avec persévérance dans un ballon rond qui ne leur a rien fait, leurs groupies exultent ou pleurent, c’est selon … un conseil donc, groupies en quête de bonheur : supportez systématiquement l’équipe qui gagne, vous vous dilaterez beaucoup mieux la rate.

Fête de la musique : plutôt qu’un faîte, un plouf, une Beresina de la musique, la confusion, le bruit infernal jusque tard dans la nuit, le n’importe quoi « musical », les bandes de banlieue en quête de bolos à dépouiller, les flics partout pour essayer que ça dégénère pas… merci monsieur Lang, reste à essayer de nous débarrasser de cet héritage merdeux.

Hymen : dernièrement dans le Monde, un reportage sur une nana musulmane (appelons la Farida (*)), qui s’est fait recoudre l’hymen dans une clinique avant de se marier : normal ! si le marié pensait inaugurer les Grandes Jorasses par la face Nord et pouvoir fièrement exposer le lendemain un drap blanc tâché de sang pour montrer urbi et torbi que ça s’était passé comme prévu, il aurait été cruellement déçu, ce qui nous renvoie à la triste histoire de ce mariage annulé parce que madame avait menti sur sa virginité. La morale de cette histoire, c’est que la restauration d’hymen devrait être remboursée par la Sécu : si la reconstruction de pucelage devient aussi ordinaire qu’un plombage dentaire, il n’y aura plus que les mâles attardés mentaux pour croire que le sang versé, vermeil et frais leur garantit la primauté de l’assaut décisif. Quelle certitude avoir ? hein ? et à qui se fier ? Ainsi, au fil des décennies d’incertitude lancinante, peut-être qu’enfin ces mentalités machos, ces coutumes rétrogrades finiront par régresser. Va savoir… se pourrait-ce ? un monde moins con ?

(*) pour des raisons de sécurité, le prénom a été changé : c’est Malika qu’il faut lire.

Fout'

La postérité retiendra peu de choses de l’évènement qui meurtrit hier soir tant de supporters en jean’s, canapé et boîtes de bière : l’équipe de Fout’ française étrillée – mais à 10 contre 11 par son deuxième ennemi héréditaire, les Transalpins.

En résumé, rapidement, car on va enfin pouvoir passer à autre chose de plus fondamental qu’un ballon disputé par 22 types pendant 90 minutes :

– C’est un jeu, enfin, quoi ! pas de quoi donc se couvrir la tête de cendre. C’est un jeu. On joue, là.

– Les fout’balleurs de peau pâle jouent manifestement aussi bien que ceux de peau sombre, du moins collectivement ; l’Italie, la Suède, la Roumanie, l’Allemagne… l’ont amplement montré. C’est sûrement politiquement pas très correct de le remarquer, mais ça semble pertinent. Donc, contrairement au sprint à pied, où les statistiques sont très largement en faveur des coureurs « de couleur », les dons pour le fout’ paraissent harmonieusement distribués parmi les origines raciales.

– Les tirages de maillot, tacles vicieux, ceinturages par derrière, écroulements spontanés et feints… toutes manoeuvres frauduleuses donc interdites, sont monnaie courante, de tous les côtés ; pas une équipe pour racheter les autres. Là aussi c’est harmonieusement distribué. Pas très beau, ça…

– L’équipe de France a mal joué, elle quitte la compète, quoi de plus normal ?

– Le sélectionneur va se faire traîner dans la boue : il le sait, il est très très bien payé pour ça, vous pouvez y aller. Il mérite en effet, de mon point de vue, quelques critiques ; mais chaque Français est un expert mondial en fout’, c’est bien connu.

– Il y aura eu au moins une vingtaine de Français à avoir fait du sport ces derniers temps ; c’est peu, mais c’est toujours ça. Quant à ceux qui croupissent derrière leur canette de bière en éructant « aux chiottes l’arbitre », s’ils chaussaient leurs baskets pour un p’tit footing ? il y a un commencement à tout.

La postière et le merlan

Paris, Paris tout comme d’hab’ : un boucan d’enfer partout (la circulation, eh oui, ininterrompue, à vous bousiller les oreilles, en permanence… faut supporter, les bouchons d’oreilles en position ! et puis une p’tite manif’ comme d’hab’, la CGT et la FSU et leur sono pourrie qui hurle « Bella ciao », comme s’il n’y avait pas assez de bruit ! Et des CRS pour encadrer, comme d’hab’… la capitale, quoi.

Bref, Paris. Et, agréable surprise, à la poste de mon quartier, pas de queue ! chat alors (la queue du chat, évidemment). Donc je parviens fort rapidement, c’est inhabituel, au premier guichet libre, en l’occurrence pour récupérer un pli recommandé arrivé en mon absence. Recommandé que je récupère donc (rien de grave, rassurez-vous, une Assemblée Générale très Ordinaire).

Mme la postière me fait signer les papelards, me refile ma bafouille, et… « Je vous mets aussi des enveloppes pré-timbrées ? » … ??? moi, interloqué :

– Pour le courrier que je viens de récupérer ??

– Ah non, pour le cas où vous en voudriez.

– Ah mais non pas du tout. Et puis, comment se fait-ce que vous me proposiez des trucs et des machins que je n’ai pas réclamés ?

– Mais c’est que nous sommes une entreprise commerciale, monsieur.

– Ah là là mais ça me fait penser au sketch de Fernand Reynaud, on y est en plein dedans, l’histoire du gars qui va chez le coiffeur se faire couper les cheveux, et se voit proposer un shampoing, une coloration, des frisettes, une lotion, un brushing… vous voilà donc maintenant à faire comme les merlans ?

– Mais tout à fait monsieur, c’est exactement ça ».

(J’ai eu comme la vague impression que ladite postière ne trouvait pas sa nouvelle mission très à son goût. Mais peut-être me trompais-je ?)

Qui sont-ce, qui sont-ce ?

Un article du Figarôt du petit matin, intitulé « 10 ans requis contre les internautes pédophiles« , nous balance, tels quels, froidement, les blases bien franchouillards de deux tristes sires qui envisageaient, fantasmaient, préparaient… c’est selon l’interprétation qu’on en donne – l’enlèvement d’une fillette pour la torturer et la violer. Les seuls faits concrets dans cette affaire, c’est qu’ils échangeaient sur la Toile des ignominies sur leur scénario criminel (fantasmes ou vrais préparatifs, c’est selon ce qu’on veut bien y lire), et qu’ils avaient trouvé un local ad hoc, un vrai local « jouable », si l’on ose parler de jeu. Le procès dira si c’étaient des fantasmes (dégueulasses, les fantasmes, dégueulasses, mais le marquis de Sade a montré la voie il y a fort longtemps, et c’est considéré comme de la littérature), ou une association de malfaiteurs ; ceci étant, et par ailleurs…

par ailleurs, un autre article du même canard du même jour – le parallèle est facile, donc, ne nous en privons pas – nous annonce « 4 mises en examen pour exercice illégal de la pharmacie » ; dans cet article, pas un nom d’individu, juste le nom d’une association. Pourtant ces gens-là ne sont pas restés au stade du fantasme, ont bien escroqué des cancéreux et des malades victimes de sclérose en plaques. Certes ce n’est que de la crapulerie, pas de l’ignominie (quoique, escroquer des cancéreux…). C’est cependant et concrètement beaucoup plus évident ; mais chuuuuuttt, pas de noms.

Seraient-ce des noms indicibles, des noms à consonances étrangères, des noms d’origines Roms (« gens du voyage » en Politiquement-Correct), moyen-orientales, maghrébines, africaines, asiatiques, des noms qu’il serait malséant d’écrire sous peine de se voir soupçonner de racisme ? de xénophobie ? va savoir… justement nous ne saurons pas. Tandis que nos 2 supposés pédophiles bien de chez nous, pas de souci, on peut y aller, pas de racisme en vue. Juste du lynchage : quelle que soit l’issue de leur procès, relaxés ou condamnés, ils resteront marqués au fer rouge.

La gran (Bonux) de vadr (Coca-cola) ouille !

On a des attentions pour les vieillards prostatiques (les mâles, du moins) chez les amuseurs de la télé : bientôt nous aurons droit à DEUX coupures dans les films pour aller pisser, du moins sur les chaînes privées, qui ainsi vont pouvoir se refaire, reprendre un peu de gras, augmenter leurs recettes, distribuer des dividendes décents à leurs chers actionnaires, les pôvres.

D’autant plus que les chaînes publiques, elles, plus rien, zéro réclame, ce qui personnellement ne me chagrine pas du tout du tout. Enfin… zéro réclame, faut relativiser, car dans chaque film récent – Bergman et Lubitsch s’en foutaient – les « accessoires » ne sont pas là par hasard, et si le jeune cadre dynamique roule en Volvo et boit de la Leffe, ou consulte l’heure à sa montre Reverso (c.f. le tout récent « Deux jours à tuer »), et si l’héroïne se parfume au Versace, c’est rarement par hasard. Mais bon, pour les films sur les chaînes publiques : allez pisser et faire vos provisions de bière avant que le film commence, à moins que vous ne le connaissiez par coeur, ce qui est bien possible, si l’on vous balance la 273ème de Rabbi Jacob.

Tandis que chez TF1 et M6, notamment, alors là, 2 coupures : les cinéphiles vont s’étrangler. Déjà que l’unique coupure était odieuse, alors 2 ! Imaginez « Psychose » avec ses 2 coupures, le suspense torride entrelardé 2 fois de Renot-Galcon-Vieux popes-Tampacs-Pepsibémol-Bêle des champs-et vous en louperez plein car vous en profiterez (*) pour aller pisser, boire un coup, ranger la vaisselle, consulter votre messagerie.

Mais les cinéphiles ne s’étrangleront pas. Au vu des programmations de films sur ces 2 chaînes, peu de risques que les cinéphiles s’y collent.

(*) sans oublier de baisser le son quand la pub’ déferle ! ma parole, ils nous croient sourds, ou quoi ?

Virginité de l'ingénieur

Une illustration de ce que produit un préjugé ridicule (qui vous coûte cher, comme disait la réclame de la margarine Astra dans les années 50) : un mariage civil a été cassé car l’époux tout neuf, ingénieur de profession, a constaté au soir de ses noces (l’histoire ne dit pas comment) que sa jeune et tendre n’était pas vierge. Horreur, scandale, honte sur la famille, etc. Et un tribunal bien de chez nous pour annuler le mariage, car en l’occurrence la femme a menti ! L’ingénieur a en quelque sorte été trompé sur la « marchandise ».

Je ne sais pas ce qu’il faut le plus déplorer, l’arriération culturelle et le machisme, ou la bienveillance de la Justice à l’égard de ces requêtes moyenageuses. Il est évident que la jeune épouse a menti par peur (peur de son mari !!), qu’elle n’a peut-être pas eu les fonds pour se faire faire une « broderie » (se faire refaire l’hymen), ou pas trouvé la filière médicale ad hoc ; il est probable ainsi que l’époux a cruellement été décu, privé qu’il était de sa séance de défloration.

Mais quel mariage mal barré ! où est l’amour là-dedans ? la connivence, la confiance, le respect mutuel ? L’intégrité de la membrane compte plus que l’être humain ? voilà qui nous renvoie au sinistre « MSP » de Fourniret, pour qui toute femme est une « Membrane Sur Pattes » ; autant dire que sans sa membrane, ça n’existe plus !!

Au fait, monsieur l’ingénieur, il était vierge, lui ?

Rom n'est plus dans Rome

Qui saurait, sans l’aide providentielle de la Toile, d’où sort ce vieux bout de vers : « Rome n’est plus dans Rome… » ? oui ? une personne dans l’assistance ? Eh oui, bonne réponse, Pierre Corneille a commis cette affirmation dans ce qui n’est guère passé à la postérité comme étant sa meilleure pièce, Sertorius.
Mais le titre de ce billet n’est pas entaché d’un défaut de « e », non madame. Il s’agit, clin d’oeil triste à Sertorius, de signaler cette campagne anti-Roms qui secoue l’Italie depuis les élections législatives qui ont vu M. Berlusconi reprendre la main, campagne marquée notamment par des incendies de campements Rom à Ponticelli.

Sujet scabreux… les Roms entrés en Italie viennent essentiellement de Roumanie et de Bulgarie ; Roumains Roms, ils ont normalement le droit de circuler en UE comme les Roumains pas Roms, comme tous les Roumains tout court donc !! Le fait qu’ils vivent en campements insalubres, qu’ils restent très à l’écart des circuits de vie normaux (langue, emploi, enseignement), bref qu’ils se comportent en Roms… tout cela n’arrange rien, sachant aussi que les Roumains pas Roms ont eu et ont toujours une solide aversion pour les Roms (faut-il voir dans les récurrentes exactions anti-Roms l’origine du terme pogrom – « pogue-rom » ? )

Il faut dire que c’est un sujet pas neuf du tout du tout, et pour lequel il n’y a eu aucune solution envisageable, la seule initiative radicale ayant été due à Adolf Hitler lui-même, qui voulait en débarrasser l’Europe, au même titre que les Juifs, les homosexuels, les communistes, les trisomiques, les… bref tous ceux qui n’étaient pas de sveltes, sains et blonds aryens comme lui.

Les gitans, manouches, romanichels de mon enfance vivaient en roulotte, par groupes de 3 ou 4, souvent tirées par des chevaux… aujourd’hui c’est la même vie à part, la même méfiance, la même rusticité de mode de vie. Ce qui a changé, c’est qu’ils se déplacent maintenant par armadas de 150 caravanes volumineuses tractées par des camionnettes ; que les gendarmes, quand ils viennent leur rendre visite, se déplacent à 150 aussi ; on se demande pourquoi, à croire qu’ils se méfient…

Et donc, où voulais-je en venir ? ah oui, c’est un problème insoluble. D’une part parce que les Roms semblent, malgré tous les aspects particulièrement désastreux de leur situation – pauvreté, précarité, analphabétisme, assistanat – persister coûte que coûte dans leur mode d’existence anachronique et « en marge » (mais est-ce de leur plein gré ? quid de ceux qui se rangent des caravanes, se sédentarisent, trouvent un travail régulier ?), d’autre part parce que bien évidemment pauvreté et marge riment avec délinquance – tout le monde ne s’appelle pas St François d’Assise – et que la délinquance c’est une plaie, c’est exaspérant , voire parfois tragique pour ceux qui en sont victimes, et enfin parce que toute tentative d’aborder clairement la question se heurte aux interdits du Penser-Correctement (traduisez : pensée culpabilisante et fourrée de bons sentiments).

Gardons donc pieusement au coeur l’image de la roulotte et du romanichel, nostalgique moustachu rêveur qui gratte sa guitare (comme un dieu, d’ailleurs) devant un feu de bois dans la clairière au coin de laquelle paît tranquillement le bourrin-tracteur, tandis que les femmes tressent des paniers d’osier ou rempaillent des chaises. C’était le bon temps. En léger décalage avec l’actuelle réalité, qui nous pète au nez. Mais chuuuut ! Penser-correctement, surtout.