Tu seras haut fonctionnaire, mon fils !

Le Grand Déballage ayant droit à son clap de fin, il est temps de commencer le décorticage des résultats des courses. Et je lis dans Le Monde que, tiens, justement, il existe des pistes explosives (sic) auxquelles penserait monsieur Macronious pour « réformer la haute fonction publique » (sans majuscules, notez-le bien).

Moi ce qui m’interroge c’est qu’il pré-existe des strates, comme ça : la haute, et puis l’autre, ou les autres. Qu’il y ait des filières qui procurent à des clampins bien nés, intelligents, bosseurs, aidés, bien orientés, vernis… – bref toutes les bonnes dispositions que vous voulez, au choix ou ensemble, virgule – de se trouver des jobs à vie garantis en acier inox, super-bien payés, pleins d’avantages en nature, avec l’assurance de ne jamais, jamais déchoir, jamais rétrograder (voire toujours progresser, au moins en salaire), jamais se retrouver chez Popaul-Emploi, etc… quoi qu’il arrive ! quelque co… ânerie qu’on ait pu faire, ou quelle que soit son incapacité à remplir sa mission.

Et qu’il existe pour cela des filières bien identifiées – enfin, au moins une, royale : Sciences-Po +ENA – pose un problème simple et rude dans son énoncé : sachant que grosso modo 100 (cent) énarques sortent du super moule des super-fonctionnaires tous les ans, sachant que l’administration française est déjà truffée de ces hauts fonctionnaires, qui ne peuvent être qu’en haut et nulle part ailleurs, qu’il y en a un peu dans tous les coins, qu’ils répugnent à partir à la retraite tant leur tâche est passionnante 😉  – il y en a même planqués derrière les doubles rideaux – qu’est-ce qu’on en fait, vu qu’il est im-pos-si–ble de leur dire d’aller se chercher du boulot ailleurs ? on leur doit un boulot « en haut », et donc au besoin on crée pour eux et de toutes pièces un trou où se mettre au chaud en attendant qu’ils en aient marre et s’en aillent jouir d’une retraite moëlleuse.

Eh oui, il est urgent que la question soit posée concrètement : delenda est ENA. Ou à tout  le moins qu’on en finisse avec ce statut ahurissant d’inoxydable privilégié à vie, acquis du simple fait d’avoir réussi à franchir la porte d’un bahut : ça défie le bon sens. Et la morale. Et la capacité de Macronious à réformer potablement ce pays.

Tibert