Des langues

On le sait, les Français sont très mauvais en langue anglaise. De nombreux articles ont récemment répercuté les résultats d’études assez tragiques, montrant que nos jeunes sont largement à la remorque, juste devant les Chypriotes, les Italiens et les Turcs, quant à la maîtrise de la langue anglaise. Et de s’interroger : y aurait-il un gène malin anti-rosbif chez nous ?

Par ailleurs, je lis ça : 25 % seulement des écoliers Anglais apprennent le français. Peau de chagrin ! d’abord ça les emmerde, ensuite ce n’est plus obligatoire chez eux de se taper l’apprentissage d’une autre langue, et puis ils ont LA langue, pas vrai ? celle qui est partout, »your attention please« , la panacée pour se faire comprendre, de Tokyo à Libreville… ouais… mouais… boarf…

Disons 3 petites choses là-dessus :

– premio, ce n’est pas l’anglais qui a été élu l’élu, l’Espéranto des aéroports, le Sabir des modes d’emploi… c’est l’Etats-unien. Sans la puissance, l’hégémonie des USA, l’anglais serait un petit langage régional.

– deuxièmo, nous avons, nous, Français, un vrai problème – comme tous les Latins, d’ailleurs – avec l’élocution des anglophones : comment nos oreilles peuvent-elles découper en rondelles de mots distincts leur purée vocale ? ces innombrables w, et ces r, a fortiori ces wr qui, dans une bouche anglophone, ne donnent que de la bouillie. Déjà c’est dur à entendre, « rough » (un aboiement !) avec l’élocution de la BBC, mais collez donc un accent écossais ou texan par là-dessus…

Nous autres, Latins, ar-ti-cu-lons, toutes nos consonnes sont audibles, nous n’utilisons pas les wouwou, les wawa, les chiffons en flanelle. Le w est anecdotique, d’ailleurs c’est quasi toujours comme un v, un v qui s’entend, « valise », « vieux », et notre r est dur et clairement audible, ou, délicatement rrrrroulé, s’entend à 10 mètres (22 pieds).

Et puis on glose trop sur le « th« , ce fameux « ze » de chez nous qui provoque l’hilarité des Rosbifs : d’abord on le perçoit assez bien ; « the » ça s’entend, ça se perçoit. Dans notre bouche, « ze » est certes approximatif, mais clair, puisque ça fait rire.

– troisièmo : il n’y a pas une langue anglaise, il y en a des tas… le Sabir des aéroports (passengers are requestedwe remind you that smoking in the toilets…) et des hôtels (I have a reservation for one night…), l’anglais des non-anglophones (ah… l’anglais d’un Espagnol, d’une Grecque : clair, audible, ar-ti-cu-lé !!), et, hélas, l’anglais des anglophones avec ses innombrables variantes, ses accents si divers, du Kenya à Singapour, en passant par Minneapolis et Calcutta. Lequel faut-il apprendre ? les petits gars de Liverpool feraient bien d’apprendre l’anglais tel qu’on le parle ailleurs que chez eux.

Et puis soyons donc un peu chauvins, nom d’un chien ! quand un  Rosbif nous cause CHEZ NOUS dans sa langue, renvoyons-le à ses chères études : moi pas comprendre ! Comme eux chez eux.

Tibert

Statistiques sur les bâches

Où l’on reparle des statistiques ethniques : on en a, semble-t-il, grand besoin.

Par exemple, le mec qui dit, se baladant à Evry : « Belle ville… belle ville… tu me mets quelques blancs, quelques white, quelques blancos » : est-il fondé à se plaindre du manque de blancs ? statistiques ethniques, s’il vous plaît. Qu’on sache sur quels chiffres on se base.

Autre cas : le PCF, via un des ses députés, s’alarme de voir des femmes (???  sont-ce des femmes, d’ailleurs ? rien ne permet de s’en assurer, car la bâche dissimule même les 95-bonnets C ) bâchées des pieds à la tête, dans nos belles rues des villages de France. Dans un style très tendance, à l’afghane, probablement parce que le propriétaire, le seigneur et maître ne tolère pas qu’un autre mâle puisse apercevoir un poil du bras ou du nez de sa propriété, dès fois que, va savoir.

{ Remarquons, au passage, que les envoyées spéciales de FR2, TF1 etc… en Iran, en Irak, se voilent consciencieusement la chevelure, ça évite pas mal d’ennuis. On se pose moins de questions avec la liberté de croyance par là-bas. }

Là encore : combien de bâches afghanes en France ? 10, 2.000 ? 25.000 ? ces sulfureuses statistiques ethniques nous seraient, ici encore, précieuses, que l’on sache de quoi l’on parle.

Connaissant la mauvaise réputation des statistiques ethniques ( ne mesurant rien, on peut dormir tranquille), il est possible, voire probable, qu’un voile pudique, pesant, à l’afghane, s’étende sur ces questions. Comme les Musulmanes, qui doivent, paraît-il, se protéger des regards lubriques des mâles, il convient sans doute de planquer les dénombrements ethniques, des fois que ça donnerait des idées politiquement incorrectes.

Hadopi-raté

… et Hadopi teux, hadopi toyable, etc. Que la très controversée loi Hadopi (anti-piratage sur la Toile) soit en partie retoquée par le Conseil Constitutionnel, laisse un répit aux télé-chargeurs enragés et sans scrupules (*) pour se faire des copies en toute impunité de toutes les nigleries disponibles, séries américaines clips films ziziques etc.  Avec les disques durs de 500 giga-octets et plus, ça fera de quoi passer les longues soirées d’hiver devant son écran à bouffer de la « culture » gratuite.

Reste que cette loi stupide tentait maladroitement et brutalement de répondre à une vraie question : de quoi vit le type dont les oeuvres sont diffusées sur la Toile, quand le piratage le met sur la paille ?

Reste aussi un constat, de plus en plus évident : l’accès à la Toile devient – est, en fait – un droit fondamental de la personne humaine – j’esquisse une grimace, écrivant ça, car l’accès Internet, au fin fond de la cambrousse, ça laisse sérieusement à désirer ! Dans cette logique, si l’huissier de justice laisse une chaise, une table, un plumard au malheureux qu’on saisit, complétons la liste : ET l’accès Internet ! évidemment, s’il saisit l’ordinateur…

(*) pas moins de scrupules que les éditeurs de CD qui vendent leurs galettes argentées 2 à 3 fois le prix normal.

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PS : un peu de vulgarisation scientifique, allez, pour changer d’air : pourquoi les avions s’obstinent-ils à mesurer leur vitesse avec des « sondes Pitot », au lieu de se brancher tout bêtement sur un GPS, comme tout le monde ? hein ? après le vol AF447, on se le demande bien… moi je contrôle ma vitesse, au passage d’un radar, avec mon GPS… un oeil sur la route, un sur le GPS, un sur le radar.

?? eh bien, ils n’en ont rien à cirer, les avions, de leur vitesse par rapport à la terre… leur fluide porteur, c’est l’air – et là haut c’est souvent venté – et la seule vitesse qui leur importe, c’est celle qu’ils perçoivent par rapport à l’air autour d’eux ! donc, tubes Pitot, eh oui, rustiques, et défaillants, parfois, surtout quand ils se bouchent !

Quand je serai grand, je serai CO-P

J’en ai un peu marre de gloser sur des sujets rabâchés. Aujourd’hui, je n’écrirai donc rien sur les bien nommées colonies Israéliennes en Cisjordanie ; la colonisation, on nous demande tous les jours de nous en excuser, de nous en repentir, ça doit être peu recommandable, non ? Rien non plus sur le respect des croyances et des libertés individuelles, et notamment des femmes, au Waziristan, en MachinTrucIstan, en Arabie-ça-vous-le-dites, etc. Rien sur le match de foot d’hier, dont je me tape complètement (22 types se sont disputé un ballon en courant après, c’est au moins excellent pour leur forme physique). Rien sur le troisième anniversaire de ma petite-fille, on arrosera ça en privé.

Non, je tombe sur un article du Monde concernant l’efficacité des conseillers d’éducation ! Ah oui, ça laisse à désirer, le boulot de conseiller d’orientation ! Tiens, rien que pour moi : eh bien, ça n’existait pas, les conseillers d’orientation. Démerde-toi, mon gars, fais garçon-boucher, diplomate ou éditeur, au pif ! et de fait, je n’ai évidemment pas fait ce pour quoi j’étais fait, c’est à dire blogueur retraité. J’ai fait comme mon papa et ma maman m’avaient lourdement, fortement conseillé de faire, ce qui était la plus grosse des conneries, car c’est rarement chez papa-maman qu’on trouve nos aspirations. tant pis pour moi, je suis arrivé trop tôt sur le marché de l’Educ’Nat.

Conseiller d’éducation-psychologue, c’est comme ça que ça s’appelle, il faut 5 ans d’études après le bacc’, soit une licence de Psychologie, plus un concours d’état, plus 2 ans de formation… solide, en principe, non ? eh bien, le problème, c’est que l’article du Monde dont je vous cause jette une lumière peu flatteuse sur les résultats obtenus ! On se demande d’ailleurs comment ça pourrait marcher : vu de ma fenêtre, il y a certes de la psychologie dans ce travail, de la connaissance des ressorts de l’être humain, de ce qui le motive et le rebute, de ses limites et de ses espoirs. mais aussi, et c’est fondamental, il faudrait être pointu (et ça s’entretient, et c’est pire qu’en informatique, ça évolue tous les jours) dans 2 domaines :

– le marché actuel du travail !! c’est con à dire, mais il y a des filières du savoir qui ne mènent nulle part ; autant être prévenu… et en contrepartie, il y a des boulevards grand ouverts, ignorés des foules.

– la prospective économique et industrielle. Si en 1960 les ingénieurs étaient les cadors de l’embauche, 30 ans plus tard ce sont des tâcherons obscurs. Avec un peu de flair ça se serait vu ; moi j’avais le nez bouché.

Bon, c’est pour vous dire, en conclusion : va pour une base de psycho dans ce beau métier, ça peut aider, mais grands dieux, il faudrait aussi avoir un branchement en ligne directe, et en temps réel, avec les employeurs, les métiers, les prévisionnistes, l’INSEE, le grand marabout qui lit dans l’avenir. Avec des fonctionnaires de l’Educ’Nat au niveau Bac + 5, c’est peut-être beaucoup demander, non ?

Tibert

Pleure pas mon petit Alain, toi aussi t'auras une suçette

J’étais en train – et en voiture, miracle de notre langue, ce n’est pas incompatible – d’écouter à la radio de bord, tout en conduisant, car ce n’est pas encore interdit « pour votre sécurité », et sur le vif – in vivo, en d’autres termes, ou « en live« , pour les rosbifiants – la proclamation du palmarès du Festival de Cannes. Ah que de beaux moments, où l’on remercie l’équipe technique, le perchman, l’assistante au maquillage et surtout, surtout son producteur, sans qui ce film n’aurait pu se faire.

Et, c’est connu, j’ai un faible pour Isabelle H, l’actrice, s’entend, car sur le plan personnel nos routes ne se sont jamais croisées, ou alors ça s’est fait incognito, derrière des lunettes noires, ce qui ne me pose pas de problème existentiel. On n’ignore pas que cette année, c’est elle qui présidait la mouture 2009 du festival… je prêtais donc une oreille complaisante à l’énoncé des prix, appréciant la nomination de Machin, et Schmurz-Bidule aussi, etc. Bon, et le suivant ?

Bon, et le suivant ? voilà qu’on nous sort du chapeau, exceptionnellement, un « prix exceptionnel » pour monsieur Resnais ! Monsieur Resnais qui présentait en compète un nouveau film, « Les herbes folles », n’ayant pas été jugé digne de recevoir la palme d’Or, on lui a donc vite fait confectionné une palme de Bronze, ou de Fer Blanc. C’est qu’il fallait le ménager, lui filer un hochet, à monsieur Resnais, qu’il ne parte pas bredouille, pensez, à son âge.

Allez, monsieur Resnais, on ira le voir, votre film, prix exceptionnel ou pas, parce que votre production est en général d’une autre qualité que les nigleries habituelles ; et, tenez, je vais vous l’écrire, votre discours de remerciements, au lieu du sirop poli et convenu que vous leur avez servi : « Mesdames-messieurs, je ne suis pas venu ici pour recevoir une suçette. Si mon film n’était pas digne d’un prix dans le cadre de ce palmarès, ce n’était pas une raison pour m’humilier avec votre merdaille « exceptionnelle » ; des films j’en ai fait, et j’en ferai encore, si j’ai la pêche et le financement, et je n’ai pas besoin de votre kermesse en pingouins pour les faire connaître et apprécier. Allez, salut, votre gadget, là, je vous le laisse, comme je vous laisse à vos embrassades et vos congratulations. »

pcc : Tibert

Va savoir !

Les sujets du jour sont légions…

– du Papam en visite en Israël et Palestine, qui a trouvé très moche le mur de la honte (pas celui en grosses pierres où l’on se lamente, l’autre, là, le gris, genre Berlin-Est, en béton…),

– aux interrogations sur les conséquences de la loi Hadopi-hadoptée massivement par des gens dont plus des trois-quarts n’ont jamais téléchargé de zizique ni de films sur la Toile. On y reviendra, car il faudrait, paraît-il, que chaque internaute installe sur sa bécane un « mouchard » pour prouver sa bonne foi ! Tous présumés coupables, donc, et tous sur Wouinedose de Microsofte, car le « mouchard » ne cause ni logiciels libres, Linux et assimilés, ni Appeul-La pomme  ! ça s’appelle de la vente forcée. Au reste, que fera ce mouchard, à part nous espionner ? toutes les craintes sont possibles… le Grand-Frère est là, chers z’auditeurs, et vous observe.

– et aux occupations de facs, le grand bazar, le fourre-tout de tous les malentendus. Là ce n’est pas du Hadopi, c’est du LRU. Bon, on lit tout et le contraire de tout là-dessus ! Par exemple, le Modem nous balance ceci :

« Il semble aujourd’hui impératif de rappeler que l’université est un des rares lieux d’apprentissage de connaissances et d’outils critiques enseignés non pas dans un but directement utilitariste mais surtout dans une démarche de gratuité qu’il est essentiel de préserver dans une société souvent matérialiste et utilitariste. »

Et a contrario, la palme du malentendu, du contresens, de la terrible méprise, revient à cette étudiante en Histoire à St Etienne, qui glose pour le Figarôt :

«En tant qu’ancienne étudiante de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, je soutiens totalement le blocage du campus Tréfilerie (…) Les étudiants stéphanois comme leurs collègues des autres universités en ont ras le bol de faire 5 années d’études supérieures pour ne pas avoir d’emploi au final.
Titulaire moi-même d’un MASTER 2 Histoire en 2005, je ne cesse depuis de galérer admissible une fois au CAPES pour être refusée l’année suivante. Aujourd’hui je gagne 500 euros par mois… Les étudiants Stéphanois ne veulent pas de cet avenir là et je les comprends. L’Université produit des fonctionnaires mais l’Etat n’en recrute plus. Donc il ne faut pas s’étonner que ca pète !!!
»

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Modem et l’étudiante citée ci-dessus n’ont pas le même point de vue ! ou bien les facs sont là pour former à un  métier – allez, lâchons le mot, pour former des profs, quoi d’autre ? dans le cas précis des filières d’Histoire -, ou bien pour apprendre et apprendre à réfléchir.

Allez, je vous donne quelques repères, garantis « perso », pour orienter le débat :

* les facs dispensent un savoir, et des méthodes pour travailler. Elles ne forment pas à des métiers ; pour cela, il y a des filières professionnelles.

* Les facs ne forment pas des fonctionnaires, ça se saurait… il y aurait un contrat…

* On peut être instruit et pratiquer un métier non « intellectuel » ; il n’y a aucune contradiction à bosser comme étalagiste, ou horticulteur, ou réparateur d’ascenseurs, et posséder une maîtrise de Philosophie, ou d’Histoire, ou de Lettres classiques : un horticulteur qui a étudié Hegel et Spinoza vit mieux qu’un horticulteur qui n’a jamais lu que Poilant-magazine et Pif-Gadget.

* Le travail manuel est aussi noble que la production de pensée. Et ça paye souvent mieux ! Et ça n’empêche pas de penser…

* Vouloir que les facs forment à un métier – ce qui est une tragique méprise – et refuser tout partenariat des facs avec les entreprises, c’est comme demander à un cul-de-jatte de s’inscrire au saut en hauteur.

* En cette époque de grand brassage de populations, où les distances sont abolies, où le terrassier vient du Sri-Lanka et le toubib de Lituanie, pourquoi diable faudrait-il que toutes les fac’s de France dispensent pile-poil le même enseignement  ? Si la fac’ de Neuneu-les Mines a un super Mastère en Histoire de l’Art, tant mieux pour elle et les étudiants en Histoire de l’Art qui s’y inscriront ; et que le meilleur gagne.

* Prétendre que l’enseignement supérieur doit rester gratuit, c’est se foutre du monde et c’est démagogique. Il est déjà payant, et depuis longtemps.

Allez, à la prochaine.

De l'utilité du Y

Nous disposons, pour nous exprimer clairement, ou pas, de 26 signes, dont le petit dernier, le W, un immigré, déjà, en son temps, naturalisé vers les années 1950. Et pour fignoler le tout, des accents : ne les oublions pas, ces accents qui nous permettent de faire le distingo entre la cote, la côte et le côté, la pêche, la pèche et le péché. On a même la possibilité de différencier le con et le çon, grâce à la cédille, la çédille, devrait-on écrire…

Et la ponctuation, donc ! ces simples, discrets, mais indispensables signes, qui rythment le discours, et nous évitent tant de contresens :

– Le curé, dit le maire, est un con.

– Le curé dit : le maire est un con.

C’est bien assez pour former tous les mots dont nous pouvons avoir besoin, et au delà  – largement suffisant ! et qu’avons nous besoin des mots du Rosbif pour compléter nos lacunes, alors que le glavule, la gaupière, le thimuret, les esbarres, sans oublier le séjiot, le blumet, la mirochite…. nous attendent, muets pour le moment mais prêts à servir vaillamment notre belle langue. Il suffirait de contrer chaque tentative d’infiltration du Rosbif par un mot issu de notre combinatoire : tenez, « snowboard » ? c’est moche, « snowboard », pas latin du tout. Substituons-lui « bouronne », ou « polchère », par exemple. C’est chouette de glisser sur sa polchère, dans la poudreuse…

Et puis, s’agissant des substantifs dérivés des adjectifs : quel potentiel !! que de perspectives exaltantes, phonétiquement excitantes, de la bravitude – un classique, déjà – à la molléité, de la coquettité à la dubitativation.

Quant aux verbes destinés à incarner l’action associée à un substantif ou un adjectif… trace, tracer ; verbe, verbaliser, concept, conceptualiser ; bêche, bêcher ; juste, ajuster… quelle aisance, quand on songe qu’ils sont quasiment tous du premier groupe- tel « acter », et le non moins atroce  « solutionner », que des locuteurs barbares utilisent de préférence à « résoudre », du fait qu’au subjonctif ça pose moins de problèmes…   que c’est simple, direct : de tout substantif jaillit un verbe, comme de la circulation d’une bonne bouteille jaillit la bonne humeur !

Mais où veut-il en venir, nom d’une pipe ? vous dites-vous in petto… pourquoi cette logorrhée sur la langue française ? eh bien, c’est délicat, ça nécessite ders précautions oratoires, ou plutôt clavières… hier matin, comme d’hab’, je parcourais la presse sur la Toile ; il s’agissait d’un sondage sur la question : « M. Kouchner va voter UMP aux élections européennes : l’approuvez-vous, ou non ?  » Sans la moindre hésitation, je cliquai du mulot sur « oui » (*). En réponse, une nouvelle page m’informa que mon sentiment dominait largement ; en prime, on me donnait des commentaires divers et variés sur le sujet…

L’un des commentaires disait en substance : « il faudrait analiser la question de savoir si blablabla… » : analiser !! voilà comment d’un adjectif relatif à un muscle lisse on dérive une action… en d’autres termes, de l’utilité de l’ « y ».

(*) Voter PS ? où ça, le PS ? cet ectoplasme, là ? vivement que le PS s’autodissolve, Mitterand est bien mort ! et que les « gauchos » rejoignent Mélanchon, Buffet ou Besancenot, les « modérés » ralliant Bayrou ou Royal dans un cadre repeint à neuf.

Y a comme un défaut

Le regretté Fernand Raynaud, l’Auvergnat le plus populaire en son temps (*) nous le disait : « Y a comme un défaut« . Il en est ainsi, en effet, du costard mal cousu que Fernand refuse timidement qu’on lui fourgue, comme de la pratique des religions : c’est mal foutu, dissymétrique, bancal. La démocratie et les paroles de paix d’un côté, la manière forte, les persécutions et la chape de plomb de l’autre. Quand le Papam se balade en Jordanie et assure que c’est juste pour la paix, quand il redouble de précautions pour ne pas sortir une nouvelle bourde, pour ne pas froisser les populations musulmanes du coin, quand il agite son mouchoir blanc (blanc, forcément) au bout de la crosse de sa canne de pélerin pour désamorcer les tirs de barrage ( » J’ai un profond respect pour la communauté musulmane « , prévient-il, en d’autres termes,  « ne tirez pas, je ne suis pas armé » ), quand nos beaux pays occidentaux se prennent les pieds dans les tapis de prière, quand on construit des mosquées gauloises… pendant ce temps au Moyent-Orient les Chrétiens, Juifs, mécréants… et globalement tous ceux qu’il est commode là-bas de désigner par « les Infidèles » n’ont qu’à la boucler, fermer leur gueule, faire le gros dos et raser les murs.

C’est bien normal, certes, qu’on construise des mosquées gauloises pour les Gaulois qui vénèrent Allah… la liberté de croyance et des cultes est inscrite dans nos lois. Normal, oui, mais il semblerait que ça soit moins normal, voire carrément suicidaire d’être Chrétien ou Juif pratiquant en Irak, en Algérie, ou en Arabie Saoudite. Le simple bon sens voudrait pourtant qu’il y ait un minimum de réciprocité, non ? il faudrait à nos gouvernants un peu de courage pour le faire admettre. Mais il est des sujets qui fâchent, qu’on n’aborde qu’en murmurant… le Tibet ? chuuuut, ça fâche les Chinois. La liberté de culte au Moyen-Orient ? mais taisez-vous, bon sang ! vous voulez nous faire avoir des histoires ?

(*) L’autre plus populaire des Bougnats, là, Giscard… 80 balais, et il y en a qui pensent à lui pour présider l’Union Européenne !! avec Benoît numéro 16, c’est vraiment la gérontocratie galopante. Au secours, les vieux prennent le pouvoir !

Ceci n'est pas une pipe

Eh non, dans le métro, Tati – « mon oncle » – sur son Solex avec sa gabardine et sa pipe, n’a plus sa pipe, nom d’une pipe (censuré)  ! C’est une affiche dans le métro pour une expo « Jacques Tati », une photo extraite de « Mon oncle », mais châtrée. « Ceci n’est pas une pipe », suivant la célèbre formule, c’est devenu un moulinet de plastique jaune.

Dernièrement je feuilletais un « spécial Prévert » : sur quasiment toutes les photos, le père Prévert tirait sur sa clope, ou la laissait pendouiller à sa lèvre. Alors allons-y, hop, Prévert, un caviardage sur les lèvres, gommons les clopes : un peu de correction, M. Prévert.

Brassens sur ses pochettes de disques, avec sa pipe… idem Tati, Georges, tss tss, pas convenable.

Gainsbourg et ses clopes. Non mais, quel malotru ! Plus de cigarettes, M. Gainsbourg.

Ferré : « Quand je fumerai autre chose que des Celtique« . Revoyez votre copie, M. Ferré. De la correction, enfin… je ne sais pas, moi… « Quand je tisserai autre chose que du batik« , par exemple.

Bientôt, après les films colorisés – « La traversée de Paris » avec du jambon rose dans la valise – nous aurons droit aux films dénicotinisés : Humpfrey Bogart dans « Le faucon maltais« , Piccoli dans « Le Mépris« , Ventura dans « Classe tous risques« … sans clopes et sans fumée. Faut que tout ça soit « correct en ordre ».

( On a bien gommé Trotsky de la photo où Lénine harangue la foule du haut de la tribune, alors, hein, une pipe… )

Et je vous pose la question : où s’arrêteront les fadas des ciseaux ? à quel niveau de connerie descendra-t-on ? quelle veulerie barbare nous guette ?

Lever la papatte pour laisser une trace

La pyramide du Louvre a 20 ans, et il s’en trouve qui jugent utile de marquer le coup. Marquons donc le coup…

Outre qu’elle est aussi naturellement posée dans le cadre du Louvre qu’un égoutier parmi des danseuses en tutu, elle est fort peu fonctionnelle, puisque qu’incapable d’abriter des intempéries les visiteurs faisant la queue pour entrer au Musée. En gros, c’est un énorme abribus pyramidal, sans abri ni bus, prétendument transparent mais quasiment opaque.

Il est remarquable, à ce propos, que deux de nos présidents aient absolument voulu laisser leur signature sur Paris, y lever la papatte, Evidemment pas De gaulle, qui s’en foutait, ni l’auvergnat Giscard, qui, lui, s’est focalisé sur Clermont-Ferrand, pas plus que Chirac, trop occupé à placer ses arts primitifs.

Mais Voyez Pompidou : les autoroutes des voies sur berges, erreur majeure, contresens historique, et Beaubourg, l’exception, allez, soyons juste,  ça a de la gueule. Mitterand, lui, s’est acharné sur Paris, Opéra-Bastille, grosse mocheté qui perd sa peau par plaques sous ses bas résille, la Grande Bibliothèque, construction aberrante sur le plan fonctionnel et sans aucun intérêt esthétique – c’est encore un moindre mal-, la pyramide du Louvre…

Bref, vingt ans après, marquons le coup, tirons-en les leçons : ce n’est pas parce qu’on est un homme politique de premier plan qu’on a bon goût. Laisser une trace sur cette terre, nous en avons tous le besoin vital ; mais pourquoi s’en prendre aux édifices, à notre cadre de vie ? les demoiselles Tatin ont bien laissé leur trace, trace savoureuse, elles, et sans gâcher le paysage. Laissons donc l’actuel président méditer là dessus, nous mijoter une recette de sa façon, un truc qui restera… je ne sais pas, moi… d’un Hadopi loupé pourrait naître un plat savoureux, qui sait ?

Je change de sujet : passant hier devant une enseigne baba-coût, « Hard-discount », comme on dit, horrible assemblage de phonèmes, blasphème linguistique, je pensais à « casse-coûts » : ça serait déjà mieux, non,  « casse-coûts ? et puis ça fait hardi, jeune, entreprenant… Lideul le casse-coûts, ça sonne bien, non ? … non ?