Ce qui les meut

Je lis ce jour que monsieur Mélenchon, bientôt soixante-cinq ans, vivement la retraite, et politicien professionnel depuis 1986 – trente ans de métier – se présente dès à présent au suffrage des électeurs pour la Présidentielle de 2017… ça me rappelle irrésistiblement le superbe Michel Jazy des Jeux Olympiques de Tokyo en 1964, démarrant son sprint très tôt, trop tôt sans doute, dans le final du 5.000 mètres et se faisant gratter dans la dernière ligne droite, pour finir quatrième – même pas une merdaille de bronze : quatrième,  comme Mélenchon en 2012 au premier tour. Mais métaphore sportive mise à part – Jazy avait les moyens de gagner, lui – il a ses raisons, monsieur Mélenchon, il court pour lui, pour son ego et ses lubies, pas pour la Gauche, si l’on accorde encore foi à l’existence d’une Gauche, concept bien hypothétique quand on en dénombre les groupes et groupuscules.

Le PCF ou ce qu’il en reste n’était pas au courant, et son porte-parole nous dit avoir appris cette candidature « en regardant le journal sur TF1« . Entre le si pittoresque sabotier de Frileuze-en-Combrailles et les premiers mimosas sur la côte d’Opale. On regarde donc TF1, au PCF… et alors ? c’est pour mieux en faire la critique dialectique.

Billard politico-prospectif à trois bandes… Mélenchon y va, donc Duflot aussi, vu qu’ils se marquent à la culotte, et puis les deux-trois chapelles trotskistes, et les Verts, zut y a pas de raison – plusieurs verts, Waechter bouge encore – et un ou deux farfelus-chapeaux-pointus. Le PCF ? il va rejoindre Mélenchon en rouspétant. Disons, une bonne huitaine de candidats, entre 0,5 % et 10 %. Autant de moins pour Normal-Président-candidat, qui va donc se prendre une veste dès le premier tour ; ensuite, droite contre droite-droite, comme en 2002… la droite dans un fauteuil, mais plus étroit qu’en 2002 : Marine fait moins peur que son papa.

Qu’est-ce qui les motive, tous ces coureurs de fond (ça fait un contrepet épatant, coureur de fond) de la Présidentielle perdante ? à quoi bon ? pour nous ânonner leurs « travailleuses, travailleurs » lors des rituels prêchi-prêchas télévisés les yeux dans les yeux qui s’en tapent ? on sait déjà leurs credos divers et variés, inlassablement rabâchés, comme si à force de nous en rebattre les oreilles ça devait nous convaincre.

Ce qui serait plus convaincant, ce serait d’avoir affaire à des gens de gauche conscients des réalités de la Planète, soucieux de nous – là, ici, dans notre pays – et non pas de théories à la noix ou de leur petite personne, et débarrassés de la détestable manie de nous infliger in vivo leurs expériences de labo sociétal visionnaire. Des gens sensés, pragmatiques et fraternels.

Mais, comme disait l’autre en V.O. : « j’ai fait un rêve ».

Tibert