Repu de vresse

Il y a deux jours, un Ministre du Budget interrogé sur le sentiment de Normal-Premier vis à vis de la polémique sur les Roms : « Le président est au-dessus d’un certain nombre de contingences. Ce qui compte, c’est que la ligne soit tenue« . Certes ! si en d’autres temps monsieur Kadhafi a pu planter sa tente sur les pelouses de Matignon, Moi-Président ne risque guère de voir débouler une quarantaine de caravanes dans la cour de l’Elysée, qu’on y tende des cordes à linge, et qu’on y déglingue la borne à incendie pour s’approvisionner en eau courante et gratuite. Les contingences, c’est pour d’autres.

Hier mardi des « Femen » canadiennes ont surgi à l’assemblée Québecoise, dépoitraillées comme d’hab’, criant des slogans hostiles aux religions – elles entendaient protester contre le crucifix qui orne la salle des débats. Sur leurs nichons était écrit « Crucifix, décâlisse » (crucifix, dégage ! en français de France). Je suis bien aise de constater qu’au Québec les Femen se peinturlurent les têtons en québecois, contrairement à nos Femen  européennes, qui même à Notre-Dame-de-Paris se barbouillent la poitrine et hurlent en anglais, ces connes ! nous pas comprendre.

Remarquez, si on pousse la logique femenesque, il va falloir trouver d’autres jurons orduriers chez nos cousins du Québec : « calice, ciboire, hostie, tabernacle, crisse… » : les linguistes ont du travail.

J’apprends enfin avec satisfaction que le Berlusconi transalpin a du plomb dans l’aile. Il a 77 ans – il ne les fait pas, au vu de son bronzage et si ses cicatrices de lifting ne craquent pas – et devrait enfin sérieusement songer à la retraite. Malgré ses récentes manoeuvres tordues et sa tentative de chantage pour rester dans le jeu politique et se soustraire à son sort judiciaire, il semble qu’il tire, enfin, ses dernières cartouches. Berlu, décâlisse !

Tibert

Têtus faits

Je parcours les journaux sur la Toile, ça ne vous surprendra pas.

Et ma foi je lis ça : « …(…) La criminalité liée aux mineurs roumains a bondi de 102,92% entre 2009 et 2011. »

Et je lis ça : « Ayrault joue l’apaisement sur le dossier des Roms« . Une liste d’emplois possibles plus copieuse, des terrains, des terrains !! et puis, l’avenir étant radieux,  » … les expulsions de Roms cesseront «au plus tard fin 2013», se félicite le collectif Romeurope, dont Jean-Marc Ayrault a tenu à recevoir hier les représentants. Le temps de la «stigmatisation» est peut-être révolu« .

Questions :

– Que pense le collectif Romeurope des chiffres donnés sur l’explosion de la délinquance des Roms ces 2 dernières années, en particulier concernant les mineurs ? ne sont-ce pas des chiffres propres à alimenter « la stigmatisation etc etc… » ?

– Comment va-t-on procurer des emplois plus facilement à des Roms mineurs ?

– Combien de chômeurs français vont continuer à pointer chez Popaul-Emploi du fait que des Roms auront pris les places vacantes (les Roms majeurs, évidemment, pas les mineurs, ceux-ci ne pouvant légalement travailler, sauf sous la coupe rude et contraignante de réseaux mafieux, qui eux ne travaillent pas de toutes façons, mais font bosser les autres).

– Comment se fait-il que l’on laisse paraître des statistiques mauvaises sur la délinquance des mineurs Roms ? ça ne peut que créer un « sentiment d’insécurité », et contribue à la stigmatisation etc… etc … (air connu).

Tibert

(*) anecdote : passant il y a peu, vers 8h30, le long du flanc Nord du théâtre du Chatelet, j’ai croisé une volée de mineurs Roms, une douzaine environ, tous enfants ou ados piaillant, chahutant,  bavardant, comme n’importe quels gosses, leurs planchettes de signatures de pétitions sous le bras. Ils allaient visiblement vers le Louvre. Malheureusement je ne les ai pas vus descendre du minibus qui les acheminait, ou sortir en bon ordre de la bouche du métro. Il était clair que, comme d’hab’, on les retrouverait par 2 ou 3 au long de la journée, devenus sourds-muets, harcelant par gestes les touristes pour leur soutirer des signatures de pétitions bidon (et plus si affinités).

Rom n'est plus dans Rome

Qui saurait, sans l’aide providentielle de la Toile, d’où sort ce vieux bout de vers : « Rome n’est plus dans Rome… » ? oui ? une personne dans l’assistance ? Eh oui, bonne réponse, Pierre Corneille a commis cette affirmation dans ce qui n’est guère passé à la postérité comme étant sa meilleure pièce, Sertorius.
Mais le titre de ce billet n’est pas entaché d’un défaut de « e », non madame. Il s’agit, clin d’oeil triste à Sertorius, de signaler cette campagne anti-Roms qui secoue l’Italie depuis les élections législatives qui ont vu M. Berlusconi reprendre la main, campagne marquée notamment par des incendies de campements Rom à Ponticelli.

Sujet scabreux… les Roms entrés en Italie viennent essentiellement de Roumanie et de Bulgarie ; Roumains Roms, ils ont normalement le droit de circuler en UE comme les Roumains pas Roms, comme tous les Roumains tout court donc !! Le fait qu’ils vivent en campements insalubres, qu’ils restent très à l’écart des circuits de vie normaux (langue, emploi, enseignement), bref qu’ils se comportent en Roms… tout cela n’arrange rien, sachant aussi que les Roumains pas Roms ont eu et ont toujours une solide aversion pour les Roms (faut-il voir dans les récurrentes exactions anti-Roms l’origine du terme pogrom – « pogue-rom » ? )

Il faut dire que c’est un sujet pas neuf du tout du tout, et pour lequel il n’y a eu aucune solution envisageable, la seule initiative radicale ayant été due à Adolf Hitler lui-même, qui voulait en débarrasser l’Europe, au même titre que les Juifs, les homosexuels, les communistes, les trisomiques, les… bref tous ceux qui n’étaient pas de sveltes, sains et blonds aryens comme lui.

Les gitans, manouches, romanichels de mon enfance vivaient en roulotte, par groupes de 3 ou 4, souvent tirées par des chevaux… aujourd’hui c’est la même vie à part, la même méfiance, la même rusticité de mode de vie. Ce qui a changé, c’est qu’ils se déplacent maintenant par armadas de 150 caravanes volumineuses tractées par des camionnettes ; que les gendarmes, quand ils viennent leur rendre visite, se déplacent à 150 aussi ; on se demande pourquoi, à croire qu’ils se méfient…

Et donc, où voulais-je en venir ? ah oui, c’est un problème insoluble. D’une part parce que les Roms semblent, malgré tous les aspects particulièrement désastreux de leur situation – pauvreté, précarité, analphabétisme, assistanat – persister coûte que coûte dans leur mode d’existence anachronique et « en marge » (mais est-ce de leur plein gré ? quid de ceux qui se rangent des caravanes, se sédentarisent, trouvent un travail régulier ?), d’autre part parce que bien évidemment pauvreté et marge riment avec délinquance – tout le monde ne s’appelle pas St François d’Assise – et que la délinquance c’est une plaie, c’est exaspérant , voire parfois tragique pour ceux qui en sont victimes, et enfin parce que toute tentative d’aborder clairement la question se heurte aux interdits du Penser-Correctement (traduisez : pensée culpabilisante et fourrée de bons sentiments).

Gardons donc pieusement au coeur l’image de la roulotte et du romanichel, nostalgique moustachu rêveur qui gratte sa guitare (comme un dieu, d’ailleurs) devant un feu de bois dans la clairière au coin de laquelle paît tranquillement le bourrin-tracteur, tandis que les femmes tressent des paniers d’osier ou rempaillent des chaises. C’était le bon temps. En léger décalage avec l’actuelle réalité, qui nous pète au nez. Mais chuuuut ! Penser-correctement, surtout.