Décalage horreur

C’est une délicieuse approximation de ma petite-fille qui chapeaute ce billet. Elle parlait en fait de la difficulté à encaisser les 7 heures de décalage horaire d’un prochain vol vers l’extrême-orient. Et ma foi ça chapeaute aussi bien ce qu’on constate à la lecture d’un long et rigoureux article de monsieur Alain Badiou, célèbre penseur et prestigieux mentor de nos élites normaliennes.

Car monsieur Badiou enfonce le clou suivant, derrière le titre « Le racisme des intellectuels » : si nous sommes confrontés à l’infâme (plus clairement, le « sombre » vote massif et Lepéniste), au racisme, à la négation des droits, l’arbitraire anti-immigration (noire et arabe, est-il précisé), c’est bien entendu la faute de la Droite, ça va de soi  (« Nicolas Sarkozy et sa clique… »), mais aussi des politiques et des intellectuels de gauche, qui ont avalisé, accompagné voire pris l’initiative de ces horreurs, au lieu de s’y opposer mordicus. Et de nous citer moult décisions racistes xénophobes etc… bref infectes des gouvernants socialistes, du temps où ils étaient aux manivelles, et des intellectuels du même métal.

Au passage nous apprenons que l’on »prive de papiers » les sans-papiers, justement. Autrement dit, venir en France, illégalement ou non, donne droit à des papiers, merde quoi ! Qu’ « il y a eu, certes, l’apparition de groupuscules fascistes se réclamant de l’islam » : c’est du passé-passé, n’est-ce pas ? « il y a eu… » donc il n’y a plus ? on l’apprend avec soulagement, quelques semaines après Toulouse-Montauban.

Monsieur Badiou en connaît également un rayon sur la vie quotidienne des femmes arabes (En France, NDLR), brocardant le soi-disant  » ‘féminisme’ outragé » (des intellectuelles féministes et laïques, re-NDLR). Sans doute n’a-t-il pas eu l’occasion d’être soumise à son seigneur et maître, ni contrainte de se coller sur la chevelure au long des journées, été comme hiver, un voile pudique aux fins de ne pas exciter les mâles, c’est bien normal… selon lui, donc, l’Islam ne soulève pas de problèmes, sinon ceux que nos gouvernants – de Gauche comme de Droite, c’est sa thèse – ont inventés, rideau de fumée destiné à cacher leurs coupables accointances avec l’oligarchie financière.

Bref, lisez monsieur Badiou, mes amis, c’est construit (un chouïa de travers, selon moi) et intéressant. Last but not least,  pointons-y ce soupir de regret à la fin : « le vide laissé dans le peuple par la provisoire éclipse de l’hypothèse communiste« . Eh oui, premio c’est une éclipse – provisoire, ce qui est tout de même réconfortant, ça va revenir ; deuxio ça fait un vide dans le peuple, cette disparition (provisoire) de l’hypothèse communiste : le peuple en aurait bien besoin, semblerait-il.

Reste à souhaiter que ça reste à l’état d’hypothèse, pour ce qu’on en a vu : des incarnations d’hypothèses pas franchement réussies, c’est une litote – il en reste d’ailleurs deux exemplaires pour vous rendre compte, à Cuba et en Corée du Nord – et quel chouette bilan, de l’ex-URSS à l’Albanie, de la RDA au Cambodge.

Tibert

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