On va matcher la réconciliation

Triste collecte de galimatias ce matin. Il faut croire que le dimanche soir les correcteurs de langue jouent relâche ? mais pas que. Tenez, le Grand Chef des rugbymen français, après une victoire de notre équipe contre celle de Géorgie, et avant un match contre les Tout-en-Noir : « On va chercher à matcher avec les All Blacks, partout et tout le temps » … déjà que l’anglicisme matcher est utilisé abusivement (on a les bons verbes chez nous, et le local c’est tout de même mieux !) pour correspondre, coller ( « ça colle pile-poil » ), on le met maintenant à la sauce rivaliser, tenir tête. Encore un vague verbe flou et fourre-tout pour accompagner un « euh… et… voilà !  » . Enfin… c’est du sport !

Mais plus grave, c’est une avocate qui cause, là, en argot une « baveuse » (j’ai hardiment féminisé baveux, je suppose que c’est politiquement correct, comme l’omelette du même métal), gens rompus au langage, à l’éloquence. C’est madame Raquel Garrido, du groupe politique mélenchonesque, qui causait sur un plateau télé. Verbatim, donc, l’extrait d’article du Fig’ragots, et c’est madame Garrido qui s’y colle : «Les familles ont fait des efforts incommensurables pour participer au procès, pour trouver en eux la force de témoigner, de rendre hommage à leur mort, de trouver le chemin vers la réconciliation, y compris avec les terroristes eux-mêmes et les personnes qui sont poursuivies». Bon, deux belles fautes à « … en eux » (en elles, les familles) ; et puis « … hommage à leur mort » : il y a eu plusieurs morts, possiblement dans chaque famille ; donc leurs morts, sinon on comprend que c’est la mort des familles ? elles y rendent hommage ? absurde. Ici, en fait, à l’oral il n’y a pas faute (*), c’est le canard qui l’écrit faussement comme ça, « leur mort » : c’était verbal, donc supposons que c’était la bonne formule, au pluriel.

En revanche, c’est assez énorme ce qu’elle nous sort là, l’avocate insoumise ! réconciliation, y compris avec les terroristes eux-mêmes ? Ils vont bientôt leur faire des guili-guilis, des fois que ça aiderait à voter LFI ? Non mais… avoir vu sur des vidéos, relayé par les RSP (**), le sieur Abbaoud traîner en blaguant des cadavres d’infidèles attachés au cul de son son pick-up (enfin, du pick-up affrêté par Daech) ; avoir connu, le procès du 13 novembre tirant à sa fin, le détail des massacres ignobles de gens pacifiques venus écouter de la musique, et se réconcilier avec ceux qui ont fait ça ? jamais ! La justice, oui ; le pardon, la réconciliation, jamais. Comme disait l’un des témoins de la tuerie du Bataclan, faisant le parallèle entre le terrorisme islamiste et un cancer (je cite de mémoire) : « on ne négocie pas avec son cancer, on le combat ». Je suis bien d’accord.

Tibert

PS – Tiens, une fausse nouvelle, une intox, infox, un bobard, une fable : il faut que ça s’appelle fake-news, sinon ça va avoir l’air vrai – enfin, pas vraiment faux, vous voyez ? et puis on bouffe, froid, du cold case à toutes les sauces figées, quand ce serait tellement plus digeste, à la mode affaire classée.

(*) Sauf si c’est prononcé façon Topaze dans sa fameuse dictée « Des moutonnssess paissai-eu-nnt dans un pré » ; mais je n’ai rien entendu de tel.

(**) Réseaux-Sociaux-Poubelles

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