Libres livres

Les frontières de l’aube s’annonçant à l’horizon de Serangoon Gardens ou de Barbera, les petits-oiseaux commençant leur « boeuf » sur les branches, je suis là vissé devant ma page blanche, et ma foi la candidature éventuelle d’un ancien footballeur ombrageux et un peu foutraque aux Présidentielles 2012 ne m’inspire pas. Je vais donc vous entretenir – mais non, je ne vais pas vous entretenir ! vous rigolez, ou quoi ? – mais je vais vous entretenir d’autre chose.

Le livre électronique, j’en ai rêvé, ils l’ont fait. Techniquement c’est nickel, même si ça ne remplace pas les bonnes vieilles pages qu’on corne au coin pour marquer la page. Mais dix bouquins à 500 grammes chacun ça fait 5 kilos, et oui c’est lourd. Donc, vive le livre électronique ! en plus du papier, évidemment.

Mais voilà, moi je les emprunte, je les prête, je les revends, je les achète d’occasion, plus rarement neufs, ces chers livres : un livre ça vit, ça passe de main en main si ça vaut le coup, et puis un jour ça finit au pilon, à la poubelle ou sur une étagère à la maison ou chez un broc’, pour 2 euros – jamais 1,99, ça c’est du prix markétingue et baise-couillon, pas du prix de broc’.

Il existe même des médiathèques : je m’y inscris pour une poignée de sequins ou même gratoche, et je puis y emprunter plein de belles choses sans payer : le poids d’un livre quasiment gratuit, vous voyez, c’est bien moins pesant. Mais ça reste lourd, hélas, dans le sac, au bout du bras.

Donc, vive la légèreté, et vive le livre électronique – tiens, j’achète chez Anna-Zaune  « Les trois moustiquaires », d’Alexandre Dumât, et ça me coûte 2/3, disons, du prix du papier en édition de poche… voilà, je paye et je télécharge ce bouquin, il est « à moi »,  je le lis ou pas, c’est selon… mais…

– je voudrais prêter mon livre (et pas mon lecteur électronique, nuance !) à ma copine Aglaé, à mon cousin Jules : impossible, ça ne se fait pas. Il faut que je prête mon lecteur avec. Pourtant j’accepte que, prêtant mon livre, il soit pendant ce temps indisponible sur mon lecteur… ça doit coller, non ? non. D’autant plus qu’il y a des formats incompatibles entre lecteurs. Donc en somme, ça ne se prête pas, c’est comme les brosses à dents !

– bof, les histoires de moustiquaires, ça me lasse, alors ayant lu 36 pages  j’abandonne, je veux donc le revendre : ça ne se fait pas, eh non, il n’existe pas de marché d’occasion pour le livre électronique. Vous trouvez ça normal, vous ? si ça m’a coûté 1,20 ou 1,50 unités monétaires, je peux l’admettre – un « droit de lecture », en somme – mais si c’est 7 ou  8 ou  10 unités, alors là, zut, c’est abusif.

– il est extra, ce bouquin, mais il bouffe de la place sur mon lecteur : il faut que je le sauvegarde avant de l’effacer pour libérer de l’espace… mais comment le sauvegarder en étant certain que dans 2 ans, 5 ans… je pourrai le relire ? c’est-à-dire le remettre sur mon lecteur – mon prochain lecteur, car bien évidemment entretemps j’aurai acheté le dernier machin extra-plat à lecture relief et gloutron périonique  – sans me heurter à des problèmes d’incompatibilité ?

– je suis inscrit à la médiathèque de Noeud-en-Brie : comment vont-ils, à la médiathèque, me « prêter » des livres électroniques ? en papier c’est gratuit, d’accord, alors en électronique c’est combien ? et comment fait-on en toute légalité ?

Voilà, c’est très très bien le livre électronique. Enfin, ce sera très très bien, quand on aura répondu correctement à mes questions.

Bébert

J'y comprends que dalle mais je suis contre

Encore un sondage où je n’ai pas été sondé –  en fait je ne suis jamais sondé, sans doute ne suis-je pas représentatif, ce doit être génétique. Un sondage, dixit « Le Monde » (et d’autres, Europe 1, L’Humanité, qui est d’ailleurs le commanditaire de ce sondage…) nous catégorise hostiles à la TVA sociale à 64 %. On sait que le Grand Chef Nicolas a décidé qu’on la ferait (la TVA sociale) avant le clap de fin sur son quinquennat, et je vous fiche mon billet que c’est encore une de ces réactions épidermiques anti-Sarko qui a largement inspiré le choix des sondés – tant il est vrai que ce Président suscite des sentiments de haine quasi pavloviens. Tiens, ça me rappelle Joe Dalton dans les premiers albums de Morris – les seuls qui vaillent – qui à la seule évocation du nom de Lucky-Luke, se mettait à trépigner, manger son Stetson, se roulait par terre, risquait l’apoplexie, hurlant « je hais Lucky-Luke !« .

Mais derrière ce rejet phobique, si chaque  sondé se voyait demander « la TVA sociale, en comprenez-vous les mécanismes et les enjeux ? pouvez-vous m’en développer les lignes directrices ? » (*) ce serait probablement « hem… ben… c’est-à-dire queuuh… ». Car la TVA sociale, mon mignon, c’est tout sauf simple.

Bon, je ne vais pas vous faire ici un topo sur les mécanismes de la TVA sociale, les coûts hors-taxes incluant ou non les cotisations sociales salariales, le différentiel produits importés-produits nationaux. D’abord j’ai moi-même besoin d’y voir plus clair et ce n’est pas totalement le cas – mais je me soigne ; et puis vous trouverez, chez Wiki par exemple, un début d’explication assez bien fait.

Rêvons de refaire ce sondage : l’ « Humanité » fait rassembler un échantillon représentatif d’un peu plus de 1.000 personnes, leur fait suivre un cursus pédagogique sur la TVA sociale, ses rouages, ses plus et ses moins, son application en Allemagne et au Danemark, ses résultats patents… et on repose la question. Chiche ?

Tibert

(*) je traduis en langage de talc chaud : « Pour vous  la TVA sociale c’est quoi ? comment ça marche ?  » Ah oui là comme ça on comprend.

Fin de parti ?

Marseille, sa bouillabaisse, sa Bonne Mère, ses quartiers Nord, ses grutiers et dockers obligatoirement tous syndiqués et ses éboueurs qui bossent selon le contrat de travail informel  « fini-parti« . A savoir : leur journée est en principe de 7 heures (merci Martine, merci Lionel) mais une supposition : s’ils avaient fini leur boulot de la journée, disons, en 5 heures 30 au lieu de 7, pourraient-ils rentrer chez eux goûter un repos bien mérité ? (ou bricoler, repeindre un appart’ « pour un copain », cuisiner, que sais-je ?) eh bien oui, la Mairie – la communauté urbaine, en fait : la MPM, leur donneur d’ordres – magnanime ou laxiste ou les deux, les a laissés fonctionner selon le « fini-parti », au vu paraît-il de la pénibilité de leur boulot. Notez bien qu’il existe des tas de boulots tout aussi pénibles, les maçons les terrassiers les métallos la découpe de volaille à la chaîne, etc etc… mais eux, en plus, ils travaillent dans le sale, ça ne sent pas la rose, pas vrai ? certes, mais on peut supposer qu’ils étaient au courant lors de la signature de leur contrat de travail  ? et ils ne ramassent pas des poubelles pendant 7 heures, loin de là.

Le problème est que ce ne sont pas 5h 30, ou 6h20 qui sont effectuées en moyenne, mais au grand maximum 3h30, soit la moitié du temps théorique. Vous pourrez lire ce qu’en dit le Figues-haro – voir le lien que je me suis décarcassé à vous fournir plus haut, en gras souligné etc. Donc, de deux choses l’une :

– soit les éboueurs marseillais bossent à 2 fois la vitesse nominale, et là je me demande s’ils n’ont pas tendance à y aller un peu allegro vivace,  et s’ils ont le temps de fignoler les coins ? (*) amis lecteurs marseillais, les coins sont-ils propres dans votre ville ? au vu des fines remarques du maire actuel, le trop bon monsieur Gaudin, les conducteurs de camion-poubelles auraient tendance là-bas » à se prendre pour des pilotes des 24 heures du Mans ».

– soit ils n’ont qu’une demi-charge de travail, en clair pas assez de travail, ce qui relève de la responsabilité de leur employeur la MPM, qui gère mal sa boîte, gaspille l’argent du contribuable, et peut envisager de sabrer quasiment la moitié des effectifs, d’où grosses économies pour la ville de Marseille – ce que ledit contribuable de là-bas appréciera certainement.

Il se trouve qu’un courageux ou téméraire citoyen de Marseille – un avocat – a entrepris de saisir la Justice sur cette affaire, estimant, lui, que sa ville n’est pas propre, et que donc les éboueurs peuvent donner encore un peu de leur précieux temps « fini-parti » au polissage des bordures de trottoirs, au nettoyage des caniveaux et au lavage à grande eau des recoins sombres où ça pue l’urine fermentée. Je dois dire que je suis admiratif, et je souhaite à cet avocat courage et ténacité. Car bizarrement son adversaire, c’est la MPM, qui s’obstine à chouchouter ses éboueurs et leur « fini-parti » aux dépens des Marseillais.

Il se trouve aussi, et c’est là le fin mot de la fin, que l’avocat de la Communauté Urbaine a énoncé ceci : « le fini-parti n’a pas été mis en place par une décision. C’est une tolérance, un usage historique qu’on ne peut pas abroger« . En clair, personne à la MPM n’a jamais autorisé formellement et par écrit les éboueurs à agir comme ils le font (mais ils le font) : eh bien, c’est un usage historique ! et il est évidemment impossible d’abroger un usage historique, qui n’a pas d’existence légale.

Reste aux patrons de France et de Navarre à affronter cet état de faits : le campement des salariés pendant des heures devant la machine à café non plus que les parties de crapette en réseau sur leurs ordinateurs ne sont inscrits au Contrat de Travail, donc ce sont des tolérances, des usages historiques qu’on ne peut pas abroger. On peut juste rechercher des salariés plus consciencieux et moins feignasses.

Tibert

(*) Locution usuelle dans ma famille à propos d’un nettoyage sommaire : « si les coins en veulent, qu’ils s’approchent ! »

Z'Eurro est ar-ri-vé-éé…

Le « Monde-sur-Toile » et les autres canards réputés sérieux dissertent là-dessus : ça fait 10 ans qu’on a l’Euro, et « 10 ans après, l’Euro reste associé à une perte de pouvoir d’achat« , dixit justement « Le Monde« . Et de citer notamment le petit noir, qui se négociait 4,50 à 5 Fr grand maximum sur le zinc, à rapprocher de 1,50 euro = 10 Fr !(*), soit le double en 10 ans. Et de se couvrir la tête de cendres, car « Le Monde » a peu d’affection pour l’Euro – c’est une litote, et ne manque pas une occasion de le débiner.

Le même canard titre, d’ailleurs : « La croissance allemande a bénéficié de la monnaie unique« . Ben alors,c’est bon ou mauvais ? il faudrait savoir… bon pour les Allemands, pas bon pour nous ? c’est ça ?

Eh oui, c’est ça. Et moi j’en ai par dessus la tête d’entendre seriner tous les jours l’antienne « avec le Franc, au moins, on maîtriserait notre destin, on serait pas gênés aux entournures comme avec l’Euro gnagnagna ». Nous ne maîtriserions rien du tout ! nous étions, jusqu’à la mise en place du « serpent monétaire » SME en 83, les rois incontestés – avec les Italiens, c’est vrai – de la dévaluation de notre monnaie. Dix-sept dévaluations entre 1028 et 1983. Un courant d’air ? on dévaluait. Nos industriels frileux et craintifs pleurnichaient qu’ils n’y arrivaient pas ? on dévaluait. Les caisses sonnaient creux ? on dévaluait. On dévaluait à tout propos et hors de propos, parce que nos gouvernants sont des paniers percés, parce que la Grandeur de la France, parce qu’on dépense trop et connement, parce qu’on ne sait pas bosser sans rouspéter, parce que notre pays est piloté en fonction des états d’âme des chauffeurs de taxis, des aiguilleurs du ciel, des patrons chauffeurs-routiers et des agents de conduite SNCF et RATP.

On en a vu, des reculs du Franc par rapport au Franc Suisse, au Mark, au Florin, au Franc belge, même le Franc belge, c’est dur, hein ?… on en a vu, et chaque fois c’était une baffe et une mortification : pas sérieux… monnaie de singe… pas capables de bosser sans râler… gaspilleurs… cigales… sous De Gaulle sous Pompidou sous Giscard sous Mitterand, on en aura vu défiler des dévaluations – des humiliations.

Depuis le SME, en revanche, il n’y a pas eu une seule dévaluation – si, en fait, les taux de change sont maintenant à la baisse vis à vis du Franc suisse depuis 2011 – la suisse, ce paquebot de banques ; vis à vis du Yen depuis peu – injustement, au vu de la santé de l’économie nipponne et de sa dette souveraine ; et vis à vis du Dollar, cette monnaie de singe planétaire. Mais songeons-y :  si l’on avait gardé le Franc, où en serions nous dans la dégringolade vis à vis du Mark, du Florin, du Franc belge, du Yen, du… ? hein ? au ras des pâquerettes. Si la monnaie négative existait, nous y serions déjà.

Et en cas de malheur – de retour au Franc, je vous fiche mon billet de 100 qu’une des premières décisions qui seront prises, ce sera une dévaluation : « compétitive », pour la bonne cause,  je vous rassure tout de suite.

Tibert

(*) J’ai fait un rapide calcul : 9 centimes de café maximum par dose (6 grammes) à la machine derrière le comptoir. De l’eau, un peu d’énergie, disons 2 centimes le tout : coût de production, moins de 11 centimes. Après une petite translation vers le comptoir : 1,50. Vers la salle : 2, voire plus.

Grands espaces

Les poules pondeuses « de batterie », ou d’abattage, comme vous voudrez, fournissent 80 % des oeufs de poule (eh oui…) produits en France. Elles disposaient réglementairement jusqu’ici de 550 cm2 dans leur enfer quotidien de chaleur, promiscuité, bruit, lumière permanente, mais vont bénéficier de la sollicitude de l’Union Européenne, qui leur octroie 750 cm2, plus un perchoir, plus un grattoir, plus… bref, s’il existe un enfer moins dur que l’enfer, voilà, c’est à ce doux enfer qu’elles vont avoir droit, ce dès le 1er janvier 2012. Merci Bruxelles, une fois.

Ceci pose tout de même un problème d’éthique, et si je ne rejoins pas madame Bardot, Brigitte, dans tous ses combats, sur ce point de la cruauté des hommes envers les animaux je ne peux qu’être de son bord. On a assez pleuré, boycottons. Boycottons les oeufs marqués « 3… », soit tous les oeufs produits en élevage de batterie. Et tant qu’à faire, seuls les oeufs  « 0… » (supposés « biomachin ») et « 1… » (poules élevées en liberté) méritent qu’on les bouffe. Les « 2… » ouais, c’est moins pire,  mais bon, elles voient pas la lumière du jour… vous vivriez comme ça, vous ?

Vous allez me dire – et une copine à moi le disait, haussant les épaules, « je ne vois pas la différence« . Certes ! le blanc est blanc, le jaune est jaune, un oeuf est un oeuf. Mais la poule, ELLE, elle la voit, la différence ! et comment. Faites donc rapidement un sondage débile façon Figues-haro auprès des poules lectrices de ce canard, du genre comme hier « La SNCF a-t-elle raison d’augmenter ses tarifs ? Oui- Non » (devinez la réponse) : « Poules, mes amies, préférez-vous une cage de 750 cm2 ou un pré d’herbe verte ? Cage – Pré  » vous verrez,  impressionnant, ça va faire genre plébiscite.

Reste qu’on ne peut pas, hélas, boycotter efficacement les oeufs « 3… ». Bicôse les restos, et les aliments industriels. Quel resto osera nous annoncer sur sa carte « Nous n’utilisons que des oeufs 0 ou 1« , quel industriel de la biscuiterie, des pâtes aux oeufs frais, de la ragougnasse en boîte affichera fièrement sur ses emballages « que des oeufs de poules en liberté chez nous » ?  Allez, on fera comme on pourra, on va quand même essayer. Ouvrons les boîtes d’oeufs, et « 3… » : Niet ! « 2… » ? que nenni. Oui, c’est plus cher, je sais. Eh bien, mangez-en moins, de toutes façons c’est bourré de cholestérol,  bio ou pas, donc allez-y mollo :  à ne bouffer qu’avec Parcimoni et Bonessian.

Bébert

Heureux peu (*)

J’aime bien madame Joly, et de plus en plus au vu de son programme.

Super, son programme ! outre qu »enfin elle propose de dépénaliser le cannabis – du simple bon sens, mais le bon sens se fait rare chez nos élites éclairées – ce qui permettra de mettre sur un pied d’égalité la fumette le tabac l’alcool et les anxiolytiques, elle se lance hardiment dans la déconstruction de la cellule familiale traditionnelle, car il est bien établi que c’est être réac’ et pas vert du tout – ça aurait même, paraît-il, un effet néfaste sur les gaz à effet de serre – de se cramponner à la structure parentale classique (et qui fonctionne bien, merci). Là, je dois dire, je ne la suis pas du tout.

Son slogan sur le « moins consommer » me plaît, en revanche (sauf sur la bouffe, où j’ai des réticences) : enfin un coup de pied au cul des appareils à masser l’intérieur du gros orteil, des crêpières électriques transformables en machines à tortillas, des tiédisseurs de mousse à raser, des ionisateurs d’air tantriques et des fontaines lumineuses  à eau recyclée. « Ma thurne est découverte » va pouvoir mettre la clé sous la porte, et Boulinex  se recentrer sur ses métiers de base : l’autocuiseur et le presse-purée à manivelle.

Enfin, last but not liste, et même le plus important : les 32 heures ! On en rêvait, Eva le fait. Reste à faire fonctionner tout ça : simple, moins on consomme, moins on a besoin de produire, donc de travailler. C’est d’une logique impeccable, et je dirai même que ça touche aussi bien le fonctionnaire des Impôts que le fabricant de gratte-dos à décharge statifiée. Du moment qu’on ne produit que peu, on déclare peu à l’URSSAF, les rentrées de fric se faisant rares, il devient de plus en plus simple de les contrôler, c’est vite bâclé, en moins de 32 heures, tiens !

Restera à occuper nos loisirs, considérablement plus épais… ne consommant que peu, et surtout des voyages voraces en effet de serre, on restera à la maison, ou on partira à vélo, avec une remorque éventuellement, comme les congés payés en 36. Pour ne pas être esclave de la consommation, on lavera notre linge au lavoir – tiens, en voilà des boulots à créer, remettre en route les lavoirs de nos grand-mères, avec les planches, les brosses et le savon de Marseille – et ça passera le temps agréablement. A la veillée, on évitera de se cramponner à « Sacrée Niaiserie » sur TF2 (sauf si on dispose d’une dynamo pour alimenter la télé, et en privilégiant tout de même Arte et la Chaîne Parlementaire) : on cassera les noix pour les porter au moulin, on alimentera le poële à copeaux de bois, on triera les lentilles « bio », on se tricotera des pulls, on se fera la lecture, on fera des petits.

Je plaisante, bien évidemment. Ce sont en fait des propositions très intelligentes… pour des gens évolués, cultivés, assez friqués pour avoir tout l’essentiel, se trouver bien chez eux et occuper leurs loisirs intelligemment. En d’autres termes, c’est un programme élitiste. Proclamons vite la REVE, la République des Elites Vertes et Eclairées et rejoignons-la – puisque nous en sommes, bien évidemment.

Tibert

(*) Happy few, chez nos voisins d’outre-Channel

Négatif, chef !

On le sait, papa Moody’s, maman Fitch et le St-Esprit Standard & Poors menacent de faire panpan-cucul à la note de la France en matière de solvabilité sur sa dette souveraine. Il y a fort à parier que c’est déjà dans le tuyau, puisque ça fait partie du plan, vu que l’Euro les emm…, vu que le déficit des USA est proportionnellement supérieur au nôtre mais chuuuut, vu qu’il s’agit de nous mettre la tête sous l’eau, et que, good idea, existent ces 3 Pythies, ces 3 Parques, ces 3 Pieds-Nickelés aux ordres de la finance anglo-saxonne. La question est : quand ? il s’agit de nous « dégrader » (charmant vocable) au moment où ça paraîtra plausible, naturel, pas trop fabriqué.

La faute à Sarko ? la faute à Sarko  ! clament les anti-Sarko.  Meeeuh non, répondent les autres. Il est vrai que notre Président clamait encore haut et fort, il n’y a pas si longtemps, que le triple « A », c’était une affaire de principe pour lui, et que maintenant, ça communique de là-haut dans le style « bof, 2 ou 3 A, après tout, c’est A tout de même, non ? « .

Vouais… peut-être… les anathèmes pleuvent durs et dru, en tout cas, en ce moment. Je lis dans le courrier des lecteurs (à défaut de pouvoir écrire dans le courrier des écriteurs, vu que je ne suis pas abonné, j’ai pas le droit !), je lis, dis-je : « Jamais un président n’a eu un bilan aussi nul que Sarkozy. Et certains voudraient en reprendre pour 5 ans? » Fermez les guillemets. Je voudrais, dans mon petit coin, humblement, faire remarquer deux graves erreurs de raisonnement dans cette assertion désobligeante :

– Premio, « aussi nul que » ne veut rien dire. Soit c’est nul, soit ça ne l’est pas : nul, c’est nul ; un poil de cul à côté de zéro, ce n’est pas nul. Relisez le paradoxe d’Achille et de la tortue, c’est plein de culture et réellement paradoxal.

– Deuxio, le commentaire acerbe que j’ai cité plus haut oublie que les nombres négatifs existent : monsieur Sarkozy aurait pu faire un bilan négatif ! Comme disent les Québécois, nul, c’est pas plus pire que négatif, et toc ! Et, disons-le, des bilans négatifs, donc bien plus mauvais que nuls, je pourrais vous en citer, moi, et des qui ont néanmoins donné aux lecteurs du canard que je vous cause l’envie d’en reprendre non pour 5 ans, mais pour 7 ans – putain, 2 ans de plus !  il est vrai qu’à l’époque y avait pas le choix.

Bon, alors, ce tripe A en dégradé, c’est prévu pour entre la dinde aux marrons et la bûche ? c’est ça ? pour nous saboter le réveillon ? mais c’est qu’y z’en seraient capables, je vous le dis.

Tibert

Clausus à la campagne

Vous en penserez ce que vous voudrez, mais moi je vais vous écrire ce que j’en pense. D’abord le Figues-à-rôts nous apprend qu’on relève le numerus clausus des études de médecine à 8.000. Mon dieu ils sont fous, c’est trop ! et les pontes de s’étrangler, il va pas y avoir assez de place dans les amphis des fac’s de Médecine. Vous voyez la logique imparable du raisonnement : je veux monter un mur de 1 mètre 50, il me faudra 3 mètres-cubes de ciment… ah mais me dit le maçon, on a pas de bétonneuse, on a qu’une brouette, ça va pas le faire ! … ah bon, réponds-je, conviens-je, ah bon, alors on va juste construire un muret de 30 cm.

Elle est pas belle, ma parabole ? c’est exactement ça, on justifie le numerus clausus par l’exiguïté des salles de fac’s. Alors que, tout le monde le sait, le numerus clausus, il est là uniquement parce que les médecins, et leurs chefs en tête, tiennent à rester un produit rare, et cher ! cher… et ce, depuis des lustres. Résultat, on est bien soigné à Nice, Cannes, Bormes-les-Mimosas, Toulon, Cassis, Bandol, au Cap-d’Ail, mais à la campagne on essaye de se trouver tant bien que mal des Roumains, des Marocains, des Libanais, des Polonais, des… qui, eux, sont passés par des fac’s où il y avait de la place, eh oui.

Mais pour ne pas trop casser le métier, pour espérer encore attirer des vocations de toubibs, la médecine est devenue plus humaine, entendez, moins difficile pour les pauvres et rares médecins. Du temps de mes parents et de mes jeunes années, le docteur se levait à 2 h, se relevait à 5 h au besoin, si on l’appelait au secours. Maintenant, c’est (répondeur, voix enregistrée) : la nuit ?  « le cabinet du docteur LaRotule est fermé jusqu’au… appelez le 15 ». Le week-end ? appelez le 15. Ou allez aux urgences à l’hôpital le plus proche. Vous pouvez pas vous déplacer ? appelez le 15.

On est bien soignés, je vous dis… une de mes connaissances a eu dernièrement un gros ennui au côlon, à proximité de l’anus. Opération… le toubib lui présente un choix de « poches » qu’on pourra lui installer – pour faire caca, ou quelque chose d’équivalent, vous comprenez bien. Charmante perspective, et la dame, effondrée, de lui dire tout de go : « si vous me mettez un truc comme ça, je vous le dis, je me jette par la fenêtre. Je ne supporterai pas ». Que croyez-vous qu’il arriva ? ah bon… bon, alors on va vous opérer. Et on l’a opérée, et sans poche, et ça fonctionne très bien. Moralité ? si elle n’avait pas protesté véhémentement, elle l’aurait, sa poche à caca : c’est plus facile, et c’est moins cher.

Tibert

Réfléchissons, voyons… réfléchissons..

Bonne nouvelle : « l’État réfléchirait sur la possibilité de modifier la formule de calcul des tarifs du gaz, qui se base plus sur les coûts d’approvisionnement de GDF Suez et moins sur l’évolution des prix de marché du gaz. L’application de cette nouvelle version pourrait aboutir à une augmentation de 6% plutôt que de 10%« .

Mais oui, ils y réfléchiraient, là-haut…  là, derrière leurs fronts altiers et savants. Voyons voir, voyons voir…  serait-il possible de changer la formule ? sachant que mon ami Mestrallet, de chez GDF-Suez, tient à  ce que ça ne change pas, sachant que les Français se sont déjà morflé 3 hausses violentes du prix du gaz depuis avril 2010, soit +9,7 %, +5 % puis enfin +5,2 %, soit au total + 21 % d’augmentation en 18 mois, sachant que le gaz, il y en a des réserves prouvées sans commune mesure avec le pétrole, et que les prix sur les marchés mondiaux sont bien plus bas, mais que justement, la formule de calcul, elle, fait référence au prix du pétrole, parce que ! c’est comme ça !, alors, on y réfléchirait, au conditionnel, chez le Ministre de l’Industrie, de l’Energie  et des Justes Prix. Si, si.

J’ai parcouru la page « Dolcevita » de GDF, qui nous explique doctement pourquoi il faut payer de bon coeur, pourquoi notre fille est muette, et pourquoi les prix du gaz augmentent inexorablement, tels l’entropie – c’est scientifique, très convaincant, tenez : « …Par ailleurs, les 2 énergies (gaz et pétrole, NDLR) sont en concurrence directe pour de nombreux usages, si bien que si la demande s’accroît pour l’une, elle s’accroît également pour l’autre« . Eh oui, si pour faire vos courses, Leclerc est en concurrence directe avec Carrefour, quand vous allez plus chez Carrefour, c’est forcément que vous allez également plus chez Leclerc, c’est clair, non ? non ? ah bon c’est pas comme ça ? c’est même le contraire ? zut alors.

Tibert

Un tyran reste au quai

(Non, ce n’est pas un commentaire sur Kadhafi ou Néron, c’est un contrepet : je vous aide ? allez… « mesdames-messieurs… rester propre… une petite pièce, un tick… »)

Bon, on y va ? attachez vos ceintures.

Monsieur Wauquiez, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche – vous savez ce que je pense de cet assemblage Enseignement /Recherche :  c’est 75 % bidon, mais ne le répétez surtout pas – estime qu «  ‘être payé quand on est malade, ce n’est pas très responsabilisant« . Certes ! d’ailleurs dès que je peux choper au voisinage d’une personne visiblement enrhumée, souffreteuse, malade, un de ses virus vicieux et violemment contagieux, par exemple en lui léchant discrètement les mains, je m’empresse de le faire, et toc, ça me fait un arrêt maladie aux petits oignons, au fond du lit, malaaade, fiévreux, mal en point mais quel bonheur ! quel agréable sentiment d’irresponsabilité ! Puis-je ajouter que les fonctionnaires, à comparer les quotas de jours de carence, ont un sentiment d’irresponsabilité 4 fois plus important que les salariés du « privé » ; il faudra remédier à cela, monsieur le Ministre.

Monsieur Wauquiez en a, et comment, des lumières, sur le sentiment d’irresponsabilité : on vient d’apprendre que le désamiantage du campus universitaire de Jussieu (à Paris, forcément, sinon je vous dirais où c’est) aura coûté (NOUS aura coûté) 1,85 milliard d’euros, au lieu des 183 millions estimés au départ. Evidemment, un chantier 10 fois plus coûteux que prévu, ça interpelle quelque part au niveau de la feuille d’impôts… et donc, notre ministre de déclarer qu’il a … « « l’intention de tirer les enseignements des erreurs qui ont pu se produire pour continuer d’améliorer les procédures de gestion des projets immobiliers par une organisation efficace, transparente et irréprochable ». Mon commentaire : n’en restez pas aux intentions, monsieur le Ministre ! si par hasard, inadvertance, malchance, des erreurs ont pu se produire (vachement peu probable, nous en convenons tous), et si 1,7 milliard d’euros ont pu s’évaporer vers les caisses des entreprises de désamiantage ou vers je ne sais quelle fuite dans un tuyau d’euros, nous sommes intéressés à ce que vous « continuiez d’améliorer les procédures« , il y a largement de quoi faire.

Bon, autre chose : vous avez compris pourquoi, quand on veut vendre des pull-overs, il faut montrer une photo du pape roulant une pelle au grand mufti ? ils ont même pas de pull-overs… c’est nul, comme pub’. Benetton, à la benne, j’irai acheter mes pull-overs ailleurs.

Enfin : des Cathos intégristes rouspètent et perturbent une pièce à Toulouse (à Toulouse, cong !) intitulée « Golgotha picnic‘ ». Il paraît que c’est blasphématoire. Et les organisations de Gauche, LDH CGT NPA PCF etc etc… de s’étrangler(*), et de clamer « Non aux intégristes, liberté d’expression ! ». Vous admettrez qu’il y a là un superbe paradoxe, un oxymore logique, un sujet de dissertation philosophique : si  la liberté d’expression est un droit intangible, pourquoi les intégristes doivent-ils fermer leur gueule ?

Tibert

(*) il me souvient qu’au NPA, partie prenante des protestations « de gauche » à Toulouse contre les cathos intégristes, on avait présenté une candidate musulmane et voilée, et voilà…  cet intégrisme-là, en revanche, ne les défrise pas plus que ça, au NPA.