Ni cœurs niqués

Une belle histoire, et ça fait du bien ces temps-ci. Accessoirement ça donne une leçon de Morale des Affaires, qui ne sont pas tendres, on sait ça. Rappel : la Bourse, c’est une structure où les entreprises « capitalistes » – entre guillemets et sans que ce soit péjoratif – se financent via les participations des actionnaires… c’est aussi une mare aux crocodiles, avec la pratique immorale et contre-nature du shortage, la vente à découvert (*).

Et donc, voyez ce réjouissant entrefilet, de gros requins financiers viennent de se prendre une belle gamelle dans une manoeuvre de shortage sur la société  GameStop. Les « petits actionnaires » – qui d’ordinaire pâtissent, impuissants et navrés, de ces magouilles – se sont rebellés et, grâce à une mobilisation sur le Houèbe, ont acheté, acheté… du GameStop, laquelle action a pris du coup un cours stratosphérique, tout le contraire de ce qu’escomptaient les vautours… lesquels ont dû eux aussi acheter en masse – bien plus cher qu’ils ne les avaient vendues ! – les actions de leur proie désignée. Comme quoi le Houèbe, qui charrie de la daube et des cochonneries par gigatonnes, peut aussi proposer des histoires morales, édifiantes – et propres à dilater la rate !

Tibert

(*) Rappel pour les ignares : la bonne logique, pour un actionnaire normal, c’est d’acheter des actions, par exemple « R-Lickid » – ils vendent des bouteilles d’oxygène, c’est très demandé – confiant dans la bonne étoile de la boutique et son expansion. En effet, mieux on se porte, plus on bichonne ses actionnaires : dividendes, valeur des actions. A l’inverse, le shortage consiste à parier qu’une boîte va se casser la margoulette ; on utilise ainsi la faculté – perverse mais licite, c’est comme ça – de vendre des actions qu’on ne possède pas mais qu’on achètera, forcément, à bref délai (**) : la règle veut qu’on régularise la transaction {vente + achat} en fin de mois. Exemple : le Fonds d’investissement « LeRapass » a repéré une boîte un peu fragile, « Titannick », et le cours de l’action est à 100 $ : il vend « à découvert » (sans les détenir réellement) cent-mille de ces actions, et engrange donc, brut, dix millions de dollars… heureux hasard ou bon calcul du rapace, le cours de l’action se casse la gueule, et en fin de mois tombe à 70 $ : LeRapass achète, comme le règlement l’y oblige, les cent-mille actions qu’il avait déjà vendues : trois millions de bénéfice brut, en misant sur les misères de Titannick, qui coule, on s’en doutait.)

(**) C’est une mise en pratique de l’adage des affaires : « A quoi bon tuer un ours si l’on n’a pas vendu sa peau ? »

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