Palmuche et maths roses

C’est patent : à part quelques irréductibles vieilles badernes, TOUT le monde a son téléphone mobile et cellulaire dans son étui, prêt à dégainer – on pourrait rejouer les duels de Westerns façon High Noon (*) – ou rivé dans la paume d’une main (de deux, bientôt, tant la surface enfle !). De une, ça et les inévitables QR-codes de mes deux qu’on trouve absolument partout, il faudra que la Sécu nous les rembourse : c’est devenu obligatoire, quasiment, presqu’au berceau, comme une pièce d’identité ; d’ailleurs il est question que ça remplace la pièce d’identité… de deux, l’ignoble appellation qu’on lui a peu ou prou imposée (« on » : des journaleux mal inspirés et anglomanes) me donne des boutons. Ce n’est plus un « phone » , un téléphone, qu’à 5 % du temps ; ça sert essentiellement à faire des crapettes pour tuer le temps (**), à texter de vains propos aux copains, à voir sur l’écran les mêmes trombines qu’on verra en vrai 10 minutes plus tard. « Smart » ? bof… c’est le programme qui est intelligent, pas l’engin. Bref, « smartphone » est le résultat d’un concours de laideur : trop long, inapproprié, pas français, hideux.

Donc on devrait lui trouver un bon nom, à cet engin de malheur. On a bien inventé informatique ; on a les frigo, delco, chärker, issus de marques ; de grands hommes nous ont légué l’anicroche (Rabelais), le pianocktail (Vian), badonguer (Claudel), le trouducteur (Céline) (***) : pourquoi ne pas créer un vocable bref, clair de son, non ambigu, agréable ? j’ai dans mon titre proposé palmuche (ça tient dans la paume, du moins jusqu’à présent ; c’est cocasse, frais, un poil long mais pas trop). A vos remue-méninges ! delendum est improbus « smartphone » .

Mais, je change de sujet : La Montagne (Pourtant… que la montagne est bêêêêleuu… comment… peut-on s’imaginer, gnagnagna…) nous sort un bon article bien écrit et précis sur les filles et les maths. L’illustre matheux Jean-Pierre Bourguignon, dont chacun a pu apprécier les travaux sur la Courbure de Ricci, déplore la baisse catastrophique des effectifs féminins dans les options Maths-Physique en Terminale. Je vous résume : avant la réforme du lycée, 47 % des bacheliers « maths-physique » étaient des filles ; maintenant c’est moins de 15 % (10 %, affirme Bourguignon, forçant un peu le trait). C’est lamentable, d’autant plus que les programmes sont nettement plus fournis, mais dans le genre « je survole et j’en assimile au mieux 20 % » ). On nous fabrique maintenant des hordes de « BTS Forces de Vente » ou de « DUT Packaging Durable » . A quand un prix Nobel du « Marketing B-to-B » ? bref, ça craint.

Tibert

(*) J’ai rarement rencontré une traduction française d’un titre de film aussi ridicule : « Midi pile » , « Midi pétante » , ça veut dire. Pourquoi diable faire siffler le train trois fois ?

(**) Téléchargez « La vie des hommes illustres » de Plutarque, c’est gratuit, et lisez ça à vos moments perdus, c’est plus nourrissant.

(***) Que les bons traducteurs ne m’en tiennent pas rigueur, c’est superbe, ce trouducteur !… nettement plus fort que traduttore, traditore.

3 thoughts on “Palmuche et maths roses”

  1. Juste une petite précision au sujet de la baisse de la gente féminine en maths de terminale qui serait due au fait que ladite gente se sent plus à l’aise dans les matières littéraires : les Nations Unies organisent une journée des femmes ce 11 février.
    Cela suffira-t-il à faire prendre conscience du problème, à en analyser les causes et surtout à trouver des remèdes ? Pas sûr !

    1. Non, pas sûr. L’exigence… il faut d’abord restaurer l’exigence ! Et puis revenir sur cette réforme idiote qui canalise trop tôt vers une filière, et trop étroitement. C’est comme demander, avant de servir l’apéro, « fromage OU dessert ? c’est trop tôt !

      1. Oui je disais toujours à mes élèves que je ne savais toujours pas ce que je voulais faire …

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