Le second degré du « native informant »

Pour prolonger mon dernier billet qui, de ce fait, devient le pénultième – mystère de la transsubstantiation – je vous cause ici d’un assez long article du Figaro, de la plume de Fatiha Boudjahlat, disons FB, cofondatrice du mouvement Viv(r)e la République. Elle reprend la polémique autour d’un récent texte de la prix Goncourt 2016, Leïla Slimani : « Sexe et mensonges« , texte qui s’est attiré des tas d’éreintements. C’est un reportage sur l’état des lieux – pas mirobolant, c’est une litote – de la situation des femmes dans la société marocaine… ces divers éreintements viennent entre autres des Indigènes de la République (le PIR, le parti des …), mais pas que ! Madame Slimani est, aux dires de ses éreinteurs, un exemplaire et un bon exemple du « native informant » (c’est de l’anglais, évidemment, c’est tellement plus jouli en anglais, et grosso modo c’est le terme abscons / branché pour désigner le « bon indigène », celui qui veut bien s’intégrer docilement, sans faire de vagues, et adopte sans nuance le comportement des autochtones).

Bref FB, notre chroniqueuse du Figaro, reprend et critique longuement les arguments « contre » du PIR et des autres (Pascal Boniface de l’IRIS – c’est un Caucasien, caractérisé ici de « bourgeois pénitent », l’association « islamo-féministe » Lallab et j’en oublie…). On perçoit assez bien qu’elle cause dans le bon sens, madame Boudjahlat – d’autant plus qu’on adhère au manifeste de son mouvement ; elle argumente avec brio et pugnacité. Tenez, la conclusion de son topo, assez percutante : « La construction raciale de la figure de l’indigène n’est plus le fait de l’État colonisateur, mais celui de leaders communautaires et des bourgeois-pénitents. Les intellectuels accommodants et les indigénistes veulent aussi leur bon arabe. Ya bon islamiste. »

La notion de native informant – j’ignorais ces termes – est riche de sens… péjoratif, et derechef je cite FB : « Cette expression (…) est raciste, elle n’est pas une clef de compréhension : elle désigne comme traître, faux arabe, faux musulman, nègre de maison tous les individus qui portent une voix dissonante dans leur communauté. Elle assigne l’individu à résidence communautaire« .

J’avoue avoir eu du mal à la lire in extenso, FB, du fait que son texte est assez long, et qu’elle passe souplement et sans crier gare de son point de vue et de son propre discours à l’ironie et au second degré… bref j’ai pas mal bossé. A vous de vous y coller si vous le voulez bien, le sujet en vaut le coup, et si vous ne connaissiez pas le native informant, eh bien maintenant vous n’avez plus d’excuse.

Tibert

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recopiez ces symboles *