Soixante-cinq stéréotypes de trop

Il est des nouvelles que les bras vous en tombent, que la foi en l’humanité vous lâche, que vous désespérez de vos prochains, que la connerie, que dis-je la connerie, la bornitude et l’étroitesse mentale vous sautent à la gorge et vous glacent.

A Dannemarie en Alsace, la mairie avait disposé dans l’espace public soixante-cinq silhouettes de femmes, façon ombres chinoises avec des détails de couleur (entre autres des escarpins jaune-canari), dans des attitudes et des états divers et variés. Un peu de tout, des attitudes féminines, eh oui : ce sont des silhouettes de femmes. Donc pas pissant debout contre un mur, siphonnant une mousse accoudé-e au comptoir ou conduisant un tracto-pelle clope au bec. Bref, des postures, des gestuelles féminines… en conformité avec maints stéréotypes, ces postures, certes. Si l’on vous dit « moustache » vous pensez à un homme,  c’est désolant de conformisme, n’est-ce pas ? alors allons-y, femme-longue chevelure, femme-talons hauts, femme-robe, femme enceinte, etc. Pas femme-moustache.

C’est une initiative de la mairie dans le cadre de l’ Année de la Femme. Initiative accueillie favorablement par les habitants, qui n’y ont rien trouvé de délétère, et qui aura duré plus de deux mois. Mais le Tribunal Administratif de Strasbourg a condamné la mairie de Dannemarie à ôter ces silhouettes, parce que l’association « Effronté-e-s » a porté plainte … et le tribunal les a suivies, sanctionnant « une conception de la femme inspirée par des stéréotypes« , et « une atteinte grave au principe d’égalité entre les femmes et les hommes« . Ma foi et heureusement l’affaire ne s’arrête pas là et remonte plus haut, jusqu’au Conseil d’Etat, qui devra trancher.

Que veut-on ? simplement bâillonner toute forme d’expression non-dans la ligne du Parti (du Parti des Eclairé-e-s et qui dictent la Bonne-Pensée). Je vous le dis, d’abord ce n’est pas drôle du tout cette histoire, mais ça sent très mauvais :  il s’agit tout bonnement de nous imposer la chape de plomb. La liberté d’expression est menacée de se faire mettre, avec la bénédiction des Tribunaux Administratifs.

Tibert

PS – Ne vous méprenez pas : je ne suis pas béat d’admiration devant ces installations à Dannemarie. On peut critiquer, contester, ne pas aimer, OK. Mais faire INTERDIRE, c’est d’un autre ordre – de l’Ordre Moral.

PS 2 – Le Conseil d’Etat, comme indiqué dans les commentaires, a annulé la sanction, alleluïa. Comme quoi il ne faut pas désespérer, il y a encore des gens sensés, il reste des espaces de liberté…