La virgule (…,99) enfin quoi !

Deux entrefilets bien juteux m’interpellent, et c’est la virgule, la virgule nom de diou ! qui les réunit thématiquement.

Tenez : le Figues’haro (au fait les figues, cette année ? ça vient, oui ? on n’en voit guère sur les étals…) sort le titre que voici : « Les bourdes de cet été donnent plusieurs raisons aux anti-Macron, et aussi à ceux qui doutent de sa politique de protester« . Sa politique de protester ? où ça ? où proteste-t-il, EmMac-les-rouflaquettes ? bref vous l’avez rectifié de vous même, ce serait mieux avec une virgule… quant au « et aussi » on lui taillerait les oreilles que ce serait moins lourd ! Par exemple, »Les bourdes de cet été donnent plusieurs raisons aux anti-Macron, ainsi qu’à ceux qui doutent de sa politique, de protester« . C’est sans  importance, je sais, mais bon…

Et puis ceci, encore la virgule, c’est Le Parigot qui cause là :  Les opérateurs télécoms (sauf Free) épinglés par Bercy… eh oui, Dugenou vous annonce par exemple 16,99 euros pendant 6 mois puis 29,99 euros, Schmolldu vous claironne 23,99 euros pendant 3 mois puis 36,99 euros etc… sans jamais vous donner le VRAI TOTAL : car, eh eh, astuce commerciale, il y a par derrière et en plus la location de la bouzine, la boiboîte, location qui n’est jamais en « virgule-quatre-vingt-dix-neuf », puisqu’on ne vous en cause pas spontanément – c’est à vous de demander combien ça  fait en tout à sortir du larfeuille. Entre trois et cinq euros de location tous les mois, ça plombe évidemment les prix ! Mais l’essentiel, l’essentiel, c’est ça qui compte, c’est qu’ils restent, les prix, en « virgule-quatre-vingt-dix-neuf », ça c’est fondamental.

Tibert

Le second degré du « native informant »

Pour prolonger mon dernier billet qui, de ce fait, devient le pénultième – mystère de la transsubstantiation – je vous cause ici d’un assez long article du Figaro, de la plume de Fatiha Boudjahlat, disons FB, cofondatrice du mouvement Viv(r)e la République. Elle reprend la polémique autour d’un récent texte de la prix Goncourt 2016, Leïla Slimani : « Sexe et mensonges« , texte qui s’est attiré des tas d’éreintements. C’est un reportage sur l’état des lieux – pas mirobolant, c’est une litote – de la situation des femmes dans la société marocaine… ces divers éreintements viennent entre autres des Indigènes de la République (le PIR, le parti des …), mais pas que ! Madame Slimani est, aux dires de ses éreinteurs, un exemplaire et un bon exemple du « native informant » (c’est de l’anglais, évidemment, c’est tellement plus jouli en anglais, et grosso modo c’est le terme abscons / branché pour désigner le « bon indigène », celui qui veut bien s’intégrer docilement, sans faire de vagues, et adopte sans nuance le comportement des autochtones).

Bref FB, notre chroniqueuse du Figaro, reprend et critique longuement les arguments « contre » du PIR et des autres (Pascal Boniface de l’IRIS – c’est un Caucasien, caractérisé ici de « bourgeois pénitent », l’association « islamo-féministe » Lallab et j’en oublie…). On perçoit assez bien qu’elle cause dans le bon sens, madame Boudjahlat – d’autant plus qu’on adhère au manifeste de son mouvement ; elle argumente avec brio et pugnacité. Tenez, la conclusion de son topo, assez percutante : « La construction raciale de la figure de l’indigène n’est plus le fait de l’État colonisateur, mais celui de leaders communautaires et des bourgeois-pénitents. Les intellectuels accommodants et les indigénistes veulent aussi leur bon arabe. Ya bon islamiste. »

La notion de native informant – j’ignorais ces termes – est riche de sens… péjoratif, et derechef je cite FB : « Cette expression (…) est raciste, elle n’est pas une clef de compréhension : elle désigne comme traître, faux arabe, faux musulman, nègre de maison tous les individus qui portent une voix dissonante dans leur communauté. Elle assigne l’individu à résidence communautaire« .

J’avoue avoir eu du mal à la lire in extenso, FB, du fait que son texte est assez long, et qu’elle passe souplement et sans crier gare de son point de vue et de son propre discours à l’ironie et au second degré… bref j’ai pas mal bossé. A vous de vous y coller si vous le voulez bien, le sujet en vaut le coup, et si vous ne connaissiez pas le native informant, eh bien maintenant vous n’avez plus d’excuse.

Tibert

Soixante-cinq stéréotypes de trop

Il est des nouvelles que les bras vous en tombent, que la foi en l’humanité vous lâche, que vous désespérez de vos prochains, que la connerie, que dis-je la connerie, la bornitude et l’étroitesse mentale vous sautent à la gorge et vous glacent.

A Dannemarie en Alsace, la mairie avait disposé dans l’espace public soixante-cinq silhouettes de femmes, façon ombres chinoises avec des détails de couleur (entre autres des escarpins jaune-canari), dans des attitudes et des états divers et variés. Un peu de tout, des attitudes féminines, eh oui : ce sont des silhouettes de femmes. Donc pas pissant debout contre un mur, siphonnant une mousse accoudé-e au comptoir ou conduisant un tracto-pelle clope au bec. Bref, des postures, des gestuelles féminines… en conformité avec maints stéréotypes, ces postures, certes. Si l’on vous dit « moustache » vous pensez à un homme,  c’est désolant de conformisme, n’est-ce pas ? alors allons-y, femme-longue chevelure, femme-talons hauts, femme-robe, femme enceinte, etc. Pas femme-moustache.

C’est une initiative de la mairie dans le cadre de l’ Année de la Femme. Initiative accueillie favorablement par les habitants, qui n’y ont rien trouvé de délétère, et qui aura duré plus de deux mois. Mais le Tribunal Administratif de Strasbourg a condamné la mairie de Dannemarie à ôter ces silhouettes, parce que l’association « Effronté-e-s » a porté plainte … et le tribunal les a suivies, sanctionnant « une conception de la femme inspirée par des stéréotypes« , et « une atteinte grave au principe d’égalité entre les femmes et les hommes« . Ma foi et heureusement l’affaire ne s’arrête pas là et remonte plus haut, jusqu’au Conseil d’Etat, qui devra trancher.

Que veut-on ? simplement bâillonner toute forme d’expression non-dans la ligne du Parti (du Parti des Eclairé-e-s et qui dictent la Bonne-Pensée). Je vous le dis, d’abord ce n’est pas drôle du tout cette histoire, mais ça sent très mauvais :  il s’agit tout bonnement de nous imposer la chape de plomb. La liberté d’expression est menacée de se faire mettre, avec la bénédiction des Tribunaux Administratifs.

Tibert

PS – Ne vous méprenez pas : je ne suis pas béat d’admiration devant ces installations à Dannemarie. On peut critiquer, contester, ne pas aimer, OK. Mais faire INTERDIRE, c’est d’un autre ordre – de l’Ordre Moral.

PS 2 – Le Conseil d’Etat, comme indiqué dans les commentaires, a annulé la sanction, alleluïa. Comme quoi il ne faut pas désespérer, il y a encore des gens sensés, il reste des espaces de liberté…